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29 avril 2013 1 29 /04 /avril /2013 23:41

 crépuscule irlandais

 

 

 

Sabine Wespieser, 2006, 442 pages.

 

Le récit  s’articule autour de deux personnages : la mère et la fille ; et témoigne de leur fort attachement l’une pour l’autre ; toutefois elles  ne peuvent se le communiquer.  

Dilly a 78 ans au début des années 70, vit dans la campagne irlandaise, d’une exploitation qu’elle et son mari n’arrivent plus à tenir. Cornelius est un bon à rien, ancien alcoolique et complètement attardé en comparaison de son épouse.

Hospitalisée, la vieille dame soupçonne n’en avoir plus pour longtemps. Elle revit son histoire prenant pour confidente une infirmière devenue amie, et attend la visite de sa fille Eleonora, écrivain, vivant à l’étranger, divorcée avec deux enfants,  dont la notoriété n’est pas passée inaperçue dans le village. Cette population de paysans empêtrés dans la superstition et la religion prise au premier degré, dénigre beaucoup sa fille. Dilly, elle,  n’a que sa fille à aimer. Son fils est comme le père, cupide, violent ,sans la moindre humanité.

Le récit est pris en charge tantôt par Dilly tantôt par Eleonora.

Dilly vit ses derniers jours à la maison et son hospitalisation. Les chapitres où elle raconte sa vie passée sont à la première personne.  Ses espoirs l'ont menée très jeune aux Etats Unis où elle espérait une vie meilleure…. D’autres récits d’elle (peut-être les plus nombreux) consistent en longues lettres qu’elle écrit à sa fille, et que souvent, elle n’envoie pas.

Ces lettres sont originales et on peut les préférer aux autres récits : la narratrice s’y exprime à bâtons rompus, passant d’un sujet à l’autre, sans démarrer pour autant un nouveau paragraphe. Des soucis domestiques( élevage des animaux, problèmes de climats, appareils qui fonctionnent mal) voisinent avec son ressenti sur pleins de choses, sa santé bien mauvaise… et  des considérations sur les envois d’Eleonora, et ce qu’elle en fait : on se rend compte que la fille, à l’aise financièrement, aide beaucoup sa mère, mais reste chiche de sa présence à ses côtés.

Enfin le reste du récit nous livre le point de vue de Leonora : ces chapitres , où le récit va de la troisième à la première personne, s’intitulent scènes de la vie conjugale : avant de s’émanciper, Leonora a subi un mari …nous avons aussi un fragment du journal intime de Leonora,des lettres de la fille  à sa mère, qu’elle n’envoya pas plus que Dilly ne lui envoyait les siennes. On sent qu’elles les écrivaient chacune pour leur propre compte, sous le prétexte de s’adresser à l’autre.

La narration est donc variée, relativement complexe, et le style très travaillé, foisonne de belles descriptions et de formulations élaborées. De citations aussi, de la part de Leonora passionnée de littérature.

Ce qu’on aime particulièrement ce sont ces lettres dont je parlais, non envoyées… J’aurais préféré un récit uniquement constitué de ces lettres. Mais il eût été difficile d’y faire passer toute l’intrigue !

Par ailleurs la conclusion n’est guère originale : il s’agit de démontrer que l’amour d’une mère pour son enfant est le seul valable. Dans cette optique plusieurs femmes sont très bien ( des rôles secondaires en plus de Dilly et Leonora) tandis que les hommes ne valent rien. C’est dommage, même si cela n’est pas rare non plus dans la vie.

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 21:57

Cet été là

 

Phébus, littérature étrangère, 252 pages.

Dans un village d’Irlande, Rathmoye, se déroulent les obsèques d’une femme âgée Mrs Connulty, qui tenait une pension de famille pour hommes. L’enterrement a été photographié par un jeune homme que nul ne connaît. Quelques personnes s’en offusquent, notamment la fille de la défunte. Ellie Dillahan, jeune épouse d’un fermier des environs, a remarqué ce jeune homme. Et réciproquement.

Florian Kilderry cherchait le cinéma en ruine, autrefois détruit par un incendie. Dans la grande maison délabrée de Shellanahg où il vit et qu’il doit vendre, pour régler des dettes, il a découvert parmi le fouillis des objets un appareil photo, et espéré s’exprimer artistiquement par ce media.

Orphelin depuis peu, il envisage de quitter l’Irlande, commencer ailleurs une vie où il  s’inventerait un avenir.

Ellie est également orpheline, mais depuis toujours. Elle a quitté un pensionnat de religieuses pour travailler à la ferme de Dillahan, devenu veuf après avoir tué accidentellement sa femme et son enfant. Il l’a ensuite épousée. Ellie s’estime heureuse, son mari, hanté par la tragédie qu’il a vécue, ne boit pourtant pas, et n’est pas caractériel.

Malgré tout elle s’ennuie beaucoup et  Florian est le premier homme qui lui plaise.

La relation qu’elle vivra quelques semaines avec Florian est devinée par Miss Connulty fille de la défunte, célibataire au passé douloureux, qui fantasme sur les deux jeunes gens.

D’autres personnages jouent un rôle dans le récit, voire dans l’intrigue, tel ce pensionnaire de la maison de retraite, ancien bibliothécaire, qui vit dans le passé et se promène en racontant la vie de gens disparus depuis longtemps et dont il refuse la disparition. Ses longs monologues, on y répond distraitement « oui, bien sûr » pour ne pas le contrarier. Mais ne va-t-il pas un jour troubler quelqu’un avec son délire ?

Voilà un roman au rythme bien lent comme on vit à la campagne. Les mêmes gestes se répètent tous les jours, les mêmes travaux domestiques, ou agricoles. A travers tout cela s’éprouvent des sentiments forts et des conflits.

Après la lecture, on aura pourtant l’impression que rien ne s’est passé d’essentiel dans le récit.

 La vie reprend comme auparavant, excepté pour Florian...

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9 mars 2012 5 09 /03 /mars /2012 00:35

3 lumieres

 

 

Sabine Wespieser, 2011, 100 pages.


Une petite fille dans le comté de Wexford en Irlande. Je ne sais à quelle époque, peut-être les années 50 ou 60 ? Sa mère tient une ferme et a trop de responsabilités : un nouveau bébé tous les deux ans , la cuisine, le potager, le ménage, le champ de blé… le père ne fait pas grand-chose, à ce que l’on comprend. La narratrice, sans doute l’aînée, est envoyée au début d’un été, chez les Kinsella, des lointains parents, propriétaires d’une autre ferme.

Elle ne sait combien de temps, elle va rester : » gardez-là autant que vous voudrez » dit son père.

Elle se sent abandonnée, mais se plaît avec les Kinsella, qui sont très attentionnés envers elles, travaillent mieux, sans se presser, jouissent d’un niveau de vie supérieur à celui de ses parents, lui donnent une meilleure éducation.

En même temps, la fillette se pose des questions. On la fait dormir dans une chambre avec un papier peint à motif de trains sur les murs, et son père ayant oublié de laisser sa valise, Mrs Kinsella (« la femme ») l’habille avec des vêtements de garçon. Jusqu’au jour, où Mr Kinsella, qui donné à la fillette le joli surnom de « Pétale », intervient pour insister qu’on lui achète une garde-robe. Ce à quoi sa femme acquiesce, car Kinsella est de ces rares hommes qui méritent qu'on  les  écoute, même leur femme….


Un récit court et simple, plein de délicatesse, d’un monde dur, de personnages marqués par la vie, de conflits douloureux.

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3 décembre 2011 6 03 /12 /décembre /2011 00:24

LES COEURS DETRUITS

1er publication en1938 sous le titre «  The Death of the Hearts ».

LP, 1973, 505 pages.

 

Voilà un titre qui paraît renfermer un contenu sentimental et romanesque ! En outre les trois parties du roman s’intitulent pompeusement «  Le Monde »,  «  La Chair » et « L’esprit du mal ».

Si je ne connaissais pas déjà Elizabeth Bowen, je ne me serais pas risquée dans l’aventure.

 

En fait il s’agit bien sûr d’un roman d’analyse psychologique, avec peu d’action, des bouleversements surtout intérieurs, beaucoup d’observations de mœurs et l’histoire d’amour y est bien peu romanesque. «  La Chair » ne comporte que des désirs frustrés et « L’Esprit du mal » ne fait apparaître que des méchancetés ordinaires équitablement distribuées entre plusieurs protagonistes.

Portia une adolescente orpheline de seize ans est recueillie par son demi-frère Thomas, au moins pendant un an, pour complaire au désir de son défunt père.

La jeune fille n’est pas la bienvenue !  Mr Quayne son père avait quitté la mère de Thomas pour aller vivre de façon aventureuse avec Irène très jeune femme sans le sou et la petite Portia, fruit de leurs entrailles.

Thomas Quayne et sa femme Anna vivent à Windsor’sTerrace une maison bourgeoise donnant sur Rengent’s Park. Portia n’a pas connu l’aisance et l’éducation en vigueur chez eux. Elle n’a pas appris à parler par litotes et antiphrases et suggestions, comme on le fait dans ce monde, et les trouve  hypocrites et vains, tout en les craignant et les admirant.

Elle n’a d’amie que sa vieille nourrice Matchett qui l’a suivie chez ces  gens.

Lorsque l’action débute, Anna vient s’épancher auprès de son ami écrivain St Quentin. Elle a découvert le journal intime de sa jeune belle-fille et l’a lu. Ce journal dans lequel Thomas elle et leurs amis sont portraiturés lui fait une pénible impression.

La prose de Portia, plus encore que sa présence à la maison soulignent le désaccord existant entre Anna et Thomas. Anna s’ennuie beaucoup avec son époux homme d’affaire pragmatique, peu loquace,  et invite chez elle pour se distraire, des hommes dont elle n’est pas la maîtresse, bien que ces liens paraissent ambigus. Des hommes dans le besoin (besoin d’argent, ou de conversation, souvent les deux) qui ne sont pas désintéressés….

L’un de ces hommes, Eddie, lui rappelle un ancien amant qu’elle a eu avant son mariage et rêve de revoir. Eddie, c’est un de ses protégés favoris. Mais voilà que Portia s’en est entichée elle aussi…

Malgré quelques longueurs, c’est un roman que j’ai lu avec intérêt lucide, intelligent, sans concessions.

En fait, Bowen est visiblement inspirée par Henry James dans ce roman.

 

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21 juillet 2011 4 21 /07 /juillet /2011 11:02

 


Gallimard ( l’Imaginaire)1986, 255 pages.


Publié en 1935, c’est un de ses premiers romans.

Bowen

 

 

                    Deux enfant anglais se rencontrent rue Sylvestre Bonnard dans la maison qu’habitent  Miss Naomi Fisher et sa vieille mère souffrante. Deux enfants  qui vont partager quelques désarrois,  pas toujours enfantins.

Henriette, onze ans, orpheline de mère, a perdu sa gouvernante.  Son père l’envoie chez sa grand-mère à Menton car il ne sait qu’en  faire. Elle va passer la journée chez les Fisher entre deux trains.

Léopold, neuf ans,  arrive d’Italie ; sa famille adoptive l’envoie chez  les Fisher pour rencontrer sa mère qu’il n’a pratiquement jamais vue.

Cette première partie se joue entre les adultes, dont on devine certains émois, mais les enfants en sont les figures principales. Léopold  intercepte du courrier et apprend sur sa famille des précisions plutôt bouleversantes. Pendant ce temps Henriette va faire à Mrs Fisher une visite de courtoisie. Quoique proche de la tombe, la vieille dame reste énergique. On comprend que c’est une tyranne domestique, et que sa fille est plus ou moins sa victime… Si ce n’était qu’elle !!

La deuxième partie nous mène dix ans plus tôt, lorsque Karen 20 ans, attend le jour de son mariage, après avoir étudié la peinture à Paris. Elle était pensionnaire chez les Fisher comme d’autres étudiants. Sa jeunesse est déjà presque finie !

La troisième partie, courte, offre le dénouement de l’histoire… 

 

 

J’ai apprécié les descriptions aussi bien de paysages que de gestes, faits et pensées. Comme souvent avec Bowen, c’est subtil, et plein d’arrière- plans implicites, une manière d’écrire que j’adore.

Mrs Fisher est un personnage redoutable, les autres plus ou moins victimes sont bien dessinés. Les enfants sont très attachants; le récit  devient légèrement ennuyeux lors de rencontres secrètes entre deux amoureux,  bien longuettes alors qu’aucun d’entre eux ne sait ce qu’il veut.

Il faut reconnaître qu’Elizabeth Bowen est bien plus anglaise qu’irlandaise !  Lorsqu’elle campe un personnage de femme irlandaise, elle  utilise le cliché : la femme est rousse, gironde, exubérante, provocante, boit  beaucoup et rit tout haut.

En dépit de ces petits défauts, le roman ne manque pas d’intérêt.

 

 

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13 février 2011 7 13 /02 /février /2011 21:45

Phébus, 518 pages, 2000.

 

inishowenEllen Donnelly, américaine, est partie pour l’Irlande, quittant mari et enfants. Elle y est née près d’inishowen, péninsule du nord de l’Irlande, quarante cinq ans plus tôt. Enfant abandonnée, adoptée par une famille américaine, elle est devenue professeur de littérature anglaise et a tojurs nourri une passion pour sa patrie d’origine dont elle fut privée . Atteinte d’une grave maladie elle veut rejoindre Inishowen pour y rencontrer sa mère biologique.

Fortuitement, elle va rencontrer  Martin Aitken, inspecteur de police à Dublin, qui a une bonne raison lui-aussi de se rendre dans ce coin sauvage et désolé.

 

L’action dure une dizaine de jours pendant la période des fêtes de fin d’année au milieu des nineties.

L’auteur a fait part égale entre dialogues, descriptions, et narrations à la troisième personne, entre humour  parfois féroce,  périodes contemplatives, situations burlesques et  atmosphère dramatique. Et même un épisode purement mélodramatique, que je n’aime pas tant que cela, mais il est de courte durée.  Donc, beaucoup de variété.

Les protagonistes vivent une histoire d’amour, plus réaliste que sentimentale.  Ces deux caractères sont intéressants mais les seconds rôles ne déparent pas. 

C’est un roman polyphonique, où l’on entend aussi bien les voix des personnages secondaires, le conjoint d’Ellen, ses enfants, son beau-fils, des policiers haut en couleurs. Tous les rôles sont bien tenus. Nous  sommes plongés dans l’Irlande, son passé historique, récent et ancien, ses coutumes, ses chansons, ses routes...

 

Inishowen Peninsula. Ireland-Brooding view from Malin Head


C’est agréable ! Aucun romancier irlandais ne m’a encore donné autant l’illusion d’habiter son pays pendant la durée de la lecture.

J’ai lu ce roman sur le conseil d’Anis, et  l’en remercie ! J’ai découvert un auteur.

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23 juillet 2010 5 23 /07 /juillet /2010 12:32


Hôtel de la lune oisivePhébus, 2005

Titre original «  Collected Stories »

 

Choix de dix nouvelles publiées à des dates diverses entre 1967 et 1990.

 

Ces nouvelles ont pour thème la sujétion exercée par une personne ou un groupe de personnes sur une ou plusieurs autres, insistant sur les rapports de force, et les sévices qu’on fait subir à la victime, laquelle se trouve humiliée, et plus ou moins consciente,  mais que sa situation socio-psychologique défavorable,  rend impuissante à se défendre.

 

Dans la nouvelle titre, un couple, les Dankers  se font offrir l’hospitalité par un couple âgé de 90 ans et leur majordome guère plus frais. Ils feignent d’être en  panne de voiture. On comprend qu’ils sont des escrocs et ont choisi ces personnes pour leur grand âge qui les rend très vulnérables, mais aussi parce que leur maison est isolée et qu’ils n’ont pas le téléphone. Finalement les Dankers transforment la demeure de leurs hôtes en hôtel, et les écartent…

 

Mrs Malby ( Foyers Brisés «  Broken Homes ») est aussi une vieille dame isolée sans famille, légèrement sourde et qui craint de passer pour gâteuse et de faire l’objet d’une incarcération à l’hospice. C’est pourquoi elle n’ose pas refuser que l’éducateur qui a frappé chez elle, lui envoie des adolescents les «  broken homes »,  dont il s’occupe et qu’il veut faire travailler, pour lui repeindre sa cuisine. Les jeunes se comportent d’une façon désastreuse, et Mrs Malby va-t-elle appeler ses voisins les marchands de primeur, qui lui ont parfois témoigné une espèce de sollicitude ?

 

Ensuite, c’est un éleveur de dinde veuf qui se fait plumer par une femme endettée, apte à jouer les pique-assiette( Against The Odds soit en français «  contre toute probabilité »)

 

Un enfant prend conscience que son père boucher et alcoolique, est un tyran domestique que toute la famille craint, au moment où il renvoie son excellent employé dont il est jaloux ( Choisir  entre deux bouchers)

 

Dans «  Trinité » un jeune couple est envoyé par son bienfaiteur qu’ils appellent « tonton » à Venise pour dix jours… ils se retrouvent en Suisse près d’Interlaken sans savoir comment cette méprise a pu avoir lieu. En cheminant dans leurs pensées, on comprend que leur bienfaiteur les réduit à sa merci ; ils lui doivent leurs emplois, leur logement, en plus de ce voyage, et ils sont aussi l’objet de multiples quolibets insultants de la part de ce maudit bienfaiteur.

 

«  C’est arrivé à Drimaghleen »  Maureen la fille des Mc Dowd est retrouvée auprès de son ami et de la mère de celui-ci, morts tous les trois. On ne sait qui a tiré sur qui et qui s’est fait justice. Le maire incrimine la belle-mère très possessive.

Mais deux journalistes viennent donner de l’argent aux Mc Dowd, qui ne peuvent refuser, pour exploiter la tragédie à leur façon et la vendre à un journal. Du coup les Mc Down se rendent compte qu’ils ont aussi vendu leur honneur…

 

Les récits sont narrés de façon réaliste, progressant avec des dialogues et des descriptions de petits faits et de propos à priori insignifiants, et qui révèlent au contraire des personnalités et des sentiments complexes et ambigus.

 

L'humour noir est présent dans quelques unes de ces nouvelles.

 

 

Lu aussi  par Yvon( qui a chroniqué huit oeuvres de Trevor)

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23 décembre 2008 2 23 /12 /décembre /2008 00:20

1820. Edition Lafont ( Bouquins) :" les Romans terrifiants".

Melmoth est l'un des derniers romans « gothiques ». J'en lis ( ou relis ) un tous les dix ans...en 1998 j'ai lu pour la première fois " Frankenstein" et cette année je me suis replongée dans Melmoth...ceux qui ont lu le Baptême de la télé, fort nombreux comme en témoignent les stats d'over-blog ( 13 visites à ce jour) savent que Melmoth m'a follement impressionnée dans mon jeune temps....


En 1816, le 19 octobre, John Melmoth part chercher un héritage chez un vieil oncle dans le comté de Wicklow. La mort attendue du vieil avare arrivée, le jeune homme s'aperçoit qu'il a aussi hérité d'un ancêtre «  l'Etranger », qui est toujours vivant depuis le 17eme siècle qui l'a vu naître. Il a manifestement noué un pacte avec le Diable. Deux jours après son arrivée, il s'approche d'un navire en perdition sur la côte de Wicklow.

Un espagnol, Alonso de Monçada est le seul survivant.

Il raconte au jeune Melmoth sa rencontre avec son diabolique ancêtre dans les prisons de l'inquisition, et comment il a refusé d'échanger sa destinée pourtant horrible avec lui.


D'une famille noble mais destiné au couvent, Alonso s'en était évadé, raison pour laquelle il se trouva incarcéré au moment de l'Inquisition. Recueilli par un Juif dans une de leurs maisons madrilènes labyrinthiques, il doit déchiffrer un manuscrit et le copier. Cet ouvrage relate la rencontre de Melmoth dans le nord des Indes (une île connue pour être enchantée) avec une jeune fille Immalia réchappée d'un naufrage et qui vit une existence robinsonnienne. L'amour naît entre elle et Melmoth. Mais il ne la désire qu'à moitié. Obligé d'obéir à son Maître le Diable il instruit la jeune fille tout en la séduisant... Trois ans plus tard en Espagne, retrouvée par sa famille Immalia est devenue Isadora et vit à Séville. Elle est promise à un jeune homme mais s'entretient en secret avec Melmoth la nuit.

En attendant les funestes noces, d'autres narrations se succèdent dans le manuscrit : l'une de Melmoth en personne conte de quelle manière il a entrepris de prévenir le père d'Isadora en lui faisant peur mais sans succès.

Un autre narrateur avait déjà été envoyé auprès du père d'Isadora  l'informer que Melmoth avait tenté Guzman, un chef de famille allemande déshéritée à Séville, de vendre son âme pour sauver sa famille. Trop bavard le narrateur meurt la nuit même.

Au retour du père, Isadora, enceinte de Melmoth, doit révéler la vérité. Melmoth tue Fernand le frère de la mariée, qui l'avait défié. Elle est livrée à l'Inquisition tue son bébé qu'on voulait lui prendre, et refuse elle aussi d'échanger sa destinée contre celle de Melmoth...


A la fin de la narration d'Alonso, Melmoth junior  a des réminiscences : Lui aussi a été informé de son ancêtre, en lisant le  manuscrit de Stanton, écrivain-voyageur, qui révélait que John Melmoth «  le Wanderer » vit toujours depuis 1646 ; Il l'a rencontré en 1876, qui semait la panique dans un monastère du royaume de Valence, au cours d'une cérémonie de mariage, causant la mort de plusieurs personnes dont la mariée.

Melmoth s'en prend à Stanton lui-même, le fait enfermer dans un asile. Quand il le sait presque fou, il lui propose le pacte sacrilège que Stanton refuse. Sorti d'affaire, il poursuit le Tentateur mais en vain.


Alonso et Melmoth junior voient alors apparaître l'ancêtre qui a fait l'objet de leurs discussions. Melmoth leur annonce que son temps est achevé : ces 150 ans pendant lesquels on l'avait condamné à errer mi-homme, mi-démon, pour avoir été «  trop curieux ». Il prétend n'avoir pas fait autant de mal qu'on  l'a dit : il ne voulait qu'échanger sa destinée maudite contre une d'agonisant ordinaire et s'en  fut proposer la transaction à des êtres qu'il vit ou fit mettre lui-même en mauvaise posture. Tous refusèrent. Il a dû subir son sort jusqu'au bout. Il vieillit soudain très vite et prévient ses compagnons de ne pas chercher à savoir, de peur de se retrouver comme lui.

Des forces inconnues le précipitent des falaises de Wicklow le font couler à pic. John Melmoth junior récupère sa cravate, seul souvenir qui lui restera.


Melmoth en 2008:


Sa cravate, car Melmoth était un personnage élégant ;  et fort intelligent. Toutes ces qualités lui viennent du Diable y compris ses brillants discours et ses vertus pédagogiques. L'intelligence, la beauté, l'art oratoire  sont le fait du Malin. Il ne reste à Dieu que la bêtise la laideur qu'il a voulues pour ses créatures coupables d'être devenues intelligentes en mangeant le fruit.

Les nombreuses narrations qui s'enchaînent les unes aux autres ou s'emboîtent sont habituelles au roman gothique. On emploie un vocabulaire mélodramatique. C'est un roman fleuve interminable, bourré de péripéties. Cependant, comme Frankenstein, Melmoth est un exemple convaincant de héros romantique à la fois homme et créature monstrueuse puisque diabolique. 

D'ailleurs le seul personnage qui s'intéressait à Melmoth et sort victorieux de l'épreuve, c'est Stanton le voyageur cultivé,  qui a laissé un manuscrit dans la maison de  l'oncle mourant de Melmoth junior.

Un récit  convenable mais la  forme est datée.  l' histoire est trop longue elle me saoule.

Nous sommes là dans une époque qui sacralise le Diable. On retrouvera le même penchant dans le Faust de Goethe, dans le roman de Mann  sur le musicien dont le pacte avec Satan révéla le génie ( Adrian Leverkühn, j'ai oublié le titre du roman...)une oeuvre de 1947 tout de même....   pour ne citer que les deux qui me viennent à l'esprit... le pacte avec le Diable est un sujet qui m'intéresse encore beaucoup. Reste à en trouver les équivalents actuels très nombreux . Faire un pacte avec le Diable dans un récit actuel ne pourrait se dire que sous une forme  comique.

 




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2 décembre 2008 2 02 /12 /décembre /2008 00:48

1ere publication en 1963 sous le titre " The Little Girls"


En 1960, Diana Piggot, une dame de soixante ans  bien conservée, vit à Applegate, belle propriété dans le Somerset. 

A présent seule, le mari disparu et les enfants mariés, elle s'adonne à une activité quelque peu névrotique : enterrer des objets actuels  avec l'idée de les garder étanches dans des coffres, et d'expliquer aux descendants qui les ouvriront,   à quel point ils sont la trace de l'époque actuelle. Elle envisage aussi de sceller la grotte de son domaine pour que les objets enfouis puissent «  commencer leur attente ».

Elle a un complice, le major Wilkins, son voisin, tout aussi désœuvré,  qui lui prête main-forte. Ce "caprice" prend de telles proportions que les deux  amis  semblent atteints du syndrome d'accumulation.


Mais Diana a aussi des réminiscences qui la travaillent : une balançoire de travers dans son jardin, la phrase «  scellons le » qu'elle a entendu prononcer par une voix particulière et qui la poursuit.

Subitement, elle se souvient qu' en 1914, à l'âge de onze ans, juste avant la guerre, elle  enterra, dans le jardin de l'école qu'elle fréquentait,  avec deux amies de l'époque, un coffre qui leur importait au plus haut point avec un message pour les descendants...


Bouleversée, elle met des annonces dans les journaux pour retrouver ses anciennes compagnes, Sheila et Clare...

Appelées d'urgence, les deux amies sont méfiantes, ne comprennent pas pourquoi il faudrait se revoir ! Toutefois, elles acceptent de se rencontrer dans un salon de thé. Sheila et Clare se souviennent du coffre, mais l'idée fixe de Diana, revenir sur les lieux et le déterrer suscite de leur part bien des réticences et quelques moqueries...



Voilà un roman tout à fait passionnant ! Construit en trois parties avec des points de vue narratifs qui changent  à chaque  partie, il  permet à trois femmes de replonger dans leur passé et de faire le point sur leur vie actuelle à partir de la reconstitution de ces derniers jours de classe en 1914,  où en dépit de leur très jeune âge, elles se sentaient vivre la fin d'un monde.

L'image qui est donnée de l'enfance est loin d'être idyllique. Il n'y a pas eu d'instants magiques, rien à  magnifier. C'est même pour cela, le sentiment de danger lié à la guerre et à la fin  de l'enfance aidant, qu'elles ont voulu enterrer un coffre avec le sentiment d'y laisser quelque chose d'elles-mêmes qui serait meilleur que ce qu'elles vivaient tous les jours.

Meilleur ou pire ? Les objets choisis,  marqués  d'ambigüité, représentent-ils ce à quoi elles tenaient le plus, ou ce dont elles voulaient se débarrasser ?

Loin d'une recherche du temps perdu ( auquel il peut cependant faire penser) ce roman multiplie les apories à propos du souvenir, de la mémoire, de la mort, de ce que l'on peut ou doit  avoir comme attitude...


Autour de ces interrogations, les trois amies se retrouvent pour mieux se contredire ;  Sheila et Clare envient à Dinah retrouvée ses enfants, son ami, et une certaine conservation physique, qui la rend plus jeune que les autres. Cette « jeunesse » témoigne aussi d'une incapacité à avoir son âge actuel, mais ses deux amies profiteront à leur manière de cette plongée dans le passé, de ces investigations qui apprendront à chacune à mieux se connaître.


J'avais bien aimé « Emeline », mais ce roman-là lui est supérieur ( il est vrai qu' Elizabeth Bowen l'a publié 30 ans après...). Les personnages sont tous bien observés, y compris les petits rôles, le récit est parfaitement conduit, et  outre une histoire vivante et bien racontée, le suspens qui naît  de la  reconstitution de scènes passées,  il offre le privilège de donner des pistes de réflexion, de s'élever à des interrogations essentielles, mélangeant les tons, ironie, drame, comédie... il s'agit sûrement du chef d'œuvre de cette auteure.

 

 

31 janvier 2009 : Florinette vient de publier un billet sur ce roman qui ne lui a pas plu. Elle aimerait lire un autre avis!!! Ma chronique date de deux mois environ...



 

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22 juillet 2008 2 22 /07 /juillet /2008 23:54

Are You Somebody ? 10/18 (Domaine étranger), 1996, 313 pages.

L'auteur, journaliste et universitaire irlandaise, devait écrire une préface pour un livre et ce texte s'est transformée en autobiographie. Elle devint donc écrivain de fiction à 56 ans.

Enfance à Dublin, deuxième d'une famille de neuf enfants ; son père était journaliste lui-même, plume élégante et appréciée, aristocrate dans ses façons, alcoolique ainsi que sa femme, aimait sa famille et ne savait pas s'en occuper. Une famille qui ressemble aussi à l'idée que l'on se fait de la famille Dickens.

L'auteur évoque ces années difficiles, puis son passage dans une école privée religieuse, ses études dans diverses universités, finalement à Oxford, et sa carrière universitaire à Dublin, presque toujours seule femme à évoluer dans un milieu intellectuel d'hommes.

Une existence riche et  mouvementée, des liaisons intéressantes, sa prise de conscience en tant que féministe, son engagement politique, et un témoignage sur les années 60 dans les milieux intellectuels anglais et irlandais.

Un livre brouillon, un peu incohérent, mais plein d'intérêt, le témoignage d'une femme qui dut se battre pour  s'affirmer et y a réussi.

Lire l'avis d'Eeguab  

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  • : Comptes rendus de mes lectures avec des aspects critiques + quelques films de fiction Récits de journées et d'expériences particulières Récits de fiction : nouvelles ; roman à épisodes ; parodies. mail de l'auteur : dominique-jeanne@neuf.fr
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