Actes-sud Noir 2010. ( 1ere édition originale en 1994).252 pages, 18 euros
Le titre absolument irrésistible, m'a fait me précipiter sur cet ouvrage!
On a tous une maison où l'on est mort autrefois.
Voilà une variation éprouvante à partir de ce thème.
Il y a deux ans, le narrateur de ce récit a eu des nouvelles de Sakaya , son amie de jeunesse qu’il a fréquentée six ans du Lycée à l’université. Mariée et mère d’un enfant, elle n’assume pas du tout sa condition. Le narrateur, dans le cadre de son emploi a écrit plusieurs articles sur les femmes qui maltraitent leurs enfants et Sakaya est justement dans cette situation.
En outre, son père vient de décéder, lui léguant un jeu de clefs et un plan pour se rendre en un lieu déterminé, où , de son vivant, il se rendait seul, sans explications.
Elle veut y aller, espérant élucider son cas, dominer son mal-être, apprendre quelque chose de sa petite enfance. Elle n’a aucun souvenir avant l’âge de sept ans, et le peu qu’on lui a raconté sonnait faux et ne lui rappelait rien. Cette démarche lui fait peur et elle réclame l’aide de son ancien ami. A vrai dire, elle ne connait personne d’autre…
Le narrateur ne veut pas renouer avec elle, sachant qu’il n’a aucune chance, mais il accepte finalement de l’accompagner en ce lieu…
Le plan les mène à une maison abandonnée près d’un lac, dans la montagne. Une maison que semble-t-il les habitants ont dû quitter très vite sans rien emmener. Les pièces possèdent un certain confort sauf que l’électricité n’est pas installée, et que l’on ne peut entrer que par la cave ! le frigo est plein, ils pénètrent dans les chambres et cherchent à en identifiera les occupants.
Celle du jeune garçon de la famille retient vite leur attention. Livres de classe, bureau, vêtements… et même son journal intime à partir de quoi va commencer à s’élaborer le passé.
Tout cela date de 23 ans, et les pendules sont immobilisées à une certaine heure comme si le temps s’était arrêté.
On se demande comment et par qui la maison est "hantée..."
Les deux protagonistes vont reconstituer le passé de cette étrange famille avec laquelle Sakaya avait peut-être des liens qu’on a soigneusement occultés pour de mystérieuses raisons.
Cette enquête est très bien faite ! On progresse à partir d’indices, et l’on résout l’énigme petit à petit par le raisonnement. Il est impossible au lecteur de tout deviner d’avance, je le dis aux fins limiers, tout le monde aura des surprises ! La conduite de l’intrigue est rigoureuse et passionnante.
A propos de souvenirs, ceux d’avant sept ans, sont avant tout des souvenirs-écrans mélange de fantasmes et de scènes vécues. La reconstitution de la vérité est possible par l’interprétation des indices livrés par les souvenirs.
Ici les indices sont les objets trouvés dans la maison, son apparence, l’investigation à partir de ces matériaux. Grâce à ces indices le passé est reconstitué avec certitude quant à ce qui importe le plus…
Mais que Sakaya finisse par se souvenir complètement de ce qu’elle a occulté, voilà qui est fort rare ; et mérite d’être souligné.
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