Avec Jacques Gamblin et Sara Forestier.
Bahia Benmahmoud est une jeune femme un peu nymphomane, suite à des leçons de piano subies très jeune, des leçons où l’on faisait très peu de piano. Sa mère est une soixante-huitarde humaniste, son père un ex-sans papier algérien. Elle justifie sa nymphomanie en prétendant coucher avec des types de droite pour les convertir au socialisme. Et paraît-il que ça marche. Il est vrai qu’elle est attirante.
Dans sa famille, le non-dit, le "refoulé" si l'on veut, c’est qu’il est interdit de parler de pédophilie, du problème qu’elle a eu.
Arthur Martin est un homme d’âge mur, ingénieur qui s’occupe des épizooties chez les oiseaux. Il se définit comme jospiniste, c’est un oiseau rare . Car nous apprendrons qu’il reste autant de jospinistes que de canards mandarins sur l’île de Ré.
(Personnellement, j'en ai vu à Bruges, dans les canaux, et nulle part ailleurs...)
Le père d'Arthur s’occupe d’une centrale nucléaire, sa mère est juive, et toute sa famille a été déportée. Chez eux, on ne doit pas aborder ce sujet-là.
S'appeler Arthur Martin n'est pas facile, mais protège d'une vraie tragédie enfouie, non sans y faire penser.
Arthur est devenu une sorte de vieux garçon, sérieux, travailleur et tristounet.
Bahia et Arthur vont se rencontrer pour le meilleur et pour le pire.
Au bout d’un certain temps on soupçonne que le film s’adresse aux traumatisés du 21 avril. D’ailleurs l’action proprement dite du film se situe entre ces deux désastres ( le 21 avril 2002 et le 7 mai 2007) une période sinistre que nos héros affrontent vaillamment. La suite sera encore pire, mais ils sont plein d'optimisme! Si seulement l'optimisme était contagieux...
Quelques scènes sont fort réussies dans le registre comico-tragique, tel Jacques Gamblin sortant de l'eau un grand cygne mort, et apprenant du même coup la mort de sa mère.
J'aime bien aussi la façon dont les deux héros présentent leur passé et leurs parents à l'aide de saynètes rapides et bien enlevées.
Sara Forestier, ( deveue jeune femme depuis l'Esquive), énerve un peu, par son hystérie et sa suractivité. Mais elle finit par nous être sympathique. Ce couple improbable va prendre forme et nous plaire. Ils sont capables de discuter, de n'être pas d'accord, tout en s'aimant.
La démocratie dans le couple, ça existe !
Le film plaide aussi pour le multiculturalisme, " la bâtardise généralisée", jusqu'à prénommer un nouveau-né d'un nom chinois, un nouveau-né qui n'a rien d'asiatique! c'est exagéré, mais salutaire, avec une ironie bienvenue.