mais le Vase de Soissons, comment trouver un équivalent?
On s’éclate avec LSD Littérature sémo -définitionnelle qui consiste à remplacer chaque mot d’une phrase brève par sa définition (plus ou moins longue…) trouvée dans le dictionnaire. On évite autant que possible d’utiliser un simple synonyme.
On ne traitera pas les articles définis, ni indéfinis, ni les prépositions ; la plupart des mots de liaison paraissent impossibles à définir sans enlever au texte une pertinence quelconque. Pour les adverbes, c’est à voir au coup par coup, les pronoms personnels aussi. Les mots concernés sont surtout les verbes, noms , adjectifs…
Exemple 1 phrase simple :
L’oiseau est tombé du nid.
Cela peut donner :
L’animal vertébré à sang chaud, au corps recouvert de plumes, dont les membres inférieurs sont des ailes, et qui a un bec, a été entraîné jusqu’à terre, hors de l’abri que ses congénères construisent pour pondre et élever leurs petits, en perdant son équilibre.
Exemple 2: Le Loup et l’agneau.
Texte original
:
La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l'allons montrer tout à l'heure
Un Agneau se désaltérait
Dans le courant d'une onde pure.
Un Loup survient à jeun, qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
Sire, répond l'Agneau, que Votre Majesté
Ne se mette pas en colère ;
Mais plutôt qu'elle considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant,
Plus de vingt pas au-dessous d'Elle ;
Et que par conséquent, en aucune façon,
Je ne puis troubler sa boisson.
Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,
Et je sais que de moi tu médis l'an passé.
Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ?
Reprit l'Agneau ; je tette encor ma mère
Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.
Je n'en ai point. C'est donc quelqu'un des tiens :
Car vous ne m'épargnez guère,
Vous, vos Bergers et vos Chiens.
On me l'a dit : il faut que je me venge."
Là-dessus, au fond des forêts
Le loup l'emporte et puis le mange,
Sans autre forme de procès.
3 : (première phrase de la préface du « Robert de poche de la langue française » édition de 1995. Ce texte est d’Alain Rey.)
texte original « Entre le dictionnaire, guide culturel, juge de paix du langage, livre des livres, et le « poche » objet social commode, économique, populaire, existe une relation paradoxale. »
LSD:
Dans l’espace qui sépare et unit le recueil contenant des mots des expressions d’une langue, présentés dans un ordre convenu et qui donne des définitions des informations sur eux, principe directeur adéquat pour le développement de l’esprit par des exercices intellectuels appropriés, magistrat chargé des procédures litigieuses en ce qui concerne la fonction d’expression de la pensée et de la communication entre les êtres humains mise en œuvre par la parole et par l’écriture, assemblage relié ou broché, d’un assez grand nombre de pages , et le même texte imprimé d’un format réduit et bon marché, chose solide ayant unité et indépendance destiné à l’amélioration de la condition des moins favorisés et à un usage pratique, peu coûteux et apprécié du plus grand nombre, se trouve quelque part un lien de dépendance et d’influence réciproque qui va à l’encontre de l’opinion commune.
Paul Valéry « Monsieur Teste » les quatre premières phrases.
La bêtise n'est pas mon fort. J'ai vu beaucop de'individus; j'ai visité quelques nations; j'ai pris ma part d'entreprises diverses sans les aimer; j'ai mangé presque tous les jours à ma faim; j'a touché à des femmes. je revois maintenant quelques centaines de visages, deux ou trois grands spectacles, et peut-être la substance de vingt livres. Je n'ai pas retenu le meilleur ni le pire de ces choses: est resté ce qui l'a pu.
En LSD :
Le manque d’intelligence et de jugement n’est pas ce en quoi j’excelle. J’ai regardé attentivement un grand nombre d’unités élémentaires dont se compose la communauté humaine ; j’ai joué mon rôle dans l’exécution de projets présentant des différences intrinsèques et qualitatives sans éprouver de sentiments d’affection pour eux ; j’ai avalé pour me nourrir des aliments solides à peu près chaque espace de temps qui s’écoule pendant une rotation de la Terre sur elle-même ; j’ai exploré les corps d’êtres humains adultes du sexe féminin. J’ai en mémoire quelques groupes de cent unités de parties supérieures de têtes humaines, deux ou trois représentations données en public supérieures par leurs qualités, et peut-être l’essentiel de deux fois dix assemblages brochés et reliés d’un nombre assez grands de pages à l’exclusion des périodiques. Je n’ai pas, de ces réalités matérielles concrètes et abstraites concevables comme des objets uniques, conservé en ma mémoire ce qui l’emportait en qualité ni ce qu’il y avait de plus mauvais : est encore présent ce qui a eu la possibilité de l’être.
Le Félibre outlaw
1) Un petit joueur de flûteau
Entendit parler d’un château
D’où s’était enfui un jongleur
Qu’avait dédaigné les honneurs.
Le nôtre n’était la vedette
Que des scouts et du bal musette
Avec des flonflons à la clé,
Son la ne pouvait prospérer.
Il se mit à rêver qu’un blason
Ornerait son petit blouson.
2) Et l’artiste bientôt dit j’enrage
De moisir dans mon ptit village.
Il n’est plus du tout de saison
Le clos de ma pauvre maison.
Quand il baisait sa compagne
Il songeait à une reine d’Espagne.
Avec l’amertume à la clé,
Son la se mit à chahuter.
Et l’on dit dans tout le pays
Ce voyou il nous abrutit.
3) Et le ptit joueur de flûteau
Un jour prit la route du Château.
Il siffla méchamment vers les cieux
Leva le poing vers le Bon Dieu.
A ses parents dit pleins d’angoisse
On n’est plus de la même paroisse.
Avec la fureur à la clé,
Son la se mit à exploser ;
Et l’on dit dans tout le pays
Ouf, enfin le voilà parti.
4) Le jongleur pousse sa voix au Château,
Sait mettre en musique tous ses mots (maux).
Brûle les planches tous les soirs,
A son cou pend une main de gloire
Qu’il agite dans la lumière
Pour faire trembler tout le parterre.
Avec de l’audace à la clé,
on la s’est beaucoup contrasté.
Et l’on dit par tous les pays
Le jongleur a d’l’âme et d’esprit.
5) Le jeune héros tangue dans sa limo
Sa flûte est un vrai chalumeau.
Vêtu de noir et lunetté,
Par les feux d’la rampe calciné,
Il invente d’énigmatiques stances
En buvant d’étranges substances.
Avec de la dope à la clé,
Son la s’est mis à délirer.
Et l’on dit à qui veut l’entendre
Le Phoenix renaît toujours de ses cendres.
6) Mais le ptit joueur de flûtiau
N’est qu’un domestique du Château.
Le Fantôme du Roi quelque part
Lui fait renoncer à son art.
Il lui dépêche un manager
Des bergères et des infirmières.
Avec une fleur bleue à la clé,
Son la se met à susurrer.
Et l’on dit par monts et par vaux
Ouais… ta flûte maint’nant c’est du pipeau !
7) Notre troubadour lamento
Répète dans une aile du Château.
Entre les cuisses d’une ptite gitane,
Se pressent son crucifix son pagne.
Il récite des prières et se pâme
Pour que Dieu ait pitié de son âme.
Avec des cantiques à la clé,
Son la se met à sermonner.
Et l’on bâille dans tous les pays
Le joueur de flûte nous ennuie.
8) Mais notre joueur de flûteau
A survécu moderato.
Dans les ruines du Château il exhale
Un déluge de sibyllins râles.
Nul ne saisit ce qu’il exprime
Mais l’on respecte sa vieille déprime
Avec des ronchis à la clef,
Son la s’est un peu atrophié.
Mais l’on crie au félibre outlaw :
« On réclame encore un fabliau ».
Le CAïD Acte I scène VI
Dd : - Rodrigue, as-tu des couilles ?
R : - Tout autre que mon dab,
- qu'il souffre que je l'dérouille !
Dd : - J'aime te voir renauder
- Sublime ressaut à mon ire si cher
- Ah je me rends compte que prenant du flacon
- On n'est pas fâché d'avoir pondu un lardon
- Toi mon rejeton, beau gonze pleine de promesses
- J'ordonne que ta fougue se fasse vengeresse
R : - De quoi ?
Dd : - D'un vanne si sanglant
- Que tézigue comme moi tu trempes dedans
- D'une dégelée de première
- Qu'aurait ben pu m'dessouder la cafetière
- D'une torniole , que m'a filée un morveux fils de pute
- Infâme produit d'un plus que misérable rut.
- D'une baffe ; le faux frère eût déjà posé sa chique
- Si ton birbe bedonnant valait mieux que beurre de bique.
- Avec ce calibre qui, dans ma pogne s'affaisse,
- Va lui claquer d'ma part une châtaigne dans l'tiroir-caisse.
- Crève ou refroidis-le. Mais ne te berlure point ;
- Pour le déboutonner il faut plus d'un coup d'poing
- Je l'ai souvent zieuté tout floqué d'raisiné
- Faire à des braves cracher leurs entrailles par milliers
- Filer des javas soignées déloger foies et rates
- Dévisser des valseuses scier des omoplates.
- Plus qu'un soudard vérolé de lestes cantinières
- Plus qu'un matador plus qu'un John Silver
- C'est...
R : - Morbleu, accouche !
Dd : - Le dab de Chimène !
R : - Jamais !
Dd : - Ecrase ! je sais ton zèle pour ardre cette môme
- Que sa cramouille baveuse c'est tout ton symptôme !
- Mais qui n'éponge un tel vanne n'est qu'une Claudette !
- Mets donc Popaul en berne et oublie la tringlette
- Tu fouailles la belle et ton vieux qu'a la tremblotte
- Se fait grave déglinguer toutes es chocottes ?
- Quel est ton devoir et souffrirais-je les chichis ?
- N'es-tu que demi-sel ou fils d'un affranchi ?
- Sois fier ; mais ne fais point le matamore
- Emplâtre-le sec. Je le veux voir mort
- A poil dans la boîte à dominos.
- Casse-toi, carbure illico et rompt lui les os.
Hommage à Corneille, Pierre, qui, ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie,
il y quatre cents ans aujourd'hui à Rouen dit-on, naquit
En 1953, le cinq du mois de
janvier, la première de Godot : il se produisit un événement de peu d’importance qui n’eut guère d'effets sur les spectateurs ,ni sur les
interprètes, rompus à tous les types d’inconvénients et sachant y remédier.
Un troisième représentant de l’espèce humaine se trouva accidentellement sur scène, abandonné par je ne sais quelle grisette, ouvreuse, ou figurante qui avait accouché clandestinement dans une soupente après s'être plainte de maux d'estomac : La patronne, l'habilleuse, la costumière, avait fait mine d'y croire.. Mais, au lieu de déposer son fardeau tout enveloppé de papier journal, sous une porte cochère au petit matin, la pauvre Adèle le lâcha sur la scène, parce que c'est là qu'elle travaille, au théâtre, que voulez-vous! Ou parce qu'elle veut qu'il aie un peu plus chaud.
C'est le soir de la première pas question de faire un scandale : il faudra que les acteurs se débrouillent. Et les deux compères le découvrent . Ils continuent à jouer : ces acteurs chevronnés en ont vu d'autres, ils savent faire face, ce n'est qu'une péripétie.
Estragon.( Il se tourne vers Vladimir.) : Tiens? Regarde! Là…Là!
- Vld.( mécontent, lui montre son dos) : Tiens, quoi?
- Estr.( tremblant, voix bégayante): Bée… un bé…un bébé!
-Vld.( aperçoit la chose, y jette un bref coup d'œil irrité, se tourne à moitié vers Estr.) : Malédiction!
- Estr.( étonné): Qu'est-ce qu'elle a ma diction?
-Vld. ( secouant la tête) : Il va falloir s'en débarrasser. ( montre du doigt l'avorton) : on ne peut garder ça.
-Estr.( Geignant, voix traînante et suppliante) : Tu ne l'entends pas?
-Vld. ( met ses mains en cornet à ses oreilles) : Je n'entends que l'assistance qui toussoie et le plancher qui trembloie.
-Estr.( Timidement) : Tu l'entends pas…vagir?
Comment c'est venu?
- Vld. ( Désigne le trou du souffleur) : De là! Faut l'y remettre!
- Estr. ( Lève les yeux, s'écarte, recule, essaie de joindre ses deux mains) : Aïe !… ( craquements) Est-ce que tu ne disais pas …autrefois.?
-Vld. ( sévère) : Moi, je disais?
- Estr.( petite voix) : Que le royaume des cieux leur appartient?
-Vld. ( S'éponge le front, s'adosse à l'arbre) : L'arbre!
( Il tombe)
On avait dit qu'il y avait un arbre!
-Estr.( Il le relève) : Est-ce que je sais moi? ( Baisse les yeux.): Didi, qu'est-ce qu'on en fait?
-Vld. ( Très impatienté) : Je t'ai montré! ( Il désigne de son index pas très horizontal, le trou du souffleur) Aïe! ( Craquements) Tu le fais exprès! Dépêche-toi!
-Estr. : Moi tout seul?
Etc.. »
Les deux acteurs voulurent impérativement reprendre leur texte initial., là où ils l’avaient laissé. Ils donnèrent le marmot au souffleur, qui était une femme. Elle n ‘avait point d’enfant et ne s’en réjouissait pas. Le porta chez ses parents, de paisibles retraités, à quatre-vingt kilomètres vers l’ouest : Louins dans L’Heur, un petit village transi sous la neige… »
La femme l'appela Dominique...