Gallimard (L’Imaginaire) 509 pages
Le dernier roman de Bernhard publié en 1986.
Franz-Josef Murau professeur à Rome, doit rejoindre ses sœurs à Wolfsegg en Autriche. Il a reçu un télégramme l’informant du décès de ses parents et de son frère dans un accident de voiture.
Il ne s’est jamais senti bien avec sa famille, et regrette d’avoir à se rendre là-bas, assister à des funérailles, et régler les histoires d’héritage.
Riche, mais sans culture, inintelligente, ne songeant qu’à faire fructifier ses possessions, sa famille lui déplaisait au point de la haïr. En outre il s’est toujours profondément ennuyé en leur compagnie, lorsqu’il ne se révoltait pas. Car cette famille a des accointances politiques particulièrement détestables, dans un pays, qui plus qu’un autre, est constamment dirigé par des hauts fonctionnaires qui ne dissimulent même pas leur penchant pour le national socialisme.
Deux longs monologues (Le Télégramme et le Testament) nous enlisent dans les pensées pessimistes du narrateur, nous fouettent de ses invectives, accompagnent, sans l’accomplir, son deuil particulier mais réel. Son arrivée à Wolfsegg le pays détesté, lui permet d’évoquer son apprentissage d’une espèce de vraie vie, et de s’acheminer vers une décision à propos de l’emploi de son héritage.
Pendant 500 pages le narrateur explique pourquoi il déteste autant sa famille et son pays, comment il a découvert une autre façon de vivre, une vraie façon de vivre, grâce à son oncle Georg, comment il a pu se sortir de ce pétrin où l’avait plongé sa lamentable famille et aussi comment il ne s’en est pas vraiment sorti… à quel point il aime sa famille, tout en la détestant ( ces derniers temps c’est la haine qui prévaut). D’un sujet à l’autre, il va et vient et revient, critique radical et corrosif, loufoque parfois, lucide souvent.
C’est un livre important, qui se lit petit à petit, vingt pages de temps en temps, le type même du livre de chevet, que l’on garde toujours à portée de main.Aussi suis-je loin de l'avoir terminé, d'en avoir pris toute la mesure, et je ne suis pas pressée non plus d'en avoir fini.
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