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6 octobre 2006 5 06 /10 /octobre /2006 08:57
Comment j’ai raté mes mes souvenances, rappel, commémorations avec Perec. (Remembrances, souvenir, remémorations, mémoires, arriérés, oublis, éloignements, carences, manques, défauts défaillance, omissions ,regret, nostalgie)
 
Voulant écrire des « Je me souviens » à la suite de Perec, après lecture de son recueil de « choses communes » je me suis avisée que tout le monde faisait sa liste, certains préférant « Je regrette » comme Jacques Drillon ( je regrette de n’avoir pu trouver ses « je regrette ») ou j’oublie etc. Pour ajouter un petit parfum à cet exercice devenu une vraie tarte à la crème, et auxquel cependant on ne cesse de trouver du plaisir, j’avais décidé de placer chaque souvenir en écho à celui de Perec ( en écho cela signifie, pour moi, reprendre le même sujet avec déplacement sur un événement à la fois semblable et différent).
 
 Je commence :

Je me souviens que Reda Caire est passé en attraction au cinéma de la porte de Saint-Cloud.
Il s’agissait donc de se souvenir d’un chanteur ayant quelque chose de nettement androgyne et pourvu d’un nom ou d’un pseudo ambigu. Et de l’endroit exact où avait eu lieu le concert en question. On pouvait remplacer Reda Caire par Michael Jackson, David Bowie, Alfred Deller, Richard Farinelli…) mais aucun de ces noms n’est ambigu ; ils sont tous désespérément masculins ! 
Finalement j’ai écrit «  Je me souviens de Sarrasine »  un ancien chanteur dans la nouvelle de Balzac. Une nouvelle que Roland Barthes a rendue célèbre.
Bien sûr, ce n’était plus un écho ; trop différent.  Je l’ai raturé.
Enfin une autre idée me vient : Lou Reed . cette fois c’est correct , le nom est androgyne, aussi bien que la personne. ( poèmes à Lou ; Lou-Andreas Salomé : fortes connotations féminines ). Il ne reste plus qu’à indiquer un concert.. Google m’aidera, si le ciel ne m’aide pas.
Un concert  quelconque à Paris à Saint-Cloud ou au stade de France.
Je n’y suis pas allée ? Rien ne dit que Pérec y soit allé lui-même…il dit seulement « est passé ».
  je n’aime pas ce chanteur ? Rien ne prouve qu’il aimait Rada. Non Raida. Reda Caire.
Mais pourquoi toutes ces égypteries ? 
Mais pourquoi ces je me souviens commencent-ils par l' évocation d’un androgyne ?
Je ne me souviens pas que j’ai voulu être une fille ; lui, Reda Caire, s’en souvient. Mieux, il veut que tout le monde sache qu’il s’en souvient  Il se donne en spectacle…  Et que signifie «  en attraction ? »
Evidemment il me manque le « je me souviens du je me souviens » pour interpréter correctement.
 Bon : Reda Caire, c’est bien trouvé,  parce que personne ne sait qui c’est. Et personne
non plus ne savait qui c’était  lorsque  le bouquin est sorti. ça disait vaguement quelque chose aux plus âgés.  
Mais Lou Red est-il suffisamment passé de mode ?  Et puis tout soudain je m’avise que Lou/ rid ne contient que deux syllabes, l’autre ré-da-ker trois. Pour l’instant je ne puis considérer que mon écho est opportun. Laisser dormir.
Should I get rid of Reed?
 
II : je me souviens que mon oncle avait une 11CV immatriculée 7070 RL2 ….
Comment se souvenir du numéro d’immatriculation des voitures de feu nos aînés ? J’ai scruté à la loupe le devant de la 4CV de mon grand-père qui sort du feuillage sur une petite photo de vacances….là, impossible ! Et la deux-pattes de mon parrain son « panier à salade » ???
Ils ne sont plus là pour m’informer.
Et je ne vois pas téléphoner à mes cousins d’Alsace qui nous ont  toujours snobés pour leur demander la plaque d’immatriculation d’une de leurs anciennes voitures qu’ils ont peut-être oubliées eux-mêmes ; ils me prendraient pour une folle ! Ou seraient-ils simplement vexés que je n’ai aucun souvenir de leurs voitures, qui auraient dû m’éblouir étant gamine, à côté des modestes petites choses dont mon grand-père  se contentait ? Ah mais je n’aime pas penser à mes cousins d’Alsace...
 
Faisant suite à « Reda Caire », les bagnoles,  il s’agit d’une protestation  du garçon contre lui-même, pour attester de sa virilité ( cette contradiction m'enchante).
oncle voiture 11 CV sûrement très rapide et rare pour l’époque ( 11, chiffre premier, et 1 signe du sexe masculin dans les formules administratives et les questionnaires,  redoublé ici…) ; si je veux faire écho ce  devrait être un truc féminin…une 2/2 quelque chose. Une 2/2 mais pas un 22 long rifle... ben, je ne trouve pas...
 
 
III
Je me souviens du cinéma Les Agriculteurs, et des fauteuils club du caméra, et des sièges à deux places du Panthéon.
Echo : je me souviens de La Pagode où l’on pouvait boire un café dans une arrière-cour fleurie sur une chaise de jardin ; de la cinémathèque Chaillot avec ses papier gras et ses canettes vides entre les sièges… oui mais les sièges ?...
Rien ne ressemble plus à un siège de ciné qu’un autre siège de ciné ! Quand ils ne sont pas rouges ils sont gris… regarder les sièges, en plus de l’écran!
Comment un cinéma peut-ils s’appeler les Agriculteurs ?
Les sièges à deux places ce sont ce qui sans doute permit à Boris Vian de chanter « souviens-toi ma chérie, on est resté un an et on a eu beaucoup d’enfants ».
le bonvieutemps.

Pérec n'a pas eu de descendance.
 
 
 
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29 septembre 2006 5 29 /09 /septembre /2006 22:07
  Ce devrait être la fin du blog,   (qui débuta effectivement avec Entrée en scène) mais  ça me vient  maintenant, alors que j'ai passé une partie de l'après-midi à m'entraîner au karaoké sur l'ordi ( sans témoins, Brel et dieu merci !) et il est fréquent que l'on anticipe la fin...

 
Adieu l’ondine je t’aimais bien
On nageait dans les même palais tu sais
On lutinait les mêmes ondins
On se jouait les mêmes drames
Lorsqu’un mortel me prit pour femme.
Adieu l’ondine je vais mourir
C’est rien de périr en hiver, tu sais
Et j’pars au gel sans t’faire de peine
Car vu que tu es une sirène
Un peu d’écume te tient lieu d’âme.
Mais j’veux la cérémonie
J’veux qu’tu boives le thé d’minuit
J’veux qu’ton coeur ne soit pas d’pierre
Quand c’est qu’on m’mettra sous terre.
 
Adieu l’étranger je t’aima
Toi la rencontre d’un soir de frimas
Toi qu’était beau comme le silence
Toi qu’était frêle comme l’absence
Toi qu’était un peu maladroit.
Adieu l’étranger j’vais mourir
C’est kühl de mourir en hiver tu sais
Mais j’pars au givre dans l’insouciance
Car j’y sens comme une ambiance
Des froides plaines de la Hanse.
Et j’veux qu’tu sorte faire un tour
Et que tu  ne sois pas sourd
J’veux  qu’tu sortes des ténèbres
 Du côté de Tostes Funèbre.
 
Adieu l’enchanteur je t’aimais
Adieu l’enchanteur je t’aimais tu sais
Toi qui m’as tant fait écrire mais
Ma plume est toute ensanglantée
Ma seringue traîne dans l’encrier
Adieu l’enchanteur j’vais mourir
C’est cool de mourir en hiver tu sais
Et j’pars en neige l’âme ravie
Emportée par tes ballades
Tes hymnes et tes litanies
Mais j’veux qu’ tu chantes j’veux qu’ tu brûles
Et que tu franchisses le seuil
J’veux qu’tu chantes j’veux qu’tu brûles
Les planches de mon cercueil.
 
Adieu collègues j’vous aimais guère
Adieu collègues vous m’étiez allergiques
Vous et vos inspecteurs hostiles
Vos carnets d’notes et vos stencils
Vos bavardages pédagogiques
Adieu collègues je vais mourir
J’vous laisse à vos autocritiques
Je pars au givre, foin de mon âme,
Que j’vends tous les mois neuf mille balles
A l’Education Nationale.
Et j’veux qu’on pense j’veux qu’on prie
Et que tout le monde se mette en deuil
Je veux qu’on pense j’veux qu’on prie
Quand j’aurais tourné de l’œil.
 
Adieu mes songes j’vous aimais bien
Adieu mes songes adieu mes créatures
Vous qui viviez l’autre aventure
Vous qui étiez plus vrais qu’nature
Puissiez-vous survivre à mon corps
Adieu mes songes je vais mourir
Jamais vous n’m’avez déserté
Et puissiez-vous perdurer
Dans d’autres rêves d’autres pensées
C’est là mon plus cher désir
E j’veux qu’on m’lise une seconde
Et que l’on soit silencieux
J’vaux qu’on m’lise une seconde
Quand j’aurais quitté ce monde.
 
Adieu  mon homme  je t’aimais
Adieu les enfants j’vous aimais tellement
Je prends le train pour le néant
Et je fais des économies
Un aller simple cela m’suffit.
Adieu les enfants j’vais mourir
C’est sobre de mourir en hiver voyez
Et je pars pour les neiges d’antan
Rejoindre Laure et Marguerite
Julien Louise et puis Judith
E j’veux qu’on pleure qu’on soupire
Et qu’on plante un grand laurier
J’veux qu’on pleure qu’on transpire
Et qu’on m’couche sur le papier.
 
 
 
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5 juillet 2006 3 05 /07 /juillet /2006 10:51

01-10.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On s’éclate avec LSD Littérature sémo -définitionnelle qui consiste à remplacer chaque mot d’une phrase brève par sa définition (plus ou moins longue…) trouvée dans le dictionnaire. On évite autant que possible d’utiliser un simple synonyme.

On ne traitera pas les articles définis, ni indéfinis,  ni les prépositions ; la plupart des mots de liaison paraissent impossibles à définir sans  enlever au texte une pertinence quelconque. Pour les adverbes, c’est à voir au coup par coup, les pronoms personnels aussi. Les mots concernés sont surtout les verbes, noms , adjectifs… 


 

Exemple 1 phrase simple :


L’oiseau est tombé du nid.

 

Cela peut donner :

L’animal vertébré à sang chaud, au corps recouvert de plumes, dont les membres inférieurs sont des ailes, et qui  a un bec, a été entraîné  jusqu’à terre, hors de l’abri que ses congénères construisent pour pondre et élever leurs petits, en perdant son équilibre.

 



 Exemple 2: Le Loup et l’agneau.

Texte original :

 

La raison du plus fort est toujours la meilleure :
            Nous l'allons montrer tout à l'heure
            Un Agneau se désaltérait
            Dans le courant d'une onde pure.
Un Loup survient à jeun, qui cherchait aventure,
       Et que la faim en ces lieux attirait.
Qui te rend si hardi  de troubler mon breuvage ?
            Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
Sire, répond l'Agneau, que Votre Majesté
            Ne se mette pas en colère ;
            Mais plutôt qu'elle considère
            Que je me vas  désaltérant
                         Dans le courant,
            Plus de vingt pas au-dessous d'Elle ;
Et que par conséquent, en aucune façon,
            Je ne puis troubler sa boisson.
Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,
Et je sais que de moi tu médis l'an passé.
Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ?
       Reprit l'Agneau ; je tette encor ma mère
            Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.
       Je n'en ai point. C'est donc quelqu'un des tiens :
            Car vous ne m'épargnez guère,
            Vous, vos Bergers et vos Chiens.
On me l'a dit : il faut que je me venge."
           Là-dessus, au fond des forêts
            Le loup l'emporte et puis le mange,
            Sans autre forme de procès.

 

 

 


LSD (je n'ai pu garder la forme en vers)

Le principe d’explication de celui qui a le plus grand pouvoir d’action est toujours celui que rien ni personne ne conteste.
Nous l’allons mettre en évidence présentement.
Un petit de brebis apaisait sa soif dans le mouvement d’une masse d’eau qui se soulevait et s’abaissait en se déplaçant et ne contenait en elle aucun élément étranger ou défectueux.
A l’improviste arriva un mammifère carnivore au museau pointu, aux oreilles droites et à la queue touffue, l’estomac vide, qui allait à la découverte d’événements imprévus.
Et que le besoin de manger,   en cette portion délimitée de l’espace, déterminait   à venir.
- Qui te permet d’oser altérer la transparence de ma boisson à la composition particulière ?
Enonça cet être vivant organisé sensible et mobile, ni végétal ni humain, qui contenait toute la quantité possible de colère et de dépit agressif qui le rendaient violent.
- Tu te verras infliger une peine pour corriger ta disposition à entreprendre sans réflexion ni prudence.
 En retour, l’enfant de caprin lui fit ainsi connaître sa pensée : «  Monsieur, que votre Grandeur divine ne manifeste point un aussi violent mécontentement
Mais plutôt qu’un examen attentif lui fasse envisager
Que je me déplace pour apaiser ma soif dans le liquide en mouvement
Plus de deux fois dix enjambées au-dessus d’elle
Et que par conséquent je ne suis en aucune façon susceptible d’altérer la transparence du liquide qu’Elle boit.         
- Tu l’altères ! le réprimanda cet animal qui prend plaisir à faire souffrir.
Je peux affirmer que de moi ( la première personne du singulier) tu dis, l’année qui est révolue relativement au moment présent, le mal que tu croyais savoir sur son compte.
- Comment aurais-je commis cette action si je n’étais pas venu au monde ?
Je suce encore le sein de la brebis qui m’a enfanté.
- Si ce n’est toi (la deuxième personne du singulier), c’est donc celui qui est né des mêmes parents que toi ( qu’elle.)
- Je n’en ai point.
- Alors c’est un être de ta famille
Vous ne me traitez guère avec indulgence, vous vos gardiens de moutons et vos mammifères domestiques canidés.
On me l’a communiqué par la parole ; il est nécessaire que je me dédommage en punissant mon offenseur. »
Là-dessus, à l’intérieur de la partie la plus reculée des vastes étendues de terrain peuplées d’arbres,
Le mammifère carnivore au museau pointu l’entraîne avec rapidité et puis l’avale après l’avoir mâché,
Sans modalité supplémentaire de juridiction.

3 : (première phrase de la préface  du «  Robert de poche de la langue française » édition de 1995. Ce texte est d’Alain Rey.)


texte original «  Entre le dictionnaire, guide culturel, juge de paix du langage, livre des livres, et le « poche » objet social commode, économique, populaire, existe une relation paradoxale. »

 

LSD:

 

Dans l’espace qui sépare et unit le  recueil contenant des mots des expressions d’une langue, présentés dans un ordre convenu  et qui donne des définitions des informations sur eux, principe directeur   adéquat pour le développement de l’esprit par des exercices intellectuels appropriés,  magistrat chargé  des procédures  litigieuses en ce qui concerne  la fonction d’expression de la pensée et de la communication entre les êtres humains mise en œuvre par la parole et par l’écriture,  assemblage relié ou broché, d’un assez grand nombre de pages , et le même texte imprimé  d’un format réduit et bon marché,   chose solide ayant unité et indépendance  destiné à l’amélioration de la condition des moins favorisés  et à  un usage pratique, peu coûteux et  apprécié du plus grand nombre, se trouve quelque part un lien de dépendance et d’influence réciproque  qui va à l’encontre de l’opinion commune.

 


 

Paul Valéry «  Monsieur Teste » les quatre premières phrases.

 

La bêtise n'est pas mon fort. J'ai vu beaucop de'individus; j'ai visité quelques nations; j'ai pris ma part d'entreprises diverses sans les aimer; j'ai mangé presque tous les jours à ma faim; j'a touché à des femmes. je revois maintenant quelques centaines de visages, deux ou trois grands spectacles, et peut-être la substance de vingt livres. Je n'ai pas retenu le meilleur ni le pire de ces choses: est resté ce qui l'a pu.

 

 

En LSD :

Le manque d’intelligence et de jugement n’est pas ce en quoi j’excelle. J’ai regardé attentivement un grand nombre d’unités élémentaires dont se compose la communauté humaine ; j’ai joué mon rôle dans  l’exécution de projets présentant des différences intrinsèques et qualitatives sans  éprouver  de sentiments d’affection  pour eux ;  j’ai avalé  pour me nourrir des aliments solides à peu près  chaque espace de temps qui s’écoule pendant une rotation de la Terre sur elle-même ; j’ai exploré les corps d’êtres humains adultes du sexe féminin. J’ai  en mémoire quelques groupes de cent unités de parties supérieures de têtes humaines, deux ou trois représentations données en public supérieures par leurs qualités, et peut-être l’essentiel de  deux fois dix assemblages brochés et reliés d’un nombre assez grands de pages à l’exclusion des périodiques. Je  n’ai pas, de ces réalités matérielles concrètes et abstraites concevables comme des objets uniques, conservé en ma mémoire   ce qui  l’emportait en qualité ni ce qu’il y avait de plus mauvais :  est encore présent  ce qui a eu la possibilité de l’être.

 



 


 

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25 juin 2006 7 25 /06 /juin /2006 17:43

Le Félibre outlaw 

 

1) Un petit joueur de flûteau

Entendit parler d’un château

D’où s’était enfui un jongleur

Qu’avait dédaigné les honneurs.

Le nôtre n’était la vedette

Que des scouts et du bal musette

Avec des flonflons à la clé,

Son la ne pouvait prospérer.

Il se mit à rêver  qu’un blason 

Ornerait son petit blouson. 

 

2) Et l’artiste bientôt dit j’enrage

De moisir dans mon ptit village.

Il n’est plus du tout de saison

Le clos de ma pauvre maison.

Quand il baisait sa compagne

Il songeait à une reine d’Espagne.

Avec l’amertume à la clé,

Son la se mit à chahuter.

Et l’on dit dans tout le pays

Ce voyou il nous abrutit. 

 

3) Et le ptit joueur de flûteau 

Un jour prit la route du Château. 

Il siffla méchamment vers les cieux

Leva le poing vers le Bon Dieu.

A ses parents dit pleins d’angoisse

On n’est plus de la même paroisse.

Avec la fureur à la clé,

Son la se mit à exploser ;

Et l’on dit dans tout le pays

Ouf, enfin le voilà parti. 

 

4) Le jongleur pousse sa voix au Château,

Sait mettre en musique tous ses mots (maux).

Brûle les planches tous les soirs,

A son cou pend une main de gloire 

Qu’il agite dans la lumière 

Pour faire trembler tout le parterre.

Avec de l’audace à la clé, 

on la s’est beaucoup contrasté.

Et l’on dit par tous les pays 

Le jongleur a d’l’âme et d’esprit.  

 

5) Le jeune héros tangue dans  sa limo 

Sa flûte est un vrai chalumeau.

Vêtu de noir et lunetté,

Par les feux d’la rampe calciné,

Il invente d’énigmatiques stances

En buvant d’étranges substances.

Avec de la dope à la clé,

Son la s’est mis à délirer.

Et l’on dit à qui veut l’entendre 

Le Phoenix renaît toujours de ses cendres. 

 

 6) Mais le ptit joueur de flûtiau 

N’est qu’un domestique du Château.

Le Fantôme du Roi quelque part 

Lui fait renoncer à son art.

Il lui dépêche un manager 

Des bergères et des infirmières.

Avec une fleur bleue à la clé, 

Son la se met à susurrer. 

Et l’on dit par monts et par vaux

Ouais… ta flûte maint’nant c’est du pipeau ! 

 

7) Notre troubadour lamento 

Répète dans une aile du Château.

Entre les cuisses d’une ptite gitane,

Se pressent son crucifix son pagne. 

Il récite des prières et se pâme

Pour que Dieu ait pitié de son âme.

Avec des cantiques à la clé, 

Son la se met à sermonner. 

Et l’on bâille dans tous les pays 

Le joueur de flûte nous ennuie.  

 

8) Mais notre joueur de flûteau 

A survécu moderato. 

Dans les ruines du Château il exhale 

Un déluge de sibyllins râles.

Nul ne saisit ce qu’il exprime 

Mais l’on respecte sa vieille déprime

Avec des ronchis à la clef,

Son la s’est un peu atrophié.

Mais l’on crie au félibre outlaw : 

« On réclame encore un fabliau ».

 

 

 


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6 juin 2006 2 06 /06 /juin /2006 17:33

Le  CAïD Acte I scène VI



Dd : - Rodrigue, as-tu des couilles ?


R   : - Tout autre que mon dab,

-          qu'il souffre que je l'dérouille !


Dd : - J'aime te voir renauder

-         Sublime ressaut à mon ire si cher

-         Ah je me rends compte que  prenant du flacon

-         On n'est pas fâché d'avoir pondu un lardon

-         Toi mon rejeton, beau gonze pleine de promesses

-         J'ordonne que ta fougue se fasse vengeresse


R   : - De quoi ?


Dd : - D'un vanne si sanglant

-         Que tézigue comme moi tu trempes dedans

-         D'une dégelée de première

-         Qu'aurait ben pu m'dessouder la cafetière

-         D'une torniole , que m'a filée un morveux fils de pute

-         Infâme produit d'un plus que misérable rut.

-         D'une baffe ; le faux frère eût déjà posé sa chique

-         Si ton birbe bedonnant valait mieux que beurre de bique.

-         Avec ce calibre qui, dans ma pogne s'affaisse,

-         Va lui claquer d'ma part une châtaigne dans l'tiroir-caisse.

-         Crève ou refroidis-le.  Mais ne te berlure point ;

-         Pour le déboutonner  il faut plus d'un coup d'poing

-         Je l'ai souvent zieuté tout floqué d'raisiné

-         Faire à des  braves  cracher leurs entrailles par milliers

-         Filer des javas soignées déloger foies et rates

-         Dévisser  des valseuses scier des omoplates.

-         Plus qu'un  soudard vérolé de lestes cantinières

-         Plus qu'un matador plus qu'un John Silver

-         C'est...


R   : - Morbleu, accouche !


Dd : - Le dab de Chimène !


R   : - Jamais !


Dd : - Ecrase ! je sais ton zèle pour ardre cette môme

-         Que sa cramouille baveuse c'est tout ton symptôme !

-         Mais qui n'éponge un tel vanne n'est qu'une Claudette !

-         Mets donc Popaul en berne et oublie la tringlette

-         Tu fouailles la belle et ton vieux qu'a  la tremblotte

-         Se fait  grave déglinguer toutes es chocottes ?

-         Quel est ton devoir et souffrirais-je les chichis ?

-         N'es-tu que demi-sel ou fils d'un affranchi ?

-         Sois fier ; mais ne fais point le matamore

-         Emplâtre-le sec. Je le veux voir mort

-    A poil  dans la boîte à dominos.

-   Casse-toi, carbure illico et rompt lui les os.



Hommage à Corneille, Pierre,  qui, ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie,

il y quatre cents ans aujourd'hui à Rouen dit-on, naquit 

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4 janvier 2006 3 04 /01 /janvier /2006 17:29

 

 

  En 1953, le cinq du mois de janvier, la première de Godot : il se produisit un événement de peu d’importance qui n’eut  guère d'effets sur les spectateurs ,ni sur les interprètes, rompus à tous les types d’inconvénients et sachant y remédier.


Un troisième représentant de l’espèce humaine se trouva accidentellement sur scène, abandonné par je ne sais quelle grisette, ouvreuse, ou figurante qui avait accouché clandestinement dans une soupente après s'être plainte de maux d'estomac : La patronne, l'habilleuse, la costumière,  avait fait mine d'y croire.. Mais, au lieu de déposer son fardeau tout enveloppé de papier journal, sous une porte cochère au petit matin, la pauvre Adèle le lâcha sur la scène, parce que c'est là qu'elle travaille, au théâtre, que voulez-vous! Ou parce qu'elle veut qu'il aie un peu plus chaud.


 C'est le soir de la première pas question de faire un scandale : il faudra que les acteurs se débrouillent. Et les deux compères le découvrent . Ils continuent à jouer : ces acteurs chevronnés en ont vu d'autres, ils savent faire face, ce n'est qu'une péripétie.

 

Estragon.( Il se tourne vers Vladimir.) : Tiens? Regarde! Là…Là!


- Vld.( mécontent, lui montre son dos) : Tiens, quoi?


- Estr.( tremblant, voix bégayante): Bée… un bé…un bébé!


-Vld.( aperçoit la chose, y jette un bref coup d'œil irrité, se tourne à moitié vers Estr.) : Malédiction!


- Estr.( étonné): Qu'est-ce qu'elle a ma diction?


-Vld. ( secouant la tête) : Il va falloir s'en débarrasser. ( montre du doigt l'avorton) : on ne peut garder ça.


-Estr.( Geignant, voix traînante et suppliante) : Tu ne l'entends pas?


-Vld. ( met ses mains en cornet à ses oreilles) : Je n'entends que l'assistance qui toussoie et le plancher qui trembloie.


-Estr.( Timidement) : Tu l'entends pas…vagir?

Comment c'est venu?


- Vld. ( Désigne le trou du souffleur) : De là! Faut l'y remettre!


- Estr. ( Lève les yeux, s'écarte, recule, essaie de joindre ses deux mains) : Aïe !… ( craquements) Est-ce que tu ne disais pas …autrefois.?


-Vld.  ( sévère) : Moi, je disais?


- Estr.( petite voix) : Que le royaume des cieux leur appartient?


-Vld. ( S'éponge le front, s'adosse à l'arbre) : L'arbre!

( Il tombe)

On avait dit qu'il y avait un arbre!


-Estr.( Il le relève) : Est-ce que je sais moi? ( Baisse les yeux.): Didi, qu'est-ce qu'on en fait?


-Vld. ( Très impatienté) : Je t'ai montré! ( Il désigne de son index pas très horizontal, le trou du souffleur) Aïe! ( Craquements) Tu le fais exprès! Dépêche-toi!


-Estr. : Moi tout seul?

Etc.. »

 

Les deux acteurs voulurent impérativement reprendre leur texte initial., là où ils l’avaient laissé. Ils donnèrent le marmot au souffleur, qui était une femme. Elle n ‘avait point d’enfant et ne s’en réjouissait pas. Le porta chez ses parents, de paisibles retraités, à quatre-vingt kilomètres vers l’ouest : Louins dans L’Heur, un petit village transi sous la neige… »


La femme l'appela Dominique...

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