LP, 2001 ; 666 pages.
C’est le quatrième roman d'Umberto Eco, après le Nom de la Rose , le Pendule de Foucault, et l’Ile du jour d’avant.
Le récit qui nous attend en introduction, est un parchemin de Baudolino lui-même, écrit à l’âge de treize ans, un charabia qui ne dépaysera pas le lecteur, si celui-ci est ou a été professeur de collège.
Notre héros illettré est déjà savant tout de même, sur la façon de s’orienter dans le brouillard du Piémont, de gratter un parchemin pour le réutiliser, d’organiser des parties lestes en compagnie de jeunes filles et de licornes, et ces mots allemands dont il est si fier. A force de vadrouiller partout, Le jeune garçon se fait adopter par l’empereur Frédéric, qui l’achète à ses parents pour trois fois rien.
Le lecteur du parchemin, est Nicétas, orateur de son état, fuyant Constantinople mise à sac en 1205. Baudolino l’a sauvé, et ils se retrouvent en sûreté, retirés de la ville assiégée et pillée.
Il a environ soixante ans, estime Nicétas, et se montre désireux de raconter la suite de son histoire depuis le parchemin de ses treize ans. Nicétas va l’écouter car l’homme parle un grec assez fluide et élégant. Et le personnage est vraiment très curieux !
Adopté par l’empereur Frédéric surnommé Barberousse, Baudolino s’instruit ; c’est à Paris, en étudiant les Arts libéraux, qu’il se fait quelques amis fidèles, sa future petite cour personnelle : Abdul, troubadour ( calqué sur Jauffret Rudel, il aspire à une princesse lointaine) ; Boron philosophe qui discourt sur le vide et cherche le « gradale » ; le Poète, qui n’écrit aucun vers mais se révèlera bon stratège politique, Kyot, venu de Bretagne chercher aussi le Vase sacré, et Solomon de Gérone rabbin avide de retrouver les dix tribus d’Israël, perdues en terres lointaines. Baudolino, lui, est en quête du royaume du Prêtre Jean. Leurs quêtes différent quelque peu mais pas leur destination ; ils aspirent à se mettre en route pour l’Orient .
Avant cela, ils devront assister Frédéric dans maintes batailles, soit pour assiéger telle ville, soit pour la défendre, manœuvrer auprès du Pape (ce pape Anglais nommé Adrien,ennemi juré de Frédéric), fabriquer et vendre des reliques…
Ce roman appartient au genre picaresque. Baudolino, d’une naissance modeste ( un « gueux ») va s’élever dans la société, plus ou moins marginal, mais diablement intelligent et inventif, et connaître de multiples aventures avec ses comparses : Eco mêle des épisodes quasi bibliques, la quête de l’Amour Courtois, celle du Graal , l’Enfer de Dante et sa forêt obscure, des rencontres de philosophes grecs, de monstres horrifiques, et même les Mille et une nuits car l’on voyage à dos d’oiseau Roc !
J’ai bien noté quelques longueurs (les démêlés de l'empereur Barberousse qui veut conquérir l'Italie, et du pape Adrien qui peine à défendre son bien, n'en finissent pas...) mais l’ensemble est vraiment bon ; tantôt l’on s’amuse, tantôt l’on s’instruit, non sans rafraîchir ses connaissances.