Cercle du Bibliophile,1964, 255 pages.
Ce roman est paru pourla 1ere fois en1881. Henry James est âgé de 38 ans. Peu après il fera paraître « Portrait Of A Lady », que certain disent son chef d’oeuvre.
A 22 ans, Catherine Sloper rencontre Morris Townsend dans une soirée. Elle a l’impression de lui plaire. Catherine n’a jamais été courtisée encore. Elle est très timide, effacée, sans charme apparent, et de l’avis de son père s’habille comme « un chien savant » autant dire qu’elle ne sait pas se mettre en valeur…Morris est le plus beau jeune homme qu’elle ait jamais vu. Elle ose presque croire au conte de fée…
Elle a toujours vécu dans l’ombre de son père, qu’elle admire et craint. Le docteur Sloper médecin apprécié vit dans une spacieuse maison près de Washington Square. Ce parc n’a rien de séduisant, au milieu du 19eme siècle, mais il est plein d’arbustes et d’ombres bienveillantes. Catherine a été élevée par sa tante Mrs Penniman : une dame romanesque et chimérique, tout le contraire de Catherine.
Aussitôt que le prétendant a fait son apparition, Mrs Penniman s’empare de l’affaire, invite le jeune homme , rêve pour Catherine de mariage secret, de rendez-vous dans le fameux square, dont elle serait l’instigatrice. Mais tout aussi bien rêve-t-elle du contraire, car les séparations ne manquent pas de charme non plus… Pour le docteur qui a tout de suite appréhendé Morris comme un coureur de dot , ce mariage ne doit pas se faire : en effet, Catherine possède une rente confortable de feue sa mère, et devrait hériter de bien plus de la part du docteur. Morris n’a pas un sou, est aventurier, beau parleur, bien de sa personne vit chez sa sœur, et ne se presse pas de trouver une situation.
Amoureuse, presque autant que sa tante, et d’une façon fort différente, Catherine va trouver là l’occasion d’affirmer, lentement mais sûrement, sa personnalité face à ces deux adultes contre qui elle apprend à se battre, son père et sa tante, et de même face à son prétendant: et ce ne sont pas des cadeaux !
On a parfois comparé Washinton Square à Eugénie Grandet : c’est bien la même histoire, mais le roman de James est plus subtil à mes yeux. Les quatre personnages principaux sont bien plus intrigants, et l’ambiguïté quant à leurs vraies motivations s’amplifie au fil du texte, et ne se résout jamais de sorte que le lecteur reste libre d’interpréter les faits. Tour à tour dramatique et drôle, jamais dépourvu de fine ironie, et même de passages ouvertement comiques.
Bien que Catherine soit l'héroïne du roman, et le conflit avec son père le sujet dominant, je ne suis pas loin de penser que Mrs Penniman dans toute sa perversité et ses contradictions est le personnage le plus réussi.
Ce roman est tout simplement remarquable.