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10 juillet 2017 1 10 /07 /juillet /2017 05:25

Albin Michel, 2012, 320 pages

Titre original : Bereft, 2010 (Australie)

 

Flint, petit village dans le bush, assez loin de Sydney.

Accusé d’avoir violé et assassiné sa sœur Sarah, dix ans auparavant, Quinn s’était enfui pour échapper à la vindicte populaire, puis engagé sur le front de Turquie, pour survivre ou mourir…

Revenu gazé à moitié, et plus ou moins sourd, affecté d’une vilaine cicatrice à la mâchoire, décidé à venger sa sœur,( il sait qui est le coupable) se pensant peu reconnaissable mais néanmoins il se cache et il est armé. Il a vingt six ans, ce n’est plus un gamin…

Il rencontre Sadie Fox ; une fillette du village, elle aussi traverse une très mauvaise passe.

Son père s’est enfui, sa mère est décédée de la grippe espagnole ( on appelle cette maladie épidémique « la peste ») et son frère n’est pas revenu de la guerre. L’assassin  de Sarah, devenu policier en chef du village, traque cette orpheline, bonne aubaine pour lui, au prétexte de la placer en orphelinat…

Quinn et Sadie, bon gré mal gré, s’associent pour leurs survies respectives.

Quinn réussit à aller voir sa mère, atteinte de la grippe espagnole, alitée, et à communiquer avec elle. Elle ne l’a jamais vraiment cru coupable…

Souvenirs de guerre comme le roman précédent, soldats engagés, revenus blessés physiquement, et traumatisés. Quinn délire souvent, et il finit par confondre Sadie avec Sarah, bien qu’il sache que ce n’est pas elle. Personnalité plus ou moins dissociée, il est tantôt réaliste et lucide, tantôt délirant, encore plongé en pleine guerre ou revivant son enfance. Sadie douze ans, veut vivre, sait se battre, a aussi édifié pour sa stabilité psychique, une série de rituels tenant d’un occultisme personnel et de ce qu’elle sait du christianisme. Ce personnage est très attachant et bien composé. Quinn me plaît aussi. L’ensemble est satisfaisant, quoique je déplore une tendance à la sentimentalité…  

 

 

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10 avril 2015 5 10 /04 /avril /2015 20:56
Chloe Hooper Fiançailles ****+

Christian Bourgois, 2013, 303 pages.

Liese Campbell, agent immobilier pour le compte de son oncle, fait visiter des appartements à vendre à Melbourne et dans les environs. Elle s’est exilée après avoir été licenciée de son job d’architecte dans son Angleterre natale.

Liese a des dettes, car depuis longtemps elle vit au-dessus de ses moyens, et ne peut s’empêcher d’acheter des objets coûteux lorsqu’elle se sent dépressive ( c'est-à-dire souvent).

Pour améliorer sa situation financière, elle se prostitue : un seul client, Alexander Quolqu’houn, fermier prospère, avec qui elle se livre à des jeux érotiques plus ou moins pervers dans les appartements qu’elle est censée faire visiter. Ces jeux sont assortis de scénarios mis au point par Liese qui fait semblant d’être prostituée depuis longtemps et d’avoir d’autres clients, pour mieux exciter Alex… et elle-même.

Sa liaison rémunérée lui plaît autant qu’à Alexander, et elle n’a semble-t-il nul besoin de feindre le plaisir. Cependant, elle veut quitter l’Australie pour Shanghai : un nouveau job et d’autres aventures.

Elle accepte avec enthousiasme la proposition écrite d’Alexander lui proposant un dernier week-end ensemble, encore mieux payé que d’ordinaire, dans sa propriété en plein milieu du bush. Elle ne connaît pas du tout, ayant passé tout son temps en ville.

Aussitôt arrivée dans cette propriété loin de tout, Liese se sent dépaysée, et se rend compte qu’Alexander ne veut pas jouer le même jeu que d’habitude : il affecte le mépris pour la prostitution, ne veut pas la toucher, lui insinue tranquillement qu’ils vont rester ensemble se marier, avoir des enfants. Lise se rend compte qu’elle ne peut quitter la propriété, Alexander l’enferme, plus ou moins. Il détient des lettres compromettantes… La comédie du mariage et du sauvetage de la fille perdue, c’est un scénario que doivent parfois jouer les prostituées. Tout de même Alexander pousse le bouchon un peu loin !

Liese est paniquée. Elle veut s’enfuir. En même temps, elle ne déteste pas complètement la situation. Alexander continue à lui plaire tout en l’effrayant et en lui posant un problème insoluble

Ce qui disent les lettres est faux, mais révèle quelque chose de Lise. Serait--elle un peu nymphomane justement ? Aurait-elle envie de se marier finalement ? Pourquoi a-t-t-elle accepté de suivre cet homme dans un endroit si loin de tout ?

Le roman ne permet pas de répondre de façon sûre à ces questions. La fin surprend mais ne résout pas tout. On continue à s’interroger sur certains points, la dernière page tournée.

Cela me fait penser au roman « Une fille qui danse » de Julian Barnes ; car dans ce récit également, la fin ne m’a pas permis de tout comprendre ! Mais, c’est assez bien enlevé, les deux personnages sont complexes, le repas de fiançailles avec de nouveaux personnages aux petits rôles bien fignolés est un morceau de choix…

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9 août 2014 6 09 /08 /août /2014 18:10

The Grass is Singing, 1950.

Années 40 Rhodésie. Dans une ferme en pleine brousse, Mary, la quarantaine, épouse du fermier Dick Turner, vient d’être assassinée par son serviteur noir Moïse.

Les Turner allaient quitter leur ferme, criblés de dettes, et en faillite depuis longtemps. Leur riche voisin Slatter venait de leur racheter leur bien, et de nommer un régisseur ( Tony Marston jeune britannique de 20 ans, fraîchement débarqué dans ce pays).

Tony a quelques idées sur les raisons de cet assassinat, mais il ne va pas pouvoir les dire.

Nous sommes plongés dans l’existence de Mary, son enfance dans la pauvreté, un père qui boit, une mère qui tire le diable par la queue. A seize ans elle apprend la sténo dactylo et devient secrétaire.

A trente ans, elle est toujours célibataire, secrétaire de direction, vit dans un foyer de jeunes filles et s’y trouve bien. Elle aime le cinéma et les romans sentimentaux. On ne lui connaît pas de relations amoureuses, ni de liaisons. Elle ne s’y intéresse pas, mais entend dire d’elle que c’est bizarre de ne pas songer à se marier. D’ailleurs elle ressent un vide dans sa vie.

Les commérages à son sujet ont détruit l’image qu’elle se faisait d’elle. Maintenant il lui faut un mari ! Elle rencontre Dick Turner, fermier , la trentaine, et l’épouse très rapidement. Car Mary est solitaire ; elle manque d’une amie à qui confier ce qu’on dit d’elle, d’une amie à qui présenter Dick , et qui puisse lui donner son avis, la conseiller…

Dick vit loin de la ville, dans le bush. Il a construit seul une maison de fortune avec un toit en tôle et pas de plafond. Il n’y a pas l’électricité, et les sanitaires sont malcommodes. Dick fait travailler des « nègres » ( le texte anglais emploie le mot « native ») comme des esclaves. Ils n’en ont pas le statut mais ils en ont l’existence… pour exploiter ses champs de maïs qui ne lui rapportent rien. Très attaché à sa terre, il ne sait pas gérer et faire fructifier ses possessions. Il n’en a même pas envie…

Pour le ménage et la cuisine, il y aussi un « nègre » qui se trouve sous les ordres de Mary. Pour elle les noirs sont des animaux et des êtres méchants. On lui a toujours dit de s’en méfier…

Mary a tout quitté pour suivre Dick notamment son emploi. Elle dépend de lui désormais. Très vite son existence conjugale se révèle un échec. Elle n’aime pas le sexe, ne veut pas d’enfants, n’aime pas la brousse, n’aime pas ses voisins, n’aime plus les romans, et se venge sur les serviteurs noirs qu’elle traite si mal qu’ils se sauvent tous. Sauf Moïse, un « gars de la Mission », différent des autres ; il a appris à lire et écrire l’anglais, qu’il parle bien, et connaît des passages de la Bible. Entre Mary, tombée dans la dépression, et lui, une relation équivoque se noue.

Ce roman est un huis clos d’une grande force ; la lente descente aux enfers des personnages, notamment de Mary est hallucinante. La brousse est aussi un personnage à part entière ; si Mary la déteste, elle l’aime aussi d’une certaine manière. Dans sa détresse, elle éprouve une sorte de passion mystique pour cet univers impitoyable, passion qu’elle partage avec Dick. L’auteur a très bien mis en scène l’exploitation ignoble des Noirs, et la mesquine communauté britannique, en évitant toutefois de caricaturer les personnages. C’est aussi la terrible solitude de ce couple mortifère, qui est mise en valeur.

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30 janvier 2014 4 30 /01 /janvier /2014 00:17

Belfond, 2011, 467 pages.

Titre original : The Slap, 2008.

C’est un roman australien, d’un romancier d’origine grecque, conseillé par Manu, (dont on a tiré une série pour la TV que je n’ai pas vue) où s’expriment plusieurs personnages chacun faisant l’objet d’un chapitre.

Tous étaient présents au barbecue organisé chez Hector et Aisha, et tous ont été témoins de la fameuse gifle donnée par Harry, le cousin d’Hector, à Hugo, petit garçon de trois ans insupportable, brise-fer, agressif, affecté d’un père frustré et porté sur la bouteille, et d’une maman-poule qui l’allaite encore à la demande…

Cette gifle divise les protagonistes : deux camps se sont formés, ceux qui donnent raison à Harry, ou du moins excusent sa conduite, et ceux qui soutiennent les parents qui ont porté plainte, et ne veulent plus rien savoir de Harry. Les discussions sur la gifle engendrent des querelles entre les couples ( le couple qui a porté plainte, celui de Harry qui est accusé, les organisateur s du barbecue, et les parents d’Hector ) ; mais la gifle divise aussi trois amies intimes, une lycéenne et sa tante et derrière ces dissensions à propos de châtiment corporel, éclatent d’autres conflits jusque là laissés dans l’ombre…

En suivant chaque personnage de son point de vue, L’auteur raconte sa vie à la troisième personne, informe de ses pensées entre guillemets, et fait avancer l’intrigue qui va durer plusieurs mois. A travers Hector, Anouk, Harry, Connie, Manolis, Rosie, Aisha, et Richie, se dessine le portrait d’une société d’âges divers ( de dix-huit à 70 ans) de classes sociales et culturelles différentes, de projets de vie hétérogènes, de valeurs également diverses ainsi que les ethnies : (Grecs, anglais d’origine, aborigènes…)Chaque personnage s’exprime dans un langage qui lui est propre (plusieurs d’entre eux sont franchement vulgaires) ; on peut dire qu’en dépit des différences, tous sont portés à s’enivrer peu ou prou (sauf le couple musulman) ; et que tous ( excepté les septuagénaires et les musulmans) se droguent régulièrement : la coke, l’ecstasy le speed, sont des recours fréquents, assaisonnés de somnifères et de Valium.

Bref un microcosme censé révéler une société qui va mal, aussi bien les protagonistes que les personnages secondaires bien dessinés aux aussi. Un ensemble intéressant malgré certaines longueurs. Pour certains de ces personnages, le récit de leur vie est trop détaillé et se révèle ennuyeux. J’ai passé des pages concernant le papa d’Hector, qui enterre un de ses amis : je ne sais pas pourquoi les vieux couples m’ont énervée… question de subjectivité ! Dans l’ensemble ce récit est une bonne étude de mœurs.

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5 septembre 2009 6 05 /09 /septembre /2009 16:43

 

 

 

 

Voici la première réduction de pal :

 

 

 

Christian Bourgois, 105 pages.

 


 

 

Titre original «  Disquiet »

 

Une femme revient d'Australie chez sa mère en France avec ses deux enfants ; elle s'introduit par effraction mais est correctement accueillie par sa père et la vieille servante, dans la grand propriété où elle a vécu jadis. Son mari la battait. En même temps, le frère de cette femme, et son épouse Sophie arrivent de l'hôpital. Sophie a donné naissance à une fillette mort-née : Alice. Elle ne veut pas s'en séparer.

 

Le récit se déroule sur plusieurs jours, et concerne essentiellement les tentatives des divers proches de Sophie pour lui faire abandonner son bébé défunt et pratiquer un enterrement. Ainsi que l'essai de fuite du petit garçon Andy et de sa soeur sur le lac de la propriété à bord d'un canot.

 

Le narrateur créé la surprise et voile d'anxiété l'atmosphère, en décrivant les allées et venues et actions des uns et des autres avec précision, ne distillant qu'avec parcimonie des informations nécessaires à la compréhension. Les dialogues sont nombreux et courts se limitant souvent à des informations pratiques, ou à des formules relevant de la fonction phatique.

Le narrateur désigne la mère et les deux enfants en disant «  la femme »; « le petit garçon »; « la petite fille, » alors que leurs proches les appellent par leurs prénoms et qu'ils se nomment eux-mêmes entre eux. Par ailleurs le narrateur appelle les autres personnages par leur nom.

Sans doute veut-il par là montrer à quel point cette femme est devenue étrangère à ses proches ainsi que ses enfants qui les voient pour la première fois.

Mais c'est la famille tout entière que le lecteur appréhende de façon distanciée, comme s'il les voyait de loin. Pourtant l'on partage le désarroi des uns et des autres concernant la folie de Sophie, qui impose la présence de son bébé mort à tous, se demandant si elle est destinée à durer. La femme et ses deux enfants reste plus mystérieuse, on ne sait pas quelles relations complexes elle avait noué avec cet homme en Australie, ni s'il faut le craindre.

 

C'est avant tout un récit d'atmosphère, une vision du monde inquiétante, donnée à ressentir  à travers quelques jours d'une famille vivant une situation délicate, mais non désespérée.

 

Une écriture et un type d'atmosphère que j'affectionne particulièrement. La situation de deuil et son évolution sont décrites avec une rare justesse!

 

Lu aussi par Mango  Papillon et Lilly

 

 


 

Julia Leigh  Julia Leigh est australienne, née à Sydney, et âgée de 40 ans. Elle a publié un autre roman traduit en français " le Chasseur" que je commanderais un jour sur Internet , car il est introuvable en librarie.


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24 octobre 2007 3 24 /10 /octobre /2007 10:42

Doris-Lessing-Un-enfant-de-l-amour.jpg

 

J'ai lu le dernier roman de Doris Lessing qui vient d'obtenir le prix Nobel de littérature ; il est publié en français chez Flammarion.

En 1939, James Reid est envoyé à la guerre. Dans la vie, il est comptable, idéaliste, croyant au grand amour comme une jeune fille, se nourrissant de poésie romantique. Fils unique, il s’est toujours ennuyé entre ses deux parents mésalliés. 

Au bout de quelques mois d’inactivité, les jeunes appelés embarquent sur un navire de guerre en partance pour Le Cap. En surnombre, ils souffrent d’une sévère promiscuité, du manque d’eau douce, mal de mer, insolations, crainte d’être torpillés… L’horrible traversée des ces militaires en herbe constitue le  moments le plus fort du roman.

A peine débarqué, James est recueilli avec quelques autres dans la propriété d’un gradé. Fort mal en point, tout lui semble enchanteur, surtout la maîtresse de maison.

Lorsqu’il doit repartir pour les Indes, la jeune femme est enceinte.

James ne cesse de rêver à ces deux journées,  lancé dans une recherche obstinée de la femme et du fruit de ses entrailles. La guerre suit son cours et se termine. Il regagne l’Angleterre, doit faire sa vie sans la vivre, fixé à ce souvenir lancinant…

 

C’est un bon livre mais je pense ne pas être tombée sur le meilleur.

 
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