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14 février 2019 4 14 /02 /février /2019 13:02

 

Gallmeister, 2017.

Un coin isolé du Minnesota entre bois marécageux et lacs gelés à une cinquantaine de kilomètres de Duluth

Linda  une jeune fille de 15 ans  plutôt farouche, livrée à elle-même par des parents négligents, vit d’une façon minimaliste. Elle dort dans un grenier dans  un sac de couchage, fait six kms à pieds  aller et retour «  dans les sumacs « pour aller en classe. La plupart de temps, elle ne semble pas manger à sa  faim. Dans la cabane où vit cette famille, on allume peu la lumière, on a souvent froid.

La vie de cette adolescente tourne autour du bois qu'il faut couper, des poissons pêchés par le père,  qu’il faut vider, du lycée et des devoirs à faire , elle fait un exposé sur les loups et la nature, est attirée par son professeur M Grierson, plus ou moins pédophile. Pas d’amies au lycée : son mode de vie est trop spécial : on dit que ses parents sont d’ »anciens hippies » .  , elle fait des balades en canoë sur le lac, et s’ennuie profondément.
Un jour, une famille qu'elle observait à travers ses jumelles emménage sur la rive opposée du lac ; une très jeune femme , son mari bien plus âgé, un petit enfant.
Une belle maison. La vie aisée de ce couple et de leur enfant dont l'existence semble si différente de la sienne lui fait envie.

Elle devient la Baby- Sitter de Paul, quatre ans ........elle lui fait découvrir le bois , la cabane en liberté

On sait dès le départ, que Paul va mourir  trois ou quatre mois après que Linda l’ait connu.  On découvre progressivement  l’horreur de sa situation : Paul a des problèmes de santé  que Linda a perçu mais qu’elle ne sait pas interpréter ;  Patra et Léo son mari appartiennent à une secte « la science chrétienne » selon leur croyance, l’esprit doit absolument contrôler et dominer le corps : ils font comme si Paul allait bien  et lui interdisent implicitement de se plaindre ; ils se conduisent à peu près comme les Témoins de Jéhovah.  Linda est aussi priée (ostensiblement) de faire comme eux. Linda aurait sans doute parlé à ses parents de ce qu’elle constatait… si ses parents n’avaient pas été eux aussi un peu semblables aux Gardner … d’ailleurs elle-même se souvient lorsqu’elle vivait dans la communauté d’avoir été longtemps malade (au même âge que Paul pense-t-elle) et de n’avoir reçu aucun soin, n’ayant comme compagnie qu’une autre petite file malade elle aussi.   Ce qui explique qu’elle ne puisse pas venir au secours de Paul.  Et n’éprouve pas l’empathie qu’une adolescente élevée dans des conditions normales aurait pu concevoir.

En dehors de ce récit très éprouvant pour le lecteur du calvaire de Paul, que rien ne vient sauver,  Linda raconte sa vie lors de cette fin d’hiver, et ce printemps  si terrible,  mais elle nous relate aussi des bribes de son futur ( à 26 ans, à 37ans l’âge qu’elle a maintenant) et ce récit là  n’est pas intéressant.  La plume de l’auteure : elle s’efforce à l’originalité des métaphores et à un certain onirisme ( le soir et la nuit sur le lac, les bois) et transcrit plutôt bien le calvaire de Paul, et  l’effroi de Linda et Patra recouverts par une sorte de déni forcé. Les pages sur sa vie après «  le drame » sont de trop. Elle aurait dû se contenter d’un épilogue ;

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26 décembre 2018 3 26 /12 /décembre /2018 17:52

1830 : Une famille s’installe dans l’Ohio dans une terre marécageuse  « Black Swamp ».

Sadie et James ne s’entendent pas ; leur désaccord passe par leurs façons opposées de s’occuper de leur pommeraie. Lui aime les arbres «  reinettes dorées «  qui donnent des pommes au goût particulier (petit goût de noisette et d’ananas, rien que çà ! )  en fait ce sont des « Pinsmarston Pineappel » une variété que les ancêtres anglais de James ont plantée en Amérique. Sadie n’apprécie que  les pommiers à cidre parce qu’on peut en faire de l’eau de vie et qu’elle aime boire jusqu’à l’ivresse.

Elle est jalouse de l’intérêt de James pour ses pommiers.

Les deux époux ont une ferme, élèvent une vache un cochon des poules, font pousser des légumes et des céréales.

Mais ils travaillent tout le temps, ont eu dix enfants, dont cinq sont morts de la « fièvre des marais «  causée par un moustique. Cette fièvre, ils l’attrapent tous les ans en août, et une fois sur deux il y a un mort. Leur vie est donc bien dure, et sans aucun divertissement, ( la première ville est à vingt kms et il faut voyager en chariot à bœufs ) la seule distraction est le rassemblement religieux tous les ans  en juin ; on va écouter des prédicateurs divers ( méthodistes, Baptistes…) et on boit et mange avec d’autres infortunés fermiers.

 La famille en profite pour s’approvisionner au magasin en épicerie, sucre, tissu, outils, lorsqu’ils ont de quoi…

James ne vit que pour l’amour obsessionnel qu’il porte à ses pommiers, Sadie , elle n’a rien à quoi se raccrocher et on comprend qu’elle devienne alcoolique.

Des enfants, qui travaillent eux aussi toute la journée et ne vont pas à l’école, deux sont des personnages importants : Le benjamin Robert, à qui le père a inculqué l’amour des arbres, et Martha sa sœur préférée. Martha chante des cantiques et des gospels à longueur de journée ( soyez tranquille ça ne sauvera personne !). Robert est ordonné et  méticuleux.

Après le drame  Robert se sauve : il n’a que dix ans mais il va se débrouiller …. 18 ans plus tard il travaille pour un botaniste William Lobb à se procurer des plans de séquoias en Californie notamment dans la célèbre réserve de Calaveras : des Redwoods et aussi d’autres espèces vraiment gigantesques…

Et voilà que a sœur Martha s'apprête à le rejoindre...

Quelle famille de sauvages malheureux et désespérés, au taux de mortalité très élevé ! Un roman qui laisse un goût amer (comme celui des pommes à cidre je suppose…) 

Un ouvrage très bien documenté et écrit simplement (comme l’auteur sait le faire) .

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20 novembre 2018 2 20 /11 /novembre /2018 12:13

L’Olivier, 2018. 297 pages.

Ce recueil est constituée d’histoires diverses et subtilement racontées :

les Râleuses qont deux femmes liées par une amitié solide et de longue durée : Della a maintenant 88 ans, et Cathy à peu près 70. Elles ont partagé un grand nombre de choses, des livres notamment et ce «  Cadeau du froid » qui relate l’histoire de deux amérindiennes, survivant dans un paysage enneigé. Ce n’est pas le dernier cadeau de Cathy à son amie, maintenant fragilisée par les âges mais c’est à coup sûr le plus significatif, et celui qui va l’accompagner jusqu’à la fin.

Avec «  par avion », Nous suivons maintenant un jeune homme, Mitchell, qui a quitté la maison familiale pour un grand voyage à travers l’Asie du sud est, et s’immerge dans une salade de spiritualité morbide inspirée par le bouddhisme et la méditation et qui doit le mener à la vie éternelle … Nous suivons le cheminement du garçon suicidaire, dont ses compagnons inquiet de son état ne soupçonnent pourtant pas la gravité. Horreur des lettres que Mitchell envoie à ses parents et qui racontent son délire et son obsession de la mort : description de lépreux, de la crémation d’un corps de femme… une ironie tragique baigne cette nouvelle, qui m’a presque traumatisée…

Mauvaise poire : A 40 ans, Tomasina, une femme libre et indépendante, a collectionné les amants sans se trouver de compagnon ; elle veut avoir un enfant avant que sa fertilité ne soit éteinte. Son idée est d’organiser une fête, où tous les hommes invités et présents (des ex ou non) donneront leur sperme qu’elle s’inséminera. Il y a pourtant un ex, Wally Mars, qui n’est pas tout à fait comme les autres ; il regrette leur liaison et serait partant pour la reprendre avec enfant à la clef. Sauf que Tomasina ne veut pas s’encombrer d’un homme. La semence de Wally fera son office mais il ne verra l’héritier qu’une seul fois » pour lui dire adieu ».

Musique ancienne : Rodney et Rebecca ont  deux jumelles et une grosse dette : la clavicorde, cet instrument ancien, que Rodney a acheté à crédit, et qui va lui être retiré car il ne peut plus payer. Diplômé en musicologie, le couple a failli achever autrefois un doctorat, et Rodney a même été interprète de clavicorde en une série de concerts en Allemagne, période dont il garde une profonde nostalgie. A présent, il est comptable dans une entreprise, et sa femme fabrique des chauff’souris des souris en peluche, le ventre rempli de substance diverses qui sentent bon quand on les place deux minutes au micro-onde… les souris ne rapportent pas assez et Rodney fait ses adieux au clavicorde…c’est aussi un texte ironique que souligne la proximité du clavicorde avec les chauff’souris qui traînent un peu partout dans la maison.

Multipropriété : c’est un homme qui commence à être âgé et à souffrir de problèmes de santé gênants : cependant, il a acheté une série de bungalows à retaper pour les louer en Floride ; il s’est ruiné pour cela, sa femme et son fils avec. Et ça ne fonctionne toujours pas. Récit très ironique.

Les autres nouvelles racontent le ratage de couples divers, et la difficile survie du conjoint divorcé. Elles m’ont moins plu mais se lisent très bien tout de même !

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29 octobre 2018 1 29 /10 /octobre /2018 00:24

Gallmeister, 2018 , 420 pages.

Au-dessus de Pendarosa, dans les montagnes de l'Idaho.

Ann a épousé Wade, un an après qu’un événement tragique se soit produit un après-midi d’aout,  lorsqu’il allait couper du bois pour l’hiver accompagné de Jenny sa femme, et de leurs  deux petites filles . Jenny, a tué May, six ans, d’un coup de machette.

Le récit tourne autour du drame; Ann s’efforce de le comprendre, et le revit obsessionnellement, d'autant plus qu'elle n'y a pas assisté, et que son mari ne veut pas en parler.  On a l'impression qu'elle éprouve de la culpabilité.

 

Le temps de la narration s'étend de  1970 ( Wade et sa femme faisaient connaissance)à 2025, un épilogue qui semble satisfaire les protagonistes ! mais le lecteur... peut-être pas . A vous de voir!  

Entre ces deux dates, les scènes sont nombreuses et nous transportent dans des lieux divers.

A partir des années 2000, Ann aide tant bien que mal Wade à vivre, il est atteint d’Alzheimer précoce, comme son père et son grand-père avant lui. Il y a aussi Jenny en prison à perpétuité  , avec Elizabeth sa compagne de cellule qui devient son amie. Car, Ann n'est pas la seule narratrice du roman...

Les différents récits s’organisent autour de l’événement tragique survenu en 1995, et que, progressant dans la lecture, on ne comprend toujours  pas . La mère aimait ses deux filles et s’était toujours comportée normalement avec elles.  Au début, j'ai même cru que Jenny s'accusait pour couvrir quelqu’un. Personne d’extérieur à la famille, n’a assisté à l’homicide de la petite May , et la mère s’est accusée immédiatement sans s’expliquer. La fille ainée a disparu .Les explications et  tentatives de reconstitution d'Ann, tendent à suggérer, de la part de Jenny, un terrible acte manqué. 

On a un récit des commencements de la vie du couple initial, qui a acheté la maison et plusieurs hectares de terrain dans la montagne lorsque Jenny était enceinte. Leur hiver , leur printemps et les premiers mois du bébé, leurs sentiments ambigus  pour une femme qu’ils ne connaîtront jamais,  l'apprentissage d'une existence rurale âpre , ses difficultés et ses joies. Ce récit ( sans doute le meilleur du roman) est-il imaginé par Ann? Je le crois trop précis pour cela. Je ne sais trop qui en est le narrateur...

Plusieurs autres  récits, avant le drame,  concernent May et son désarroi lorsque sa sœur qui grandit, n’est plus tout à fait la même partenaire de jeu. D’autres, la survie  de leur mère en prison. Mais la narratrice étant sa compagne de cellule à qui elle ne se confie pas,  nous ignorons ce qu’elle pense.

Certains récits se révèlent sans rapport avec l’intrigue principale, bien qu’on ait  pensé, d'abord,  qu’ils y étaient liés : l’avenir du garçon dont June( la fille aînée âgée de 9 ans) était amoureuse et son drame à lui.

La vie d’Elizabeth la compagne de la mère , ne nous intéresse que lorsqu’elles apprennent à se connaître , or on a droit à un long récit de la vie d’Elizabeth avant qu’elle n’intègre la cellule de Jenny…

Le texte  regorge de réminiscences,  de rêves éveillés, de souvenirs, et d’évocations : que serait devenue la fillette disparue ? A quoi ressemblerait-elle, que ferait-elle aujourd’hui ?

Ann vit avec les fantômes des absents. Sa vie avec Wade n'est pas une nouvelle existence, elle ne fait qu'imaginer le passé d'un homme qu'elle aimait depuis longtemps, mais qu'elle a  épousé dans des circonstances néfastes ; il n'a pas refait sa vie, et elle a oublié de vivre la sienne.

Un premier roman très travaillé, parfois on sent l'application de la bonne copie, la lourdeur de répétitions,  mais la richesse du propos est indéniable. L'impression dominante est négative : c'est  éprouvant, frustrant,  plein de rêves et de cauchemars, parfois  bien rendus. Évidemment, pour un premier roman, c'est  prometteur !

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21 octobre 2018 7 21 /10 /octobre /2018 19:38

 

 

200 pages, 2017.

Titre  original : The Risen

 

Une fille nue apparaît près d’une rivière et elle plonge ; deux frères qui pêchaient la truite, l’ont aperçue. Et veulent la revoir, ce qui sera assez facile.

Ils auront l’occasion de s’amuser un peu, pour la première fois d’une vie dominée par le grand-père , tyran domestique, qui les élève avec beaucoup de sévérité, et sans craindre le recours à l’illégalité.

Bien plus tard, la soixantaine arrivée, le corps de l’ondine est retrouvé, émergeant de la rivière. Le frère aîné est devenu chirurgien comme son grand-père le voulait ; l’autre frère se noie dans l’alcool, depuis ce fatidique été, où « Ligeia » est repartie pour sa Floride natale ; c’est du moins ce que disait Bill, mais de toute évidence, il mentait… Eugene veut savoir la vérité.

le personnage d’Eugène  m’a lassée, car il est veule et sans aspérité ; toute une vie à se noyer dans l’alcool, puis à la découverte du cadavre, il contraint son frère à lui révéler quelque chose de plus … mais cela ne le rend pas plus attrayant.

Le sujet du livre n’est pas cette amourette de jeunesse mais comment l’infâme tyran qu’est le grand-père mène son monde grâce au chantage et à l’argent, et intimide toute la contrée. Un abominable personnage… !

L'écriture de Ron Rash est toujours belle mais  ce récit m'a laissée dubitative, je le trouve plutôt quelconque par rapport à ses précédents romans.

 

De lui, il me reste à lire "Incandescences" un recueil de nouvelles, et Serena...

 

 

 

 

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3 octobre 2018 3 03 /10 /octobre /2018 10:10

 

 

 

Quai Voltaire, 528 pages.

Connecticut, environ de Chosen, sur la côte, une ferme isolée.

Février 1979. George Clare se présente chez ses voisins les plus proches pour dire qu’il a retrouvé sa femme assassinée dans son lit, d’un coup de hache. Un carreau a été brisé au ré-de –chaussée.

Le couple vivait là depuis le mois d’août précédent avec leur petite fille Franny. Celle-ci devait dormir au moment du drame. Elle ne semble pas avoir vu quelque chose. George était à l’université, donnant ses cours d’histoire de l’art.

Le shérif Lawton pense que George est coupable, et c’est loin d’être une opinion isolée. Le couple en s’entendait pas, George était brutal, imprévisible. Il avait eu une très jeune maîtresse, Willis, qui en sait long sur son passé, mais elle ne va pas pouvoir parler… et du coup,  on n’a aucune preuve.

De nombreux flash back nous ramènent en arrière : notamment lorsque la vieille ferme appartenait à la famille Hale : en faillite, ils se sont suicidés ( ou le mari a entraîné sa femme dans la mort sans qu’elle s’en doute, pour le lecteur ce serait plutôt ça ), laissant trois garçons de 12 à 18 ans. Depuis , la maison est tenue pour maudite et même hantée. Le fantôme de la femme erre dans ces lieux . La nouvelle maîtresse de maison sent sa présence et même la voit une ou deux fois. D’autres personnes sont conscientes d’une entité invisible.   

La femme assassinée Catherine, et George son époux sont les personnages principaux ; un couple très mal assorti, marié à cause de la grossesse surprise de Catherine. Celle-ci est très croyante, éprise de spiritualité, et son mari s’en exaspère. D’autres personnages sont développés : deux des fils Hale,  Cole qui venait garder la fillette, et Eddy son frère aîné qu’on employait à rénover la ferme. Willis une très jeune fille déprimée, serveuse dans l’auberge la plus proche, amie d’Eddy et maîtresse de George ; un couple de hippies d’âge mûr,  Bram et Justine qui exploitent une autre ferme avec sérieux. Les Lawton, lui, shérif et elle agente immobilière. Le chef du département de l’université qui emploie George : un homme qui apprécie Swedenborg et donc s’adonne à l’occultisme ; George faisait une thèse sur George Innes, un peintre de paysage de l’école d’Hudson.

Petit à petit se dévoile une partie du tempérament et des méfaits de George, mais on ne saura jamais tout. Le roman est bien construit, certaines descriptions sont  fortes.

Le roman est imprégné de  l’aspiration à la spiritualité, passant par la contemplation de la beauté : l’auteur est probablement adepte elle aussi des thèses de Swedenborg ; cela se sent. Cette atmosphère et cette idéologie m’ont gênée.  Trop de contemplation, et aussi, il faut le dire un certain manichéisme.

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24 septembre 2018 1 24 /09 /septembre /2018 11:37

 

Rivages, 2016, 470 pages

Je l’avais noté, il y a au moins deux ans, et trouvé à la bibliothèque par hasard . C’est un roman d’anticipation post-apocalyptique, un genre qui se développe beaucoup ses temps-ci, avec des particularités différentes de la science fiction  traditionnelle.

Donc, une maladie épidémique foudroyante tue la population ( mondiale ?) en peu de temps. Il va rester très peu de survivants qui vont survivre dans des conditions précaires. L’action débute à  Toronto avec les décès sur scène, d’Arthur qui interprétait le Roi Lear …

Nous allons voir évoluer  trois de ces survivants, au moment critique, et dans les vingt ans qui vont suivre. Une petite fille, figurante dans le Roi Lear, au moment des faits ; un homme de 50 ans,  coincé avec d’autres dans un aéroport ; un homme de 30 ans environ, secouriste, qui s’est terré avec son frère dans son appartement,  et une montagne de provisions qui ne peuvent durer bien longtemps, va devoir sortir...

Devenue grande, la fillette fait partie d’une troupe de comédiens musiciens nomades qui survit en donnant des spectacles lorsqu’ils trouvent un groupe de survivants : cet aspect du roman est fort séduisant ! j’ai pensé au Septième Sceau de Bergmann ( une troupe de forains itinérant dans un Moyen âge troublé ) Certes l’ambiance du roman n’est pas du Bergmann ! ni shakespearienne non plus... Pourtant, ces trois parties, avec les destins différents des trois survivants sont suffisamment bien racontées pour emporter le lecteur. Mais il y a un gros bémol : une quatrième partie (en alternance) qui narre la vie et les amours de l’acteur  mort au début. Cette partie n’apporte rien au roman, elle se situe avant les faits et, en plus n’est pas intéressante ! Le lecteur que je suis a très vite  lâché  cette partie, (il est facile de la zapper) et donc j’ai "évité" 150 pages sur les 470  du roman. Quant à la BD qui donne son nom au  titre, on en parle trop aussi…  donc 170 pages en trop ; reste 300 pages tout à  fait estimables…

 

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13 juillet 2018 5 13 /07 /juillet /2018 19:57

 

 

Recueil de nouvelles, se déroulant en  1988, dans des lieux divers , au nord est des States ; kes personnages sont des  célibataires de 30 à 40 ans, que l'on veut "caser" et qui ne se laissent pas faire... Des intrigues secondaires viennent se mêler habilement à ce scénario.

Vissi d’arte : voici Harry, dramaturge en herbe depuis quatre ans, endurant son existence  dans un quartier misérable de New York «  près de Times Square au-dessus d’un  peep show minable qui vendait des filles à 25 cents ». Sa rupture avec Breckie son amie qui va habiter à l’ouest un appartement plus confortable , ses refus arrogants de besognes alimentaires comme écrire des  articles dans les journaux locaux, sauf lorsqu’il n’a plus un sou, ses rêveries chimériques à propos de sa grande pièce de théâtre en gestation, sa solitude de plus en plus intense… ses illusions…

Joie : Jane une femme qui travaille dans une fromagerie, et va porter son chat chez le vétérinaire.

Elle chante tout le temps, des airs sentimentaux et n’a pour fréquentation que l’autre employée de fromagerie.

Et en plus, vous êtes moche :c'est une tranche de vie, de Zoé Hendricks professeur  d’histoire dans une petite faculté  de l’Illinois.

Cette histoire est de loin la plus cruelle : Zoé a une personnalité complexe, pathologique ; elle raconte des plaisanteries au sens obscur,  dont elle rit beaucoup, a l’habitude de sortir des répliques de mauvais goût à tout le monde (sauf sa sœur) d'un ton enjoué,  et tourne tout en dérision, y compris sa santé ( elle refoule son sentiment d’avoir un problème sérieux …) 

Nous la voyons se mentir à elle- même ; malgré tout, sa sœur  l’invite à une soirée d’Halloween pour lui présenter un homme :

 Elle est  déguisée en os à moelle, et le prétendant en « femme nue, avec un tampon Jex collé à ‘l’endroit stratégique sur son body, et de grands seins en plastique , qui dépassaient comme des jambons »

Est-ce  parti pour le grand amour?...

Le chasseur juif : là aussi une célibataire frisant la quarantaine accepte de rencontrer un homme avec qui on veut la caser. Tout de suite, ils ne s’entendent pas mais font semblant… il lui passe des films sur l’holocauste  tous les soirs (toute sa famille a été déportée) et elle trouve contradictoire qu’il aime chasser … en outre il y a le conflit lui ruralité / Elle urbaine depuis toujours ; elle littéraire, lui pas du tout…

Ce sont là les meilleures mais les autres se lisent bien aussi ; un recueil de grande qualité. Maître de l'humour noir, de l'ironie, des situations cocasses, ne reculant pas devant un certain hyperréalisme, et sachant présenter ses personnages de telle façon qu'on s'interroge sur eux, telle est Lorrie Moore. Je n'ai qu'une envie: la lire encore!

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18 juin 2018 1 18 /06 /juin /2018 12:04

 

Page à page, 190 pages.

J’ai été un peu surprise que Véronique Ovaldé signe la préface de ce livre, je m’en étonne moins au lu du contenu.

Plusieurs de ces nouvelles appartiennent au genre fantastique, ou plutôt s’en réclament, mais ce fantastique là pour moi c’est du grand n’importe quoi : Notre père,  la maîtresse de quelqu’un l’épouse de quelqu’un, la virée, la saisie, la barge, tu va mourir, vieil homme disparu, les prisonniers » … je n’ai pas du tout accroché, le surnaturel survient trop vite, l’atmosphère ne s’installe pas, elle est déjà là au début de la lecture, et ce n’est pas vraiment  une atmosphère, c’est une suite de saynètes qui semblent écrites au fil de la plume… même si ce n’est sûrement pas vrai, c’est l’impression que ça me laisse. Les autres nouvelles ( Mona, Melody, ça doit être comme ça en enfer, si un inconnu vous aborde… » appartiennent à un genre proche du réalisme, elle sont assez bien écrites, fourmillent de métaphores suffisamment inventives pour rendre une certaine réalité mentale, mais je ne les trouve pas tellement convaincantes pour autant.

 De cette auteure , j’aime les romans, en principe ( quoique le tout premier Suspicious River m’ait agacée) et certains tel « Esprit d’hiver » m’ont fait grand effet, mais ces nouvelles ne me plaisent pas. Dans le second récit «  Melody » bien construit, autour de quelques leitmotivs, tel le bourdonnement des câbles électriques, la petite fille aimée et mal acceptée, le rapport ambivalent aux femmes, et les retours au passé, il manque toutefois un rythme : la colère du narrateur est d’intensité égale du début à la fin, sans progression, ni palier ni chute , comme un ligne mélodique lisse, même si de haute tension, ou un encéphalogramme presque plat ( voilà que je cherche des métaphores surprenantes moi aussi !) ce n’est pas mélodique ( et ça s’intitule Melody… !) et son propos est répétitif aussi, à ce monsieur… pourtant cette nouvelle est sans doute la meilleure (ou la moins mauvaise).  

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10 juin 2018 7 10 /06 /juin /2018 12:27

L’Olivier, 2017 ( The Fates and Furies)

Ce gros roman touffu relate le vécu d’un couple sur les quelques vingt cinq ans qu’ils ont enduré ensemble, sans se lasser l’un de l’autre, et sans enfants pour faire diversion. C’est une réussite, et cela mérite un récit. Dans la première partie, nous avons le point de vue de Lotto ( Lancelot) né en Floride , d’un père riche, qui a su exploiter des sources sur ses terres pour la vendre en bouteilles, et d’une mère extrêmement possessive… à 16 ans, on l’envoie dans une pension bien cotée du New Hamshire pour le séparer de ses copains délinquants du sud. Quelques années plus tard, il rencontre Malthide ,ils se plaisent et se marient presque aussitôt. Lotto veut devenir comédien ,il rêve de jouer du Shakespeare, mais c’est comme dramaturge qu’il s’accomplira. Mathilde, semble discrète à ses côtés, d’abord employée à divers travaux mal payés, elle devient « épouse » à plein temps lorsque Lotto commence à réussir. C’est un couple à l’ancienne, mais bien équilibré, non seulement ils se plaisent sur le long terme, mais ils ont des échanges intellectuels. Autour d’eux gravite une petite cour d’amis plus ou moins fidèles, et Rachel la sœur de Lotto.

Dans une seconde partie, nous sauront la vie difficile de Mathilde avant qu’elle ne rencontre son mari  qui ne l’a jamais tellement interrogée sur son passé : il ne voulait rien savoir, et faisait en somme comme si elle était apparue sur terre le jour où il avait posé les yeux sur elle, comme s’il l’avait conçue …attitude typiquement masculine ! mais Mathilde résiste et existe , en particulier, en lui refusant d’avoir des enfants.

Agréable au début, le récit devient ennuyeux aux deux tiers et j’ai eu  du mal à le terminer… dommage pour Mathilde !

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