Viviane Hamy, 2006, 235 pages.
1er publication 1969.
Les Ekeles , leur fille Iren, et leur gendre Balint, vivent à l’étroit dans un appartement du centre de Budapest, avec la petite fille qu’Iren a eue d’un premier mariage. Nous sommes en 1968. Ils ne sont pas heureux, ne cessent de penser au passé, lorsqu’ils vivaient rue Katalin, dans des maisons avec jardin, avant la guerre. Ces maisons ne sont plus, et certaines personnes chères ont également disparu, notamment Le couple Held et leur fille Henriette, compagne de jeu d’Iren et Balint, victimes des persécutions nazies.
Blanka, la sœur d’Iren vit loin d’eux dans une île au climat tropical, dépendante d’un époux et d’une famille riches, qui la séquestrent, tout en l’entourant de sollicitude
Henriette, disparue depuis longtemps, circule au milieu d’eux, comme fantôme, sans être reconnue. Vivants et morts sont obsédés par l’existence d’autrefois, tel un paradis perdu.
Au fil des chapitres, nous prenons connaissance de ce passé, plongés dans les pensées de l’un ou l’autre des protagonistes.
Tout commence en 1934, lorsqu’Henriette et ses parents arrivent rue Katalin, où vivent déjà les Elkeles et Balint, ainsi que son père. Dans les jeux des enfants perce déjà la rivalité amoureuse : les trois fillettes sont folles de Balint. Les parents sont difficiles, la vie est loin d’être idyllique, mais ces êtres sont jeunes et pleins de passion, quoique déjà perturbés…
Ce récit est surtout un roman psychologique et de mœurs. Bien sûr, les événements historiques (seconde guerre mondiale, persécution nazie, dictature communiste) y tiennent une part non négligeable, et se mêlent de gâcher irrémédiablement la vie, déjà bien compliquée, des personnages.
La narration souple navigue dans les pensées des uns et des autres, dans un va-et -vient du présent au passé et d’un personnage à l’autre. La forte présence du fantôme de la jeune Henriette qui se promène parmi les vivants et prend de plus en plus d’importance est là pour désigner là une vraie tragédie : les survivants à la famille Held, vont se comporter comme des morts-vivants tout le restant de leurs jours. Les connaissances qu’ils font à l’âge adulte, ils les tiendront à distance, rejetant comme peu important tout ce qui n’a pas de lien avec la rue Katalin. Soit qu’ils aient été traumatisés par leurs deuils, soit que leurs familles aient vécu trop repliées sur elles-mêmes la constat est désespérant.
Il n’empêche que pour l’auteur, l’âme humaine est généralement torturée, et le présent alourdi par les souvenirs et les regrets.
Lu dans le cadre de la semaine hongroise
D'autres billets chez Schlabaya et Cryssilda.
commenter cet article …