Suite de « La Véranda aveugle » lu en 2011.
Une petite île en Norvège où l’on vit (souvent fort mal) de la pêche en mer et des occupations professionnelles qui y sont associées.
C’est surtout l’histoire de Tora, enfant illégitime que sa mère a eue d’un soldat allemand pendant la guerre. On l’appelle l’enfant de boche.
Ingrid, sa mère, travaille à fabriquer des filets de pêche à la poissonnerie. Tora n’a pas d’amies, d’autant plus que son beau-père profite de l’absence de sa mère lorsqu’elle travaille en équipe de nuit, pour abuser d’elle. On devine que Ingrid se refuse à son exécrable époux, qui se venge sur Tora. Elle ne peut se confier à personne. Ne peut être celle par qui le scandale arrive.La famille proche ne veut pas savoir ni avoir à intervenir.
A présent, s’étant rendu coupable d’un acte criminel envers l’oncle Simon qu’il jalousait, Henrik l’infâme beau-père est incarcéré.
Tora est devenue adolescente ; elle jouit d’un peu de liberté tout en sachant que le sale type sortira un jour, et que ce moment approche. Les cauchemars de Tora et ses visions prennent le pas. Une raie blanche semble la hanter. Des malheurs frappent l’île, notamment une tempête qui dévaste tout.
On vit avec elle ces moments difficiles avec de petites joies si courtes et si rares. On a peur avec elle. La vie des différents personnages qui l’entourent dans la petite île forme un récit classique, naturaliste ; on croit lire tantôt Hugo tantôt Zola, avec les préoccupations et la liberté de langage d’un siècle et demi plus tard, et surtout le point de vue d’un auteur de sexe féminin.
Tora se prépare à fréquenter le cours complémentaire à Breiland sur le continent. Une nouvelle vie, et une chambre à elle. Ses malheurs cependant, sont loin d’être finis, bien au contraire.
L’auteur sait éviter le sentimentalisme, ce qui n’est pas simple avec un sujet semblable. On vit avec Tora son insoutenable martyre. On se doute aussi que le troisième tome sera encore pire si possible.
D'après ce que j'ai compris, d'autres récits de Wassmo, notamment " Cent ans", sont plus romanesques, et comportent "des raisons d'espérer". Celui-là est dur, mais plus proche de la vérité.
commenter cet article …