1er publication en1938 sous le titre « The Death of the Hearts ».
LP, 1973, 505 pages.
Voilà un titre qui paraît renfermer un contenu sentimental et romanesque ! En outre les trois parties du roman s’intitulent pompeusement « Le Monde », « La Chair » et « L’esprit du mal ».
Si je ne connaissais pas déjà Elizabeth Bowen, je ne me serais pas risquée dans l’aventure.
En fait il s’agit bien sûr d’un roman d’analyse psychologique, avec peu d’action, des bouleversements surtout intérieurs, beaucoup d’observations de mœurs et l’histoire d’amour y est bien peu romanesque. « La Chair » ne comporte que des désirs frustrés et « L’Esprit du mal » ne fait apparaître que des méchancetés ordinaires équitablement distribuées entre plusieurs protagonistes.
Portia une adolescente orpheline de seize ans est recueillie par son demi-frère Thomas, au moins pendant un an, pour complaire au désir de son défunt père.
La jeune fille n’est pas la bienvenue ! Mr Quayne son père avait quitté la mère de Thomas pour aller vivre de façon aventureuse avec Irène très jeune femme sans le sou et la petite Portia, fruit de leurs entrailles.
Thomas Quayne et sa femme Anna vivent à Windsor’sTerrace une maison bourgeoise donnant sur Rengent’s Park. Portia n’a pas connu l’aisance et l’éducation en vigueur chez eux. Elle n’a pas appris à parler par litotes et antiphrases et suggestions, comme on le fait dans ce monde, et les trouve hypocrites et vains, tout en les craignant et les admirant.
Elle n’a d’amie que sa vieille nourrice Matchett qui l’a suivie chez ces gens.
Lorsque l’action débute, Anna vient s’épancher auprès de son ami écrivain St Quentin. Elle a découvert le journal intime de sa jeune belle-fille et l’a lu. Ce journal dans lequel Thomas elle et leurs amis sont portraiturés lui fait une pénible impression.
La prose de Portia, plus encore que sa présence à la maison soulignent le désaccord existant entre Anna et Thomas. Anna s’ennuie beaucoup avec son époux homme d’affaire pragmatique, peu loquace, et invite chez elle pour se distraire, des hommes dont elle n’est pas la maîtresse, bien que ces liens paraissent ambigus. Des hommes dans le besoin (besoin d’argent, ou de conversation, souvent les deux) qui ne sont pas désintéressés….
L’un de ces hommes, Eddie, lui rappelle un ancien amant qu’elle a eu avant son mariage et rêve de revoir. Eddie, c’est un de ses protégés favoris. Mais voilà que Portia s’en est entichée elle aussi…
Malgré quelques longueurs, c’est un roman que j’ai lu avec intérêt lucide, intelligent, sans concessions.
En fait, Bowen est visiblement inspirée par Henry James dans ce roman.