Michel Bouquet (Renoir à la barbe presque pointue et au chapeau) Christa Théret (Andrée Hessling, le modèle) Vincent Rottiers (Pierre Renoir futur cinéaste)
C’est une très jeune fille qui vient aux « Collette » dans la propriété des Renoir, près de Cagne-sur mer. Elle s’appelle Andrée ; le vieux maître dit « une fille de nulle part recommandée par une morte, je la garde ». Andrée s’est laissé dire par la femme de Renoir, à présent décédée, que son époux cherchait un modèle.
Renoir dit encore au début du film « près d’ici vit un peintre qui fuit les modèles, peint des pommes et des mannequins en bois. Moi je préfère le vivant ». Renoir se définit d’entrée de jeu comme l’anti-Cézanne. Reste à savoir ce qu’est ce vivant-là.
Si l’on pense que Cézanne est un grand peintre et que Renoir n’est que « joli », on se dit « que suis-je venu faire dans ce film ? «. Mais l’on reste. Car la peinture de Renoir est réconfortante. Et ce film imite la peinture de Renoir, en distillant un grand nombre d’exercices de style parfaitement réussis même si un peu trop appuyés.
Il n’y a pas que du Renoir, d’ailleurs, on nous montre aussi une charogne d’animal, de jeunes soldats défigurés par la guerre, des tempêtes, le vieil homme souffrant et métamorphosé par la maladie( un peu de Cézanne donc), et cinq minutes de Toulouse-Lautrec, lorsque Pierre va rechercher Andrée dans un lupanar où elle s’était réfugiée, après leur brouille.
Les personnages ne sont pas idéalisés, le vieux maître n’est pas facile, il ne paie pas ses modèles, les femmes commencent modèles et finissent domestiques de la maison lorsqu’elles n’inspirent plus le maître. Le petit Claude, « Coco » fils tardif de Renoir est en révolte. On n’a pas de peine à reconnaître le « gamin au vélo « des frères Dardenne. Il a de la personnalité. Les acteurs sont tous bons y compris Michel Bouquet, bien sûr. Le seul vrai défaut du film, c’est qu’il ne raconte pas grand-chose… il n’y a pas d’intrigue véritable.