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5 mars 2016 6 05 /03 /mars /2016 10:42

A Édimbourg et dans ses environs pendant le G8 de 2005, le mois de juillet est une période agitée. Une grande manifestations d’écologistes débute, des bandes de délinquants profitant de la pagaille, sèment le trouble, l’élection de Londres pour les JO de 1012, excite une partie de la population, et, pour finir, de sanglants attentats furent perpétrés dans le métro et le bus.

Pendant une réunion du G8 au château, un député, Ben Webster tombe du haut des tours et se tue. Accident ou crime ?

Trois délinquants fraîchement sorti de prison, coupables entre autres d’agressions sexuelles et de viols, sont assassinés visiblement par la même personne, conclut John Rebus.

Et voilà! je fais connaissance avec le célèbre policier Rebus !

Faut-il prononcer ribeuss ?

C'est un inspecteur alcoolique presque à la retraite, et voici son adjointe Siobhan (prononcer Chioveun ?) à qui l’enquête a été confiée.

Ils recherchent le meurtrier de Ben Webster en même temps que celui des trois violeurs.

Pendant la manifestation, la mère de Siobhan est agressée par un homme, la jeune femme recherche l’assaillant.

Pour tout cela les enquêteurs auront besoin de leur indic le plus précieux, Cafferty, (Keffti, non ?) mais aussi un scélérat notoire. D’autres personnes interviennent comme aide, suspects, ennemis, ou simples obstacles, parfois tout cela à la fois : une mystérieuse femme nommée Santal, qui filme les événements, un membre de la police de Londres Steelforth, un ex de Siobhan, Eric Bain et sa compagne Molly, une policière Ellen Wylie (ouail-li ou oualaille , c’est la question…) qui a des raisons d’en vouloir aux violeurs, une journaliste qui a servi de « nègre » à Cafferty pour son autobiographie, une sœur de Ben Webster, policière également, le chef de Pennen Industrie, Richard, … et bien d’autres gens.

L’intrigue est complexe, on enquête sur plusieurs tableaux, on s’emmêle un peu les pinceaux, l’actualité politique chargée à laquelle tient l’auteur est largement commentée sans rien apporter de plus que ce que les journaux nous apprirent ( c’est pourquoi on s’ennuie un peu) , et l’intrigue policière, un peu trop délayée, notamment avec d’interminables dialogues, tient la route.

Plus ambitieux que « Portes ouvertes » ce roman est moins réussi, mais possède d’incontestables qualités.

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5 mars 2016 6 05 /03 /mars /2016 10:41

Le Masque, éditions originale 2008

Edition française 2011, 330 pages

Pour la journée « Portes ouvertes », la National Gallery d’Edimbourg va montrer les tableaux qu’on ne voit jamais, relégués à l’entrepôt Granton. Le directeur de l’Ecole des Beaux Arts Robert Gissing, va bientôt prendre sa retraite : il est décidé à s’offrir deux de ses tableaux préférés à emporter sur son île déserte, et convainc deux autres amateurs d’art de monter un casse avec lui :

Mike, informaticien qui a fait fortune et vit maintenant de ses rentes en s’ennuyant, rêve d’avoir pour lui ce tableau représentant une jeune femme qui ressemble tellement à Laura la commissaire priseur dont il est l’amoureux éconduit. Et Allan banquier, artiste manqué, accepte d’en être.

Il s’agit de faire exécuter des copies par un étudiant et aussi d’embaucher des gens armés qui sauront impressionner et mettre à mal les gardiens du temple. Mike vient de croiser par hasard un ex-copain d’école devenu truand Chib Calloway. Après hésitations il le paie pour lui fournir des jeunes délinquants qui n’ont pas froid aux yeux.

L’idée bizarre est de lâcher les copies et la camionnette volée et d’emporter les vrais tableaux laissant croire que le casse à foiré. Autre chose, il faut empêcher l’expert de pouvoir se pencher sur les faux tableaux …du pain sur la planche, pour les voleurs amateurs...

Roman policier bien conçu, bien mis en scène, non exempt d’humour (on pense à Westlake) humour cynique et loufoquerie.

Une belle réussite !

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2 septembre 2013 1 02 /09 /septembre /2013 13:47

Le Maître de Ballantrae : Un conte d’hiver ; Robert-Louis Stevenson 10 épisodes

1889

Ecosse 18eme siècle.

Manoir de Durrisdeer

Le principal narrateur de l’histoire est Ephraïm Mc Kellar entré au service des Duries pour être intendant du domaine. Il fut aussi partie prenante dans les conflits et drames opposant les personnages entre eux et les présente :

James « maître de Ballantrae », héritier normal du domaine, fils aîné. Coureur de jupons, buveur, hâbleur, amoral, ambitieux, aimé des gens de la contrée, préféré de son père.

Henry, le fils cadet, discret, taiseux, considéré comme avare, disparaît derrière le charisme de l’aîné.

Le papa, qui est toujours à lire devant un feu de bois.

Alison Mc Gray, riche orpheline, qui vit avec eux, et partage sa fortune, devrait épouser James, qu’elle trouve à son goût.

Les deux frères sont ennemis. Cela éclate au moment de la guerre civile de 1745. Le prince Charles (Jacobite) a levé une armée pour s’emparer de l’Ecosse et la rendre indépendante. L’ennemi est le roi George II. Il y a aussi conflit religieux, George est protestant, Charles catholique.

Il faudrait que James reste à Derrisdeer pour assurer la continuité, et que Henry aille combattre auprès de Charles pour l’Ecosse, afin que la famille manifeste son patriotisme.

Mais James, aventurier de nature, veut absolument combattre, et, soutenu par son père, est parti guerroyer. Henry s’est senti floué ; mais son frère ayant été porté disparu à la bataille de Culloden il hérite de Derrisdeer, et épouse Alison.

C’est là que Mc Kuller, l’intendant narrateur, est engagé, et commence à jouer son rôle. Il reconnaît Henry pour son maître, et devient aussi son seul vrai soutien. Cet homme a remarqué qu’Henry était mal aimé de son père, ainsi que de son épouse, qui regrette l’absent. Et même de toute la contrée où James passe pour un héros.

Lorsque arrive le capitaine Burke, irlandais, c’est un second narrateur qui intervient, pour dire que James n’est pas mort, raconter leurs équipées périlleuses et crapuleuses...

Je ne connaissais pas l’existence de ce roman, et ne me penchais pas sur Stevenson, le croyant surtout axé sur le roman d’aventure, mais cet opus adapté pour la radio m’a plu. Le conflit entre les deux frères est vraiment bien rendu.De quoi agrémenter des nuits d'insomnies!

Berlin Alexander Platz Alfred Döblin 15 épisodes

On dit que c’est un roman incontournable; je n’ai jamais eu l’occasion de le lire… et je n'en l'aurais sans doute pas pris connaissance sans ce feuilleton radiophonique bien venu!

1927 : Franz Biberkopf sort de prison. Il y purgeait une peine de plusieurs années pour avoir tué Ida, la prostituée qu’il faisait travailler. Franz est décidé à devenir honnête. Il fréquente Meck ( un mec...) avec qui il va vendre des journaux (déjà nazis) et toutes sortes d’ accessoires au porte- à-porte. Il essaie d’autres métiers, dont déménageur. Mais il retourne au monde de la délinquance, car les gens qu’il côtoie tous les jours en sont peu ou prou. Il fait connaissance de Rheinhold, avec qui il vend des journaux, et séduit des femmes. Cependant un soir il embarque Franz avec sa bande de potes, sous le prétexte d’aller voir la marchandise qu’ils vont vendre demain( des fruits soi-disant) ; en route, Franz comprend que la bande va participer à un cambriolage: il refuse ;

Rheinhold le lâche de la voiture roulant vite sur la route ; il y perd un bras...

Chaque chapitre commence par quelques phrases adressées à Franz par une voix de femme qui le compare à Job (le Livre de Job) et lui parle de sa vie, ses souffrances, et de son destin avec sollicitude. « Qui es-tu ? » lui demande Franz qui ne sait pas qui est Job et restera à l’ignorer. Il ne saura rien non plus sur cette voix. Au milieu de chaque épisode, il est question aussi de la prostituée de Babylone ( c’est la ville elle-même ?) Il y aura aussi un narrateur cynique et sardonique, lequel à l’opposé se moque de toute cette histoire, (y compris des événements mineurs se déroulant sur l’Alexander Platz) ; l’actualité a beaucoup d’importance, on se croit dans le quartier, on vit avec la pègre, avec Franz en particulier. Les dialogues sont très bons. Les comédiens aussi. C’est un récit très dur, sans pitié, ni espoir quelconque dans le genre humain, même si Franz en quelque sorte, s’en tire…c’est une manière de roman picaresque. Le héros fait l’expérience d’un apprentissage très dur.

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8 février 2008 5 08 /02 /février /2008 11:50

Publié chez Métailié (Bibliothèque écossaise) 2003, 200 pages.

 

   Luke, le narrateur, a toujours vécu en symbiose avec sa mère, (Notre relation ressemblait à celle du prêtre et de l’enfant de chœur à la messe : elle était le célébrant moi j’assistais)  y compris après la mort de celle-ci, il sent toujours sa présence, la voit plus ou moins (ne sait si c’est lui ou elle qu’il voit).  Le père était dominé, ridiculisé, laissé à l’écart.   

Nous ne savons rien de l’existence sociale des protagonistes : le sous-titre « roman de chambre » annonce un huis clos sévère. 

Enfant,  Luke ne sortait que pour attraper des animaux de petite taille, qu’il prit l’habitude  de torturer et tuer y compris le chat de son père. 

 Cependant, il est instruit, et s’interroge sur l’ordonnance de l’univers, lequel est lié  à la perfection du langage :

 

Quand Dieu créa Adam, il lui dit d’aller dans le jardin et de nommer les arbres et les animaux, …Sans doute ces noms n’existaient pas avant qu’Adam les invente. Ainsi les enfants de la maison muette connaissait le monde comme Dieu : leur Eden était toujours créé de frais, comme il l’était au commencement.

 

D’un autre côté, s’il se trouvait que les noms inventés par Adam étaient précisément ceux que Dieu avait utilisés quand il fit surgir du néant les rocs et les arbres et les créatures du monde ? Si tel était le cas, ces noms seraient les mots d’une langue originelle, quelque chose qui se serait perdu après la Chute, or si ces mots pouvaient être retrouvés, ils donneraient un nouveau sens au monde…

 

 Seul, dans la maison parentale, désoeuvré, Luke  songe à une expérience satisfaisante permettant de saisir comment vient le langage à un être qui ne serait pas « contaminé » par les paroles entendues autour de lui.

 

Cela suppose que les êtres humains naissent dépourvus de langage, c'est-à-dire ignorants, ou dégagés, de toute filiation. 

Platon, dans le Cratyle, s’interroge sur la nature des rapports entre les mots et les choses, à travers Cratyle qui soutient l’idée que les mots correspondent aux choses par nature, et Hermogène qui défend la thèse de l’arbitraire du signe.

 

Depuis, les recherches en linguistique ont donné raison à Hermogène, mais  certains poètes  croient, même à notre époque, que les mots, et les choses que désignent ces mots,  ont un rapport intime préexistant, que la poésie serait à même de retrouver.

 

Or John Burnside est un poète.  

 

Et Luke est un psychopathe ; il a besoin de croire à une langue originelle, pure, à une âme, à un ordre caché, à une fusion, coïncidence parfaite entre les mots et les choses, entre les êtres, pour justifier l’indéfectibilité de son lien à sa mère. 

Il en a besoin, aussi pour justifier ses expériences de torture, de sadisme, sur les gens et les animaux. 

 Son but est de réitérer les expériences célèbres que l’on fit aux siècles passés : enfermer des enfants nouveaux-nés dans une pièce, sans compagnie, afin de voir quel langage ils développeraient. 

Le résultat  semble être qu’aucun langage articulé ne vint à ces enfants, ils furent autistes, certains se laissèrent mourir.

 

Cependant, Luke est persuadé de parvenir à un aboutissement inédit.

Tout ensemble illuminé, et en quête d’un prétexte pour couvrir les pulsions criminelles qu’il sent en lui, il peut se les  avouer  à travers  un discours scientifico-religieux.


Il choisit avec soin ses futurs sujets d’expérience : des femmes perdues sans famille, livrées à la rue, ou chargées d’enfants perturbés, les recueille, les utilise… nous savons dès  l’incipit,   la gravité de ses « expériences »  sur les femmes, sur les enfants, sur des nouveaux-nés jumeaux en particulier, voulant en outre vérifier jusqu’à quel point ils ne font qu’un, puis les « séparer », de diverses et horribles manières ; séparer l’âme du corps, séparer l’enfant de sa voix, séparer l’enfant de son frère, séparer une personne de sa vie, séparer la mère de l’enfant ( il procède à des accouchements). Il cherche la séparation  d’avec sa mère qui ne s’est jamais  effectuée.  Les expériences s’achèvent par la mise à mort des sujets.

Le  récit de Luke développe avec minutie ses exactions sur une période de plusieurs années.

Il n’est pas facile de venir à bout d’un tel livre. A l'issue de la lecture, on peut  sentir de légers troubles nerveux : notre larynx devient sensible, notre gorge se noue...

 L’écriture est précise, descriptive, soignée, la mise en scène étudiée. Et pourtant, les fréquents récits rétrospectifs( ici, ce mot convient mieux que " flash back")  que développe le narrateur à propos de ses souvenirs d'enfance, alourdissent le texte, et nuisent à l'intensité dramatique : ces récits sont longs,  et ne se détachent pas assez de  l'action proprement dite.

A vrai dire, la lecture est  un peu ennuyeuse, tout autant qu’éprouvante.

 

 

 

J’ai tenu à écouter l’interview de John Burnside, effectuée pour le compte de l’émission «  Affinités électives », sur France culture, jeudi 7 février à 21 heures. L’écrivain est, comme je l’avais supposé, profondément religieux et parle un langage ésotérique.
Selon lui, Lilian, la jeune femme muette recueillie par Luke,  est « une sainte ».Les  sons émis par les deux pauvres enfants reclus,  doivent s’apparenter à une communion mystique avec le cosmos.

 

Je ne suis pas  franchement en phase avec  cette vision du monde.

 

 

 

 

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18 juillet 2007 3 18 /07 /juillet /2007 14:22
LES-BELLES-ANNEES-DE-MISS-BRODIE.jpgCe roman a été publié sous le titre «  The Prime Of Miss Jean Brodie » en 1961.
La traduction est parue chez Fayard en 1992.
Il se peut qu’il soit disponible en livre de poche.
 

Il représente la quintessence de ce que l’on peut lire en terme de « roman de collège » un genre surtout anglais qui met en scène des enseignants et des élèves, les drames et les jeux de pouvoir entre eux.    

 

Le roman se déroule à Edinburgh de 1930 à 1950 environ. A l’école de filles Maria Blaine, miss Brodie  est une prof « pas comme les autres », féministe à sa manière, terriblement naïve, pas le genre de Simone de Beauvoir…


  Elle  a la charge de deux classes de  filles de 10-12 ans, en tant qu’institutrice.   Très ambitieuse elle veut  susciter «  le plein épanouissement et une vocation parmi ses élèves ».


 Les  six fillettes, pendant les deux années où elle va s’occuper d’elles, vont constituer le clan Brodie lequel restera plus ou moins soudé toutes leurs vies.


A cette époque, elles avaient été reconnaissables au premier coup d'oeil en tant qu'élèves de Mlle Brodie étant largement informées sur quantité de sujets sans rien à voir avec le programme d'études réglementaire, ainsi que disait la directrice, et inutiles à l'école en tant que telle. On constata que ces fillettes avaient entendu parler des buchmanites et de Mussolini, des peintres de la Renaissance italienne, des avantages pour la peau de la crème démaquillante et de l'hamamélis de préférence à l'eau et au savon tout simples, et du mot menarche (Premières règles); la décoration intérieur de la maison londonienne de l'auteur de Winnie l'ourson leur avait été décrite, ainsi que les vies amoureuses de Charlotte Brontë et de Mlle Brodie en personne. Ces fillettes connaissaient l'existence d'Einstein et les arguments de ceux qui considéraient la Bible comme inexacte. Elles connaissaient les rudiments de l'astrologie, mais non point la date de la bataille de Flodden ou le nom de la capitale de la Finlande."


Le style de Muriel Spark est ici très pince-sans-rire, ce n'est pas le moindre de ses charmes.

Les enfants apprennent à ressembler à Miss Brodie qui veut exercer son pouvoir sur elles, et non les instruire.

Sandy est l’élément le plus important du clan, celle à qui est destinée la «  philosophie «  de miss brodie, et qui devrait lui succéder.

Marie est une débile légère qui sert de souffre-douleur, Jenny est jolie, Eunice fait du sport, Rose est séduisante, Joyce-Emily est ardente et combative. ..elles croient toutes avoir été choisies par miss Brodie,  pour leur personnalité…

Mlle Brodie avait déjà choisi ses préférées, ou plutôt celles à qui elle pouvait se fier ; ou plutôt celles aux parents de qui elle pouvait se fier en ceci qu’ils ne porteraient pas plainte à propos des aspects les plus progressistes et les plus séditieux de sa politique éducative, ces parents étant soit trop peu éclairés pour se plaindre, soit trop pénétrés de respect par leur chance de faire éduquer leur fille aux tarifs de la fondation, soit trop confiants pour mettre en doute la valeur de ce qu’apprenait leur fille dans cette école qui jouissait d’une réputation solide.


Pour elle, éducation signifie «  hors de » (ex et duco) extraire ce qui se trouve dans l’âme des élèves et non «  y fourrer quelque chose qui ne s’y trouve pas ». Avec ces belles paroles, elle mène son petit monde… en outre, elle est détestée de la directrice,et des autres professeurs, et cela lui donne du prestige auprès des élèves. Elle se pose en victime et les gamines doivent la défendre…

Les autres enseignantes sont croquées avec autant de férocité que miss Brodie ; la prof de physique, Miss Lockhart possède un baril de poudre, parle de faire sauter toute l’école et s’en vante. Pourtant, elle se marie sagement, et abandonne son métier pour les joies du foyer. 

 En ces années là, l’on n’est pas très regardant sur le sérieux des  institutrices, toutefois l’on se méfie de miss Brodie, qui ne fait jamais de cours mais «  raconte sa vie » comme on dit parfois d’un enseignant. Ici, le terme est parfaitement choisi !  

 Le   discours de miss brodie est un fatras paradoxal de prescriptions psychologisantes à la fois hédoniques et  moralement rigides. Politiquement, elle s’est prise de passion pour le fascisme de Mussolini, puis pour le nazisme et toutes sortes de régimes totalitaires qui la séduisent et qu’elle fait partager à ses élèves.
Méprisant les connaissances théoriques dont elle manque elle-même, elle n’en recommande pas moins aux élèves d’apprendre par cœur ce qui se trouve dans leurs manuels pour «  l’examen de passage ».

Mais la grande affaire de miss Brodie, reste les aventures amoureuses avec deux professeurs de sexe masculin Teddy Lloyd, professeur d’art et Mr Lowther qui enseigne le chant.

Les fillettes du clan Brodie se sentent très importantes d’être mêlées aux intrigues sentimentales de leur prof, car  une fois scolarisées chez les grandes, elles continuent à voir miss brodie et   la demoiselle cherche à provoquer une liaison entre sa favorite la plus délurée et l’enseignant qui lui résiste. 

  Le récit est achronologique,  le narrateur  nous renseigne sur les destins des «  favorites » et ce que leurs vies futures devront  à miss Brodie et à ses discours. Joyce-Emily, victime directe de miss brodie, s’engage dans la lutte armée pour la cause de Franco.  la plus intelligente, Sandy Stranger, la seule qui l’ai véritablement prise au sérieux, perd ses illusions à son sujet et  s’estimant souillée et privée d’idéal après que miss brodie ait chuté de son piédestal, se fait religieuse et écrit un traité de psychologie «  de la transfiguration des lieux communs ».  Cependant, elle reconnaît très vite échouer à se mettre à l’écart de l’influence de miss Brodie,  et de son  prof d’art qui a fâcheusement conditionné sa vie.

 

C’est là un petit roman cruel, et ironique, brillamment écrit, sur la bêtise et l’ignorance dans l’éducation des filles,

sur une interprétation naïve du féminisme mais aussi sur les méfaits de ceux qui ne cherchent, dans l'exercice de leurs fonctions, qu'à manipuler les autres.   

 
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19 septembre 2006 2 19 /09 /septembre /2006 23:44
Memento-Mori.jpgMuriel Spark
Mémento Mori ( 1958) traduction Fayard 1993.
 
J’avais décidé de lire quelque chose de cette rentrée littéraire mais à la faveur d’une tournée à la bibliothèque Muriel Spark m’a accrochée ; une vieille dame respectable qui n’a rien à voir avec la rentrée littéraire et qui ne publie plus.
 
Lettie Colston une vieille dame seule de 79 ans, qu’on appelle Dame Lettie, grande bourgeoise,  passe son temps à rédiger son testament en le modifiant tous les jours, et à écrire à son neveu Eric, gigolo aigri et vaguement romancier pour lui promettre de l’argent à certaines conditions dont elle sait qu’il ne les remplira pas.

Son emploi du temps comporte aussi des visites à Mlle Taylor l’ancienne gouvernante de sa belle sœur, invalide, qui vit le reste de son âge dans la maison de retraite d’un hôpital partageant une salle avec une douzaine d’autre « mamies » qui se divertissent à leur manière en attendant la fin. 
Elle fréquente aussi Alec Warner, vieil original qui enquête sur les mœurs des personnes âgées avec le sérieux de celui qui prépare une thèse de doctorat, et a toujours de précieux renseignements à glaner pour les mettre en fiches. 
Malgré tout les journées se traînent un peu en longueur... mais voilà que de coups de téléphone anonymes viennent retenir son attention, et tromper son ennui d’une façon sinistre, mais efficace. Le mystérieux interlocuteur dit seulement «  Rappelez-vous qu’il faut mourir » et raccoche.
Lettie modifie son existence en fonction de cette conjoncture nouvelle. Elle engage une servante mais le messager morbide continue son œuvre, elle va chez son frère et sa belle-sœur, qui ont dépassé les quatre vingt ans, et qui, pour autant , ne cessent de nourrir des conflits conjugaux et de se cacher des secrets dont va profiter Mme Pettigrew, une ancienne gouvernante maître chanteur ( ou maîtresse chanteuse ?) accomplie.  

Et voila que tout ce monde , ( ceux qui possèdent un téléphone) tout l’entourage de Lettie, commence à entendre aussi la voix au téléphone.  Plus exactement: la même phrase, mais pas la même voix.
Charmian, ancienne romancière à succès dont les romans se vendent encore, croit tomber sur un journaliste ou un admirateur ; Alec le vieux monsieur thésard pense qu’ils sont tous victimes d’une hystérie collective (aujourd’hui il dirait « psychose »), Guy Leet, ancien amant de (presque ) toutes ces dames entend un collégien farceur et s’amuse de la blague, Percy Mannering, qui essaie d’être poète depuis toujours, y voit l’occasion de composer un sonnet shakespearien pour une fois assez réussi. Le commissaire à la retraite Mortimer qui mène l’enquête ( et entend aussi la voix…) pense qu’il s’agit de la Mort elle-même.

C’est aussi l’avis de Mlle Taylor, qui n’a pas l’occasion de recevoir des appels téléphoniques. Mais elle soupçonne également ce vieil original d’Alec. Mortimer et Taylor sont croyants et l’âge les transporte aux frontières d’un mysticisme non sans lucidité. Il y a aussi ceux qui ne pensent rien mais qui ont peur. Ceux qui deviennent la proie d’un délire de persécution qui les met en danger. Et ceux qui refusent de se souvenir du coup de fil et n’en reçoivent plus.
Outre ces différentes attitudes devant la mort excellemment décrites, Muriel Spark fait vivre (et mourir) les pensionnaires de la maison de retraite avec réalisme et humour ; la plus âgée Mrs Beans et son centième anniversaire fêté avec les journalistes est une Jeanne Calment des années cinquante, mais plus alerte.
Mamie Valvona qui annonce à chacune son horoscope pour la journée, manie l’humour noir sans le savoir … avec ses bonnes prédictions.
Le récit des obsèques d’une de ces personnes est aussi un morceau de bravoure.

 
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