Titre original : « La neblina del ayer, » 2003.
Publié chez Métailié ( bibliothèque hispano-américaine), en 2006; 350 pages.
La Havane, début du vingt-et unième siècle. Une grave crise économique sévit à Cuba. Une partie importante de la population, y compris des gens autrefois à l'aise, vivent dans la précarité et souffrent de malnutrition.
Mario Condé, qui fut policier, s'est reconverti dans le commerce noir du livre précieux. Il parcourt l'île à la recherche de livres rares recherchés par des bibliophiles. Ses amis les revendent et tous se partagent le bénéfice.
Il est tombé sur une bibliothèque fabuleuse, qui à elle seule, contient une partie essentielle du patrimoine de l'île de Cuba.
Ce trésor est gardé par Amalia et Dionisio Ferrerro, frère et sœur âgés, qui survivent difficilement à la crise. Les livres appartiennent à la famille Montes de Oca qui a quitté le pays depuis longtemps et dont les héritiers sont introuvables.
Mario a trouvé aussi dans un livre de cuisine coûteux une page de revue arrachée où figure la belle Violeta de Rio, ancienne chanteuse de boléro, qui n'a enregistré qu'un seul disque avant de quitter mystérieusement la scène. Mario ressent une attirance irrésistible pour Violeta. Il se souvient que son père écoutait souvent ce disque lorsqu'il était enfant.
Cette enquête, d'abord toute nostalgique, suit la piste de la chanteuse et plonge dans une époque révolue ( les années cinquante à Cuba) pour révéler des drames enfouis et remettre Mario sur la piste d'une intrigue criminelle...
L'écriture est à la fois ironique, nostalgique, un brin romantique. Le roman nous entraîne dans le vécu de la crise socio-économique actuelle à Cuba, et les souvenirs des années 50 qui apparaissent en regard comme un âge d'or à jamais disparu.
A cette époque, Le pouvoir était encore aux mains de Batista. La corruption régnait, mais aussi, semble-t-il, une certaine joie de vivre, du moins pour Mario et ses amis.
Les personnages sont sympathiques et vivants. Les dialogues sont fort agréables d'autant plus que dans la narration, le style est souvent lourd, quelque peu indigeste:
«Au cours de son existence, Mario Conde s'était entraîné à vivre avec les idéalisations et les diabolisations du passé les plus variées, avec les réécritures opportunistes, les affabulations et les silences impénétrables, perpétrés parfois avec un soin dramatique ou de la façon la plus arbitraire.
Au long de cette cohabitation, il avait appris que, même contre son gré, chaque personne, chaque génération, chaque pays, tout le monde doit traîner, comme les fers d'une condamnation, ce passé qui est inévitablement le sien, avec toute la vacuité des maquillages flatteurs ou la laideur volontairement exacerbée. »
Le billet de Dasola est très enthousiaste!
commenter cet article …