C'est le onzième long-métrage d'Haneke, et son premier film noir et blanc. Un grande réussite esthétique avant tout. La photographie est très belle, sobre et réaliste. Les personnages, notamment les enfants sont filmés magnifiquement. On n'oublie pas certaines scènes: par exemple, la femme du paysan sur son lit de mort dans une minuscule pièce lépreuse étouffante, cette morte dont on ne voit que les jambes lavées par une embaumeuse. Certaines scènes ont quelque chose de hiératique.
Un homme âgé, sans doute dans les année 30 pendant la montée du nazisme, et sûrement hanté par les brassards nazis, se souvient des rubans blancs que portaient, les enfants du Pasteur dans le village où il fut instituteur juste avant la première guerre mondiale. Des rubans destinés à leur faire retrouver la « pureté ». un geste qui suppose l'existence de l'innocence.
Il se souvient aussi d'une série de violence perpétrés à l'encontre de certaines personnes du village.
Le médecin qui fit une chute de cheval due à un câble tendu entre deux arbres à l'endroit où il avait coutume de passer. Sa fille Anna reste seule à s'occuper du petit Rudi son frère. Ils ont une conversation à propos de la mort. La jeune fille est honnête : elle présente la mort comme la cessation de la vie très laïquement, sans la moindre référence à un au-delà.
D'autres accidents se produisent. La femme d'une famille de paysans que fait travailler le Baron, tombe dans la scierie à travers le plancher en triste état, et se tue. Son fils saccage les plantations de ce notable... le père de famille se pend.
Cependant le Baron ne reste pas impuni. Son chérubin de fils est ligoté et torturé, sa grange prend feu. C'est peu de chose, et les paysans n'en sont pas moins démunis.
Le Pasteur est un tyran domestique et un bourreau d'enfants. Il persécute les siens à coups de sermons et de verges à la moindre occasion...
Le malaise s'accentue. L'instituteur découvre que certains de ses élèves ont un comportement qui laisse présager qu'ils seraient liés aux méfaits commis.
Et voilà que le médecin revient de l'hôpital et le spectateur ne tarde pas à comprendre qu'on avait d'excellentes raisons de lui en vouloir...
La violence vient de conflits d'ordre divers: vengeance de pauvres contre les riches qui les font travailler comme des bêtes dangereusement.
Vengeance d'enfants jaloux de la naissance d'un autre, vengeance contre des parents indignes et /ou incestueux. La plupart des adultes sont sans foi ni loi, les enfants le deviennent aussi, privés des repères les plus importants, et rien ne peut s'arranger.
Un film important. Cependant je n'ai pas compris tout le système de la narration: l'instituteur narrateur de dont il a été témoin, ne peut pas avoir vu toutes les scènes qui nous sont montrées. En particulier les scènes privées entre le médecin et la sage-femme, entre le médecin et sa fille etc...
Comment a-t-il eu connaissance de ces scènes, récit par un autre, imagination, nous n'en savons rien.
L'avis de Dasola
et Leuname qui ont aimé le film également.