(The Terrible Privacy Of Maxwell Sim, 2010)
Gallimard, 2011, 450 pages.
Le roman est divisé en quatre parties portant chacune le titre d’un itinéraire parcouru par Mr Sim qui, en mars –avril 2009, voyage beaucoup à pied en avion et en auto…voyages qui ont un air initiatique et se révèlent riches de rencontres, les unes insolites, les autres attendues et décevantes…
Dans Watford-Sidney , Mr Sim quadragénaire déprimé, en congé longue durée, va reprendre l’avion pour l’Angleterre, tout en déplorant le manque total de communication avec autrui, notamment son père qu’il est venu voir. Ce dernier lui recommande d’aller dans son appartement de Lichfied pour lire le contenu d’un certain classeur bleu…
Sim envie une chinoise et sa fille en train de jouer aux cartes, si joyeuses et conviviales. Sa fille à lui, il ne la voit guère, elle est partie vivre avec sa femme loin du domicile conjugal. Mais comment pourrait-il partager la joie de ces deux personnes ?
Dans l’avion du retour, il rencontre une jeune fille avec qui il ne parlera guère plus ; elle lui donne un étonnant compte-rendu du voyage que Donald Crowhurst, navigateur solitaire, entreprit pour faire la course autour du monde à la voile en 1969….On apprend que Crowhurst, guère plus marin que n'importe qui, ne fit pas la course mais feignit seulement de concourir, et se laissa prendre à son propre piège; c'est un double du personnage principal.
Pour avoir un contact avec sa femme Mr Sim est contraint de changer d’identité et d’utiliser Internet…puis de lire les nouvelles qu’elle écrit.
Arrivés là, notre héros (« bien peu héros » , comme dirait Stendhal) va donc être en possession de trois documents écrits dont deux le concernent directement.
Cet esseulé de Mr Sim est tenté de s’identifier au malheureux faux navigateur, mais solitaire au plus haut point, et, découragé par l’incommunication dont il est l’agent un peu, la victime surtout, ne trouve de réconfort que dans la voix sereine de son GPS, alors que le voilà lancé sur les routes vers l’Ecosse où il doit… vendre des brosses à dents écologiques.
J’aime bien l’écriture de Coe, à la fois loufoque, humoristique, sentimentale, et ses narrations apparemment décousues ses coups de théâtre fréquents, et je le suis volontiers, même s’il y a des longueurs comme ici. De très bons passages aussi, dont les déboires avec Internet , outil qui devrait autoriser plus de communication entre les êtres mais ne tient pas ses promesses ; le dialogue avec le GPS Emma( non ce n’est pas Emma Bovary l’inspiratrice, mais Emma Thompson l’actrice )est une merveille d’humour noir !
Du suspense, de multiples aventures qui tournent court, ce que vérifie pleinement la chute finale.
Un roman très amer, très pessimiste, mais tellement juste.