Gallimard 2020
Ce roman commence par la présentation d’un certain nombre de personnages dont on relate la vie et les préoccupations actuelles. Cette première partie est assez ennuyeuse, les personnages sont convenus : le tueur à gages méticuleux, l’écrivain aux succès très moyens qui vit de traductions et aime une femme bien plus jeune, la femme célibataire qui aime moyennement un type bien plus âgé…
l’intérêt s’éveille un peu avec le ficus desséché, retombe puis revient à cause de la grenouille renaissante d’une petite Sophia ; d’une femme qui découvre que le joli poème composé pour elle, était le recopiage d’une récitation d’écolier péniblement apprise…
Enfin, l’intrigue se met en place : le pilote de l’avion, qu’on avait quitté moribond, va se poser à l’aéroport JFK, mais il est tout de suite dérouté sur une base militaire avec sa cargaison de passagers… nous sommes en juin 2021, et son avion s’est déjà posé avec les mêmes passagers et le même équipage, trois mois plus tôt en mars.
Cette intrigue de personnages dédoublés trois mois plus tard, à cause semble-t-il d’une mystérieuse turbulence qui a violemment secoué l’avion, est bien conduite, et réserve quelques moments désopilants : les mises en place de cellules de crises, les interventions de hauts personnages de l’état, les embrouillaminis des scientifiques, les considérations des religieux, les quiproquos engendrés par les situations, et le suspense bien mené.
On aime aussi quelques phrases bien tournées, des aphorismes (inventés ou non) , des poèmes et des chansons, des pastiches, certains mais pas tous, car il faut reconnaître que « la première fois qu’Adrian avait vu Meredith il l’avait trouvée franchement laide… » c’est un peu lourd.
Ce qui est nettement moins bon c’est la psychologie des personnages ; ils sont peu caractérisés, et leurs conflits amoureux tellement semblables qu’on ne sait plus si l’homme d’âge mûr que Lucie endure c’est André ou Victor, et que l’on préfère qu' Adrian et Meredith parlent de leurs protocoles drôlissimes plutôt que de leurs états d’âme.
Il n’est pas facile de donner un avis tant le récit passe du très bon, voire de l’excellent au franchement plombant !
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