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4 avril 2016 1 04 /04 /avril /2016 09:43

Grasset, 2006, traduit de l’allemand par Nicole Casanova

Le narrateur, Léo Brenner, de Berlin, est avocat aux divorces et a épousé une de ses clientes, Lucynna , d’origine polonaise, archéologue de plongée , fraîchement séparée de son mari un autre archéologue, son professeur.

Elle a également renoncé à son métier pour lequel elle était passionnée cependant. Ils ont une petite fille de 3 ans, Lara, et voyagent en Italie : dans la région historique du Latium, au sud de Rome, ils achètent un terrain sur une colline face à la mer et y font bâtir une maison. Lucynna est persuadée que sous le terrain se trouvent des vestiges d’un demeure romaine. Elle se passionne aussi pour la grotte de Tibère vue au musée de la ville de F. , et à tout ce qui concerne ce pourtant peu ragoûtant empereur et les fêtes lubriques qu’il donnait soi-disant dans une grotte ; en même temps, la jeune femme découvre une pierre plate sur laquelle est gravée une mosaïque représentant le monstre marin Scylla ( cette belle nymphe transformée en monstre par Circé) engloutissant les compagnons d’Ulysse grâce aux chiens hurlants qui sortent de son bas-ventre.

On apprend qu’une sculpture en morceaux représentant la scène a été trouvée dans les environ. Au moins deux sculpteurs tentent de faire une copie correcte d l’original qu’on ne peut reconstituer qu’en partie.

La mosaïque découverte par Lucynna représente le dessin de l’original , elle en est sûre…

Le récit ressemble à un parcours d'obstacles de Léo pour triompher de problèmes pratique, les difficultés rencontrées par Léo pour faire bâtir une maison correcte, les escroqueries des différents entrepreneurs,de son passé d'étudiant, et des inquiétants fantasmes de son épouse.

Un conflit va l’opposer à un ancien Imprimeur Stiglitz, qui l’a connu au temps de la bande à Baader et de Rudi Duschtke. Léo était gauchiste à l’époque, et parlait souvent dans des meetings il a beaucoup de mal à se souvenir de Stiglitz encore plus à raisonner ce type à moitié fou.

L’esprit dérangé, Lucynna l’a aussi : elle oublie de temps à autre son mari et sa fille, pour se plus s’occuper que de Tibère et de Scylla, semble parfois changer de personnalité...

Cette histoire est bien écrite bien traduite, on aime cette plongée dans la mythologie et l’histoire romaine : on s’intéresse à Scylla, aux diverses interprétations du mythe, et même à ce sinistre Tibère. Le narrateur nous donne aussi à réfléchir sur le parti qu'on peut tirer (ou pas) de l'histoire et de la mythologie, de cette civilisation dont nous sommes les héritiers.

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31 janvier 2016 7 31 /01 /janvier /2016 10:48

Sabine Wespieser, 249 pages.

Franz Huchel, 17 ans, quitte la province un endroit de hautes montagnes auprès d’un lac, l’Attersee, car l’ami de sa mère, qui les entretenaient tous les deux se noie dans ce beau et traître lac.

Franz va travailler à Vienne comme apprenti chez un ami de sa mère, le buraliste Otto Tresniek. Otto a perdu une jambe pendant la Grande Guerre, il vend toutes sortes de périodiques, ainsi que des cigarettes et des cigares de luxe, notamment les Hoyo de San Juan qui vont jouer un rôle dans cette affaire.

Nous sommes en 1937, à l’automne, et pendant que Franz se met à lire les journaux et se forme une conscience politique proche de celle de son patron, la peste brune progresse rapidement. Les juifs commencent à être sérieusement maltraités.

De temps à autre, un vieux monsieur vient acheter des cigares dans la boutique ; Otto Tresniek se sent honoré de cette fugace présence : c’est le professeur Freud « le docteur des fous « . La Bergasse se trouve à quelques rues de là. Curieux, Franz suit le professeur et lui adresse la parole : il voudrait lire tous ses livres ! Comment, s’étonne le professeur, n’as tu rien de mieux à faire que de lire les gros bouquins poussiéreux d’un vieux monsieur ? … tu es jeune, va prendre l’air, promène-toi, trouve-toi une fille...

C’est un roman d’apprentissage agréable à lire, aux descriptions soignées, parfois originales, qui permettent de visualiser rapidement les gens et les situations. Les oiseaux jouent un grand rôle. Des pigeons, des petits oiseaux un peu bizarres « qui amènent la peste ».

Les dialogues courts et amusants jurent avec la situation critique.

La rencontre de Franz et de Freud qui se prolonge en rendez-vous sur un banc est-elle vraisemblable ? Comment expliquer que ce très jeune homme soit d’emblée si attiré par un vieux monsieur « qui soigne les fous » alors que Franz se sent plutôt sain d’esprit ? Même si la suite montre qu’il ne l’est pas tant que cela ! Franz a beau être un jeune homme de la campagne, difficile de croire qu’il soit si naïf ; son comportement est plutôt suicidaire, à moins qu’il ne mésestime gravement l’ennemi.

Pas sûr non plus que les échanges eussent été d’emblée aussi décontractés entre Franz et ses interlocuteurs.

Les portraits de femmes sont très traditionnels : la mère aimante et qui sait conserver sa dignité, la pute sans foi ni loi, la vieille fille attachée à son père…ces portraits sont néanmoins tracés d’une plume délicate.

Mettre en scène un personnage illustre tel que Freud, n’est pas chose facile ! A sa place, je ne l'aurais pas nommé.Le jeune auteur a de l’ambition, il ne se refuse rien… de ce roman je retiendrais surtout les descriptions, et certains dialogues piquants.

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6 avril 2015 1 06 /04 /avril /2015 20:27

Christian Bourgois, 2010, 273 pages.

Alex et Sonia sont mariés depuis dix-huit ans, et ont une petite fille. Leur couple a connu bien des vicissitudes : architectes tous deux, ils avaient monté une agence qui a bien marché puis fait faillite et recommence à tourner. Issus de milieux différents ( grands bourgeois pour elle, petits pour lui) ils ne se sont jamais sentis bien ensemble. Sexuellement, ça marchait couci-couça : Alex a toujours eu une maîtresse Iwona une Polonaise clandestine en Allemagne, très pieuse, sans culture, énigmatique et très versée dans une sorte de mysticisme humble. Cette femme ne semble pas du tout lui convenir, encore moins que son épouse, mais plus le temps passe, plus le lien mystérieux qui les lie se resserre!

C’est l’histoire de ce couple « à trois » que raconte Alex qui parle à la première personne.

Il ne se passe rien d’extraordinaire dans le récit, mais les personnages ont chacun leur énigme, leur parcours personnel ; chacun d’entre eux est intéressant ; les petits rôles ( les amis les ex-amis et même les parents ) sont bien campés. Un ensemble original, une atmosphère bien particulière.

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20 mars 2015 5 20 /03 /mars /2015 21:15

(Nacht ist der Tag, 2013)

Christian Bourgois, 2014, 203 pages.

Nous sommes à Zürich

Gillian présentatrice d’une émission de TV »littéraire », a un accident de voiture avec son mari Matthias (ivre) ; lui meurt et elle se retrouve défigurée et blessée à la hanche. Pendant sa longue convalescence, elle change, rêve de s’établir à la montagne, et aussi de retrouver Hubert, pour qui elle a posé nue et habillée pendant quelques temps ; elle n’aimait plus son mari, et il le savait, d’où la querelle, et l’ivresse qui mena à l’accident.

Le récit commence avec le réveil de Gillian à l’hôpital. Ses sensations très bien rendues. Son évolution aussi…

La seconde partie est vue du point de vue de Hubert le peintre : son itinéraire artistique sujet à de nombreux changements aussi, ses problèmes conjugaux, ses retrouvailles avec Gillian à la montagne (elle a un peu aidé le destin) et la relation satisfaisante un temps mais non durable avec ce second compagnon.

L’intrigue n’est point absente du roman, mais elle est secondaire : l’auteur a surtout voulu montrer comment vivent et évoluent au moins deux personnages, et rendre l’atmosphère, les sentiments, les conflits, les joies et les peines qui leur échoient.

Il n’y a pas de vraie fin (ni de vrai commencement) nous sommes dans la vie… bien que dans la fiction.

On s’ennuie à peine, et on apprécie beaucoup. Un auteur que je lis pour la première fois, que je relirai, une nouvelle voix singulière.

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27 novembre 2014 4 27 /11 /novembre /2014 13:56

Actes sud Noir 2011, 358 pages.( Tiefe Wunden)

En mai 2007 David Goldberg, âgé de 92 ans, homme d’affaire, et diplomate, est rentré des USA pour finir ses jours à Taunus près de Francfort dans sa patrie d’origine, quittée en 1945. Ce soir, Il attend la visite d’une vieille amie à lui.

Dommage !, à peine établi dans ses pénates, il se fait assassiner d’une balle dans la tête. Avec son sang, on a écrit sur le miroir du vestibule les chiffres 16145.

Les enquêteurs ( déjà connus dans Blanche-Neige va mourir) Pia Kirchhoff et Oliver von Bodenstein sont fort surpris lorsque le médecin légiste leur annonce que la victime avait sur le haut du bras un tatouage de son groupe sanguin qu’il avait tenté sans succès d’effacer. Ce tatouage, signe son appartenance à la Section Spéciale de Hitler. David Goldberg n’était donc pas juif, et rescapé d’Auschwitz, bien qu’il passât pour tel depuis la nuit des temps !

Pia et Oliver vont rendre visite à la vieille amie de Godberg, Vera Kaltensee qui vient de fêter ses 85 ans. Cette famille éminemment riche et respectée vit dans une grande propriété : Le fils aîné de Vera, Elard, professeur d’art, est revenu vivre chez eux. On dit qu’il a « un lourd secret ». La plus jeune des filles Jutta, est lancée dans une carrière politique. Pia a l’intuition qu’ils savent des choses qui pourrait lancer la police sur une piste,

En même temps de nombreux personnages, plus ou moins suspects, tombent sur le dos du lecteur (qui a un peu de mal à se souvenir de tout le monde !). Un jeune entrepreneur de travaux publics Marcus,vient se faire consoler d'on ne sait quoi à sa grand- mère. Thomas Ritter, ennemi juré des Kaltensee, écrit un livre sur cette famille, qui devrait faire scandale ; en même temps il fréquente une petite fille héritière de Vera...

Pêle-mêle,entrent en scène d’autres collègues de Pia et Oliver, dont une certaine Nicole qui en veut à Oliver ; puis Cosima la femme d’Oliver, et sa progéniture; les autres enfants et petits enfants de Vera ; sa meilleure amie Anita, en maison de retraite, un fils naturel Kaltensee, un directeur de zoo ami de Pia, leurs chevaux et leurs chiens( pourquoi devenir policière, alors que vétérinaire lui aurait si bien convenu ?), la femme de Marcus, l’éditrice de Thomas (vous suivez ? )et voici la seconde victime, Hermann Schneider, autre vieux monsieur des environs, tout aussi riche et nazi que le premier…

Ce roman policier n’est pas sans défauts : trop de personnages qu’on aborde superficiellement , des détails peu intéressants notamment sur la vie des policiers, une abondance de clichés, des rebondissements multiples, dont certains sont utiles, et d’autres d’un romanesque outré. L’idée de départ est intéressante, et tient la route. Il est bien dommage que l’auteur l’ait plus ou moins enrobée de péripéties mélodramatiques …l’intrigue est correctement menée, et l’on suit jusqu’au bout. Un assez bon moment de lecture

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24 septembre 2013 2 24 /09 /septembre /2013 18:32

1971

Vienne ; rue de Hongrie ; café Landtmann ; Au vieux Denier ; Wiener Wald ; Kahlenberg ; le magnolia du Parc municipal ; Malina (rencontres manquées, graves malentendus ; rêvasseries idiotes) ; Béla Andras( enfants de Malina) ; Yvan ; le Pont de la Glan ; la Promenade du lac ; un bouquet de lis Martagon....

 

La narratrice évoque son compagnon Malina et son amant Yvan. Elle est coincée entre les deux. Ils vivent dans la même rue à Vienne (rue de Hongrie) et ça ne lui est pas difficile de se rendre chez son amant. Malina fait un travail intellectuel, Yvan est ingénieur et hongrois. On croit comprendre qu’elle a pris un amant pour avoir une vie personnelle secrète, mais l’identité de cet homme ne semble pas compter. Elle ne parle ni de l’un ni de l’autre comme si elle en était amoureuse. Il n’est pas question non plus d’attirance sexuelle (ni avec l’un ni avec l’autre). Mais peut-être n’ai-je pas compris…Ce qu’elle nomme le Bonheur (chapitre 2) soit ses rencontres avec Yvan, restent désenchantées, elle parle beaucoup de petits détails malheureux qui plombent les atmosphères… qui font l’effet de petits cailloux coupants blessant le pied, et gâchant le cheminement, dans une chaussure pourtant seyante.

Pour décrire son existence avec Malina,(pourquoi Malina ? pourquoi un nom à consonances féminine ?) elle invente des conversations courtes au style direct qui montrent qu’ils ne s’entendent pas trop bien. Mais pourquoi, je n’en sais rien. Avec Yvan, ça cloche aussi. Vers la fin du récit, on dirait que la liaison s’achève et qu’elle pense à se suicider. Mais rien n’est sûr, car tout le long du récit, elle est également contrariée. On dirait aussi que Malina sait qu’elle voit quelqu’un d’autre, mais son attitude est ambiguë.

Le récit se veut poétique avant tout ( Ingeborg Bachmann est célèbre pour sa poésie, et Malina est son seul roman). Le style « monologue intérieur », la façon primesautière, mélancolique, et sans transition visible de passer d’une idée, d’une métaphore, d’une constatation à l’autre, peuvent faire penser à Virginia Woolf.

Un ensemble qui me laisse dubitative. Je n’ai pas compris grand-chose ! je sais bien qu’Ingeborg Bachmann eut une liaison malheureuse avec Paul Celan( j’ai lu des extraits de cette correspondance) et une liaison différente avec Max Frisch. Cela ne m’aide en rien à saisir de ce texte la substantifique moelle… Si quelqu'un peut m'aider...

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2 septembre 2013 1 02 /09 /septembre /2013 13:47

Le Maître de Ballantrae : Un conte d’hiver ; Robert-Louis Stevenson 10 épisodes

1889

Ecosse 18eme siècle.

Manoir de Durrisdeer

Le principal narrateur de l’histoire est Ephraïm Mc Kellar entré au service des Duries pour être intendant du domaine. Il fut aussi partie prenante dans les conflits et drames opposant les personnages entre eux et les présente :

James « maître de Ballantrae », héritier normal du domaine, fils aîné. Coureur de jupons, buveur, hâbleur, amoral, ambitieux, aimé des gens de la contrée, préféré de son père.

Henry, le fils cadet, discret, taiseux, considéré comme avare, disparaît derrière le charisme de l’aîné.

Le papa, qui est toujours à lire devant un feu de bois.

Alison Mc Gray, riche orpheline, qui vit avec eux, et partage sa fortune, devrait épouser James, qu’elle trouve à son goût.

Les deux frères sont ennemis. Cela éclate au moment de la guerre civile de 1745. Le prince Charles (Jacobite) a levé une armée pour s’emparer de l’Ecosse et la rendre indépendante. L’ennemi est le roi George II. Il y a aussi conflit religieux, George est protestant, Charles catholique.

Il faudrait que James reste à Derrisdeer pour assurer la continuité, et que Henry aille combattre auprès de Charles pour l’Ecosse, afin que la famille manifeste son patriotisme.

Mais James, aventurier de nature, veut absolument combattre, et, soutenu par son père, est parti guerroyer. Henry s’est senti floué ; mais son frère ayant été porté disparu à la bataille de Culloden il hérite de Derrisdeer, et épouse Alison.

C’est là que Mc Kuller, l’intendant narrateur, est engagé, et commence à jouer son rôle. Il reconnaît Henry pour son maître, et devient aussi son seul vrai soutien. Cet homme a remarqué qu’Henry était mal aimé de son père, ainsi que de son épouse, qui regrette l’absent. Et même de toute la contrée où James passe pour un héros.

Lorsque arrive le capitaine Burke, irlandais, c’est un second narrateur qui intervient, pour dire que James n’est pas mort, raconter leurs équipées périlleuses et crapuleuses...

Je ne connaissais pas l’existence de ce roman, et ne me penchais pas sur Stevenson, le croyant surtout axé sur le roman d’aventure, mais cet opus adapté pour la radio m’a plu. Le conflit entre les deux frères est vraiment bien rendu.De quoi agrémenter des nuits d'insomnies!

Berlin Alexander Platz Alfred Döblin 15 épisodes

On dit que c’est un roman incontournable; je n’ai jamais eu l’occasion de le lire… et je n'en l'aurais sans doute pas pris connaissance sans ce feuilleton radiophonique bien venu!

1927 : Franz Biberkopf sort de prison. Il y purgeait une peine de plusieurs années pour avoir tué Ida, la prostituée qu’il faisait travailler. Franz est décidé à devenir honnête. Il fréquente Meck ( un mec...) avec qui il va vendre des journaux (déjà nazis) et toutes sortes d’ accessoires au porte- à-porte. Il essaie d’autres métiers, dont déménageur. Mais il retourne au monde de la délinquance, car les gens qu’il côtoie tous les jours en sont peu ou prou. Il fait connaissance de Rheinhold, avec qui il vend des journaux, et séduit des femmes. Cependant un soir il embarque Franz avec sa bande de potes, sous le prétexte d’aller voir la marchandise qu’ils vont vendre demain( des fruits soi-disant) ; en route, Franz comprend que la bande va participer à un cambriolage: il refuse ;

Rheinhold le lâche de la voiture roulant vite sur la route ; il y perd un bras...

Chaque chapitre commence par quelques phrases adressées à Franz par une voix de femme qui le compare à Job (le Livre de Job) et lui parle de sa vie, ses souffrances, et de son destin avec sollicitude. « Qui es-tu ? » lui demande Franz qui ne sait pas qui est Job et restera à l’ignorer. Il ne saura rien non plus sur cette voix. Au milieu de chaque épisode, il est question aussi de la prostituée de Babylone ( c’est la ville elle-même ?) Il y aura aussi un narrateur cynique et sardonique, lequel à l’opposé se moque de toute cette histoire, (y compris des événements mineurs se déroulant sur l’Alexander Platz) ; l’actualité a beaucoup d’importance, on se croit dans le quartier, on vit avec la pègre, avec Franz en particulier. Les dialogues sont très bons. Les comédiens aussi. C’est un récit très dur, sans pitié, ni espoir quelconque dans le genre humain, même si Franz en quelque sorte, s’en tire…c’est une manière de roman picaresque. Le héros fait l’expérience d’un apprentissage très dur.

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24 juin 2013 1 24 /06 /juin /2013 19:55

Titre original : Jeder stirbt für sich allein ; ( chacun meurt pour lui seul ?) 1ere publication 1965.

Folio, 556 pages 2002.

Quelques habitants d’un immeuble berlinois, rue Jablonski, juin 1940.

L’armistice vient d’être signé, et la famille Persicke se réjouit bruyamment en se rinçant le gosier sans modération. Ce sont des nazis offensifs, surtout le fils cadet Baldur, qui règne sans partage sur ses frères et son père. Un étage plus bas, le juge Fromm considère que la vieille Mme Rosenthal au dernier étage, est en danger ; son mari a été arrêté, et les Persicke vont venir la persécuter. Il s’apprête à cacher cette citoyenne chez lui. Eva Kluge, la postière vient apporter aux Quangel du premier étage la nouvelle que leur fils unique a perdu la vie au combat. Eva est résolument opposée au gouvernement en place et se fait violence pour rester prudente. Son mari, au contraire, se demande comment exploiter la situation pour tirer quelque profit par la dénonciation ou le chantage.

Otto et Anna Quangel, profondément affectés par la disparition de leur fils, décident d’agir. Ils se sentent trahis. Quelques années plus tôt, le gouvernement national-socialiste leur paraissait une bonne chose pour l’économie, et Otto avait obtenu un bon poste et un meilleur salaire. A présent, ils sont effondrés. Contremaître en menuiserie, Otto présidait à la fabrication de meubles et à présent, ce sont des cercueils qu’il livre. Le couple se met à écrire des tracts antinazis, qu’ils déposent incognito dans des immeubles, quadrillant plusieurs quartiers de la ville, éloignés du leur. Pendant plusieurs années ils vont se livrer à cette occupation et tenir en échec le commissaire de la police criminelle Escherich qui tente de mettre la main sur « le trouble-fête » comme il l’a surnommé. Les Quangel s’imaginent que leurs tracts circulent et amènent ceux qui les trouvent à réfléchir et s’indigner. Mais les gens, terrorisés, détruisent les tracts aussitôt qu’ils les ont en leur possession, et bien plus souvent, vont les remettre à la police, de sorte que, ironie amère, le commissaire devient le récipiendaire des brochures patiemment composées par les Quangel…

Un récit très classiquement composé, qui se lit facilement, un beau récit nécessaire et instructif sur le vécu des classes moyennes dans l’Allemagne nazie, la résistance courageuse obstinée, naïve au début, de gens qui se débrouillent avec leurs peu de moyens, et aussi la lâcheté et la délinquance de ceux, qui, dépourvus d’éthique personnelle, voient leur vils penchants encouragés par un régime ouvertement criminel. L’auteur suit ses personnages pendant toute la durée de la guerre : ils évoluent et certains nous surprennent. Pour les amateurs de péripéties, il y a, en outre, beaucoup de suspense et de rebondissements. La fin n’est pas complètement pessimiste…

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27 octobre 2012 6 27 /10 /octobre /2012 23:07

Métailié, 2009, 208 pages.

 

Dans un pays abîmé et muselé par une dictature, une jeune femme prend le tramway, qui va la conduire  au lieu de sa convocation. Convoquée, elle l’est au moins tous les deux jours. Là ba l’attend le commandant Ablu qui valui faire subir un insupportable baisemain, s’arrangeant pour lui blesser les doitgs et les couvrir d’une sordide salive. Ensuite ce sera l’interrogatoire toujours les mêmes questions, toujours les mêmes réponses, toujours la même angoisse.

Reviendra-t-elle chez elle ce soir ? Ablu ira-t-il plus loin dans la persécution ?

 

Pendant le trajet, elle se remémore son passé ancien et récent, et observe les passagers du tramway. Des scènes minuscules prennent de l’importance, le conducteur qui mange un bretzel, une vieille dame qui s’impatiente, un homme avec un petit garçon, une femme qui mange des cerises, des hirondelles dans le ciel. La narratrice lutte jour après jour, pour ne pas s’effondrer psychologiquement, pour jouir de quelques petits agréments "son bonheur bancal". Cette résistance est sa fierté, et une raison de vivre.

 

En se  remémorant le passé, elle nous apprend pourquoi elle est ainsi convoquée. Empployée dans une usine de confection, elle a plusieurs fois glissé dans la doublure de pantalons masculins des petits messages de détresse s’adressant à l’homme qui porterait le vêtement et y laissant ses coordonnées… la narratrice a-t-elle vraiment cru qu’un italien viendrait ainsi la délivrer ? En de certaines circonstances, on jette des bouteilles à la mer.

 

Son geste découverts, elle a eu beaucoup d’ennuis, chantage sexuel de la part du chef de rayon, accusations diverses, renvoi de l’usine, pour en venir à ces convocations.

Dans ce que nous supposons être la Roumanie de Ceausescu, nombreux sont les gens qui ont tenté quelque chose d’interdit, soit pour améliorer leur existence misérable, soit pour quitter clandestinement le pays, et dans l’entourage de la narratrice, ils l’ont chèrement payé…. La jeune femme vit avec Paul, ouvrier dénoncé, renvoyé d’une usine pour avoir volé du matériel qu’il revendait. Elle se remémore Lilli son amie de toujours, une belle femme qui voulait vivre,  abattue en train de passer la frontière avec un homme. Le corps de Lilli morte, comme un tapis d'étranges coquelicots arrachés.

Les récits de son grand-père, déporté dans un camp, sur ordre d’un chef zélé« le communiste parfumé au cheval blanc », un personnage sinistre que je vous recommande. La narratrice s’est rendue ,le jour de son , que son beau-père serait cet individu,  son grand-père l'ayant reconnu à la fête…

Il y aura bien d’autres remémorations de fêtes ratées, et de moments  durs : on découvre aussi une population en proie à la malnutrition( les dictateurs affament les gens pour les affaiblir), la nourriture a beaucoup d’importance : elle a un goût affreux et si vous n’avez pas une légère nausée après tout ce que la narratrice se rappelle comme festin, vous aurez de la chance ; pourtant on est avide de ces produits avariés. Le moyen de faire autrement ? les hommes se saoulent  et ça compte beaucoup pour tenir.

On vit la dictature au jour le jour et sans fioritures, chaque scène débute avec un détail trivial, sordide parfois, ou banal, qui se révèle petit à petit recouvrir une situation particulière souvent terrible.

Cette façon de présenter les choses est originale et efficace. Elle nous fait réellement plonger dans un quotidien particulièrement horrible.

Un style vraiment personnel, et un grand livre.

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27 février 2012 1 27 /02 /février /2012 00:53

  Edith Clever La Marquise d'O

 

La Marquise d'O Edith Clever ( film de Rohmer)

 

 

 

la Marquise d'OLa nouvelle titre reprend une anecdote contée par Montaigne dans ses Essais

 

La marquise fait mettre une annonce dans les journaux locaux : elle est enceinte et prie le père de l’enfant de l’épouser. Or c’est une femme de bonne réputation veuve depuis trois ans, et déjà mère de famille nombreuse…

 

 

Il y a un an :

La marquise, en son château de M. ( Italie) attaqué par les russes est sur le point d’être violée par des soldats ; un officier le comte F. fait fuir les indésirables, la ^porte, évanouie dans une chambre que l’armée n’a pas envahie. Illui parle en français…

Cet officier disparaît, est même donné pour mort après avoir été blessé ; il criait dans son délire «  Julietta ! Cette balle te venge ! » A ce moment, le prénom de la marquise apparaît…

Aux premiers signes de la grossesse la marquise feint, ainsi que sa mère de n’y pas croire. . Le comte F. reparaît vivant , et lui offre de l’épouser. Il se fait éconduire.

Le combat douloureux se prolonge entre le comte qui tente de se faire accepter comme époux et de réparer sa faute( une faute grave car il est également amoureux). Et la marquise qui exige de lui des épreuves toujours plus importantes pour la mériter un jour.

Les épreuves : obligation de se déclarer publiquement pour ce qu’il fut , et que suggère l’annonce dans la gazette, de subir un refus ; le mariage finalement accompli, le Comte devra procéder par séries d’approches successives, pour « gagner son épouse »  et le droit de vivre avec elle maritalement.

La mère de la marquise est toujours présente pour énoncer à voix haute ce que sa fille pense dela situation et qu’elle tait, afin que le Comte poursuive son entreprise…

Ce rituel me semble prévu dès le début de l’aventure.  Menacée par des êtres dépravés, la marquise vit apparaître le Comte «  comme un ange ». L’Ange de l’Annonciation ?

Dans ces circonstances troublées, ils s’éprennent l’un de l’autre. Ces circonstances sont d’ailleurs tout à fait propices à la naissance d’un sentiment amoureux.

La marquise s’évanouit alors que  tout danger de la part des brutes est écarté. Son éducation  ne l’autorise pas à consentir de façon consciente. Plus tard, le Comte sera  à la hauteur de ce qu’on lui demande.  

 

Ce récit reprend de façon originale le thème du roman courtois. Il met en scène ce qu’une femme peut désirer d’un homme.

L’histoire se termine bien, profitez-en, car ce ne sera pas toujours le cas !

 

 

Le Tremblement de terre au Chili.

 

La situation historique a une importance symbolique. C’est une fin du monde.

Dona Joséfa fille de gentilhomme, mise enceinte par un jeune espagnol Jeronimo Rugera, est condamnée à mort. Lui, également emprisonné, veut se pendre.

A ce moment, donc la terre tremble à Santiago. Les éléments   naturels se mettent en accord avec la situation d’urgence désespérée des jeunes gens.

Le bouleversement rend le suicidaire décidé à sauver sa vie et épargne Josefa du châtiment promis .

Pendant les moments critiques le jeune couple et son bébé sont en sécurité. Les rescapés s’entendent entre eux, et les identités ne comptent plus.

C’est après le retour  en ville, que les deux jeunes gens sont à nouveau en danger. On va les accuser d’avoir provoqué le séisme en offensant Dieu….

 

Comme dans la précédente nouvelle, le thème du sentiment paternel est très présent. Jeronimo a tout de suite aimé son fils, et Don Fernando l’aimera comme un père, ayant perdu le sien.

 

Fiançailles à Saint-Domingue

Au temps de la révolution française, près de Port au Prince, l’abolition de l’esclavage a permis aux noirs  une certaine revanche.

 

Congo  Hoango s’est débarrassé de son patron et vit sur ses terres avec une servante et sa fille Toni, métisse. Les deux femmes doivent  attirer les voyageurs blancs que Hoango massacrera.

Un de ces voyageurs ( suisse de Genève) et Toni  se plaisent et passent la nuit ensemble. Ils décident de fuir, et de se marier plus tard.

Mais pour donner le change à son maître, Toni est forcé d’user de subterfuges qui paraissent à son amoureux très ambigus…

 

L’Enfant trouvé

En accueillant  le jeune Niccolo  atteint d’une maladie contagieuse,Piachi  prend un risque pour son propre fils Paolo. Ce dont meurt Paolo semble être du geste de son père, qui le met en danger pour un inconnu malade dont il ne sait rien. Geste étrange, car il n’est pas coutumier des « bonnes œuvres ».  Mais Elvire, la jeune épouse de Piachi  est possédée par des souvenirs…

  Adopté, Niccolo a tout pour devenir le fils maudit. En fait, il sera le révélateur de ce que la famille Piachi a de bizarre...

 

Toutes ces nouvelles mettent en scène des intrigues amoureuses, des passions, trahisons… qui font songer aux Chroniques italiennes de Stendhal.  Pour faire quelque chose de ces mélos, ce n’était pas gagné. Kleist y parvient grâce à ses narrations très classiques, l’absence de fioritures dans l’exposition des faits,  et l’abondance de non-dits, dans le récit et  les pensées des personnages.

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Présentation

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  • : Comptes rendus de mes lectures avec des aspects critiques + quelques films de fiction Récits de journées et d'expériences particulières Récits de fiction : nouvelles ; roman à épisodes ; parodies. mail de l'auteur : dominique-jeanne@neuf.fr
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