D’après Ripley s’amuse de Patricia Highsmith( 1977)
Je n’ai pas lu les Ripley d’Highsmith, le personnage me déplaît et m’ennuie.En revanche, j’aime beaucoup ce film, au point de l’avoir revu avec plaisir même sur petit écran
6 décembre 1976 « Rien à craindre sinon la crainte elle-même . je sais de moins en moins qui je suis ou qui est n’importe qui d’autre… » répété deux fois de façon identique, le message enregistré( pour qui ?) de Jonathan en voiture, le visage méconnaissable la seconde fois, et inconnue la première, à cause de diverses lumières au néon qui lui en barrent une partie. Il lui reste une nuit à vivre.
Cela commence à Hambourg dans une vente aux enchères. Tom Ripley est trafiquant de tableaux américains, connu pour ses escroqueries. Il va faire l’acquisition d’un tableau. Jonathan est restaurateur et encadreur. Venu avec un ami, ils commentent la mesquinerie de tous ces acheteurs. Présenté à Ripley, il lui signifie avec mépris bien sûr j’ai entendu parler de vous. Nous lisons les regards inquiets des acheteurs éventuels qui l’observent.
Ripley apprend très vite que Jonathan est leucémique. Il décide de se servir de lui pour assassiner un homme( on ne saura pas qui ni pourquoi) . Il s’agit de convaincre Jonathan qu’il est condamné à courte échéance et de lui offrir une grosse somme d’argent à laisser à son fils et à sa femme.
Jonathan, artisan et amateur d’art sans histoire, va devenir tueur à gages, pour le compte d’un homme qu’il méprise. Il accepte la proposition et se laisse convaincre que son médecin lui ment . Depuis quatre ans, qu’il souffre de ce mal, il s’attend à mourir d’un jour à l’autre. La maladie peut évoluer très vite, ou sommeiller longtemps, on ne sait jamais à quoi s’attendre. Il n’en peut plus de cette existence. Les nuits sont bleues ( non pas blanches car c’est un film noir ) . La zone d’interdiction entre mort et meurtre s’efface.
-le voyage à Paris pour le premier contrat a lieu dans le RER du côté de la Défense. Course-poursuites escaliers, tunnels interminables, chambres d’hôtel ternes, paysage gris et menaçant. En se sauvant, en courant, Jonathan conserve cet air de confiance trahie, cette allure sobre et un peu gauche, un visage doucement égaré, qui contrastent avec ses nouvelles fonctions. On ne sait jamais très bien s’il va se suicider ou tuer… ce qui l’a rapproché de Ripley, c’est la proximité de la mort dont ils sont tous deux coutumiers.
L’atelier de Jonathan est plus ou moins sombre, même de jour. Les personnages n’y sont qu’à demi-éclairés. On remarque le visage torturé » de la femme, son vêtement rouge (une veste autrichienne) . Une maison qui est déjà une tombe, guère plus rassurante que les couloirs de métro.
Le second meurtre ; Ripley intervient sachant que Jonathan ne pourra parvenir seul. Une série d’actions rapides , gestes comiques et étranges s’en suivent : personne assassinée dans les toilettes de train, rencontres et bousculades imprévues, précipitant la tragédie.
Le film vaut pour son décor admirable de poésie bleue sombre, triste et terrifiante, pour l’ambiance.