10/18( grands détectives ) 400 pages.
Conan Doyle prend les eaux à Hombourg, petite ville d’Allemagne. Il y est tranquille pour se livrer à la rébarbative activité de devoir répondre au volumineux courrier que ses lecteurs adressent à Sherlock Holmes, son détective de fiction, que bien des gens tiennent pour réel. Nous sommes en 1892. Sherlock a atteint une belle célébrité.
Un matin, Doyle tombe sur Oscar Wilde, envoyé par sa femme, qui souhaite le voir perdre du poids. Wilde s’ennuie affreusement dans ce trou. Il promet à Doyle de l’aider à répondre à son courrier. En échange, l’écrivain lui donne du tabac qu’Oscar roule dans le papier de la Bible qu’il a dans sa chambre. Car à Hombourg, on n’a pas le droit de fumer…
Le courrier cesse subitement d’être rasoir : voilà que de Rome, on expédie à Sherlock Holmes une main humaine tranchée net, puis un doigt, une boucle de cheveux, un anneau d’or rose où figurent les clefs de Saint-Pierre. Wilde considère que c’est un appel au secours venu du Vatican pour retrouver un assassin. Il importe que Sherlock Holmes soit à la hauteur. Les deux compères quittent Hombourg pour l’Italie, trop heureux de cette diversion.
Wilde connaît bien Rome, où résida et mourut son poète préféré Keats, cité à satiété dans le récit. Longtemps auparavant, il a même déjà été béni par le précédent pape répondant au gentil pseudonyme de « Pio Nono ».
Nos deux amis commencent leur enquête en compagnie du docteur attitré du Vatican, Axel Munthe (comme Wilde et Doyle, il exista réellement et fut écrivain). D’autres curieux personnages viennent se mêler à ce trio de choc. Pour élucider l’épineux problème, (il faut trouver qui est la victime, l’auteur des envois, et l’assassin) Oscar Wilde mène grand train, comme à l’ordinaire, citations, bons mots, champagne toute la journée, thé alcools et accompagnements gourmands près de la chapelle Sixtine, avec des cardinaux qui semblent avoir bien des secrets à dissimuler…
Cet opus est fort agréable à suivre, tout autant que le précédent. L’intrigue est bien menée, même si elle nous intéresse sans doute moins que les personnages, et leurs échanges verbaux. Le fait que Conan Doyle soit le narrateur est une très bonne idée. Il existe davantage en face de Wilde que le falot Sherer. Le docteur Munthe est très bien aussi.
Un divertissement réussi.
Un "contre". L'avis de Sibylline qui n'a pas
aimé.