2010, Stock, 108 pages.
Un homme de cinquante ans Shimura qui vit seul depuis toujours, soupçonne quelqu’un de s’introduire dans sa maison en son absence. Ila remarqué que le niveau de la bouteille de jus de fruit avait baissé, au frigo. Qu’un yaourt manquait sur le nombre stocké.
Rien d’autre, mais il n’en faut pas plus pour qu’une présence invisible l’obsède. Il inspecte tout chez lui ; s’endort tard et difficilement. « Un sommeil en simili, lourd et gris comme un nuage obèse, a eu raison de ces pensées ».Le logis a pris une tournure inquiétante. L’homme est troublé, mais rationnel. S’étant muni d’une webcam, il observe sa cuisine à distance du bureau où il travaille comme météorologue : bientôt cela se confirme, une ombre traverse la cuisine. C’est une femme ! bien sûr qu’elle mange et qu’elle boit…
Indigné et curieux à la fois, Shimura contemple l’intruse. Des sentiments complexes le travaillent. Il appelle la police, puis téléphone chez lui pour prévenir la femme…trop tard.
La passagère clandestine va donc être appréhendée ; Elle vivait dans un grand placard inutilisé, depuis près d’un an ! Shimura ne se sentira plus jamais chez lui, où qu’il aille.
Shimura vivait seul. L’autre s’est dévoilé à lui sous la forme d’une personne qui s’est introduite dans sa maison, sans qu’il le sache consciemment ; une personne et une femme.
Pendant ce court récit, l’intruse va aussi prendre la parole, raconter son vécu, le pourquoi de son squat incognito dans cette maison, et la vie qu’elle mena par la suite. Il se pourrait qu’elle veuille communiquer avec Shimura. Mais comment apparaître autrement que comme celle qui troubla définitivement son intimité, qui lui rendit impossible le sentiment du « chez-soi » ?
Le récit est tiré d’un fait divers qui eu lieu au Japon. L’auteur est français, et le Japon est ici davantage une métaphore qu’un pays
« Il m’apparaissait que Nagasaki était longtemps restée comme un placard tout au bout du vaste appartement Japon avec ses quatre pièces principales en enfilade- Hokkaido , Honshu, Shikoku et Kyushu ; et l’empire, tout au long de ces 25 ans, avait pour ainsi dire feint d’ignorer qu’un passager clandestin, l’Europe, s’était installé dans cette penderie ». C’est plus ou moins la clef de cette histoire dérangeante, écrite dans une langue de grande qualité, une histoire sur laquelle on n’a pas fini de méditer, un récit où l'on se pose des questions philosophiques. Et un auteur que l'on ne manquera pas de lire encore à l'occasion.
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