La Marquise d'O Edith Clever ( film de Rohmer)
La nouvelle titre reprend une anecdote contée par Montaigne dans ses Essais
La marquise fait mettre une annonce dans les journaux locaux : elle est enceinte et prie le père de l’enfant de l’épouser. Or c’est une femme de bonne réputation veuve depuis trois ans, et déjà mère de famille nombreuse…
Il y a un an :
La marquise, en son château de M. ( Italie) attaqué par les russes est sur le point d’être violée par des soldats ; un officier le comte F. fait fuir les indésirables, la ^porte, évanouie dans une chambre que l’armée n’a pas envahie. Illui parle en français…
Cet officier disparaît, est même donné pour mort après avoir été blessé ; il criait dans son délire « Julietta ! Cette balle te venge ! » A ce moment, le prénom de la marquise apparaît…
Aux premiers signes de la grossesse la marquise feint, ainsi que sa mère de n’y pas croire. . Le comte F. reparaît vivant , et lui offre de l’épouser. Il se fait éconduire.
Le combat douloureux se prolonge entre le comte qui tente de se faire accepter comme époux et de réparer sa faute( une faute grave car il est également amoureux). Et la marquise qui exige de lui des épreuves toujours plus importantes pour la mériter un jour.
Les épreuves : obligation de se déclarer publiquement pour ce qu’il fut , et que suggère l’annonce dans la gazette, de subir un refus ; le mariage finalement accompli, le Comte devra procéder par séries d’approches successives, pour « gagner son épouse » et le droit de vivre avec elle maritalement.
La mère de la marquise est toujours présente pour énoncer à voix haute ce que sa fille pense dela situation et qu’elle tait, afin que le Comte poursuive son entreprise…
Ce rituel me semble prévu dès le début de l’aventure. Menacée par des êtres dépravés, la marquise vit apparaître le Comte « comme un ange ». L’Ange de l’Annonciation ?
Dans ces circonstances troublées, ils s’éprennent l’un de l’autre. Ces circonstances sont d’ailleurs tout à fait propices à la naissance d’un sentiment amoureux.
La marquise s’évanouit alors que tout danger de la part des brutes est écarté. Son éducation ne l’autorise pas à consentir de façon consciente. Plus tard, le Comte sera à la hauteur de ce qu’on lui demande.
Ce récit reprend de façon originale le thème du roman courtois. Il met en scène ce qu’une femme peut désirer d’un homme.
L’histoire se termine bien, profitez-en, car ce ne sera pas toujours le cas !
Le Tremblement de terre au Chili.
La situation historique a une importance symbolique. C’est une fin du monde.
Dona Joséfa fille de gentilhomme, mise enceinte par un jeune espagnol Jeronimo Rugera, est condamnée à mort. Lui, également emprisonné, veut se pendre.
A ce moment, donc la terre tremble à Santiago. Les éléments naturels se mettent en accord avec la situation d’urgence désespérée des jeunes gens.
Le bouleversement rend le suicidaire décidé à sauver sa vie et épargne Josefa du châtiment promis .
Pendant les moments critiques le jeune couple et son bébé sont en sécurité. Les rescapés s’entendent entre eux, et les identités ne comptent plus.
C’est après le retour en ville, que les deux jeunes gens sont à nouveau en danger. On va les accuser d’avoir provoqué le séisme en offensant Dieu….
Comme dans la précédente nouvelle, le thème du sentiment paternel est très présent. Jeronimo a tout de suite aimé son fils, et Don Fernando l’aimera comme un père, ayant perdu le sien.
Fiançailles à Saint-Domingue
Au temps de la révolution française, près de Port au Prince, l’abolition de l’esclavage a permis aux noirs une certaine revanche.
Congo Hoango s’est débarrassé de son patron et vit sur ses terres avec une servante et sa fille Toni, métisse. Les deux femmes doivent attirer les voyageurs blancs que Hoango massacrera.
Un de ces voyageurs ( suisse de Genève) et Toni se plaisent et passent la nuit ensemble. Ils décident de fuir, et de se marier plus tard.
Mais pour donner le change à son maître, Toni est forcé d’user de subterfuges qui paraissent à son amoureux très ambigus…
L’Enfant trouvé
En accueillant le jeune Niccolo atteint d’une maladie contagieuse,Piachi prend un risque pour son propre fils Paolo. Ce dont meurt Paolo semble être du geste de son père, qui le met en danger pour un inconnu malade dont il ne sait rien. Geste étrange, car il n’est pas coutumier des « bonnes œuvres ». Mais Elvire, la jeune épouse de Piachi est possédée par des souvenirs…
Adopté, Niccolo a tout pour devenir le fils maudit. En fait, il sera le révélateur de ce que la famille Piachi a de bizarre...
Toutes ces nouvelles mettent en scène des intrigues amoureuses, des passions, trahisons… qui font songer aux Chroniques italiennes de Stendhal. Pour faire quelque chose de ces mélos, ce n’était pas gagné. Kleist y parvient grâce à ses narrations très classiques, l’absence de fioritures dans l’exposition des faits, et l’abondance de non-dits, dans le récit et les pensées des personnages.
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