Philippe Rey, 2010, 650 pages.
Titre original » The Gravedigger’s Daughter «
Rebecca Schwart travaille dans une usine de caoutchouc pour élever son petit garcon de trios ans Niley. Nous sommes dans la vallée du Chautauqua état de New-York en 1959.
Rebecca a aussi un mari Tignor, délinquant et violent qui ne lui donne pas d’argent, et la bat.
Sur le chemin de halage qui mène jusque chez elle, un homme la suit, qui l’appelle “Hazel Jones” puis disparaît. Rebecca rêve sur ce nom, qui lui semble tellement plus léger que le sien…
Le récit se poursuit par un flash back : on remonte à la naissance de Rebecca, 23 ans plus tôt sur le bateau qui transportait ses parents et ses frères, ainsi que d’autres juifs fuyant l’Allemagne nazie.
Les Schwart, juifs allemands non pratiquants, issus de la bourgeoisie moyenne cultivée, se retrouvent tout en bas de l’échelle sociale, en tant que réfugiés aux Etats Unis. Après l’éprouvante traversée en mer, le père de famille, Jacob, est employé comme fosssoyeur à Milburne petite ville de l’état de New-York. Le logement de fonction est une masure insalubre.
La métaphore du gardien de cimetière, ne pousse pas Jacob Schwart à enterrer le passé, mais il ne peux pas non plus s'en prévaloir...c'est bien plus un mort qui garde les morts...
Envahis par les soucis matériels, inadaptés au groupe social dont ils font désormais partie, poursuivis par un fort antisémitisme, les Schwarts se replient sur eux-même, maltraitent leurs enfants, sombrent dans la dépression et la paranoia…
Les flashback évoquant le passé de Rebecca alternant avec un présent guère plus réjouissant pour Rebecca. Victime des violences de son père, elle l’est aussi de son mari, épousé sur un coup de tête, pour oublier un passé traumatisant, et va bientôt fuir ce destin malheureux avec son petit garcon…
Un gros roman qui relate la vie presque entière de Rebecca qui va s’efforcer de transformer son existence dangereuse et misérable, en vivant de petits travaux et de fuites perpétuelles. Puis des périodes de sédentarité de plus en plus longues
Petit à petit la fille du fossoyeur fait son trou, rend possible à son fils l’épanouissement de ses facultés artistiques, et dans le dernier chapitre va se réconcilier avec sa filiation.
C’est sa grand-mère à qui est dédié le roman, dont JC Oates a relate l’histoire, une femme courageuse et pleine de resources dans l’adversité.
Un grand roman social qui montre l'antisémitisme, la difficile intégrations de réfugiés à peine tolérés, et met en scène comme presque toujours chez Oates les relations de victimes et bourreaux, la perversion et la maladie mentale, des thèmes qui lui sont familiers.Une écriture très simple mais qui sonne juste.