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24 juin 2013 1 24 /06 /juin /2013 19:55

Titre original : Jeder stirbt für sich allein ; ( chacun meurt pour lui seul ?) 1ere publication 1965.

Folio, 556 pages 2002.

Quelques habitants d’un immeuble berlinois, rue Jablonski, juin 1940.

L’armistice vient d’être signé, et la famille Persicke se réjouit bruyamment en se rinçant le gosier sans modération. Ce sont des nazis offensifs, surtout le fils cadet Baldur, qui règne sans partage sur ses frères et son père. Un étage plus bas, le juge Fromm considère que la vieille Mme Rosenthal au dernier étage, est en danger ; son mari a été arrêté, et les Persicke vont venir la persécuter. Il s’apprête à cacher cette citoyenne chez lui. Eva Kluge, la postière vient apporter aux Quangel du premier étage la nouvelle que leur fils unique a perdu la vie au combat. Eva est résolument opposée au gouvernement en place et se fait violence pour rester prudente. Son mari, au contraire, se demande comment exploiter la situation pour tirer quelque profit par la dénonciation ou le chantage.

Otto et Anna Quangel, profondément affectés par la disparition de leur fils, décident d’agir. Ils se sentent trahis. Quelques années plus tôt, le gouvernement national-socialiste leur paraissait une bonne chose pour l’économie, et Otto avait obtenu un bon poste et un meilleur salaire. A présent, ils sont effondrés. Contremaître en menuiserie, Otto présidait à la fabrication de meubles et à présent, ce sont des cercueils qu’il livre. Le couple se met à écrire des tracts antinazis, qu’ils déposent incognito dans des immeubles, quadrillant plusieurs quartiers de la ville, éloignés du leur. Pendant plusieurs années ils vont se livrer à cette occupation et tenir en échec le commissaire de la police criminelle Escherich qui tente de mettre la main sur « le trouble-fête » comme il l’a surnommé. Les Quangel s’imaginent que leurs tracts circulent et amènent ceux qui les trouvent à réfléchir et s’indigner. Mais les gens, terrorisés, détruisent les tracts aussitôt qu’ils les ont en leur possession, et bien plus souvent, vont les remettre à la police, de sorte que, ironie amère, le commissaire devient le récipiendaire des brochures patiemment composées par les Quangel…

Un récit très classiquement composé, qui se lit facilement, un beau récit nécessaire et instructif sur le vécu des classes moyennes dans l’Allemagne nazie, la résistance courageuse obstinée, naïve au début, de gens qui se débrouillent avec leurs peu de moyens, et aussi la lâcheté et la délinquance de ceux, qui, dépourvus d’éthique personnelle, voient leur vils penchants encouragés par un régime ouvertement criminel. L’auteur suit ses personnages pendant toute la durée de la guerre : ils évoluent et certains nous surprennent. Pour les amateurs de péripéties, il y a, en outre, beaucoup de suspense et de rebondissements. La fin n’est pas complètement pessimiste…

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commentaires

D
Nous assistons à des attitudes très contrastées en face du nazisme à présent installé. Dans ce livre, au moins un intellectuel, et plusieurs petites gens se comportent de façon courageuse, parfois lucide. C'est encourageant.
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D
Bonjour, lu il y a quelques années, très bien. Je confirme. Il y a une angoisse qui est distillée en permanence. Se lit comme un polar. Bonne après-midi.
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