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30 août 2006 3 30 /08 /août /2006 13:54

Ils s’éloignèrent, laissant Guillaume, qui s’acheta un cornet de frites et une demi-bouteille de muscadet, prit le sentier menant à la dite Côte Sauvage, qui ne méritait pas son nom en ce moment et descendit en slalomant un escarpement rocheux abrupt pour se rapprocher de la mer.

Il trouva place sur un bloc où venait mourir le flux. Trempé de sueur, rien ne vint le rafraîchir, qu’une légère petite brise. Les vagues minuscules gargouillaient paresseusement, le long du roc. La nuit bleue était venue, ne laissant apparaître qu’un petit coin de ciel rose-orangé, un berceau de nuages gracieux.

Autour de lui s’étalaient ,des papiers d’emballage à usage alimentaire de forme et de nature diverses alentours.

 

Il n’avait pas été bien inspiré de dire à ses parents qu’il partait avec Mathieu. Ils lui avaient donné peu d’argent, ne voulant pas payer les vacances du « camarade » en plus des siennes. « Ton petit camarade » s’obstinait à dire Alida, bien décidée à les séparer, sans violence apparente, sournoisement….Vrai , l’escarcelle était quasiment vide. Il pourrait se procurer un job, on demandait des barmen sur la place. Un café fréquenté par beaucoup d’étrangers, il parlerait français aux Anglais et inversement , italien aux Allemands. Un peu d’allemand à tout le monde. Personne ne comprendrait. Puis il s’étalerait par terre, à la Chaplin, le plateau des consommations sur la tête  après une glissade d’au moins cent mètres. Le patron ne voudrait plus se séparer d’une attraction pareille...Garçon de café : un emploi à la mode, on disait qu’il n’y avait pas meilleur acteur qu’un barman, et qui de plus, passionnait les philosophes.

 

Alida le voulait à l’école du Louvre, Eve qu’il étudie la linguistique ou une langue rare, pourquoi pas ? Et sa grand-mère disait qu’il faut commencer par l’Histoire, l’histoire tout court , celle des hommes, il n’y a rien de plus solide.

 

Fiord à qui on n’avait rien demandé, plaidait pour lui : mais laissez-le donc faire de l’aârt… autrefois, on lui aurait dit de faire son Droit !

Eh bien, je serai barman qu’est-ce que vous en dites ?

Bien sûr, il fallait avoir envie de rester ici. Qu’est-ce que vous faites là, écrivait sa mère, pas très original, le coin, des vacances pas très culturelles, revenir sur Rennes. : Le Tricheur, Le Nouveau-né. 

 

Si Mathieu apprenait que Bénédicte préparait un doctorat d’histoire médiévale, il se croirait amoureux, il chercherait à faire sa vie avec elle. Ce genre de détail comptait plus pour lui que la saveur des ébats. Il goûtait les charmes de la vertu universitaires comme s’ils se mêlaient mystérieusement à la beauté.

Il envoya d’une secousse brusque une boîte de conserve dans l’eau, ici il fallait se faire une place parmi les détritus, c’était pas joué. La boîte, dépourvue de couvercle et pliée en deux , l’observait en grimaçant, à la lueur des étoiles.

 

Lorsqu’il quitta les lieux, quatre boîtes de conserves, de la sardinerie, dérivaient au fil de l’eau, gueules béantes. C’était lune noire, avec pléthore d’étoiles. Là-bas, dans la petite ville, les lumières brillaient. Guillaume regagnait la tente par un chemin éloigné qui lui permettait de rêver tout en marchant. Il allait jouer un peu de guitare , ce soir, c’était le moment .Et le manuscrit de Mathieu l’attendait. S’il faisait trop chaud, il dormirait sur la plage. Sauf si les moustiques. Mais les sirènes chasseraient les moustiques.

 

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