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19 décembre 2015 6 19 /12 /décembre /2015 22:10
Tracy Chevalier la Dernière captive ****

The Last Runaway, 2013, 395 pages.

1850 : deux sœurs Grace et Honor, de confession Quaker, quittent leur Dorset natal pour une traversée de l’Atlantique devant les mener à Hudson puis de là dans une ferme de l’Ohio. Grace va y rejoindre un homme de sa connaissance Adam Cox qui s’est expatrié là –bas. Elle l’y épousera. Il est plus âgé qu’elle, mais l’Amérique la fait rêver. Honor, quant à elle, quitte le pays à cause de son ami Samuel qui a rompu leurs fiançailles et quitté la communauté quaker pour une femme.

A peine arrivées, Grace contracte la malaria et meurt rapidement. C’est seule que Honor, timide et taciturne, se fait conduire jusque à Faithwell où demeure Adam Cox ; avant cela elle aura passé quelques jours à Wellington dans le magasin de mode de Belle Mills, une femme chaleureuse, spirituelle, qui boit trop et semble atteinte de jaunisse. Honor y montre ses talents de couturière ; elle réalise les plus beaux quilts (courtepointe ; ou encore « édredon « comme disent les américains…) qui soient. Elle fait aussi connaissance de Donovan, le frère de Belle, grand buveur aussi et chasseur d’esclaves.

Bienqu’Honor déteste ce genre d’homme elle est attirée physiquement par lui et c’est réciproque.

Chez les Cox, Adam vit seule avec sa belle-sœur Abigaïl, récemment veuve. Honor n’est pas très bien accueillie ; Abigaïl surtout lui rend la vie difficile.

Dans le magasin d’Adam à Oberlin, elle rencontre Jack Haymayer : quaker également, il travaille bien dans une ferme prospère et bien tenue, ne boit pas, n’est pas violent, encore jeune, suffisamment bien de sa personne… dans sa situation Honor ne peut que trouver un mari…

Un roman historique, bien conçu, écrit agréablement, qui renseigne sur une époque et des pratiques qu’on connaît peu : le quakerisme au 19 eme siècle, les mœurs américaines dans l’Ohio à la même époque chez les fermiers, la fabrication des chapeaux et des quilts, la situations des esclaves, au travers de personnages vivants et bien campés. Le romanesque est présent mais pas trop envahissant ; les héros sont attachants, ni antipathiques ni exceptionnels, on les suit volontiers. L’auteur a su éviter le sentimentalisme. On n’est pas dans ce roman d’une beauté renversante, on a du désir mais on n’est pas follement amoureux, bref si l’intrigue et les personnages sont simples, le manichéisme est absent.

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25 novembre 2015 3 25 /11 /novembre /2015 10:17
Julia Courtney-Sullivan les Débutantes ****

Titre original : Commencements ; 2009

2012 éditions rue Fromentin, 517 pages

Université Smith début des années 2000

Roman d’apprentissage de quatre filles de 18 ans qui viennent d’emménager à Smith une université américaine féminine du Nord.

Celia étudie la littérature pour devenir romancière, boit pas mal collectionne les coucheries d’une nuit ; Bree est une future avocate ; elle vient d’Atlanta et est déjà fiancée. Sally vient d’enterrer sa mère, et apprend la biologie espérant faire médecine après la fac ; April les sciences sociales pour travailler dans l’humanitaire. Végétalienne et féministe, elle s’occupe déjà de plusieurs associations pour venir en aide aux femmes maltraitées.

Côté sentimental, Sally la scientifique va avoir une relation assez suivie avec un prof…de poésie ; Celia n'a que des déboires. Bree fréquente une fille et sa famille ne veut pas le savoir. April travaille pour payer ses études ; elle aide Ronnie une féministe pure et dure à réaliser des films documentaires sur les abus sexuels faits aux femmes. Le job est dangereux.

Les 4 filles sont très liées les unes aux autres et les études achevées, le groupe se reforme en cas de crise… c’est admirable !

Elles sont également très attachées à leurs familles, à leurs mère surtout, April mise à part.

C’est un roman de mœurs agréable à lire. Pour les histoires d’amour l’auteur a su éviter les pièges de la sentimentalité facile et de la trop grande naïveté. Le côté préoccupations sociales est sérieusement traité. On s’attache aux jeunes filles. Pas de la littérature à proprement parler mais un récit intéressant, et bien mené.

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8 septembre 2015 2 08 /09 /septembre /2015 09:36
Russell Banks Un Membre permanent de la famille ***

Recueil de douze nouvelles brèves.

Me plaît la nouvelle « Blue » et je ne risque pas d’oublier cette femme noire poursuivie par un ignoble pitbull, et qui se réfugie sur une toit de voiture à vendre, et ameute tout le quartier : tout le monde vient voir le… spectacle et nul ne lui porte secours ! Cette nouvelle est bouleversante, parfaite même.

J’ai aussi adoré celle de la veuve qui se découvre joyeuse ( « Oiseaux des neiges »)et entraîne son amie venue la consoler dans la danse, très réussie également aussi gaie et ironique que Blue est sinistre.

Moins réussies mais valant le déplacement « A la recherche de Veronica » récit d’une femme plongée dans la confusion, et « Fête de noël », mettant en scène Harold invité par son ex-épouse qui a brillamment refait sa vie, alors que lui ne s’en sort pas…

Les autres nouvelles ne m’ont fait ni chaud ni froid. C’est dans l’ensemble une déception : j’avais aimé « l’Ange sur le toit » bien davantage…ici les récits retenus ne sont pas très bien choisis. Le recueil s’avère très inégal …

Et il y a trop de chiens ! Mis à part le pitbull de « Blue », ce sont de bons chiens... j’avoue, je n’aime pas les chiens ; les méchants me font peur et les bons m’énervent car ils sont trop collants.

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27 août 2015 4 27 /08 /août /2015 18:23

(The Dead Heart 1994)

Belfond 2008 265 pages

Le plus célèbre roman de l’auteur, et son premier.

L’histoire est bien connue, celle d’un homme de trente ans, malcontent de son job de journaliste dans une feuille de chou bostonienne. Il va tenter sa chance en Australie, part à l’aventure, rencontre à l’orée du désert une fille grande musclée et pas vilaine, qui lui fait du rentre-dedans ; sans méfiance, l’homme profite de cette liaison qu’il voudrait courte… il se réveille dans une communauté de 50 personnes plus ou moins retournés à l’état sauvage, alcooliques, dans des lieux insalubres : c’est la famille de la jeune femme ! prisonnier, drogué, contraint de travailler… et de procréer, le bonhomme n’en mène pas large. La communauté d’abrutis est tenue serrée par une poignée de despotes parmi lesquels le terrible père d’Angie....

C’est sûrement son meilleur livre! Outre l'intrigue excellente et bien développée, L’oralité crue est travaillée, bien rendue, et quelques néologismes bienvenus. L’ironie et l’humour y sont très noirs, les personnages tout à fait crédibles. On n’y déplore aucun temps mort et pas de sentimentalisme (comme ce sera souvent le cas dans les romans suivants...) ! Je suis presque réconciliée avec Douglas Kennedy.

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17 août 2015 1 17 /08 /août /2015 17:32
Iegor Gran La Revanche de Kevin***

POL, 2015, 189 pages

Un jeune homme, Kevin H. est complexé par son prénom qui semble-t-il est synonyme de médiocrité, basse extraction sociale, QI faible…

Il a tout de même réussi à être commercial et à vendre de l’espace publicitaire à la Radio. Il n’aime pas ses collègues animateurs, qui se prennent pour des gens intellectuels et cultivés et sont en fait prétentieux cupides et vulgaires. Ses collègues le méprisent et le tiennent pour la dernière roue du carrosse.

Kevin, au Salon du Livre se fait passer pour un lecteur de manuscrits appartenant à « la grande Maison ». Il feint de s’intéresser au texte de François –René Pradel, auteur publié dans des maisons honorables, mais n’obtenant qu’un succès d’estime. Bien sût Kevin se trouve un autre nom : Alexandre Janus-Smith. Janus parce qu’il a deux têtes, Alexandre parce que c’est tout un empire, Smith pour le contraste et le trait d’union. Très bon pseudo ! Belle faconde aussi, car Pradel le prend au sérieux. A travers une série d’échanges de mails, il parvient à lui faire croire que le comité de lecture de la Grande Maison s’intéresse à son texte et veut le lancer ! Bien sûr le poisson ferré Janus –Smith disparaît…

Pradel n’est pas sa première victime.

Mais ce nouveau succès, va donner à Kevin du fil à retordre …

Nous avons là une énième satire féroce des milieux de l’édition, et de la radio. L’auteur recherche la formule qui gifle, la métaphore rare, l’énoncé brillant ; la première partie m’a plu.

Pourtant, vers la page 70 (bien avant la 99, donc…) j’ai commencé à m’irriter des nombreux effets de manche que recèle le texte. Non que ce soit de l’humour facile… les phrases je l’ai dit sont plutôt recherchées et témoignent d’un vrai travail de style. Mais cette histoire sombre dans la dérision totale, et à cultiver la dérision, on peut tomber dans le dérisoire. Le fait est que rien n’est à sauver dans ce monde-là ! Tous pourris, tous vains, Kevin y compris. Le seul personnage que l’auteur semble apprécier c’est la maman de Charlotte. Pourtant ce personnage frise la caricature à cause de la surcharge stylistique.

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7 juillet 2015 2 07 /07 /juillet /2015 21:13
Gail Godwin Flora ***+

Joëlle Losfeld 2014, 275 pages.

Cette auteure a écrit de nombreux romans, celui-ci est le premier traduit en français. Peut-être n’y en aura-t-il pas d’autres ; car je ne crois pas qu’il a ait été très lu ou très apprécié.

Il s’agit des relations entre Helen, petite fille de bientôt onze ans, et de sa tante Flora, 22 ans, chargée de la garder pendant trois semaines en juin , tout juillet et deux semaines en août 1945 ; Le père d’Helen, directeur de lycée, a accepté une mission particulière, en rapport avec la guerre contre les Japonais. On devine de quoi il s’agit, même si on ne sait pas quel est le le rôle joué par ce monsieur.

Helen a perdu sa mère ( la cousine de Flora) très jeune, et vient de perdre sa grand-mère, sa chère Nonnie, qui l’avait élevée.

Les deux protagonistes vivent dans la maison qu’occupait la grand-mère et qui servait de maison de repos à des convalescents autrefois. Helen n’a pas connu cette période mais elle la met en scène inlassablement.

Nous sommes en Caroline du nord. Helen est une fillette rêveuse, pleine d’imagination, mais aussi sarcastique, et orgueilleuse ; elle se juge supérieure à Flora : Flora vient d’Alabama, vivait dans une famille de fermiers, n’a pas appris les bonnes manières, vit et pense d’une façon simple. Elle espère pourtant devenir institutrice. Ce qui complique l’affaire c’est que Flora n’a pas confiance en elle, et se conduit comme si la fillette qu’elle garde avait des choses à lui apprendre…

Helen est cependant jalouse de Flora, car sa chère grand-mère a longtemps correspondu avec elle, et garde les lettres comme un trésor plein de sagesse de conseils et d’affection. Qu’est-ce donc que Nonnie pouvait bien trouver à Flora ? Helen subtilise une lettre puis une autre pour tenter de savoir.

Le conflit entre les deux filles la jeune femme et la préado, s’intensifie lorsque le garçon qui vient leur livrer les courses, un soldat démobilisé, commence à plaire aux deux (pas de la même façon bien sûr ! toutefois la gamine est amoureuse elle aussi…).

Cette histoire se lit bien, est astucieusement agencée, les petits rôles sont finement distribués. Pour autant nous n’avons pas un chef d’œuvre, certaines parties sont un peu longuettes. Le caractère un peu trop lisse de Flora ne rend pas le conflit aussi intéressant qu’on voudrait…

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10 juin 2015 3 10 /06 /juin /2015 18:52
Ron Rash Une terre d’ombre ****+

Seuil, 2012 (titre original The Cove)

Cela commence un peu comme dans « Un pied au paradis » : un ingénieur vient dans une ville, curieusement appelée Mars Hill, en Caroline du nord, annoncer aux habitants que la municipalité a l’intention de noyer le vallon à proximité pour en faire un lac artificiel ; mais, surprise, les gens sont contents ! Dans ce vallon, à présent inhabité, il n’est arrivé que des malheurs…

Nous sommes ramenés quarante ans auparavant, à la fin de la Grande Guerre : Laurel Shelton est une jeune femme courageuse et déterminée, que la population dans son ensemble évite, exclut du groupe, et craint (ou feint de craindre) à cause de sa tache de naissance ; notez que cette tache n’est même pas sur le visage ! Ces gens l’ont prise comme bouc émissaire… elle vit dans la propriété que ses parents achetèrent autrefois dans le fameux vallon presque toujours sombre, entouré de bois, avec Hank son frère, qui a perdu une main en Europe dans les tranchées. Un homme assez âgé Slidell leur voisin, les aide et les apprécie .

A Mars Hill, seule l’institutrice Mlle Calicut, une jeune fille nommée Marcie, quelques rares autres villageois, acceptent de parler à Laurel, et l’estiment.

Laurel a repéré un vagabond qui campe près du vallon à proximité de la rivière ; elle s’occupe de lui lorsqu’il est en détresse, le recueille. Il va aider Hank à la ferme ; ce jeune homme possède une flûte en argent ( un vrai instrument de concert dont il joue parfaitement car ce fut son métier). Il ne parle pas et possède un bout de papier où il est écrit « Walter Smith ne peut plus parler à cause d’une maladie dans l’enfance il a besoin de partir pour New-York »

Le lecteur apprend vite le secret du joueur de flûte, Laurel aussi, un peu plus tard, et cela renforce leurs liens qui vont au-delà de l’amitié. Ils projettent de fuir à la fin de la guerre. En attendant, il faut se cacher…

On nous montre la grande bêtise et la méchanceté des gens du village ; notamment Chauncey un bureaucrate lâche et avide de gloire qui tremble en tenant un fusil ; une bande de violeurs, avec à leur tête l’infâme Judd Parton, qui s’en prirent à Laurel.

Les villageois prennent comme victimes de simples citoyens d’origine allemande, qualifiés de boches, d’espions par leurs voisins lesquels savent très bien qu’ils n’ont rien à se reprocher ; tout comme ils savent que Laurel n’est pas une sorcière ! Simplement, ils débordent de haine !

Les gens de Mars Hill sont très dangereux et vont le prouver au-delà des craintes du lecteur. D’autres le sont un peu moins mais dans l’ensemble cette humanité est très sombre (comme le vallon privé de lumière). Ce roman est fort bien composé comme toujours chez cet auteur, une écriture précise et agréable à lire, on ressent les beautés de la nature la plus rude et la plus désolée, l’échantillon d’humanité montré ici est lamentable, et le propos est plus pessimiste que jamais dirait-t-on.

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27 mai 2015 3 27 /05 /mai /2015 10:28
Raymond Carver Tais-toi je t’en prie ****

Œuvres complètes T. 3

Ces nouvelles précèdent le recueil que je connaissais « les Vitamines du bonheur » ; il s’y trouve au moins trois nouvelles que J’avais déjà lues : « Obèse » ; « Voisins de palier « et « En voilà une idée ».

Parmi les autres, j’ai particulièrement aimé « La Peau du personnage ». Myers un écrivain en panne d’inspiration et sa femme Paula se rendent chez les Morgan, un couple dont ils avaient loué l’appartement lorsque ces derniers étaient en Allemagne. Les Morgan n’avaient pas apprécié la façon dont on avait traité leur appartement. Pourtant vers Noël lorsque les Myers viennent les voir, ils semblent faire un effort pour se rendre agréable. Toutefois Mr Morgan est vraiment caractériel n’a rien oublié de ses griefs et cherche à se venger.

L’auteur sait composer une histoire intéressante courte avec trois fois rien d’intrigue, quelquefois c'est à peine une anecdote! : un homme qui regarde sa femme servante travailler dans une cafétéria : il se rend compte que les voisins parlent d’elle en termes peu élogieux la trouvant trop charnue. Aussitôt il force son épouse à perdre du poids, en fait une obsession, achète une pèse-personne, la force à se peser tous les jours, lui interdit la nourriture. On voit que c’est le regard des autres hommes qui l’insupporte et détermine le sien. « (Ils t’ont pas épousée »)

« Et ça qu’est-ce tu en dis ? » montre un couple dont le mari veut s’installer à la campagne ; sa femme et lui ont hérité d’une maison où sa femme avait passé son enfance ; grosse désillusion : la maison une vraie bicoque ne correspond pas une seconde à ce qu’il avait imaginé…

« Personne disait rien » : un garçon de dix douze ans dont les parents s’invectivent très fort ; il ne sait pas à propos de quoi, mais craint le pire… le jour suivant il reste à la maison prétextant la maladie, s’ennuie, va pêcher des poissons dont il est très fiers ( le lecteur lui pense d’après la description qu’ils sont à moitié crevés…)

« Jerry et Molly et Sam » : un homme alcoolique mais pas au dernier degré a décidé de se débarrasser de Molly, la petite chienne de ses deux enfants qu’il trouve absolument insupportable ; après s’être donné beaucoup de mal pour la perdre dans un quartier éloigné, devant le grand chagrin des enfants, il repart la rechercher

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23 mai 2015 6 23 /05 /mai /2015 10:36
Aucun homme ni dieu Wiliam Giraldi ****

Autrement, 2015 ( Hold in the Dark, 2014), 309 pages.

Voici un roman que je n'aurais pas lu ( quoique le titre soit attrayant...) si je n'avais pas constaté l'intérêt qu'il a suscité chez les blogueurs!

Nous sommes dans le village de Keelut, dans le Denali (montagnes en Alaska) et c’est l’hiver.

Des loups sont descendus au village de Keelut, et ont dévoré plusieurs enfants. Superstitieux les habitants croient qu’il s’agit d’un mauvais sort. Russell Core écrivain spécialiste des loups, qui les a souvent observés, reçoit une lettre d’une villageoise, Medora : son petit garçon a lui aussi été victime des loups et elle veut que l’écrivain l’aide à abattre le (ou les ) animaux responsables, et retrouver son corps.

Corelui répond se rend au village, lui signifie qu’elle n’est pas maudite ; les loups ne s’attaquent aux hommes que s’ils ont faim (ou peur… comme tous les animaux d’ailleurs).

Après une nuit passée auprès de cette jeune femme, il part observer la meute sans envie de tuer. Fasciné par les loups il doit même lutter contre une envie de se faire dévorer par eux.

De retour au village, Medora s’est enfuie, et Core est mis en présence d’une tragédie dans laquelle le loup ne joue de rôle que totémique. Il existe des masques de loup qui apparemment transforment ceux qui les portent en justiciers redoutables ! Pourtant, les flics sont appelés, et le mari de Medora, Vernon, revient d’Afghanistan où il faisait la guerre (seul moyen pour gagner sa vie…)

On comprend très vite pourquoi la petite famille Slone était « maudite » ; s’en suit une course-poursuite sanglante ; Vernon cherche sa femme et détruit tout sur son passage. Et un carnage de flic ; le chef du village Cheeon qui a perdu femme et enfant et n’a plus de travail est prêt à en découdre lui aussi.

L’écriture est d’excellente tenue ; l’histoire intéresse : les conditions de vie des villageois du Denali ( fin fond de l’Alaska) sont bien rendues. Leurs superstitions et leur haine d’être abandonnés dans des conditions de vie précaire, aussi. Les paysages sont beaux. Nous avons là un roman d’aventures bien fait qu’on ne lâche pas.

Le message manque évidemment de subtilité : les personnages et les loups sont un peu naïvement idéalisés par l’auteur. Pourtant, j’aime bien la façon dont cela se termine….

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22 décembre 2014 1 22 /12 /décembre /2014 19:19

(Sandrine’s Case, 2013) Seuil-Policiers, 2014, 385 pages.

Ce roman relate le procès de Samuel Madison, accusé d’avoir tué sa femme Sandrine. Les différentes phases de ce procès, et les pensées et réminiscences de l’accusé nous sont présentées en alternance, ainsi que ses contacts avec plusieurs personnes proches de lui ( son avocat, sa fille, son ex-maîtresse en particulier), pendant ces dix jours de procédure.

Sandrine a été trouvée morte dans son lit. L’autopsie a montré qu’elle avait absorbé des analgésiques puissants mélangés à de la vodka. Un suicide, selon toute vraisemblance. Elle n’avait que 46 ans, mais souffrait d’une grave maladie neurologique, et, quoique encore valide, n’avait plus rien à attendre de l’existence qu’une rapide dégénérescence musculaire menant à la mort quelques années plus tard. Une raison sérieuse de se suicider.

Pourquoi donc Samuel est-il sur le banc des accusés ?

Au cours de ces journées, Sam revit les étapes de sa vie commune avec Sandrine. La nature de leur lien n’est pas tout à fait claire. Et leurs différends, semblent multiples et complexes.

Il y a vingt ans, Sandrine et Sam, alors amants, ont effectué un voyage en Méditerranée « d’Athènes à Albi » : c’est là que Sandrine a demandé Sam en mariage. Elle en était amoureuse, il s’est laissé aimer et persuader qu’il l’aimait en retour. Ils n’avaient pas les mêmes aspirations...

Juste avant son suicide, Sandrine s’était violemment querellé avec Sam et l’avait traité de » sociopathe » entre autres. Le procès fait apparaître qu’elle s’était confiée à plusieurs personnes, disant que son mari la délaissait et souhaitait qu’elle meure rapidement.

Il apparaît que tout le récit repose sur le sentiment de culpabilité. Celui que Samuel devrait ressentir et qu’il se reproche de ne pas éprouver, pour ensuite en être copieusement submergé. Il dit à un moment, se sentir comme dans le Procès de Kafka, ce qui n’est pas faux : il n’y a aucune preuve matérielle qu’il ait tué sa femme, pas davantage qu’elle ait été assassinée, et ce procès, logiquement, ne devrait pas avoir lieu.

A la moitié du récit, j’ai commencé à tiquer, ne voyant pas où l’auteur voulait en venir. Que signifie le fait que Sandrine ait décidé qu’elle aimait sérieusement Sam, parce que « c’était un homme bon » ? Est-ce qu’on est amoureux pour de telles raisons ? A mesure que le procès avance, on voit que Sam est accusé d’avoir perdu « sa bonté, sa tendresse » , de n’avoir pas su se comporter envers sa femme, dépressive à cause de sa maladie, de n’avoir pas su renoncer à ses idéaux d’écriture ( alors qu’elle n’avait pas renoncé non plus à son rêve d’ouvrir une école), d’avoir souhaité qu’elle meure ( ce n’est pas un saint, d’accord !) ; bref, un couple qui ne s’entend plus, qui ne s’est jamais très bien entendu, et qu’une maladie mortelle précipite dans la tragédie.

Je ne vois pas que Sam soit plus coupable que Sandrine ; avant sa maladie même, elle semble avoir été psychorigide comme on dit maintenant (et lui de même !). La fin ne me plaît pas.

Un récit qui au fil de la lecture devient moralisateur, une fin édifiante !

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