2013 avec Mads Mikkelsen pour Kohlhaas, David Bennent pour César le valet, Denis Lavant pour le pasteur luthérien.
J’attendais beaucoup de ce film, mais j’ai compris très vite que je n’allais pas l’apprécier. Le visage de Mikkelsen, trop hâlé, fait penser qu’on lui a tartiné une épaisse couche de font de teint. Peut-être pas, mais dès qu’on pense cela, c’est fichu, on n’adhère pas.
Le traitement du film opte pour la contemplation, la lenteur, les longs plans fixes, les gros plans.,là où l'on aurait attendu plus de dynamisme et d'ardeur. Fixes et toujours un peu trop insistants. Je reconnais que les plans sont originaux : la femme blessée toujours renversée, dont on ne voit que des morceaux de corps et la façon dont le sang est répandu, dans une demi-pénombre, c’est horrible.
Lorsque la fillette court dans la forêt derrière le cheval qu’elle a perdu, c’est bien long.
Il est peu vraisemblable que la princesse se rende chez Kohlhaas. On a l’impression qu’elle le visite chez lui dans son domaine. Lorsque la princesse (puisque princesse il y a) s’approche de Kohlhaas, qui sort de sa baignoire, fier, exhibant ostensiblement, sa belle plastique, elle a l’air un peu nunuche d’une femme qui verrait un homme pour la première fois. Inattendu ! Par la suite, Kohlhaas étant laissé libre, on ne saisit pas pourquoi il se fait subitement mettre dans les chaînes et condamner.
Dans le texte original, après l’intervention de Luther, les différents agents du pouvoir, aussi bien en Saxe qu’au Mecklembourg, et jusqu’à Vienne, discutent de la meilleure façon de faire tout de même condamner le rebelle ( qui menace réellement le pouvoir) et y parviennent, aidés en cela par la longueur de leurs palabres, des mesures d’intimidations, et divers événements révélant le ridicule et la fourberie de certains personnages hauts placés… Kohlhaas ne rencontre l’électeur de Saxe qu’en captivité à Dresde ou à Dahme dans cette circonstance incroyable où il veut lui ravir un billet donné par une chiromancienne où serait écrite sa destinée. L’aventure du billet est très ironique presque farcesque, et permet à Kohlhaas de se venger de cet homme, de façon posthume. Je comprends que le cinéaste n’ait pas conservé cet élément, tant son film est dépourvu de cet humour noir, que Kleist savait distiller à petite dose. Son style de constat le permet. Ici, on opte pour une vision du monde très différente.
Mais peut-être si je n’avais pas lu le roman, aurais-je aimé…