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20 mai 2008 2 20 /05 /mai /2008 19:00

 

Roman acheté, il y a plus de vingt ans que j'ai enfin lu!

 


Dans un manoir hanté sur une côte irlandaise sauvage, Hannah vit recluse mystérieusement entourée de serviteurs qui sont autant de geôliers.





c'est ce que constate  Marian, qui vient d'être engagée comme répétitrice de français auprès de Mrs Green-Smith ( Hannah) qui vit dans une sombre demeure isolée qu'entoure un jardin aux grilles défensives, un marécage mortifère, une falaise imposante, un vieux dolmen à l'air menaçant, et l'océan avec ses lames de fond.


Un certain Gerald s'occupe des affaires d'Hannah ainsi que d'elle en personne, d'une manière singulière. Protecteur, sournois, trop plein de sollicitude. D'autres protagonistes jouent le même rôle auprès de la belle jeune recluse.


Et il n'y a pas d'enfant ! Marian découvre que, loin d'être répétitrice, elle sera dame de compagnie d'Hannah. Une appréhension la saisit. Son penchant immédiat pour la maîtresse des lieux qu'elle s'avoue en partie, lui donne envie e savoir pourquoi elle mène cette existence en huis clos et craignant de sortir.

Lorsque Marian apprend quelque vérité sur Hannah, elle brûle de la faire évader, même contre son gré.

En effet, Hannah, victime d'un mariage qui se révéla vite une mésaliance , aurait poussé son mari du haut de la falaise, sept ans plus tôt. Et serait depuis sous bonne garde, grâce à des "amis" de ce mari, que Marian imagine terrifiant, et dont les occupants du manoir craignent le retour.

Cependant Hannah a eu un amant qui vit encore dan sl e manoir d'en face, à ½ heure de là en voiture.  Et aussi un prétendant, Effingham, qui lui propose en vain la fuite à deux pour tout recommencer de zéro.

Cherche-t-elle à expier une faute, est-elle la proie d'un enchantement, comme le croient les gens du voisinage ?

Est-elle seulement terrifiée par la menace latente que représente la situation qu'elle vit, la surveillance que l'on exerce sur elle, le retour de l'époux ?


Hannah est tous d'abord vécue comme une personne inaccessible, un être charmant ,intouchable, dangereux aussi comme l'être fabuleux qui donne son titre au roman. Autour d'elle, les geôliers comme des libérateurs en puissance, ne savent eux-mêmes, ce que signifie la liberté pour elle.

Ils apprendront à leurs dépends ce qu'a pu lui coûter certaines visions fantasmatiques.


Chacun interprète le silence d'Hannah et sa manière de vivre ou de supporter la vie, comme on cherche à décrypter les paroles de la Sybille. Pour Effingham, homme de quarante ans, narcissique, naïf et paresseux, Hannah et une enchanteresse, la femme inaccessible des roamns courtois.

Mais cet amoureux couard ( un peu caricaturé)n'est pas à la mesure des ancien troubadours !

Pour Max Lejour, le vieux professeur platonicien, qui vit à «  Rider's » autre propriété isolée, et qui est son  plus proche voisin, Hannah est en train de trouver la sagesse dans l'épreuve.


Pour Marian, Hannah est victime de sa peur et de la culpabilité, prisonnière mentalement plus que physiquement. Et il importe de la sauver .

Avec l'aide d'Effingham, elle tente de la soustraire à ses gardiens. Mais Hannah est très surveillée, et Effingham  bavard, et maladroit, précipite les événements...

La fin du roman montre qu'Hannah avait peur d'elle-même de ses réactions, mais une  partie m'est restée obscure.


Unr roman d'analyse psychologique, d'intrigue et de suspense, une parodie réussie  des romans gothiques, des réflexions sur des notions telles que culpabilité et liberté, et aussi une bonne dose de satire de mœurs, voilà les points forts du livre.


Effingham est un personnage assez vain qui donne à l'histoire ses moments comiques. Les autres personnages sont moins chargés mais l'ironie s'exerce sur tous ces gardiens de « harem » pour une seule femme, et même à l'égard d'Hannah elle-même et de ses tentatives de conjuration : la robe de chambre jaune, les deux plantes fétiches : la monnaie du pape et l'herbe de la pampa, la lecture de la Princesse de Clèves sur laquelle Marian et elle s'endorment, donne à l'ensemble une tonalité tragicomique.




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30 juin 2007 6 30 /06 /juin /2007 06:31

9782859406134.jpgElizabeth Bowen . "Emmeline" ( To the North 1932)
traduction française “ Emmeline” Phébus  2000.

 
 
«  Nous allons vers le nord »

le magnétisme naissant du pôle glacé commença de se resserrer sur eux à mesure que l’exaspération de Londres s’écoulait rue par rue. La lueur s’éteignit dans le ciel et le Nord posa ses premiers doigts de glace sur les tempes d’Emmeline, rampa le long de son cou, fit se dresser les racines de ses cheveux. »

 

Emmeline et Cécilia deux jeunes femmes, liées par le souvenir de feu  Henry frère d’Emmeline et mari de Cécilia, vivent ensemble à Oudenarde Road   dans le quartier de St John’s Wood (banlieue de bourgeoisie aisée proche de la Cité).

Nous sommes dans les années 30. Emmeline tient une agence de voyage avec Peter pour s’occuper. «  Son agence de voyage ressemblait  à son destin ».

-         Avec tant de prévoyance, vos clients ne sont-ils pas trop en sécurité ?

- Oh, oui ! Physiquement, dit-elle avec quelques mépris. Mais chacun sent que la vie, même en voyageant est en train de perdre son élément d’incertitude ; nous tentons de le restituer. Nous fournissons à nos clients les données, à eux d’user de leur cerveau. Bien sûr , leur disons-nous toujours il est possible que vous n’ayez aucun plaisir… »

 
 

 Elle est très myope et aime voir flou  ( «  regardant passer un dessin brouillé et répété qu’elle croyait être la vie )» ; n’est pas bavarde sauf avec ses clients.

 

Cécilia, plus mondaine, cherche un nouvel attachement, espère une aventure un peu excitante, pense à son jeune époux défunt ( «  homme et femme leur rencontre sembalit encore à venir… parfois il semblait qu’ils n’eussent même pa été amants… » ; Courtisée par Julian 39 ans, elle ne se résigne pas à ce mariage de semi-raison.

Elle a fait connaissance de Mark Linkwater, avocat de son âge. Mais c’est Emmeline, la sérieuse Emmeline, seulement occupée de son agence de voyage, qui tombe amoureuse de Mark. «  Le matin parait divinement jeune ; on dirait une journée glissée entre le lundi et le mardi et qui n’aurait rien de commeun avec le reste de la semaine »

Ce dernier a plusieurs maîtresses, et ne veut pas épouser Emmeline qui en est à ses premiers émois et lui a cédé, au cours d’un voyage d’affaire à Paris, « sans mettre le mariage en balance » ce qui déconcerte son partenaire, car Emmeline n’est pourtant pas une fille facile, et il ne lui a pas laissé ignorer qu’il souhaite une liaison agréable qui ne l’engage pas.

Comment peut évoluer cette liaison ?

Il y a aussi une vieille dame Georgina Waters cancanière, emmerdeuse, rafistoleuse de couples, (« Lady Waters avait pour spécialité de déceler des situations inexistantes… elle enrichissait sa vie de frémissement d’émoi sur le compte de tous ses proches… »)

  Sa victime principale est   Pauline, une nièce, élevée chez les sœurs et mal dégourdie, maiselle s'occupe aussi activement d' un couple en crise, d'une peintresnob et déjantée, d'un chat Benito, d'une robe argentée qui sied à Emmeline, et d'une sténodactylo pendant un été pluvieux.


 To The North le titre original du récit signifie «  vers la mort «  là où tout se gèle et se fige.

 

Emmeline la jeune fille sage, qui porte une robe argentée, a décidé avec les moyens qui sont les siens d’un destin exempt de médiocrité.

Dans l'ensemble, un récit intéressant, non exempt de critique sociale, dans la droite ligne de Jane Austen.

 
 
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20 mars 2007 2 20 /03 /mars /2007 17:00

En-lisant-Tourgueniev.jpg" En lisant Tourgueniev" est Le deuxième opus  de “ Two Lives”que William Trevor appelle des «  romans miroirs ». Tous deux sont traduits et  publiés chez Phébus ( comme toutes les oeuvres de Trevor) , de façon séparées.


Les héroïnes de ces deux romans s’opposent point par point et se rejoignent d’autant mieux.

 Emily (Ma maison en Ombrie) est  une femme de petite vertu, orpheline,  qui  a beaucoup voyagé, beaucoup bu,  et s’est réalisée dans l’écriture de romans ; Marie-Louise, restée vierge malgré un mariage et une grande passion,  n’a jamais quitté son  village, n’a jamais bu que de l’eau, est envahie par les contraintes familiales, a vécu claustrée et s’est épanouie dans la lecture de romans. L’une et l’autre ont également subi un traumatisme…  Elles ont toutes deux 57 ans lorsque leur vie nous est contée. Ironiquement opposés, leurs destins se font écho.

 
 

 Les textiles « Quarry » sont l’affaire la plus prospère de Culleen, 2500 habitants. Lorsque Marie-Louise, de la ferme Dallon, se voie courtisée par Elmer le propriétaire du magasin, elle  y voit des avantages : habiter en ville, travailler au magasin ce qui est nettement plus agréable que les tâches requises par  la  ferme. Le mari lui importe peu.

Les barrières entre protestants et catholiques sont tranchées mais la sœur de Marie-Louise, énergique et réaliste, se cherchera  un mari plausible et épousera un catholique.

Marie-Louise, elle, rêve depuis toujours. Toute petite elle voue un culte particulier à Jeanne d’Arc…


Non consommé,   le  mariage mène Elmer honteux et confus à l’alcoolisme, et Marie-Louise chez son cousin Robert qu’elle n’a pas vu depuis l’école ; Robert a 21 ans lui aussi, condamné par une déficience organique il ne quitte pas la maison et  fait partager à Marie-Louise  son univers de songes : batailles  avec les soldats de plomb appartenant à feu son père, contemplation d' un héron vers l’étang, lecture de Tourgueniev où l’on  suit les aventures  d’Elena, amoureuse d’un étranger, le Bulgare Insarov, qui meurt jeune, laissant son amie en deuil éternel.

« Elle butinait à travers les pages, ouvrant le livre au hasard. Elle adorait voir Elena Nicolaïevna , incapable de fermer l’œil, se prendre les genoux dans les mains et y poser la tête ».  

 Les cousins se récitent la nouvelle et l’apprennent par cœur, dans le cimetière du village auprès du caveau d’une famille Attridge.

 A la mort de Robert,  Marie-Louise s’enferme dans  ce monde imaginaire, sous les combles de la maison  Quarry. Ses deux belles-sœurs qui n’ont jamais cessé de la maltraiter moralement vont tirer partie de cette désertion.

 

ELT se présente de façon classique comme le choix de la troisième personne du singulier, le point de vue de Marie-Louise l’héroïne est dominant mais n’est pas le seul observé. ELT est un roman de moeurs autant que « psychologique » ; il nous fait vivre dans la petite ville de Culleen ,2500 habitants dans les années 50, et les rêveries et folies de Marie-louise alternent avec les descriptions de la vie prosaïque des habitants et de leurs préoccupations.

Les deux noces du roman font l’objet de longs récits réalistes et fouillés.

De même, dans la maison de repos où Marie-Louise  séjourne, les autres pensionnaires et leurs univers décalés nous  deviennent familiers.  

 
 
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17 mars 2007 6 17 /03 /mars /2007 14:31
-Ma-maisonjen-Ombrie.jpgEmily Delahaye
C’est le pseudonyme qu’elle  préfère ; de nom elle n’en pas
 Vieille dame oisive, raconte sa vie à la première personne.

Les Trice, des aubergistes londonniens , l’achètent, encore bébé, à des acrobates de cirque

M. Trice la viole tant et plus jusqu’à ce qu’elle s’enfuie à seize ans.

 Longue vie en ménage avec Ernie Chubbs qui l’emmène dans l’Idaho croupir dans un vague hôtel.

Plusieurs avortements aseptisés au whisky

Déceptions la vie n’y est pas   comme dans les westerns

 Ernie n’a  ni ranch, ni sex-appeal, rien que des affaires louches et  n'épouse pas Ernie.

 Echappée en Afrique avec un aventurier raté nommé Quinty

 Elle vend ses charmes au café Rose avec Rose Crevelli, et commence à écrire des romans sentimentaux

où des héroïnes vivent une existence  à l’exact opposé de la sienne.(...)

 Avec ses ventes, s’installe en Ombrie lac Trasimène Sienne.

Quinty devient son majordome, Rose la cuisinière,

 Elle directrice d’hôtel.
Elle lit avec plaisir les lettres de ses admirateurs (ices)

Le 13 mai 1987, à 56 ans, une bombe explose dans la voiture du train où elle revenait de Rome avec ses nouvelles robes.

Rescapée, comateuse puis cotonneuse, elle installe trois autres survivants de l’explosion dans l’hôtel : le  Général, Otmar l’allemand (qu’elle soupçonne d’avoir mis la bombe), et une petite américaine de huit ans, Aimée.

Déjà portée sur la bouteille, Emily devient sérieusement accroc à la grappa.

 Un M. Riversmith arrive de Pennsylvanie pour recueillir Aimée, sa nièce à présent orpheline.

Emily ne veut pas la perdre, elle qui n’a pas eu d’enfants, et harcèle le nouveau venu pour qu’il la lui laisse,

en même temps elle tente de le séduire, car il ressemble à Joseph Cotten… et ne parvient plus à écrire de romans rose. Ni d’aucune sorte.


Le texte est cousu comme patchwork, avec des débris de monologue qui passent insensiblement d’une phase à l’autre de ces moments de vie, mêlant le vécu ( sans doute enjolivé) d’Emily avec des passages de ses romans.

 La vieille dame se montre pathétique, insupportable, naïve, menteuse, sentimentale, et le lecteur la suit, avec sympathie et un peu d’ennui tout de même malgré le charme de ces petits bouts de vie qui vont et viennent ….

 
 
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14 janvier 2007 7 14 /01 /janvier /2007 14:30

Nouvelles
Année de publication : de 1967 à 1990.
Edition : Phébus, (Domaine étranger), 2000.

 

9 récits brefs publiés à des dates diverses, réunies sous le titre " Collected Stories ". Des nouvelles réalistes, psychologiques, avec des thèmes communs la trahison, la vengeance, parfois on va jusqu'au tragique.
Ci-dessous, 3 nouvelles :


Mrs SILLY : Michael, garçonnet de neuf ans, va fréquenter la Prep-Scool, d'Elton Grange, où son père, divorcé, le fait entrer. Il a l'occasion de jeter un regard neuf sur sa mère qu'il n'avait jamais quittée , qui était tout pour lui : elle porte des vêtements de quatre sous, s'habille plus mal que les bonnes, bavarde à tort et à travers, prend un professeur pour un élève, confond l'intendante et la directrice,… et la société est féroce ., Pour sa confirmation, il est content que ses camarades ne l'aient pas reconnue pour sa mère, et prétend que c'est une tante dont il ignore la parenté. Pourtant cette femme a été tout pour lui, l'est encore…


VIRGINS : En visitant la cathédrale de Sienne, Laura, quinquagénaire, reconnaît son ancienne amie Margaretta. Leur lointaine amitié reprend possession d'elles, un instant , leurs couples et enfants ne comptent plus . laura évoque le passé pour elle-même, tandis qu'elles bavardent.
Laura était surnommée " vierge sage ", et Margaretta, " vierge folle "par le père de cette dernière. Malgré leurs différences, elles n'en tombèrent pas moins amoureuses toutes deux à 14 ans de Ralph, plus âgé, atteint d'un rhumatisme articulaire qui le condamnait à brève échéance. Après sa mort, Margaretta se fâche que Laura aille sur sa tombe et lui montre la correspondance amoureuse qu'ils échangeaient. Laura se rend compte qu’elle recevait les mêmes lettres à la virgule près. Elle n'en dit rien.
Trente -huit ans plus tard, elle n'en dira toujours rien.

 

MISS SMITH : James, un petit garçon un peu en retard, et trop timide, que l'institutrice a pris comme souffre-douleur. Lorsque Miss Smith a un bébé et cesse d'enseigner, James continue à se faire traiter de " vieux mollasson " par l'ancienne institutrice qui refuse de lui montrer le bébé. James trouve le moyen de s'introduire chez elle, et progressivement, il accumule les petites vengeances jusqu'au drame.

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19 septembre 2006 2 19 /09 /septembre /2006 15:05
le-portrait-de-Dorian-Gray.jpgSibyl Vane....
 
Le Portrait de Dorian Gray est un roman publié en 1890 par Oscar Wilde.

Dans mon rêve sur Sibyl Vane,  le film d’Albert Lewin (qui adapte Dorian Gray
en 1945) et ses images, se télescopent avec le roman. Le film est plutôt sentimental ; les personnages s’en ressentent.
 
Sibyl Vane est une actrice, de condition modeste, qui joue un répertoire de qualité dans un petit théâtre. Dorian s’éprend d’elle en la voyant jouer « Juliette ».

Il retourne la voir plusieurs fois, se croit véritablement amoureux et fréquente sérieusement la jeune fille, également éprise.
Mais l’amour transforme les deux partenaires au point que Sibyl ne joue plus comme avant ; c’est du moins ce que juge Dorian ; elle joue mal depuis qu’ils se sont rencontrés. Pire encore : Sibyl déclare vouloir renoncer au théâtre pour se consacrer à lui.

Elle aime dans la réalité : c’est bien mieux que jouer un rôle au  théâtre.

Dorian découvre alors que son intérêt est tout autre : il n’aime Sibyl que sous le masque d’une héroïne ; dans la réalité ils n'ont pas d'affinités. Peut-être y a-t-il aussi un problème d’impuissance sexuelle au moins partiel, ou de déception. On ne va pas  le dire dans un roman du dix neuvième siècle mais le lecteur peut interpréter certaines phrases dans ce sens.

Dorian découvre n’aimer que le spectacle, de qualité si possible, conformément à ses goûts d’esthète. La jeune fille croit à la réalité et aux charmes d’un amour qui se satisferait de la vie quotidienne et du mariage. Leurs intérêts divergent complètement. C’est en toute logique que Dorian rompt. Ce n’est pas une « faute «  de sa part. Il s’est seulement trompé et n’a pas agi pour le plaisir de séduire et rompre. Si elle se suicide, il n’en est pas responsable.
On dirait que je me fais le plaidoyer de Dorian!
Pourquoi pas?
 
La problématique mise  en jeu dans l'épisode Sibyl, c' est le peu de réalité de la vie quotidienne et la fascination exercée par les arts qui modifient cette réalité, la transcendent, la rendent plus brillante.
Un prénom qui n’est pas choisi au hasard. Sibyl est la prophétesse qui annonce sa vérité à Dorian.
A partir de cet épisode, il se plaira sérieusement à la contemplation de son portrait ; il croit découvrir  que celui-ci a changé notablement de traits. Il se trouve à présent un « regard cruel » et le tableau lui renvoie sa propre culpabilité.
 Il n’agira plus désormais que pour découvrir des transformations sur ce portrait. Bonnes ou mauvaises actions ne lui seront que prétextes à contempler ce que révèle le tableau.

Ce n’est pas exactement du libertinage ; si l’infortunée Sibyl a été déçue par cet amant, lui aussi l’a été par elle. Il aimait une actrice qui jouait « Juliette » ;  après avoir fréquenté l’actrice il n’a plus d’objet de désir  : ni l’actrice ni la vraie Sibyl.
 Il  lui reste le « portrait ».  
Installé dans sa chambre d’enfant,  le Portrait, au milieu d’autres objets ( également importants) est entouré d’un rituel. Le retour au portrait, après chaque action considérée comme bonne ou mauvaise, participe du rituel. Pire, après l’affaire «  Sibyl Vane » le Portrait devient une sorte de monstre (avant elle, c’était un visage inexpressif, une sorte de page vierge) .
Le Portrait  ne s' humanise qu’à l’occasion  de l’épisode « Sybil Vane ». Il acquiert  une expression.
A l’épisode suivant, il commence à devenir monstrueux.


Ce monstre du tableau est , dans le film, grotesque, carnavalesque, plutôt que terrifiant. C’est, vers la fin, une sorte de tête de cadavre qui pourrait, s’il parlait, dire comme Maldoror «  Je suis sale, les poux me rongent, les pourceaux vomissent en me regardant… »( Chant IV).


Mais que s’est-il passé ?
Dorian s’est fait voler son être par Basil ( le peintre)qui l'a portraituré.

Il récupère le  tableau, et, en croyant avoir le pouvoir de le modifier par ses actions, il le recrée pour lui-même, il se l’approprie. C’est sa seule façon d’exister. A tel point que lorsque Basil veut voir « son » portrait, Dorian ne peut qu’assassiner le peintre, dont le regard sur le tableau met en danger la création de Dorian.      
 
Le film le montre prêt à obéir à une machination proposée par Lord Henry, qui lui dit d’exiger de Sibyl qu’elle se donne à lui, sinon il ne la reverra plus. Puis de lui écrire une lettre de rupture parce qu’elle a cédé, et qu’il voulait voir si elle allait résister. La manigance rappelle les « liaisons dangereuses ». Valmont agit de même avec cette pauvre dame si jolie et si pieuse  (Mme de Tourvel)  qui  lui cède  aussi, et ne s’en trouve pas mieux…

Aujourd'hui, on ne dit plus " céder" à un homme. On accepte sa proposition d'avoir des relations sexuelles, si cet cet homme nous plaît, et que l'on est libre de tout engagement. Cela paraît simple! Hélas, ça ne l'est pas plus qu'auparavant...un jour ou l'autre, on regrettera... d'avoir cédé ( ou de ne pas avoir... c'est selon).
Dans le roman, Dorian obéit à Lord Henry pour se débarrasser de cette maîtresse devenue encombrante.
Il n’y prend pas de plaisir spécial, et s’en veut de sa mort. Le narrateur veut souligner une innocence graduellement perdue.
Dorian regarde le tableau pour la première fois ; conséquemment à ce qui précède le film accrédite l’idée que c’est le « péché » qui s’inscrit sur le tableau.
De ce point de vue le film est un peu simpliste. 

Je préfère le roman...



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  • : Comptes rendus de mes lectures avec des aspects critiques + quelques films de fiction Récits de journées et d'expériences particulières Récits de fiction : nouvelles ; roman à épisodes ; parodies. mail de l'auteur : dominique-jeanne@neuf.fr
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