Christian Bourgois, 2010, 332 pages.
Edition originale 2009 même titre.
Jiselle, hôtesse de l’air romanesque, vient d’épouser son beau pilote Mark Dorn. Lune de miel dans les pays les plus exotiques, argent qui coule à flot, belles fringues, bijoux de prix, bonne entente physique, mariage en grande pompe… ! Elle nage dans le bonheur…
En dépit des avertissements de sa mère « Quel genre de femme consent à épouser un homme qu’elle connaît depuis trois mois ? Un homme qui a trois enfants ? Un homme dont elle n’a pas rencontré les enfants ? »
… « Bien sûr, il y avait quelque chose en plus, en plus de l’amour, sinon pourquoi le mariage et pourquoi cette hâte ? Mais comment aurait-elle pu expliquer à quiconque le mystère étrange et fou que c’était pour elle ? Se prenant à s’imaginer en mariée, elle avait capitulé ! Et puis …le commandant Dorn ! Le plus bel homme de la terre ! »
Jiselle s’installe dans la propriété des Dorn, au vert, à soixante kilomètres de Chicago et vingt du premier centre commercial, avec les enfants de Mark. Ses deux belles-filles adolescentes la détestent, la cadette ouvertement, mais elle s’entend bien avec Sam le petit dernier. Mark est veuf d’une belle femme, Joy, dont le portrait la toise en plusieurs endroits. Elle apprend à devenir « femme au foyer ». N’a aucune peine à préférer les tâches domestiques, dont elle ignore tout, au métier d’hôtesse qui était devenu une insupportable routine. En effet, ces tâches domestiques apparaissent comme de véritables conquêtes, et Jiselle se met à régner sur ce petit monde, qui va s’agrandir du fait de circonstances particulières.
Elle voit son époux en coup de vent entre deux escales : c’est bon pour l’amour ! La frustration entretient le désir, et elle n’apprend pas à le connaître, restant sur de bons souvenirs.
Un jour, Mark est retenu en Allemagne, à cause de l’épidémie de » grippe de Phoenix ».
Après quelques temps d 'affolement, Mark va s'effacer de sa mémoire et encore plus vite de celle de ses enfants et voisins, pour faire place à de vraies priorités...
Jiselle ne s’est jamais beaucoup informée de la "grippe de Phoenix", mais elle constate des difficultés croissantes. Pannes de courant, omniprésence de la maladie qui rôde insidieusement, renaissance de superstitions, relations des époques de peste par son voisin historien, communiqués peu éclairants des médias lorsqu'ils fonctionnent.
L’existence qui l’attend est très différente de ce qu’elle avait pu imaginer…
L’auteur a mis en scène une détérioration des USA, qui pourrait bien évoluer comme « La Route » de Mc Carthy, mais nous arrête à mi-chemin, détaillant avec finesse les stratégies et la volonté de survie d’un groupe plein d'entrain, dans lequel Jiselle tient le rôle principal.