Le Masque, 2011, 307 pages.
Derrière ce titre anglais choisi par les éditeurs se cache un autre titre anglais l’original “ Die a Little”.
Lora King a perdu son frère Bill. Alors qu’ils vivaient ensemble, tranquillement, comme deux célibataires, Bill a rencontré Alice, et ils ne se sont plus quittés. Bill est inspecteur de police, et Lora enseignante. Nous sommes dans les années 50. Alice est une belle-sœur encombrante ; elle a beaucoup de charme et passe pour une femme fatale. Très exaltée, en même temps que soucieuse de bien faire, elle se transforme vite en épouse modèle (parfaite cuisinière, ménagère irréprochable, bientôt enseignante elle aussi) sans cesser d’en jeter plein la vue, et de dépenser de l’argent à outrance pour donner des fêtes où tout le monde se saoule, et décorer la maison.
Or, Alice n’a pas le sou ! Elle était costumière dans un studio à Hollywood avant son mariage. De son passé, elle a présenté ses parents comme des aventuriers, tout le temps obligés de déménager à la cloche de bois. Plus inquiétant encore, cette Lois qui vient la voir de temps à autre, et bientôt presque tous les jours. Lois est toujours couvertes de blessures suspectes et tient des propos à la fois lestes et sibyllins. Un autre personnage apparaît, un drôle de type à l’air chinois qu’on appelle Joe Avalon. Lora enquête, prend possession d’un carnet plein de rendez-vous secrets, d’une photo porno représentant Alice et Lois. Elle n’est pas étonnée de recevoir une lettre anonyme disant que sa belle-sœur est une prostituée et que pour en savoir plus, il faut aller au Red Room Lounge…
Voilà un roman « noir », bien écrit, avec un effort méritoire pour trouver des façons de dire originales pour suggérer des sentiments, des faits, et un certain talent pour décrire des lieux inquiétants.
Alice y apparaît mystérieuse, et à mesure que Lora dévoile quelque chose d’une possible double vie de cette belle-sœur, la situation se complique. Lora elle-même n’est pas qu’une sœur bien intentionnée cherchant à sauver son frère tombé en de supposées mauvaises mains. Elle est jalouse d’Alice, fascinée par elle, attirée et horrifiée par le monde dont sort cette jeune femme, et ne sait pas trop bien ce qu’elle veut. L’ambiguïté des situations et le suspense sont donc assez habilement préservés, même si l’on se doute de l’issue, une fin d’ailleurs cohérente et vraisemblable.
Métaphores originales :
- « Alice est là, ma chérie ?
Je reconnais Lois au bout du fil, mais une Lois encore plus ralentie qu’en temps normal ; sa voix se traîne sur ses pattes arrière, elle peine à aller de ses lèvres jusqu’à mes oreilles. »
« Ses yeux semblables à des dents éclatantes, sont plantées en moi ».
« Les questions que vous aviez envie de lui poser paraissaient incroyablement naïves face à la gueule obscure qui s’ouvrait derrière son visage d’épouse joliment ciselé ».