Biblio-roman, 2008
1ere publication 1955. 190 pages.
Ecrit entre 1935 et 1947.
Shimamura se rend dans une station thermale au début de l’hiver. Il voyage en train depuis Tokyo vers ces montagnes neigeuses non nommées. Au sortir d’un long tunnel, une jeune voyageuse s’adresse à un aiguilleur pour lui poser une question. Shimamura apprécie son timbre de voix chaud, profond, vibrant. Ensuite, il l’observe reflétée dans la vitre, s’occupant de son compagnon de train malade. Le jeu des lumières dans son visage reflété lui donne un aspect particulier. Cette jeune femme lui rappelle Komako, la femme qu’il va retrouver à la station thermale, devenue sa maîtresse à son premier séjour, au printemps dernier, et il évoque cette époque. Son séjour hivernal va ressembler au précédent et en différer sur plusieurs points. La neige est omniprésente, Komako, devenue geisha à plein temps, est surmenée, insatisfaite de sa condition, et Yoko la femme du train apparaît de temps à autre pour soigner l’homme malade, puis bientôt l’enterrer. Elle était son infirmière et peut-être davantage. Komako a été aussi liée à cet homme. Shimamura cherche à en savoir plus, à comprendre le vécu de ces deux femmes. Mais les propos et attitudes de Komako et Yoko resteront en partie énigmatiques à Shimamura. D’ailleurs, son regard sur les choses et les êtres est dominé par la contemplation esthétique, ainsi que par la perception de signes à déchiffrer.
Il y aura aussi un troisième séjour de Shimamura, à l’automne suivant.
A chaque séjour, correspondent pour cet homme oisif et fortuné, qui a beaucoup écrit sur l’art traditionnel de son pays, les plaisirs esthétiques qui changent à chaque saison, blancheur et neige en hiver, nature renaissante au printemps, couleur rouge des bois d’érables en automne, et blancheur de première neige et d’étoiles, bleu et noir de la nuit( ces couleurs correspondent aussi à des événements importants), les plaisirs qui se répètent, les bains et les rencontres avec sa maîtresse, ainsi que les apparitions de Yoko. Le blanc et le rouge, en particulier, se retrouvent dans le maquillage de Komako, le noir dans sa chevelure. Car les femmes aussi font partie du paysage. Elles n’en sont pas moins vivantes, de plus en plus stressées à chaque séjour, et l’anxiété liée à leurs conditions précaires, augmente, jusqu’à créer un climat sombre et pessimiste. Shimamura est parfois pressé par l’une ou l’autre femme, de les emmener, en pure perte. Il a une famille à Tokyo. Il est aussi, et avant tout ,observateur, jouisseur, esthète, consommateur.
Même si les souvenirs de Shimamura remontent au printemps, le récit commence et s’achève par une voix de femme, celle de Yoko au début de l’hiver, inquiète, celle de Komako à la fin de l’automne suivant, effrayée et criant. Entre les deux, cette histoire belle, étrange, et triste, où ce qui compte est suggéré davantage que dit.
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