Livre de poche, 1971, 435 pages.
C’est le 17 eme volume des Rougon-Macquart
Il met en scène en particulier Jacques Lantier, troisième fils de Gervaise, qui est devenu mécanicien, conducteur de locomotive. Il pilote sa « Lison »du Havre jusqu’à Paris Saint-Lazare et retour tous les jours. Excellent travailleur, amoureux de son engin, il est dans la vie privée rongée par une obsession , étrangler une femme. Il craint énormément le passage à l’acte, et ne les approche pas de peur de céder à la tentation. Zola semble croire au gène du meurtre ou à l’hérédité de l’alcoolisme.
Mais le problème de Jacques vient de plus loin ; il a l ‘impression confuse de devoir venger toute une lignée d’ancêtres…
Le roman débute par la violence. Un autre homme, Roubaud, apprend que Séverine sa femme, orpheline de bonne heure, recueillie, élevée et dotée par un protecteur ami de la famille, couchait avec lui en échange de ses faveurs depuis fort longtemps. Roubaud est d’autant plus furieux qu’il a lui-même bénéficié des largesses de cet homme, grâce à qui il est devenu chef de gare. Après avoir battu Séverine comme plâtre, il ne se calme qu'en décidant de tuer le gredin.Séverine est contrainte de lui servir de complice.
C’est ainsi que pour son plus grand malheur, et celui des époux maudits , Jacques Lantier va se rapprocher de Séverine. Il a vu le meurtre dans un wagon de train, et recueilli le cadavre jeté sur la voie.
Voilà un Zola très noir, peut-être le plus sombre de toute la série. Car le meurtre de Grandmorin ne sera pas le seul, il s’en faut… il n’y a que des crimes dans ce roman. Empoisonnement, suicide, déraillement volontaire de train, crime de jalousie… ce roman de Zola est souvent dénommé un thriller, et c’est vrai que de ce point de vue l’action est rondement menée avec beaucoup de suspens et se lit sans souffler, et que les crimes y sont d’une grande variété et fort bien décrits : un vrai plaisir !
Zola a créé u lieu maudit la Croix de Mauffat, propriété sise à côté de la voie ferrée entre le Havre et Paris, et ses environs, dont la maison du garde-barrière. , un lieu qui attire le mal.
Ce récit de crimes, n’en est pas moins un roman de mœurs avec beaucoup de documentation sur les développements du chemin de fer en 1870, et les conditions de travail des ouvriers extrêmement dures.
La locomotive, seul vrai amour de Jacques, est humanisée et magnifiée. Les hommes et les femmes, qui ont su créer d’aussi belles et utiles choses se conduisent comme de vraies bêtes… humaines car les humains tuent pour d’autres raisons que les animaux.
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