Seuil-Policiers 2012, 355 pages.
Publication originale 1996, titre « The Chatham School Affair »
La construction ressemble à « les Leçons du mal » :
Un homme âgé, Henry, se souvient d’un épisode tragique arrivé pendant l’année scolaire 1926/27 dans l’école de garçons de la petite ville de Chatham, non loin du Cap Cod. Il était l'un des élèves, et surtout, le fils du directeur.
Sa pensée vagabonde, faisant de fréquents allers-retours entre diverses périodes de cette année scolaire, un procès qui s’en suivit, le devenir des principaux acteurs du drame, et l’époque actuelle.
Son père dirigeait l’école d’une main ferme, sa mère devait se contenter d'être ménagère au foyer, elle aussi "psychorigide"(comme on dit à présent), et Henry, déjà adolescent, s’ennuyait et éprouvait du ressentiment envers ses parents.
L’arrivée de Mlle Channing, jeune femme qui vient enseigner les Arts plastiques, va le renforcer dans sa rébellion. Très cultivée, la jeune femme a beaucoup voyagé avec son père depuis sa tendre enfance, et suivant ses préceptes est persuadée » qu’il faut vivre ses passions jusqu’au bout ». Elle va bientôt en avoir l’occasion, sa rencontre avec le professeur de lettres Leland Reed, se révèle décisive. Reed est marié, père d’une petite fille, le couple illégitime se dissimule sans y parvenir vraiment, et Henry est plus ou moins leur complice. Ses sentiments à leur égard sont complexes : rêvant pour lui-même d’aventures romanesques et de liberté, il brûle de les aider à fuir une existence médiocre. Surtout, il voudrait jouer un rôle dans l’affaire, être autre chose qu’un « voyeur »…
Mr Reed semble préparer un départ puisqu’il construit un bateau avec l’aide du jeune garçon…
A mesure que l’on avance dans le récit, des questions nouvelles naissent en même temps que les révélations. Que s’est-il vraiment passé, qu’y-a-t-il derrière les faits apparents? Et pour cela on est surpris jusqu’au bout.
Malgré certaines longueurs, car le narrateur se répète souvent.
Les protagonistes, le couple illégitime, sont vraiment touchants, et j’aurais préféré les voir agir et penser directement, en alternance avec le point de vue de Henry, qui est ici seul narrateur.