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19 février 2008 2 19 /02 /février /2008 11:42
Publication originale en 1985.

Edité en 1997 le Livre de poche ( Biblio).

285 pages.

Monica, jeune femme de trente ans, divorcée, a voulu refaire sa vie loin de son échec précédent. La voilà en Pennsylvanie, professeur dans un collège de garçons chic.

Elle s’adapte tant bien que mal à ses collègues, qui donnent dans le religieux ostentatoire, et la mission éducative.


Sa voisine, Sheila Trask, est très différente, artiste peintre, bohème, fantasque, et cyclothymique. Monica et elle se lient d’amitié. Ce lien, va devenir beaucoup plus fort que ne le souhaite Monica. Tiraillée entre sa vie de professeur qu’elle commence à trouver médiocre, et sa relation avec Sheila, séduisante et despote, la jeune femme souffre.

Au contact de l’artiste, qui joue à la perfection une multiplicité de rôles, le monde du collège se révèle une autre comédie, beaucoup moins réussie.

Elle accepte de s’occuper des affaires de Sheila, croyant la contrôler alors que son amie la persécute, et délaisse son travail…

L’évolution des rapports entre les deux femmes nous est contée du solstice d’hiver à celui d’été, d’où le titre.

La traductrice Anne Rabinovitch est célèbre. Je n’ose donc accuser la traduction, et me dis que le style de Oates dans ce roman n’a pas grand intérêt.

Mais la narration est bien assumée, la tension dramatique forte, et l’on a quelques portraits féroces de bourgeois intensément charitables et trop bien intentionnés, de jeunes et vieux snobs, et des deux protagonistes, Sheila étant un personnage contradictoire fort intéressant.

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31 janvier 2008 4 31 /01 /janvier /2008 00:57

Niagara-chutes-450px-Firmin_Didot_Freres_Falls.PNGJoyce-Carol Oates Les Chutes. Philippe Rey, 2004.504 pages.

 

 

 

Pas étonnant que l’une des plus grandes spécialistes du roman-fleuve américain, se lance à corps perdu dans les chutes du Niagara !

 

Et je dois dire qu’elle y navigue  à vue ! moi qui n’ai jamais dépassé la centaine de pages dans « Blonde », moi qui préfère de cet auteur les récits courts,   j’ai lu ce roman là d’une traite, sans faiblir.

 

 

 

En juin 1950, Ariah qui a 29 ans, fraîchement mariée, commence son épopée conjugale à Niagara Falls, lieu fort apprécié pour les voyages de noce. Et c'est la tragédie!  Le marié, Erskine, gravement perturbé par sa nuit (de haine plutôt que d'amour) va  se jeter à l’aube dans les Horseschoe Falls ( les chutes du fer à cheval)
l’endroit le plus  dangereux du Goat Island, en même temps que le plus beau et le plus envoûtant. Là les rapides sont pris de frénésie. Une eau blanche bouillonnante, écumeuse, fuse à cinq mètres dans les airs… trois mille tonnes d’eau se précipitent chaque seconde dans les gorges. L’air gronde, vibre. Le sol tremble sous vos pieds. Comme si la terre même commençait à se fendre, à se désintégrer, jusqu’à son centre en fusion.

 

 

 

Pendant une semaine, Ariah participe aux recherches pour retrouver le corps et parcourt inlassablement les environs ; sa silhouette encapuchonnée, son allure singulière, hallucinée, la font surnommer «  la veuve blanche », voir le «  Fantôme des Chutes ».

 

Elle intéresse Dirk Burnaby, avocat d’affaire dans la ville, qui s’en éprend aussitôt.

 

 

 

Cette intrigue très romanesque, prend assez vite une épaisseur sociale et psychologique. La famille de Dirk n’accepte pas Ariah, venue d’un milieu plus modeste. Le second mariage d’Ariah, trop proche du premier veuvage, choque tout le monde.   

 

Les Burnaby ont des difficultés avec leurs enfants qui ne savent où se situer. Le premier enfant du couple reste lié à la tragédie initiale. La fascination pour les chutes y joue un grand rôle.

 

 

 

Mais les chutes ne sont pas que de la beauté naturelle. Des usines chimiques se sont implantées dans les environs, et polluent gravement le sol et l’air.

 

Dirk fait la connaissance d’une famille malade de la pollution, qui vit dans les HLM des environs, et veut porter plainte. Le sol qui sert de fondement aux habitations, à l’école du quartier, le sol des jardins est saturé de déchets, notamment radioactifs qui  détruit la santé  des  habitants économiquement faibles…

 

 Ariah domine la distribution, personnage contradictoire, ambigu, détestable, émouvant.

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 
 

 

 

 

 

 

 

 

 


 
 
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25 novembre 2007 7 25 /11 /novembre /2007 15:23
  l'austérité telle que nous l'entendons en français n'a pas, d'ordinaire, de points communs avec l'Austérité. Tout au plus avions-nous le dépouillement dans "Anna Blume".

 Voilà pourtant une exception. 
 

Le titre anglais indique qu’il s’agit de « voyages », faisant par là référence au fait que Mr Blank voyage en imagination : dans son passé (souvenirs d’enfance et d’adolescence) dans le manuscrit esquissé d’un certain John Trause dont il imagine la suite.


Ces voyages restent limités. Mr Blank dont le nom évoque la page blanche, l’espace vide, la désincarnation, est un vieux monsieur plus ou moins amnésique, quelque peu handicapé physique, qui vit dans une pièce fermée dont il ne sait s’il peut sortir. On lui conseille en tout cas de rester cloîtré. Il reçoit des visites de la part de gens qu’il se rappelle avoir envoyé autrefois en mission ( des missions difficiles et périlleuses). Ils lui en veulent, tout en étant secourables. C’est Anna Blume qui paraît être le personnage central.


Peut-être le roman  dont  son auteur est le plus satisfait ?


Mr Blank se pense prisonnier de créatures qui lui veulent du mal, mais il sait aussi que c’est plus complexe que cela… 
 

 Mr Blank apparaît cousin des créatures de  Beckett : le thème du vieux monsieur, en détresse, enfermé, entravé dans ses mouvements… surtout l’insistance sur les problèmes matériels, les besoins corporels, les obstacles physiques… mais c’est du Beckett « light ». Mr Blank , si triste que soit sa position, se paye des  petits instant de bonheur et de fantaisie qu’envierait un Molloy.  


De plus il est capable de concevoir une intrigue et de la détailler, en imaginant la suite du récit de John Trause, dont il a lu le début, un manuscrit posé sur son bureau.


Ce récit est intéressant : Les dirigeants du pays imaginé par Trause, La Confédération, veulent à tout prix déclencher une guerre contre leurs voisins les Primitifs (que Mr. Blank va rebaptiser les Djiens) pour exalter le sentiment patriotique; ils veulent également que ce soit les Djiens qui passent pour les avoir attaqués, afin de légitimer ladite guerre. Ils envoient une armée en territoire Djien, et la déciment eux-mêmes, voyant que les Djiens ne réagissent pas. Et se servent d’un haut fonctionnaire Graf, pour lui faire constater, alors qu’il est en territoire Djien, la décimation de cette armée. Ce récit de Graf va servir à laisser croire que les Djiens ont attaqué l’armée en question.


Voilà donc le commentaire d’Auster sur la politique étrangère de son pays. Il n’a rien de rassurant !  Pour pouvoir entrer en guerre contre un pays, faire croire à la population que ce dernier nous a attaqué... 

 

      On croit comprendre que Mr Blank, est sujet d’étude d’un narrateur qui l’espionne avec des micros et des caméras (d’où le ton de précision clinique employé pour décrire ses faits et gestes), et qu’il  a rendez-vous avec les personnages de certains des romans précédents d’Auster, appelés ici « chargés de mission »ou « pupilles » qu’il a envoyés dans le monde  et qu’il ne différencie pas des gens qu’il a connus dans la réalité.

Parce que ses «  créatures », il les avait modelées à partir de personnes réelles.


Il confond ainsi Sophie, son premier flirt dans la réalité, avec Sophie Fanshawe de «  La Chambre dérobée », qui vient lui porter un plateau de repas et le mettre au lit.


 Les personnages sont très remontés contre lui (les femmes excepté) et veulent se venger des destins lamentables qu’il leur a concoctés. Benjamin Sachs, de Léviathan, veut sa mort.

 

Le personnage qui se retourne contre son auteur est un sujet de roman souvent traité. 

Si l’on lit « Cœur de pierre » de Pierre Péju, sorti dernièrement, on constate aussi la présence de personnages de roman qui veulent leur indépendance...


 C’est l’homme qui se fâche contre Dieu, sauf qu’ici les personnages ont des pouvoirs (au moins celui d’inquiéter Mr Blank) et que ce dernier n’est pas tout puissant,  il s’en faut… !


Nous ne savons pas comment le narrateur, certes au courant des faits et gestes et paroles de Blank, à cause des micros et caméras postés dans sa chambre, peut aussi lire dans ses pensées… car, si ce narrateur était vraiment omniscient il n’aurait pas besoin de micros.

S’il  doit en utiliser, c’est qu’il ne connaît pas les pensées de Blank… à la fin du livre, nous apprenons que Blank est devenu le personnage du narrateur, ce qui ne règle pas le problème que j’énonçais.


Le narrateur de l’histoire se présente comme l’un des personnages et parle en leurs noms : «  Mr Blank est l’un d’entre nous désormais, et si désespérément qu’il s’efforce de comprendre, il sera toujours perdu…sans lui nous ne sommes rien, et le paradoxe, c’est que nous, les chimères du cerveau d’un autre, nous survivrons au cerveau qui nous a fabriqués, car une fois lancés dans le monde, nous continuons à exister à jamais et on continue à raconter nos histoires, même après notre mort ».

Il se présente aussi comme le créateur du personnage Blank. Lequel lit le  récit d’un autre parlant de  sa propre personne…

 Auster, Blank, le narrateur, John Trause, tous les mêmes ( écrivains et personnages) mais pas tous dans la même position. 

 

L’ensemble laisse l’impression d’une condition humaine où chacun vit un certain enfermement, (deux des personnages, Blank et Graf, sont prisonniers) sans savoir qui les a enfermés, et ce que sera la suite. Ils se  créent une existence en fabriquant des récits.

 

Ils n’existent chacun que dans le récit ou le rêve d’un autre,( on pense à cette célèbre nouvelle de Borges) y compris s’il se racontent eux-mêmes, ils sont  "l’autre" de leur récit.

Beaucoup de questions métaphysiques hantent le texte : «  Qui est-il ? Que fait-il là ? Quand est-il arrivé là et jusqu’à quand y restera t‘il ? »

 

Un texte riche,  d’où n’est pas absente la réflexion politique.


 
 
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3 octobre 2007 3 03 /10 /octobre /2007 08:39

Seb-Knight-copie-2.jpgNabokov,Vladimir ( 1899-1977) " La Vraie vie de Sébastien Knight" roman américain.

Année de publication :1941

Edition :SEUIL (-Point roman)

Résumé :Sebastian est né en 1899, à St Pétersbourg, de père russe et de mère anglaise : il est resté très attaché à cette mère, Virginia, qu’il a à peine connue : elle est partie tôt avec un amant. Devenu adulte et écrivain, il adopte son nom de jeune fille , Knight, un nom qui signifie « chevalier », et il écrit en anglais. Son père était mort pour elle, en duel.

Après la mort, en 1936, de Sebastian, son demi-frère, narrateur de l’histoire, veut écrire sa biographie. D’abord pour le réhabiliter, car Sebastian, après un certain succès, est à présent considéré comme un écrivain obscur, pratiquant une écriture trop expérimentale, et d’autre part individualiste, narcissique, étranger à son époque.

Le narrateur, en outre , a toujours été attiré par Sebastian et lui voue une forte admiration depuis l’enfance. Or, Sébastian, de six ans son aîné, « trop jeune pour être un guide, trop âgé pour que s’établisse une complicité, n’a jamais voulu communiquer avec lui. A la fin de sa vie, pourtant, il lui a enfin écrit une lettre dans laquelle il réclamait sa présence. Sans le dire, il était mourant, et son demi-frère restait sa seule famille. Mais le narrateur a également manqué cet ultime rendez-vous : il veillait un autre mourant sans le savoir !

Pour en savoir davantage sur Sébastian, le narrateur s’inspire de ses ouvrages, l’un d’eux, « Objets trouvés « , contient beaucoup d’éléments biographiques. Il contacte les proches du défunt : Mr Goodmann, son dernier secrétaire, qui écrivit sur lui une biographie ironique, Clare Bishop, la compagne essentielle de Sebastian pendant six ans , ne veut pas le rencontrer et décède peu après . Un poète, Sheldon, une amie de Clare, Mlle Pratt lui donnent de quoi recomposer certaines scènes. Un ami de collège, Rosanov, lui parle de sa jeunesse russe et d’une. mystérieuse jeune femme que Sebastian rencontra en Alsace. Il se fait aider d’un détective.

Le narrateur s’est-il réellement approché de Sebastian ? Une série de portraits négatifs mais intéressants, et quelques séquences reconstituées sont un maigre butin. Le narrateur est obligé de compléter subjectivement le portrait, s’exprime en son propre nom, et s’éloigne de son modèle tout en sentant s’être glissé dans sa peau.

Commentaires : Le livre explore les relations de l’écrivain et de son personnage. Sebastian est devenu un personnage de fiction pour son biographe.

Sebastian veut être anglais comme sa mère qui lui a manqué., écrit en anglais et redevient russe dans les dernières années de sa courte vie. Nabokov écrit là son premier roman en anglais. Avons-nous le Nabokov russe qui se penche sur l’exilé anglophone ? Le narrateur recherche très systématiquement ce qui reste de russe chez Sebastian.

Expérimentations : « Sebastian a présenté dans son premier livre les différentes manières de composition à travers des personnages… Dans le second, il explore l’idée du destin, les procédés utilisés pour le rendre ».

Solitude de l’intellectuel : Sebastian est incompris des critiques et écrivains frivoles de son époque, qui le jugent obscur, ne saisissant même pas la parodie, et ignorant la lecture au second degré qu’on doit pratiquer dans son cas. Ils manquent singulièrement de culture : Mr Goodmann ne reconnaît même pas une parodie simple de Hamlet dans une nouvelle de Sebastian.

Fausse autobiographie : Nabokov a mélangé des détails connus de son histoire personnelle avec d’autres qui en diffèrent complètement pour tirer le portrait de Sébastian.

En contemplant le portrait de Sebastian, »sentant que Narcisse se reflétant dans l’eau », éxécuté par un bon peintre qui ne le connut que très peu, le narrateur médite : « Je ne sais quel fut son secret à lui, mais j’ai moi aussi appris un secret à savoir : que l’âme n’est qu’une manière d(être, non un état constant, que toute âme peut être vôtre, si vous découvrez et suivez son ondoiement. L’au-delà , ce n’est peut-être que la pleine aptitude à vivre consciemment en toute âme choisie, en autant d’âmes que l’on veut, toutes inconscientes de ce qu’elles portent d’interchangeables. Et donc, je suis Sebastian Knight… je ne puis sortir de mon rôle : le masque de Sebastian a épousé la forme de mon visage…Je suis Sebastian, ou Sebastian est moi, ou peut-être sommes-nous , lui et moi, un autre que personne ne connaîtSeb-Knight-copie-1.jpg

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13 septembre 2007 4 13 /09 /septembre /2007 17:33

 

A-moi-pour-toujours.jpg

 

 

 

 

 

Titre original «  Be Mine » USA, édition française Christian Bourgois, 2007.

 


           Sherry Seymour, la quarantaine, prof d’anglais dans une université du Michigan. Elle vit en banlieue, Jon son mari est concepteur de logiciels, Chad, son fils unique, pour qui elle a été une vraie mère poule, étudie  le droit à Berkeley. L’existence ordinaire d’une bourgeoise moyenne, jouissant d’une certaine qualité de vie. Son métier, enseigner l’anglais à des étudiants défavorisés, est davantage une mission sociale qu’intellectuelle.

Elle souffre de n’avoir pas d’activité intéressante en dehors de sa routine (ce livre de Virginia Woolf que je ne finirais jamais…) et s’ennuie quelque peu.

Les déclarations d’amour d’un admirateur anonyme sont déposées dans son casier. Malgré la grande banalité de ces missives, Sherry est piquée de curiosité, en parle à tout le monde ( son amie, son fils, son mari) et cherche à savoir de qui il s’agit.

Son mari  s’intéresse beaucoup à ces billets  doux. En effet, Jon et Sherry partagent un fantasme, qui est depuis toujours la base de leur sexualité : chacun s’imagine  en train de séduire un (e) partenaire extérieur(e ) et raconte à l’autre le scénario…c'est leur façon de "jouir".


Mais  si le «  partenaire imaginaire » se matérialisait, qu’adviendrait-il d’eux ?


Voilà une question  à quoi le roman répond adroitement avec réalisme, ironie, une certaine vraisemblance,  et de temps à autre, des morceaux de prose poétique bien tournés.

 Le chemin de la compréhension du problème passe par toute sorte de petits accidents anticipateurs du dénouement. L’intérêt ne faiblit pas parce que l’héroïne considère les incidents de la vie et les comportements de ses proches comme autant de signes à interpréter, qu’elle se trompe, et nous trompe aussi. 

De Laura Kasischke, j’ai déjà lu , avant le blog,«  Un Oiseau blanc dans le blizzard », empli de belles métaphores de « neige » et d’un mystère à propos de la disparition de la mère de l’héroïne adolescente,  élucidé entre les lignes, mais qui n’épuise pas l’intérêt du roman à propos de l’évolution de la narratrice.

Et «  La Vie devant ses yeux », plus tragique et effrayant que les autres est aussi le plus riche poétiquement, tant l’héroïne, également une femme mariée à problèmes, vit dans un passé traumatisant et éprouve des sensations proches de l’hallucination qui créent un univers onirique original. Si on ne devait en lire qu’un il faudrait choisir ce dernier.


 Toutefois on peut lire les trois avec plaisir.


Laura Kasischke est souvent, à juste titre, comparée à Joyce-Carol Oates.

 
 
 
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21 juillet 2007 6 21 /07 /juillet /2007 14:29

 

Publié aux éditions  Gaalade en février 2007


 

Le Cluedo : David, quinze ans aujourd’hui, jettera t’il sa gourme ? Son frère aîné Jacob écrivain en panne arrivera t’il encore à créer ? Marian   célibataire esseulée trouvera t’elle une âme frère ? Susan peut- elle aimer encore Jacob ? …
en attendant, ils jouent tristement au cluedo  
les personnages du jeu s’animent pendant la partie : Mlle Rose ne sait si elle veut que le colonel Moutarde la viole ou non, le colonel veut bien mais n’est pas sûr d’éprouver du plaisir, le professeur Olive se demande s’il veut vraiment voir ça, Le docteur Violet se perd dans les passages secrets sous la maison veut revenir en arrière mais poursuit sa route, Mme Pervenche se demande si elle est ou non jalouse de Mme Leblanc qui ne sait pas si elle doit rire ou pleurer ! Beaucoup de questions, rien ne se résout, la partie peut-elle s’achever ?
Le ton est ironique, parfois sentimental, avec quelques belles descriptions et les personnages du cluedo sont plus complexes que les joueurs.

 

Le Rideau : un petit garçon, autorisé à se rendre seul au cinéma, s’aventure dans les coulisses, contemple et détaille avec excitation et un peu d’effroi des personnages de films archétypaux, les suppose vivants, mais comme Saint Thomas, veut toucher …une jolie fille qui arpente sa loge en répétant des phrases tragiques à moitié dites… et s’enfonce dans une substance épaisse, de la chair peut-être , de la peau , sûrement pas… vue par les yeux d’un enfant l’aventure garde un côté insolite, effrayant proche du fantastique et aussi de ce que Freud nomme « l’inquiétante étrangeté » très présente dans ce texte.

Le Musée Barnum : il consiste en une multitude de salles où sont présentées des scènes de foire et des décor de faux semblant : avaleurs de sabres, dragon cracheurs de feu, aquarium avec rochers où nagent des apparences de sirènes, faux et vrais monstres en tous genre.

Bien des gens sont fascinés, ou attirés comme par des aimants dans cet ensemble où l’on se perd volontiers mais où un gardien vous reconduit toujours. Des visiteurs en sont las d’autres persistent à l’aimer. Il ressemble à l’Enfer (plusieurs nouveaux au-dessus et en dessous, des sous-sol qui descendent toujours plus bas l’on ne sait jusqu’où).

Phinéas Barnum est l’inventeur des effets spéciaux et des artifices. 

C’est peut-être aussi une métaphore du monde comme cirque. L’une des meilleures pages de «  La Vie trop brève d’Edwin Mulhouse » est la description d’un champ de foire à peu près vide où deux gamins de 11 ans se rappellent les splendeurs d’antan (de leurs six-huit ans, lorsque la foire battait son plein).  

Borges voyait le monde comme une immense bibliothèque…on peut le voir aussi comme une foire bruyante et tapageuse.

 

 

 

 

Carte postale sépia : Il a quitté Claudia avec qui il s’est querellé et s’est logé dans l’hôtel d’un petite bled battu par de violentes pluies et de fortes bourrasques de vent.

Par désoeuvrement, il achète une carte postale dans une boutique de Souvenirs où l’on vent toute sorte d’objets anciens à prix divers, une accumulation de petits objets dont l’auteur aime à faire des descriptions interminables. Le dessin de la carte qu’il achète l’effraie, les personnages au début indistincts prennent du relief comme tout ce qui commence à vous obséder, les personnages de la carte semblent embarqués dans une querelle grave, la femme est menacée par un homme armé d’un couteau. Indiscrets, ils vont réveiller le dormeur en pleine nuit…

 

Le Huitième voyage de Sindbad

De tous ces récits je crois que c’est mon préféré.

Le récit progresse en trois narrations alternées.

Sindbad, devenu vieux, sentant sa fin prochaine, assis dans son patio en dessous d’un oranger, rêve à ses voyages, se demande s’il les a déjà effectués et de quelle manière, cherche à se rappeler des détails pour répondre valablement à la question.

Le narrateur   effectue un travail de réflexion et d’enquête sur   les Mille et une nuit, comment elles furent popularisées en Europe, ce que l’on peut en penser, et s’interroge aussi sur les procédés d’énonciation dans ces textes et les différents destinataires : Shéhérazade raconte en une vingtaine de nuit à son époux ce que Sindbad a vécu en six jours et qu’il relate lui-même en trois soirées à des marchands et à un ouvrier…

Sindbad conte son dernier voyage à l’imitation des précédents ; le héros arrive dans unne ville –fantôme, après un naufrage, il est peut-être mort, rencontre des navigateurs, des négociants, un roi, et le célèbre oiseau roc…

 

Pluie : un homme qui sort du cinéma est agressé par une pluie violente ; d’abord inquiet pour ses vêtements, puis pour sa conduite, car il n’arrive pas à essuyer ses lunettes, et les essuie-glaces sont insuffisants, il est immobilisé dans une ornière puis dans une cabine téléphonique du centre commercial noyé, qui se dissout tandis que lui-même assiste à sa propre liquéfaction avant de disparaître ;  je dois dire que c’est d’actualité et l’on ne peut rêver récit d’un ton plus  juste.

 

Dans l’ensemble, une écriture toujours  belle sur le thème de l’illusion ;  certains récits sont trop longs (le Musée Barnum), d’autres sont agaçants ( le tout dernier sur  un illusionniste allemand, deux autres que je n’ai pas nommés non lus et dont on peut bien se passer…)

Les deux tiers  du volume se lisent avec plaisir.

 

 

 

 
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5 juin 2007 2 05 /06 /juin /2007 00:41
LUmi--re-d-a----t.jpgLumière d’Août : retour à Faulkner.
1ere publication : 1932.
 

Le titre : Light In August : mot qui désigne des lueurs d’incendie, un incendie criminel, de fortes chaleurs étouffantes, et le moment où la colère s’embrase.

Titre de dérision car il s’agit davantage ici des ténèbres d’obscurité, et de feu d'enfer, que de lumière.


La lumière aveuglante et éclatante d’août met en relief les ténèbres de la pensée et de la vie humaine.

 

Léna Grove, 18 ans qui vient d’Alabama, arrive à Jefferson, Mississipi, enceinte de huit mois, pour y chercher le père du bébé, un certain Joe Brown, qui travaille à la scierie.

Elle y rencontre un ouvrier, Byron Bunch, qui l’héberge, et lui tait que l’homme qu’elle recherche s’appelle Lucas Burch et qu’il fricote avec Joey Christmas, métis marginal qui a travaillé trois ans à la scierie et s’y faisait remarquer. Tous deux ont quitté leur emploi, font du marché noir et pis encore.

 

Ce même jour, Joey Christmas, 33 ans, métis, orphelin, vient de quitter la maison de Miss Joana Burden, femme de 40 ans, abolitionniste militante, avec qui il vivait depuis deux ans.

Les deux amants avaient des relations tumultueuses, souvent violentes. Joana, trop tôt ménopausée, déprimée, prenait du plaisir avec Joey et ne le supportait pas. Lui non plus.

Elle avait voulu l’aider à se reconnaître comme noir  : mais Joey, qui est métis, hait son sang "noir "autant  que son sang "blanc".
Joana Burden a été étranglée, sans doute par Joey.

Il a fui.

Lucas Burch présent dans la maison de Miss Burden, et sachant ce qui est arrivé, y allume un incendie pour attirer l’attention sur la maison, faire découvrir le corps, et toucher une prime pour avoir livré l’assassin.


Pendant trois semaines Joey se cache, effectue de multiples déplacements jusqu’à Mottstown, où vivent ses deux grands-parents, les Hines, qu’il ne connaît pas.
Mr. Hines, raciste fou et hanté par l’obsession du Mal a autrefois tué le père de Joey, un forain, et Milly, sa mère, n’a pas survécu à l’accouchement.

Hines veut inciter la foule à lyncher ce petit fils maudit, qu’il avait déposé, bébé, à la porte d’une église trente trois ans plus tôt et qui a erré d’orphelinat en famille d’accueil, de Memphis à Jefferson en passant par l’Oklahoma, le Missouri… toujours chassé et persuadé d’être damné.

Mrs Hines, terrifiée par son époux, veut  tout de même sauver le fugitif. Elle s’adresse au prêtre.
Le révérend Hightower, rongé par un passé problématique (femme adultère, grand-père tué pendant la guerre alors qu’il poursuivait un poulet), marginalisé par la communauté, cache Joey, puis reçoit Léna, envoyé par Bunch, sans rien pouvoir faire de significatif pour eux.


Le fugitif est libéré par Mrs Hines.

Léna vient chez elle, conduite par Hightower, pour y accoucher de son bébé.

la vieille femme perd la raison confond Lena avec Milly sa fille, et le bébé avec Joey. Elle revit le traumatisme de la naissance de Joe ( emporté par son époux) et de la mort de Milly.

Le révérend tente d’aider Léna,  effrayée, aux prises avec une histoire dont elle ne sait rien, et qu'elle ne peut comprendre.

Mr. Hines, aidé par quelques amis racistes, sérieusement allumés, réussit à faire lyncher Joey par la foule. Joey meurt, tué par un militant d’extrême droite.


Léna et Byron Bunch se font prendre en stop dans un camion avec le bébé, par un marchand de meubles ; ils vont vers le Tennessee...


Je ne m'attendais pas à ce que que ces personnages restent en vie! je suis presque contente, malgré le pessismisme de ce roman. Pesssimisme qui n'est absolument pas exagéré, par ailleurs.

Si j'ai raconté l'histoire plutôt que de la commenter, c'est pour mettre de l'ordre. Je n'étais pas toujours bien sûre, au fil de la lecture,  de qui avait fait quoi et  quand... maintenant, oui.


C’est un roman très puissant et lourd de tous les travers des peuples : racisme, haine de soi comme de l’autre, jusqu’au crime, culpabilité étouffante, impossibilité de sublimation, solitude extrême de tous les personnages.

Un ouvrage à relire plusieurs fois. Je l'avais emprunté en bibliothèque mais je vais l'acheter.

J'ai aimé aussi " Sanctuaire" mais je le trouve moins bon... quant au "Bruit et la fureur, je suis carrément passée à côté".

Je pense que mon prochain Faulkner sera " Tandis que j'agonise" : il existe en poche dans la collection "lire en anglais" ce qui est appréciable.


24 aout 08 : cet article atteint cent visiteurs. Mais sans un seul commentaire! il ne s'agit donc que de simples clics?

Je crois que Google a envoyé des internautes sur cet article pour une émission de radio ou de télé qui porte le même titre ( Lumière d'Août) c'est malin!

 

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4 juin 2007 1 04 /06 /juin /2007 20:30

le-Bruit-et-la-fureur.jpgJe me suis lancée à 17 ans dans « Le Bruit et la fureur ». A mes yeux c'était un livre incontournable si je ne voulais pas passer pour une « idiote » .

J’abordais cette lecture avec confiance, sans connaître l’histoire, ni les procédés narratifs, avec la seule phrase de Shakespeare pour guide « La vie est une histoire pleine de bruit et de fureur (sound et non noise) contée par un idiot (idiot et non fool) qui n’y comprend rien. »

Ma première surprise ce fut donc sound plutôt que noise, et idiot au lieu de fool.


    Les deux frères sont amoureux de leur sœur, et l’un d’entre eux se fait passer pour un idiot ; il ne pousse que des grognements alors que le narrateur lui attribue de vraies pensées articulées et lui confie un point de vue, une façon de voir qui n’est pas franchement d’un handicapé mental.

Je n'ai pas compris que Benjy était vraiment idiot.

Au deuxième chapitre, l’autre frère, Quentin, prépare minutieusement son suicide.  Je n’ai pas compris cela d’emblée, et lorsque la lumière me vint, je crus que cette minutie,  cette accumulation de détails, signifiait qu’il reculait son geste et peut-être ne l’accomplirait pas.

Mais le temps s’écoule et cela seul. Quentin n’est pas Hamlet, il ne se demande à aucun moment s’il va ou non le faire, il n’hésite pas, il ne cherche pas d’arguments ni d’alibis, il ne s’afflige plus guère, n’a que des soucis matériels concernant la réalisation de son acte. Mort avant que ne commence la relation de cette dernière journée. Cette morne épreuve endurée, je n’ai pas continué la lecture.

   Par la suite, je ne suis jamais devenue intime de Faulkner ; à l’université, j’ai étudié « Absalom ! Absalom ! » J’ai passé encore plus de pages ; j’ai d’ailleurs été très bien notée, ne connaissant que le cours, et donc sachant exactement ce qu’il convenait de dire. Lorsque, outre le cours, je lisais le livre à étudier, cette lecture entrait souvent en conflit avec l’autorisée et je ne savais plus traiter le sujet.

On peut aussi lire le livre et ne pas s’occuper du cours : cela donne d’assez bons résultats mais rien ne paye davantage que le cours et seulement le cours.

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15 mai 2007 2 15 /05 /mai /2007 12:51
homme-licorne.jpgL’Homme Licorne de James Lasdun ( USA)
 
Gallimard (Du monde entier)2003
 
Lawrence Miller, prof dans une université à New York nous conte une étrange histoire
 

Un matin il a constaté que son marque page avait été déplacé trente page en arrière dans un livre appartenant à la précédente occupante de son bureau. Des objets anodins ou menaçants apparaissent ou disparaissent de ce bureau créant le trouble dans son esprit. Les anciens occupants du bureau dont un citoyen bulgare au nom étrange, et une jeune femme à présent morte, reviennent hanter les lieux. Un récit de la vie de ce Trumlicik apparaît dans un fichier d’ordinateur et a disparu le lendemain.


Lawrence tente de mettre de l’ordre dans son esprit. Il est séparé de sa femme celle-ci s’étant rendue dans un club échangiste, et il s’est inscrit dans une association contre le harcèlement sexuel, groupe qui se veut politiquement correct mais qui pèche par puritanisme.

Lui-même se veut irréprochable, mais voilà qu’il croit apercevoir sa psy qui tapine à Central Park, reçoit des messages amoureux d’Elaine une des plus sévères membre de l’association.

Lawrence scrute son passé pour y trouver des renseignements. Pour calmer ses migraines, sa mère lui faisait prendre de petites pilules homéopathiques au contenu mystérieux.

 

Et voilà qu’en lisant les notes de son père qui écrivait sur l’histoire de la pharmacopée, il découvre qu’il a ingéré ainsi de la poudre de corne de licorne! Pure ou diabolique, bénéfique ou maléfique? c’est indécidable…

 

Le récit décrit avec un grand luxe de détails l’envahissement de symptômes psychotiques chez un individu qui sombre dans la confusion mentale d’ordre paranoïde, et relève avec soin ces indices,les interprétant à sa guise.

Il ne croit pas complètement ce qu’il vit mais assez pour que l’on trouve certains épisodes cocasses voire hilarants, d’autres mystérieux, plein de suspense, ou sinistres telle cette humiliation du garçon qui veut fréquenter un club de jeunes très » upper class » en Angleterre son pays d’origine et s’en trouve chassé de manière impitoyable. Cet épisode, comme ceux qui concernent le fonctionnement de l’association contre le harcèlement, relèvent d’une bonne critique sociale. D’autres épisodes sont davantage liés à la folie du narrateur ; ses délires empruntent au folklore, au mythe, au fait divers… l’ensemble est un peu long mais intéressant.

 
 
 
 
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17 mars 2007 6 17 /03 /mars /2007 14:40

Nuit-enchant--e.jpg

Titre original " Enchanted Night" publié en 2000.

 

Livre de poche, 2002, 180 pages.

 

Mis en exergue " Thou that mak'st a day of night,

Goddesse, excellently bright.

Hymn to Diana

Ben Johnson ( il s'agit de Ben Johnson le dramturege contemporain de Shakespeare).

 


 



Conte onirique, absolument respectueux des lois du genre.

 Madame la lune est le  personnage principal.
 On y entend des  onomatopées le chant du grillon, du criquet.

 Un mannequin s’éveille et sort de sa vitrine. Des poupées dansent et Pierrot poursuit Colombine.

 Un joueur de flûte invisible entraîne des enfants qui ont quitté leur maison.
 Une adolescente est suivie par un voyeur.

 Un jeune homme s’endort dans son jardin et la déesse sort de son char pour le chevaucher dans son rêve, avant de regagner l’Olympe.

 Un écrivain raté va boire du vin chez une femme d’un certain âge. Puis retourne chez sa mère, bien amer.

 Un couple d’amoureux se retrouve sous les épicéas près d ‘une balançoire.

 Une vieille dame reçoit chez elle un gang d’adolescentes masquées qui s’introduisent la nuit chez les gens et y laissent un message «  Nous sommes vos filles ». Elle leur offre de la citronnade.

C’est une petite ville dans le Connecticut. A l’aube tous se rendorment.

 

c'est écrit simplement, avec une poésie naïve,  malicieuse, tendre.

 
C’est génial.

"Par une chaude nuit d'été dans le sud du Connecticut, l'océan se retire et la lune monte encore. Laura Engstrom, quatorze ans, s'assoit dans son lit et repousse les draps... Minuit cinq. Parents, savez-vous où sont vos enfants?;....

Le monde, empli de silence à ras bod, soudain déborde : une branche remue dans la haie, à travers laquelle apparaît une main, et puis il est là, dans le jardin, les yeux levés et les cheveux lui tombant sur le front, pour regarder les fenêtres...

" Dans les greniers éclairés par la lune et remplis d'objets au rebut s'ébattent les poupées. La poupée en chiffon aux cheveux de ficelle jaune ramasse une bille et la met dans la poche de son tablier, le petit tambour va et vient dans un carré de lune qui fait briller la manche bleue de sa veste, l'ours câlin qui n'a qu'un oeil contourne un vieux coffre à jouets pour aller dans un coin sombre om il voit une paire de vieux gants de boxe, une luge retournée aux patins rouillés,une imposante commode.
 
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