1964, 535 pages ( édition Folio)
L' un des romans les plus célèbres de Saül Bellow( 1913-2005), romancier américain juif et russe, prix Nobel de littérature 1976.
Moses Herzog, professeur à l'université de Philadelphie s'est mis en congé et a regagné le Berkshire, Ludeyville, où il a acheté une maison de campagne. Divorcé d'avec Madeleine, il s'inquiète de sa petite fille Junie, dont son ex-épouse a la garde.
Il ne fait pas confiance à Madeleine qu'il juge à présent un produit navrant de l'intelligentsia américaine, ni à ses caprices, sa soudaine conversion théâtrale au catholicisme ayant précipité le divorce. Quant à son nouvel ami Gerbach, ce « poète des medias », c'est vraiment un pauvre type...
La principale activité d'Herzog est la pratique assidue du soliloque. Il revit son passé en zigzag, au hasard des rencontres et des idées qui lui traversent l'esprit.
Chaque soliloque aboutit à un début de lettre, un ou plusieurs pages: le destinataire est soit l'un de ses proches vivant ou mort, soit un de ses maîtres à penser qu'il a longtemps étudiés et dont il doute à présent. Des missives seront ansi destinées à Tocqueville, Nietzsche, Spengler, Roosevelt, Spinoza... et Dieu lui-même plus d'une fois!
Autrefois occupé à une thèse intitulée « Romantisme et christianisme » , il en est détaché aussi. Il faisait confiance à Tocqueville , mais ne sait plus si les Romantiques ont vraiment tort , s'en lise dans les contradictions et se le répète. Il a » du mal » avec Hegel.
Subitement, il quitte le bled où il se morfondait, gagne Vineyyard, banlieue New-yorkaise , pour aller voir d' anciennes maîtresses, rumine de sombres pensées concernant sa fillette, qu'il suspecte de plus en plus d'être maltraitée. Il se rend chez son avocat Smirkin, pour lui demander son avis. En effet, lorsqu'il se sentait dépressif, Herzog a fait de Valentin le tuteur de sa fille, et l'a nommé exécuteur testamentaire. Grave erreur, se dit Moses, à présent persuadé que Madeleine et Valentin sont irresponsables et dangereux. Autrefois, c'était lui-même qu'il considérait comme irresponsable...
Dans la salle d'attente de Smirkin, il voit un couple accusé de tentative de meurtre sur leur enfant de trois ans qu'ils on fracassé contre un mur. Fortement secoué, Herzog décide soudain d'aller chercher Junie , décidé s'il le faut à tuer Madeleine et Valentin Gersbach...
Cinq jours de la vie d'Herzog nous sont ainsi relatées à la troisième ou à la première personnes, cinq journées décisives, en sept chapitres, une crise et son dénouement.
Les pensées d'Herzog, ses règlements de compte avec les penseurs qui forment son horizon intellectuels , et avec ses proches, se télescopent avec ses déplacements dans le réel. Il va d'un endroit à l'autre dans le réel comme dans ses souvenirs.
C'est un roman autobiographique ( celle du personnage Herzog, qui forcément, s'inspire de l'auteur).A partir de cette crise, c'est toute sa vie qu'Herzog évoque, ses parents, ses mariages ratés, son parcours intellectuel qui ne lui plaît pas. Nous avons un tableau des mœurs de son époque, de différents couches sociales, de personnages très variés. Le monde du spectacle est satirisé, représenté par Gersbach animateur de télé, et Madeleine, plus actrice dans la vie qu'à la scène, une très jeune femme qu'Herzog a épousée par attirance sexuelle, mais avec qui il ne pouvait guère s'entendre...
L'humour est la principale qualité d'un tel roman. Les lettres qu'Herzog commence à rédiger sont souvent à mourir de rire. Lui-même moque plus ou moins sa personne et son parcours.
Saul Bellow est aussi l'auteur des " Avventures d'Augie March" roman picaresque, dont le héros est assez proche d'Huckleburry Finn.
.
Une autre lecture sur le blog de Phil