A Tokyo, une femme de trente ans à la voix de fillette, et son fils de 12 ans Akira, emménagent dans un appartement. Aussitôt la porte refermée, les valises s’ouvrent une à une. Trois enfants en sortent, deux fillettes et un garçonnet. Enfants clandestins, non déclarés aux services sociaux, ni à la propriétaire de l’immeuble. Ces enfants ne veulent pas être séparé, les uns des autres ni de leurs mère, quelqu’en soit le prix. Ce prix, le film existe pour nous montrer à quel point il est élevé.
A voir sortir une, puis deux fillettes des valises, j'ai le souvenir d’un autre film japonais, d’Hiroshi Kurosawa « Séance ». Une fillette venait se réfugier dans une valise pour échapper à un poursuivant et y restait prisonnière… En un éclair, on imagine un destin peu enviable pour ces enfants là.
Mais le présent est bien assez préoccupant. Les trois enfants clandestins sont condamnés à vivre cloîtrés dans l’appartement. Ils peuvent compter sur Akira, mais la mère s’absente souvent, et les enveloppes garnies de billets se font de plus en plus rares. Akira cesse d’aller en classe, Kyoko n’espère plus être scolarisée et tapote inlassablement sur le clavier d'un petit piano mécanique. Cet émouvant quatuor d’enfants abandonnés, manifeste beaucoup de savoir-vivre et de sérieux. Ils n’ont pas de relations avec l’extérieur et vivent sur ce que la mère leur a appris. Brossage des dents, vaisselle, bains en commun longuement filmés. Quelque part, les enfants se persuadent de vivre in utero, d’être en sécurité, non sans savoir que de vrais dangers les menacent.
L’hiver arrive, avec les dernières enveloppes de la mère ; ils se font des cadeaux de Noël et commencent à sortir de l’appartement. Le milieu nourricier se doit d’être élargi pour faire face aux besoins. Akira prend l’habitude de se faire donner des repas par un employé du centre commercial après la fermeture du magasin.
Voilà un film très juste, qui émeut sans pathos, ni grandiloquence. Toutes les séquences sont passionnantes, et belles, les enfants restent naturels, fiers, pragmatiques, dignes et logiques dans leur lutte pour le quotidien, comme dans les moments tragiques, vivant de petits miracles : les barres de chocolat de Momoto, ses chaussons qui couinent, le printemps qui arrive, Akira qui va enfin disputer un match de basket avec d’autres enfants, les graines qu’ils ramassent et plantent dans des pots, regardant pousser les plantes. Auront-ils le droit de grandir aux-aussi ?
Mais le pot de fleurs du cadet tombe de la fenêtre et se brise à terre…