Avec Ariane Ascaride, JP Darroussin, Gérard Meylan, et des jeunes très bien : Anaïs Demoustier, par exemple ( la fille du couple de quinquagénaires) et Robinson Stévenin ( le commissaire)
Sur les chantiers maritimes de Marseille, on doit se plier à ce qu’on appelle en politiquement correct un « plan social » : une vingtaine d’ouvriers sont mis au chômage « technique »pour que l’entreprise survive. Michel, syndicaliste engagé depuis toujours, les a tirés au sort pour ne pas faire de jaloux, et mis son nom dans la boîte, ne voulant pas passer pour un privilégié.
Le voilà au chômage, en même temps que ses camarades. Un chômage soft, Michel est largement à l’abri du besoin, même s’il commence à s’ennuyer de rester à la maison.
Michel a 50 ans et une longue vie de combats sociaux derrière lui. Il est proche de ses collègues . Sa femme Anne-Claire, auxiliaire de vie, s’occupe d’une dame âgée, que sa fille délaisse, et lui offre une écoute psychologique, en plus des soins au ménage et à la personne. Le couple s’efforce de créer et maintenir du lien social, en famille et autour d’eux. Jusqu'à maintenant, cela leur a plutôt réussi. Leurs enfants les aiment, ils ont la joie de s’occuper sérieusement de leurs petits enfants, et beaucoup d’amis. Famille et amis leur ont offert un voyage en Tanzanie, au pied du Kilimandjaro, leur chanson préférée, chargée de souvenirs heureux.
Le choix de la chanson qui évoque la mort, autant que l'aventure, peut sembler étrange. Pourtant, s'ils avaient choisi "laissons la plage aux romantiques" du même Pascal Danel, cela n'aurait pas cadré avec leur côté combatif et le film n'aurait pas lieu d'être.
Au cours d’une partie de cartes avec leurs amis proches, deux individus cagoulés et armés les frappent, menacent, et s’emparent de leur économies et cartes de crédit.
Ils se rendent vite compte que l’un des voleurs est un collègue de Michel, jeune chômeur en situation très précaire.
On se remémore la scène idyllique des trente ans de mariage, et le grand nombre des invités : beaucoup de gens ont vu la remise de la cassette pleine de billets, et entendu les louanges adressées à Michel et Anne-Claire. Des gens que le couple considère comme des amis, même ceux qu’ils ne connaissent que de vue. Une attitude qui nous plaît, tant elle s’oppose à cette obsession sécuritaire qui sévit de nos jours.
Une attitude qui comportait des risques, que le couple doit à présent affronter.
Michel et Anne-Claire sont déstabilisés, et forcés de se remettre en question…
Le film pose de vrais problèmes à la manière simple directe et vigoureuse de Guédiguian .
La séquence du braquage est bien amenée et surprend absolument.
Certaines caractéristiques peuvent sembler peu crédibles : les deux enfants, qui ont toujours vécu livrés à eux-mêmes sans autre parent que le frère aîné, sont incroyablement bien élevés, polis, et ne sèchent jamais l’école ! Même le frère aîné n’a rien d’un voyou, de sorte que l’on s’étonne qu’il ait cédé à la tentation du braquage qui n’est pas dans sa manière.
Une fin un peu trop édifiante, mais qui chez ce cinéaste ne me surprend pas vraiment. On a tout de même l’antagonisme : les enfants de Marie-Claire et Michel se plaignent énergiquement de leur décision finale, et en dévoilent l’irrationalité et les inconvénients.