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690 pages.
1er publication en 1881 c’est le dernier roman de la première période de James.
Je le trouve intéressant, parfois répétitif, avec de merveilleux passages que j’ai soulignés mais que je ne parviens pas à retrouver…
Isabelle Archer, orpheline, vit à Albany dans une maison spacieuse qui va bientôt être vendue par ses sœurs qui s’occupent des aspects pratiques de l’existence. Elle vit seule, s’ennuie un peu, rêve de voir le monde, de voyager.
Arrive Mrs Touchett, Lydia, sa tante installée en Angleterre mais qui ne reste jamais longtemps en place ; Isabel plaît à sa tante, qui décide de s’occuper d’elle et l’emmène en Angleterre dans la propriété familiale de Gardencourt. Isabel y fait la connaissance de son oncle déjà malade, de son cousin Ralph, tuberculeux, de Lord Warburton un ami de Ralph… tout le monde adore Isabel !
Elle a pour eux un charme particulier qui tient de ses manières assez libres (en paroles) de son sens de la répartie, de son langage brillamment impertinent. Et surtout, elle ne cherche pas à se marier, comme la plupart des jeunes filles de cette époque, elle donne l’impression » d’avoir des projets personnels », mais nul ne sait lesquels, cette ambiguïté plaît.
Isabel ressemble un peu au personnage de la Bête de la jungle, un homme persuadé d’avoir un destin, qu’elle doit découvrir.
Son soupirant américain Goodwood l’a suivie en Angleterre et lui fait une cour acharnée et assez agressive. Henrietta son amie journaliste, traverse aussi l’Atlantique, elle doit faire des articles sur le mode de vie anglais.
Isabel reçoit la demande en mariage de Lord Warburton qui est fort riche, puissant, et radical d’opinions.
Elle refuse ces deux prétendants (elle en aurait trois si Ralph n’était pas malade) elle veut vivre découvrir l’Europe, voyager, avant les chaînes du mariage. Le lecteur croit comprendre aussi qu’elle n’est pas amoureuse de ces messieurs, elle espère pouvoir se marier par amour.
A la mort de son oncle, elle hérite d’une belle fortune, grâce à son cousin. Son train de vie va changer. Et les coureurs de dot attendent, ayant flairé la bonne fortune. Une Mme Merle lui fait du charme à l’aide de quelques notes frappées sur un piano ; à Florence cette dame lui fait rencontrer Gilbert Osmond quadragénaire qui se pique de culture et d’art. On se doute qu’il en veut à son argent, mais Isabel éprouve enfin le sentiment amoureux ; elle va l’épouser.
Là, je crois que je ne la comprends plus… et je ne suis pas la seule ! Son cousin, sa tante, son amie … ils sont nombreux à avoir saisi la supercherie, mais Isabel ne veut rien savoir.
Les charmes des ces merveilleuses villes italiennes (Florence mais aussi Rome) offrent un décor propice au développement du sentiment amoureux. Décrites par James , elles donnent envie de s’y précipiter…
D’autre part, Isabel a une personnalité complexe, qui se dévoile peu à peu différente de ce que l’on avait cru au départ.
Préfère-t-elle donner sa main à un homme sans fortune, pour être sûre de le dominer ?
Eprouve-t-elle une sorte de culpabilité à avoir hérité de tant d’argent et se croit-elle tenue de le donner ?
Est-elle paralysée par l’admiration de son bienfaiteur de cousin, condamné à être spectateur de la vie et surtout de celle d’Isabel qu’il observe incessamment?
Isabel ne peut souhaiter tant que cela la liberté et l’autonomie. L’exemple de son amie Henrietta , femme relativement libérée, qui travaille pour un journal, se met en ménage, se mariera plus tard, sûre de s’entendre durablement avec son ami, Isabel ne peut le suivre. Elle est très dépendante des hommes (et même d’une femme) qu’elle écoute beaucoup trop, qu’elle endure bien trop longtemps, car elle aime être courtisée, refuser les avances, et se faire relancer. Une tendance au masochisme surgit aussi, entre les lignes, et ces jeux finissent mal…
Osmond se révèle un tyran domestique, elle sera malheureuse. Ses anciens soupirants refont leurs apparitions à plusieurs reprises (en fait, ils la suivent partout, surtout l’homme d’affaire, le collant Goodwood, dont elle ne parvient pas à se débarrasser). Etonnant !
Dans ce gros roman riche, de nombreux personnages dialoguent abondamment, s’expriment entre les lignes et finissent par nous perdre.
Chaque lecteur interprète à sa manière les événements. Pour ma part j’y vois une suprême ironie de la part de l’auteur, d’avoir suscité l’impression que c’est le bienfaiteur qui fait le plus de mal.