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24 juin 2011 5 24 /06 /juin /2011 14:20

la Métamorphose bilingue    Edition bilingue de poche

 

 

      Mon blog s’allonge malgré moi, et je remarque qu’il est finalement peu représentatif des écrivains que j’ai le plus aimés.  Rien sur Kafka, rien sur Thomas Mann !  Faute d’avoir lu de nouvelles œuvres, je me suis penchée sur cette édition bilingue fort agréable car je ne lis pas l’allemand sans aide, sauf s’il s’agit de textes vraiment simples.

 

Le 24 juin 1924,décédait Franz Kafka, voilà l'occasion de relire deux oeuvres où l'on meurt très bien à la fin...

 

        Tout le monde connait l’histoire de Gregor Samsa, infortuné VRP, qui se réveille un matin «  transformé en une véritable vermine ». Cette phrase provient du narrateur omniscient qui  tout de suite nous révèle l’état de Gregor.

La Métamorphose est écrite à la troisième personne, au style indirect libre. Outre le point de vue de ce narrateur, il y a celui de Gregor, qui préfère croire que ses sensations bizarres  sont «  le premier signe d’un refroidissement, mal professionnel des voyageurs de commerce » . Pourtant « il apercevait son ventre bombé, brun, divisé par des arceaux rigides, au sommet duquel la couverture du lit, sur le point de dégringoler tout à fait, ne se maintenait que d’extrême justesse ».

Bien des lecteurs sont dégoûtés ( un mot que j’ai souvent entendu) par la multiplication des détails réalistes dus à cette métamorphose.

 

Personnellement, cela me fait sourire, je trouve que l’effet recherché est surtout humoristique, un humour vraiment noir mais humour tout de même. Cet effet est produit par différents choix  d’écriture :

- Le narrateur omniscient, pas plus que le personnage, ne s’étonnent de cette transformation qui devrait leur paraître incroyable.  Il s’agit d’un fait surnaturel et il est considéré comme devant être admis, dès l’incipit. Cependant le champ lexical ne relève ni du fantastique, ni du surnaturel, ni de la stupéfaction face à une chose aussi extraordinaire.

Bien au contraire, le réalisme domine, et les soucis domestiques parsèment le texte : le réveil ne sonne pas, le chef de bureau attend, comment faire pour sortir du lit lorsque l’on est dans un état pareil, rassurer la famille, se cacher? Différentes stratégies sont exposées dans le détail.

 

- A part ce qui est arrivé à Gregor, le reste du texte reflète une vie normale autour de Samsa. Les réactions hostiles et violentes du père, de la mère, de la sœur etc.… sont banales étant donné la situation.

C’est là ce que l’on peut dire de la première partie, surtout événementielle : les réactions de Gregor à sa métamorphose, l’arrivée du chef de bureau, les appels de la famille précipitent l’action.

Gregor réussit à ouvrir la porte provoquant un affolement général. Chassé, enfermé dans la chambre, il a été blessé, le père lui a écrasé une patte.

On dit que c’est un « insecte monstrueux » et on ne dit pas quelle est sa taille. Il est assez grand pour se hisser jusqu’à la serrure et regarder au travers.  Comme un enfant de trois ans environ, dirais-je.

 

 

La partie 1 installe le décor et donne à voir les péripéties immédiates inhérentes au violent changement de situation dans cette famille Samsa, la partie 2 voit l’action se ralentir.

 

La métamorphose est ici un mode de vie différent.  Elle n'est pas traitée comme dans  des contes et légendes où c' est une intervention visant un but. Gregor n'a pas été changé en insecte par un ennemi, ni par une bonne fée, pour être protégé de ses poursuivants; il n'est pas devenu repoussant pour éprouver l'amour d'une jeune fille.

Il  ne va pas reprendre sa forme initiale. Il restera comme il est. Dans les contes, on dirait " c'est un faux héros".

 

Gregor s' adapte : dans sa nouvelle position, il doit changer sa façon de se déplacer, d’appréhender les lieux, de voir sans être vu. Les objets ordinaires prennent une grande importance : le verrou, la serrure, le lit, la porte.

Gregor prend du  plaisir, pendant cette période : à regarder par le trou de la serrure, à marcher le long des murs, à écouter sa sœur jouer du violon. J’insiste sur le fait, qu’en dépit de sa terrible infortune, il prend du plaisir depuis le début. D’abord,  à terroriser sa famille par son apparition monstrueuse… hélas pour lui, il ne s’est pas déguisé ! C’est du réel…

Sa sœur nettoie la chambre chaque jour ( il reste caché), et lui donne à manger. Il  se nourrit en suçant des aliments  qui l’auraient rebuté autrefois.

L’insecte-homme ne ressent plus comme avant «  il semblait étrange à Gregor que parmi les divers bruits du repas, on ne distinguât jamais que celui de leurs dents en train de mâcher, comme s’il fallait montrer à Gregor qu’on avait besoin de dents pour manger, et que même avec les plus belles mandibules on ne pouvait arriver à rien ».

Tout ce qui n’est pas la chambre, devient pour lui un au-delà susceptible d’être évoqué, sans plus.

Hélas, un jour, la mère et la sœur décident de vider cette chambre « qui ne sert plus ».Pendant l’opération Gregor doit rester caché mais il se précipite sur une affiche à laquelle il tient beaucoup et s’y colle : elle représente une  femme vêtue d’un manteau de fourrure. Il adore cette fourrure… le symbole sexuel me paraît évident.

 

Gregor est sévèrement puni. ..

 

Partie 3 Il ne cesse de décliner  tandis que sa famille prospère, comme s’il fallait qu’il s’efface pour leur permettre un épanouissement ! Grete travaille come vendeuse et prend des cours, la mère fait de la couture pour un magasin, le père est devenu huissier de justice. Cette partie est profondément tragique. On n’a plus envie de sourire…

Une nouvelle apparition de Gregor  aux siens (il y en a une pour chaque partie) va  lui être fatale.

Du temps de Gregor, qui faisait vivre toute la famille de son salaire, le père était un homme vieilli » cet homme qui autrefois restait terré au fond de son lit épuisé  lorsque Gregor partait en déplacement … ) à présent il porte un bel uniforme bleu, un peu raide, avec des boutons dorés comme en portent les huissiers de banque » ; c’est ainsi que Gregor se fait avoir. Son père tout ragaillardi est capable de le poursuivre et de lui lancer un projectile.

  Quelle sorte d’insecte est Gregor ?

Qu’est-ce qui ressemble à un insecte  et qui a pourtant en soi quelque chose de  l’humanité ?

En septembre 1912, Kafka va marier une de ses   sœurs : Valli ; en novembre, une autre sœur Elli, sa cadette met au monde un enfant, le premier de la génération suivant celle de Kafka. Pendant cette période, il écrit la Métamorphose…

 

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24 juin 2011 5 24 /06 /juin /2011 13:02

 

Circonstances entourant l’écriture de l’œuvre.

Commencé en 1914, au moment de la rupture de ses fiançailles avec Felice Bauer. La famille de cette jeune femme considère cela comme un délit et le convoque en présence d’un avocat, pour le forcer à se marier tout de même.

C’est ce que dit Elias Canetti dans » l’Autre procès » . Ces circonstances ont fourni à Kafka un argument, mais si nous disons qu’il a fait ici son propre procès, nous réduisons la portée du roman.

 

Inachevé, le Procès ne peut être résumé. Surtout que j’ai toujours été incapable de faire des résumés.

Le début et la fin sont entièrement rédigés et « finis » ; mais les chapitres intermédiaires pourraient être mis dans n’importe quel ordre. De son vivant, Kafka fit publier «  La cathédrale ; devant la loi » sorte d’apologue qu’un prêtre raconte à Joseph K. visiblement pour lui signifier quelle est sa place dans le monde et surtout quel sens peut avoir sa vie.  Ce chapitre est placé presque toujours en avant-dernière position.

La traduction à laquelle je me réfère est celle que fit paraître Bernard Lortholary en Garnier-Flammarion, en 1983 ; c’est lui qui a rafraîchi la traduction du texte, lui donnant une nouvelle interprétation différente de celle de Vialatte. Dans la préface, le traducteur dit avoir été frappé

Par le fait que le Procès est fait « d’un certain nombre d’hypothèses fragmentaires ». Lortholary a également insisté sur le fait que Vialatte, dont la traduction faisait foi jusque là, n’a pas suffisamment pris en compte l’aspect comique du Procès. C’est donc à une autre relecture que Lortholary nous conviait ? Que je ne fais qu’aujourd’hui !

Depuis lors,  l’encre a encore coulé à propos de ce Procès….

 

On ne peut  lire le Procès naïvement, lorsque l’on a pris connaissance d’n certain nombre d’avis et de textes sur le sujet. On ne peut pas non plus se rappeler toutes les lectures que l’on fit et qui influencent la nôtre. On  ne peut pas en faire une lecture vierge. On voudrait bien tenter de se poser des questions pragmatiques, tenter de jouer le jeu, sans oublier la portée symbolique…

On fait tout de même.

L’incipit «  Il fallait qu’on eût calomnié Joseph K. car un matin, sans avoir rien fait de mal, il fut arrêté ».

On se demande  qui est ce narrateur qui nous informe là.

Joseph K. est victime d’une « arrestation » comme nul n’en a jamais vue : deux messieurs frappent à sa porte et entrent (pourquoi n’est-ce pas fermé à clef ?) dans la chambre qu’il occupe chez sa logeuse, et le prennent au saut du lit pour lui signifier ladite arrestation ; ils ne possèdent aucun mandat d’arrêt, aucun chef d’accusation, et pas d’uniforme ( des messieurs en costume de voyage…)mais ils connaissent le nom de Joseph K. Ce dernier affecte de prendre les choses à la légère mais cette intrusion le désempare tellement qu’il se laisse manger son petit déjeuner  par les intrus, ne sait plus comment s’habiller, voudrait téléphoner au procureur Hasterer( un véritable ami…) puis y renonce et ne le fera jamais.

Les deux messieurs ( les gardiens)un soi-disant lieutenant, et trois jeunes gens de la banque où il travaillent, réussissent ainsi à l’importuner. K. pense que c’est une plaisanterie mais il est décidé « à jouer la farce jusqu’au bout ».

Or, ce sera une farce tragique. Un an après jour pour jour, K. habillé de noir attendra «  deux messieurs » qui l’emmèneront aux confins de la ville pour l’exécuter. «  Deux acteurs de seconde zone » notera-t-il. Il ne fera rien pour se défendre, acceptera d’aller avec eux et leur facilitera la tâche.

 

Entre ces deux événements, Joseph K s’occupe de son affaire :

Il est appelé au téléphone pour se rendre à un interrogatoire,

Le juge se trompe sur son métier, ignore son nom, mais K. parait tout de même être attendu. Il se plaint de la justice et refuse d’être interrogé. On lui dit qu’il se prive «  d’un interrogatoire ».Il fait un discours devant un auditoire en ignore la portée.  La semaine suivante, il revient, au « tribunal », se trouve mal et deux employés le conduisent dehors.

Il est témoin d’une correction donnée à la banque où il travaille par « un bourreau » aux deux gardiens qui l’avaient arrêté.

Ce spectacle se répète chaque fois qu’il ouvre ce petit cabinet à la banque, d’où le fait qu’il renonce à l’ouvrir à nouveau.

Son oncle qui a appris son procès lui recommande un prétendu avocat, Maitre Huld toujours au lit et atteint d’une mystérieuse maladie. Il décrit les principales requêtes à effectuer pur le procès tout en soulignant qu’elles sont aussi nécessaires qu’inutiles.

K. se laisse distraire par Leni la jeune maîtresse de l’avocat. Il obtiendra aussi l’adresse du peintre du tribunal Titorelli. Ce dernier lui apprend que l’acquittement n’est pas possible, qu’il peut seulement faire traîner son procès. A condition de s’en occuper sans cesse.

Enfin après avoir retiré son affaire au juge, il va dans une cathédrale pour retrouver un italien, selon le directeur de la banque, il doit la lui faire visiter. C’est un prêtre qu’il rencontre et qui l’appelle par son nom : il se désigne comme l’aumônier des prisons et lui dit l’apologue « devant la loi » sorte de définition de la condition humaine qui s’achève sur une pointe : un gardien est là pour surveiller la porte de la loi afin que l’homme soit dissuadé d’y pénétrer et fer me la porte à sa mort «  car cette entrée seule lui était destinée ». K. semble dégoûté d’une existence  passée à attendre l’issue de son procès. Aussi, un an plus tard, il se laisse mener et décapiter par les eux messieurs qu’il attendait et arrivent curieusement bien qu’il n’ait pas été prévenu.

Joseph K est interpellé, importuné, par plusieurs personnes qui connaissent son nom, alors qu’elles n’ont aucune raison pour cela.

Il est accusé on ne saura jamais de quoi ni par qui. Les personnages rencontrés et désignés comme faisant partie du tribunal ne sont guère convaincants comme tels. On ne sait jamais de quoi on parle. K. s’en soucie de moins en moins. Il  déclare plusieurs fois devoir prouver qu’il  est innocent. Mais de quoi puisqu’il n’a pas vu dans les événements de sa vie ce qui était susceptible d’être litigieux, et par rapport  à quoi ? Il n’est pas plus coupable  qu’innocent.

Ce procès est  à la fois abstrait et tout plein de détails hyperréalistes.

Nous ne voyons les choses que du point de vue de Joseph K. Lorsqu’un autre narrateur arrive il adopte le point de vue de K.  Ce serait au lecteur d’interpréter et de commenter.

Les détails grotesques et ridicules étonnent de la part de K. qui est si sérieux.  Les personnages n’ayant aucune consistance, aucun passé, même pas Joseph K,  il faut compter cependant sur ces détails qui donnent au procès sa singularité.

Relevé de quelques détails : le tribunal siège dans des greniers irrespirables pleins de poussière , de papiers, où  peu importe ce qu’on écrit, pourvu qu’on écrive (c’est l’avocat qui le dit !). Des requêtes sans objet, car on ne se préoccupe pas d’accuser de « quelque chose » ; le fait se suffit à lui-même.

Bloch l’accusé type,  son alter ego,   lui apprend que la vie d’un accusé est faite d’humiliations de servilité et que «  le procès «  remplit la vie toute entière comme une maladie grave. Le  procès, c’est la vie…

Un avocat  vous reçoit au lit cloué par une maladie mystérieuse, et à qui une maîtresse, sans doute mineure, apporte sa soupe devant les accusés.

Dans la salle du tribunal une femme lave du linge d’enfant dans un baquet. On dit que c’est la femme de l’huissier et c’est la femme de tout le monde au tribunal ( Leni aussi…)

Cette salle a tout d’un théâtre, mais les spectateurs sont  des vieillards à barbe blanche.

Deux gardiens se font rosser dans un débarras à la banque où  travaille K. Scène magique obsédante qui se produit chaque fois qu’il ouvre la porte.

Donc la justice est vraiment en dessous de tout, et Titorelli le peintre donne de l’artiste une idée caricaturale. Les femmes du tribunal sont toutes des putains (femme de l’huissier, Leni, fillettes qui ont leurs entrées chez Titorelli) le nommé  Bloch donne une idée navrante de l’accusé, soumis et rampant.

Si  la justice comme on la comprend fonctionnait, le peintre et  l’avocat pourraient être accusés de détournement de mineures ( Leni la maîtresse  de l’avocat, et les fillettes du peintre sont bien trop jeunes…).

L’aumônier des prisons seul,  raconte une histoire susceptible d’intéresser Joseph K. On  peut penser que c’est une mise en abîme du Procès. L’homme de la campagne, c’est lui, Joseph K. Il a rencontré « la loi » sous la forme d’un gardien qui suggère un lieu au-delà de lui, et prétend qu’il faut une autorisation pour y entrer. Le gardien fait la loi, comme les gardiens venus arrêter Joseph K lui ont dit que  la loi existait, pour lui Joseph K. à compter de ce matin-là, où ces messieurs sont arrivés. Et la vie de Joseph K. sera comme celle de l’homme de la campagne, dépendante de  la loi. Lorsqu’il meurt, on ferme.

La grande porte de la loi est toujours ouverte

Cette entrée  t’était seule destinée.

Entrer dans  la loi serait donc la seule chose susceptible de donner un sens à la vie ? Mais entrer dans la loi, c’est  inimaginable, parce que la loi n’est  pas localisée quelque part. Aussi l’homme ne voit-il que son représentant ( le gardien) et une vague lumière au-delà. Si on ajoute foi à la parole du gardien, on se tient devant comme devant un objet sacré à contempler, et on attend, sachant que rien n’arrivera que la mort, au bout d’un certain temps.

Si l’on s’irrite de rester devant un gardien, que l’on ne trouve pas cette contemplation satisfaisante, on se dit : celui-là  qui pose  un interdit, une limite à ne pas franchir, c’est un baratin bien connu, mais pas suffisant, car pourquoi serait-il interdit d’entrer ?

Les interdictions d’entrer se font par rapport à des lieux concrets. Donc cela ne vaut pas pour «  la loi ».  Pour  se rendre compte de ce qui est au-delà, il faudrait vérifier qu’il y a quelque chose, il faudrait  s’en prendre à ce gardien. C’est le seul obstacle visible.  

En ce qui concerne Joseph K., il n’imagine pas s’en prendre au gardien, et ne veut pas attendre la mort, sans autre forme de procès que celui présenté par Bloch et le prêtre.

Il opte  pour une fin précipitée.

 

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7 mai 2011 6 07 /05 /mai /2011 09:18

41ZYgZDp3HL. SL500 AA300LP, 348 p. 2010

Edition originale 2006 Vienne.

 

Un roman épistolaire par mails. C'est  mon premier

 

Emmi Rothner écrit au magazine Like pour résilier un abonnement. Elle se trompe et envoie son mail à Leike . Leike (Léo) est un particulier.  Comme elle persiste à se tromper, Léo et elle finissent par s’écrire, et faire connaissance. L’un et l’autre aimeraient avoir une aventure sentimentale, mais Emmi n’est pas libre. Mariée et « heureuse », elle n’est pas moins acharnée que Léo à poursuivre le flirt qu’ils ont commencé sur le mode ironique, flirt qui tourne au marivaudage.  En effet, ils  se donnent rendez-vous dans un café sans se dire à quoi ils ressemblent, et doivent chercher à deviner qui est l’autre… bientôt ils mettent à contribution des  amis et parents de leurs âges pour entrer dans leur jeu. 

Le jeu se révèle moins drôle qu’il n’y paraît. Le lecteur se lasse au bout d’une centaine de pages de leurs atermoiements ; il n’a plus envie de savoir s’ils vont vraiment se rencontrer ou non! pourtant j’ai continué ma lecture jusqu’à la dernière page, mais plus ou moins en diagonale.

Emmi et Leo sont censés être des gens cultivés ( elle est musicienne, et lui professeur de sciences du langage)mais leurs échanges  sont assez plats ; Ils se lisent comme   on regarde  un match de tennis de table entre deux partenaires de même force, moyennement doués. Si j’ai parfois souri aux  échanges sarcastiques de leur correspondance, apprécié la vivacité des répliques, j’ai détesté les  déclarations d’amour, de Leo en particulier, fort  ennuyeuses.

Je n’ai pas très bien compris où cela se passe. L’ennuyeux avec les mails, c’est que l’on ne sait pas très bien où vivent les gens, en dehors de leurs écrans.  Le grand café Huber où ils se sont aperçus sans se reconnaître, puisque tel était le jeu, ne permet pas de situer l’action. Il y a des cafés Huber un peu partout dans les villes autrichiennes.  On sait où ils partent en vacances, pas où ils vivent tous les jours. Et pourquoi voudrais-je savoir où ils vivent ? Ben, dans la plupart des romans que je lis, on habite dans un endroit précis, même s’il n’est pas nommé, même s'il est farfelu ... Ici, cela manque d’ancrage descriptif.

 

Je dois être l’une des dernières de toute la blogogirlbooksphère à lire cet ouvrage !

 

Celles qui ont aimé le livre ( et ont lu la suite assez souvent) 

Cuné

 Keisha

Fashion

Dasola

Mango

Karine

 

 

Celles qui se sont un peu ennuyées :

Aifelle

Chiffonnette

 

Ceux qui globalement n’ont pas aimé, en dépit de quelques points positifs ( à part moi)?

 

A franchement détesté

Anne-Sophie

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30 avril 2011 6 30 /04 /avril /2011 13:27

 

le Malheur indifférent   Texte de 1977, lu en 1988, relu à présent.

 

      L’écrivain narre la vie de sa mère, utilisant le pronom « on » pour la désigner, sans ironie, car il s’agit d’une histoire tragique. «  On » c’est pour signifier son peu d’identité. Ensuite, ce sera « elle » lorsqu’il aborde cette période de sa vie où elle commence à travailler moins, à avoir du temps libre.

C’est  de devenir elle-même qu’elle périra, lorsque son individualité commencera à la gêner.

Handke hésite entre les « formules frappantes » , le récit documentaire neutre , des descriptions d’instantanés, et  la narration linéaire, se demandant comment l’écrire, cette vie qui s’achève par un suicide , et que, six ou huit mois après, il va s’employer à retracer.

Inutile de se plaindre que je « spoile ». Handke annonce d’emblée l’issue fatale.

La vie de cette femme fut tristement banale..

Je me  souviens dans »la femme gauchère » du personnage de femme traductrice d’ »un cœur simple » de Flaubert. La mère d’Handke, telle qu’il l’a pressentie, ressemble à cette Félicité qui avait ému la femme libre qu’était la traductrice.

Le personnage de la traductrice jouissait d’une liberté dans le couple, pouvait  exprimer une agressivité contenue, avait une aptitude à gérer les conflits, le droit de quitter son conjoint lorsque cela n’allait plus, sans provoquer de catastrophe, ni cesser toute relation avec son « ex ».

La mère de Peter Handke n’a rien connu de tout cela. Elle fut la victime du sort épouvantable réservé aux femmes dans les milieux modestes, en l’occurrence celui des cultivateurs pauvres, et des petits propriétaires en Autriche, au début du siècle. Elle a feint de supporter son sort, sans oublier ses désirs, autres que ceux de ses consœurs , et que, probablement, elle retrouva intacts et non réalisables à la fin de sa vie.

L’auteur fut son fils naturel, et elle dut épouser un autre homme, dur, alcoolique, et avoir d’autres enfants. De cette place de fils naturel qu’il occupe, l’auteur peut se rendre compte à quel point cette vie de famille fut inauthentique.

Ce n’est pas seulement que le monde ait été indifférent ( gleichgültig ?) à cette femme, c’est qu’elle est devenue indifférente à elle-même, et habituée à tenir le faux-semblant pour le vrai. Lorsque les contraintes auxquelles elle se soumettait, le semblant qu’elle assumait, n’ont plus eu lieu d’être, il ne lui est  rien resté.

Peter Handke n’est pas à ce moment là ennemi de l’indifférence. Impersonnalité, et indifférence à soi, sont présentes dans son œuvre. Il y cherche non seulement une écriture, mais une éthique. Plus tard, ce sera seulement une mise à distance.

Ici, il se demande comment supporter cette approche de la vérité à travers un cas négatif. Une vérité qui ne mène à aucune découverte réelle. Ce livre n’explique pas le suicide de sa mère. Il suggère seulement des hypothèses. Dont la principale : elle a voulu garder( ou acquérir) sa dignité en se suicidant.

Surpris et éprouvé par cette mort, il n’ignorait pourtant pas qu’elle fût possible. Sa mère lui en avait déjà parlé. 

La littérature autrichienne a beaucoup souffert aussi, pareillement écrasée, venue tard au monde, souvent confinée à la description de paysages de montagne. Tenue pour médiocre par l’Allemagne, elle engendre des écrivains révoltés privés d’expression, qui deviennent écrivains dans le dépouillement comme l’auteur lui-même.

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14 mars 2011 1 14 /03 /mars /2011 10:41

 «  Histoire d’enfant » Gallimard, 1980.

 

histoire d'enfantHandke a condescendu à une paternité après de longues hésitations ça ne se faisait pas dans son monde d’intellectuels éclairés de tomber  assez  bas pour se reproduire.

 

c’est une fille;  il perd tous ses amis, se sépare de sa femme, et entame une relation privilégiée avec la fillette.

Il y a  une approche mystique.

En tout cas,  les soins et activités ordinairement routinières, que l'on donne et partage avec un jeune enfant sont ici autant de rituels solennisés.  Donc, on ne s'ennuie pas !

Une narration curieuse, différée qui ne nomme personne tout en disant « je ». Expérimentation intéressante, qui renouvelle ce type de récit. 

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18 décembre 2010 6 18 /12 /décembre /2010 00:15

le goût des pépins de pommeAnne Carrière,  2010-268 pages

Der Geschmack von Apfelkernen, 2008.

 

Iris a hérité de sa grand-mère une propriété avec un grand jardin. 

La vieille dame vient de décéder d’une pathologie apparentée à la maladie d’Alzheimer. Iris était sa seule petite fille vivante.

 

La jeune fille  prend possession de la maison, et réfléchit aux événements qui se sont déroulés là, quelquefois en sa présence, car elle venait en vacances y séjourner avec sa cousine et une amie. Des événements tragiques,  en rapport avec le pommier du verger, ainsi qu' avec le tilleul… Elle découvre que la maison et le jardin sont entretenus par l’instituteur du village qui aimait beaucoup sa grand-mère.

 

Plongée dans les souvenirs, mais toujours active, elle rencontre dans ses déambulations, un jeune homme qu’elle espérait  trouver là, sans se le dire clairement, ni lui non plus. Ces quelques journées se passent donc en réminiscences parfois douloureuses, et flirt ironique dont la fin est attendue.

 

C’est là un roman familial qui manque de presque tout ce qui faisait la force de » Purge ». Il y a trop de romantisme dans ces pommiers qui se mettent à donner des fruits en juin, après avoir accueilli des amants sous leur ramure la nuit précédente, dans ces héroïnes qui meurent à petit ou grand feu, dès la première déception sentimentale, et tout cela agace et ne tient pas vraiment la route. Les descriptions très soignées  mais plates font penser à de bonnes rédactions scolaires.

 

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19 novembre 2010 5 19 /11 /novembre /2010 13:50

Extinction die AuslöschungGallimard (L’Imaginaire) 509 pages

Le dernier roman de Bernhard publié en 1986.

 

      Franz-Josef Murau professeur à Rome, doit rejoindre ses sœurs à Wolfsegg en Autriche. Il a reçu un télégramme l’informant du décès de ses parents et de son frère dans un accident de voiture.

Il ne s’est jamais senti bien avec sa famille, et regrette d’avoir à se rendre là-bas, assister à des funérailles, et régler les histoires d’héritage.

 

      Riche, mais sans culture, inintelligente, ne songeant qu’à faire fructifier ses possessions, sa famille lui déplaisait au point de la haïr. En outre il s’est toujours profondément ennuyé en leur compagnie, lorsqu’il ne se révoltait pas. Car cette famille a des accointances politiques particulièrement détestables, dans un pays, qui plus qu’un autre, est constamment dirigé par des hauts fonctionnaires qui ne dissimulent même pas leur penchant pour le national socialisme.

 

Deux longs monologues (Le Télégramme et le Testament) nous enlisent  dans les pensées pessimistes du narrateur, nous fouettent de ses invectives, accompagnent, sans l’accomplir, son deuil particulier mais réel.  Son arrivée à Wolfsegg le pays détesté, lui permet d’évoquer son apprentissage d’une espèce de vraie vie, et de s’acheminer vers une décision à propos de l’emploi de son héritage.

 

Pendant 500 pages le narrateur explique pourquoi il déteste autant sa famille et son pays, comment il a découvert une autre façon de vivre, une vraie façon de vivre, grâce à son oncle Georg, comment il a pu se sortir de ce pétrin où l’avait plongé sa lamentable famille et aussi comment il ne s’en est pas vraiment sorti… à quel point il aime sa famille, tout en la détestant ( ces derniers temps c’est la haine qui prévaut). D’un sujet à l’autre, il va  et vient et revient, critique radical et corrosif, loufoque parfois, lucide souvent.

 

C’est un livre important, qui se lit petit à petit, vingt pages de temps en temps, le type même du livre de chevet, que l’on garde toujours à portée de main.Aussi suis-je loin de l'avoir terminé, d'en avoir pris toute la mesure, et je ne suis pas pressée non plus d'en avoir fini.

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10 novembre 2010 3 10 /11 /novembre /2010 00:54

 

Le Neveu

 

Folio 120 pages

1ere publication 1982.

 

      Ce roman est autobiographique, car l’auteur s’y met lui-même en scène pour nous emmener d’abord dans une clinique où il se remet d’une opération du poumon, au Baumgartnerhöhe dans les environs de Vienne. Son ami Paul Wittgenstein est lui aussi hospitalisé dans l’établissement de soin adjacent le Steinhof, qui est un hôpital psychiatrique.    

 

Le narrateur hésite à aller rencontrer Paul que pourtant il chérit, vu les circonstances difficiles qui pourrait rendre cette entrevue pénible.

 En fait, ils se verront deux fois, et peu de temps avant d’être "libérés" tous les deux.

Ce début en univers concentrationnaire est fort sombre, mais pour la suite du récit, l’auteur nous transporte dans les cafés qu’il fréquenta avec Paul, et dans des lieux extrêmement divers.

 

Si le récit est d’abord pathétique, quoique relaté froidement, la suite comporte quelques passages humoristiques lorsque l’auteur évoque les cérémonies ratées à l’occasion de deux de ses prix littéraires ; il nous fait rire aussi en brossant au vitriol quelques portraits de convives dans les cafés de Vienne, et  d’autres personnes, tels ce couple de musicologues subitement atteints du syndrome du « retour à la nature » qui abandonne tout rapport à la musique et à l’intellect pour se transformer en agriculteurs.

 

Le titre fait évidemment songer au Neveu de Rameau. Il ne s’agit pourtant pas ici d’un dialogue entre le philosophe et le « fou » à propos de quelques sujets d’importance. L’auteur et Paul ont bien plus de points communs.

D’autre part, l’auteur n’est pas plus philosophe que son ami Paul, et ils le sont un peu l’un et l’autre.

Le neveu de Rameau n’était fou que dans le sens de la bouffonnerie et de la marginalité. Paul est également fou au sens premier du terme, il souffre de psychose, avec des symptômes graves.

L’auteur partage avec lui l’amour de la musique, la marginalité, certains symptômes délirants, et la critique féroce de la société dans laquelle ils vivent.

 Thomas Bernhard développe un monologue sans chapitre, avec d’importants ressassements, comme à l’ordinaire, dans ses récits, mais ce roman ne fait pas partie de ceux dont la lecture peut-être considérée comme difficile. Malgré l'affirmation de sa personnalité, ( autodestruction et vouloir-vivre) qui occupe l'espace du récit Bernhard réussit à nous faire sentir la présence de Paul et à mettre en scène leur complicité et leurs débats.

 

 

Les Wittgenstein sont une famille d’entrepreneurs et de mécènes. Paul en est plus ou moins la brebis galeuse, mais il a plus d’un point commun avec Ludwig «  Ludwig c’est sa philosophie qui l’ a rendu célèbre, l’autre Paul peut-être plus fou, mais il se peut que nous croyions du Wittgenstein philosophe que c’est lui le philosophe que parce qu’il a couché sur le papier sa philosophie et pas sa folie, et que nous croyions de l’autre Paul, que c’est lui le fou, que parce qu’il a refoulé sa philosophie au lieu de la publier, et n’a exhibé que sa folie. Tous deux étaient des être extraordinaires et des cerveaux tout à fait extraordinaires, l’un a publié son cerveaux l’autre pas ».

 

Bref nous devons considérer les êtres au-delà des rôles qu’ils sont contraints de jouer, sans pouvoir en faire l’impasse, car il n’est possible d’exister qu’à l’aide de ces rôles, non sans s’en défendre…

Ce récit peut se lire en même temps que ses autobiographies ( L'Origine, la Cave, le Froid, le Souffle, publiés de 1978 à 81 juste avant celui-là). Cependant, relire plusieurs oeuvres de Bernhard à la suite ne me convient pas vraiment.

 

J’ai voulu en savoir davantage sur Paul Wittgenstein, et n’ai pas trouvé grand-chose sur Internet ni ailleurs.

Toutefois, j’ai trouvé des propos fort intéressants sur Wittgenstein sur ce site :

 

http://remue.net/revue/TXT0110lecerf.html

 

 

Christine Lecerf , auteur de «  Carnets de bord pour "Wittgenstein, la philosophie incendiée" écrit :

 

« Il est vrai qu’il a fallu attendre Thomas Bernhard et son génie du paradoxe pour restituer à Ludwig Wittgenstein ce qu’il avait toujours fui parce qu’il y était cruellement attaché : une famille, un foyer extraordinaire de contradictions, où se côtoyait le conformisme et l’extravagance, l’attachement à la tradition et le culte de la modernité. J’ai vérifié. Paul, le neveu de Wittgenstein, a vraiment existé, c’était le fils d’un frère de Karl Wittgenstein, le père de Ludwig. Dans cet esprit génial, gagné par la folie faute de pouvoir s’exprimer, Bernhard a cristallisé la tragédie dorée des fils Wittgenstein : étouffer sous sa propre richesse.’

 

Le neveu Paul était donc en fait pour Ludwig un cousin issu germain. Ce qui d’ailleurs n’a pas si grande importance. Lisez tout ce qu’écrit Christine Lecerf, ça en vaut la peine !

 

Thomas Bernhard est l’auteur du mois de novembre choisi par Sibylline sur Lecture-écriture

 

 

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12 juillet 2010 1 12 /07 /juillet /2010 11:04

Thérapie

 

 

L’Archipel ( Psychothrillers) 2008, 278 pages.

 

 

Le docteur Viktor Larhzens, psychiatre, amène chez son confrère allergologue, sa fillette de douze ans, Joséphine atteinte depuis 11 mois d’un mal mystérieux : vomissements, diarrhées, spasmes, maux de tête, qui l’affaiblissent et auxquels on ne trouve aucune cause. Cette enfant  disparaît alors qu’il est parti lui chercher un verre d’eau. Pire : ni le médecin chez qui il l’emmenait, ni son assistante ne se souviennent de l’avoir vue ni de lui avoir donné rendez-vous.

Pour retrouver Joséphine, le docteur change de vie, ferme son cabinet de consultation, perd sa femme …

Quatre ans plus tard, victime de dépression grave, il est interné en psychiatrie.

Son psychiatre décide d’arrêter les médicaments. Viktor revient sur son passé récent et commence à raconter à ce médecin une étrange histoire qu’il a vécue peu après la disparition de sa fille.

Il s’était retiré à Pakum,  dans une île de la mer du nord, où ses parents lui ont laissé une propriété. Une jeune femme s’est introduite chez lui, Anna Spiegel, qui veut qu’il la soigne : elle écrit des romans dont les personnages prennent vie à ses yeux, et se considère comme schizophrène. Elle ne le laisse pas en paix et il comprend que ce qu’elle raconte pourrait concerner Joséphine…

Voilà une rareté : un roman policier allemand ! Je suppose que dans ce pays, on en écrit autant qu’ailleurs, mais ils ne sont pas nombreux à franchir le Rhin.

Dans ce thriller il y a du bon et du mauvais, l’ensemble se lit d’un trait sans déplaisir. J’ai regretté que la femme de Viktor joue un rôle si plat et à la limite, incompréhensible. Du fait qu’elle vivait avec Viktor et Joséphine, elle aurait dû être davantage fouillée en tant que personnage. De même les médecins qui se sont occupés de Joséphine étaient vraiment très bornés.

 Le  personnage d’Anna Spiegel est le point fort de ce récit, il relance l’intrigue au bon moment.

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9 mars 2009 1 09 /03 /mars /2009 11:39

  Gallimard, 1997

Titre original : Der Vorleser, 1995.202 pages

 

 

Au début des années 60, Michaël lycéen de 15 ans, est pris de malaise dans une rue. Une femme  le réconforte et le reconduit chez ses parents. Quelque mois plus tard, guéri de cette jaunisse, l'adolescent va lui porter des fleurs pour la remercier. Il est vivement excité par elle, et une liaison commence entre cette femme de trente ans, receveuse de tramway, et le lycéen, dont la famille est intellectuelle et aisée. Cette liaison dure plusieurs mois. Malgré une forme de sadomasochisme dans la relation, Michaël et Hannah s'entendent bien. Elle s'intéresse aussi à son travail de classe, et aime qu'il lui fasse la lecture des œuvres classiques qu'il étudie. La lecture fait  partie du rituel amoureux. Michaël se sent coupable de ne pas parler d'Hannah à ses amis, même s'il est clair que la liaison doit rester secrète... !

Puis Hannah disparaît subitement sans laisser d'adresse...

Michaël la retrouve quelques années plus tard, alors qu'étudiant en droit il assiste à des procès de criminels nazis. Hannah fait partie des accusés. En 1943, elle a quitté volontairement l'usine où elle était employée pour s'engager dans les SS, et fut engagée comme surveillante dans un camp de déportation.  Elle a envoyé des femmes à la mort...et ne s'en cache pas.  

C'est dans ces mêmes années qu'Hannah Arendt assista au procès d'Eichmann, et en tira son concept de la « banalité du mal ». Eichmann n'était qu'un petit fonctionnaire qui, en se bornant à obéir aux ordres, se rendit coupable de crimes.

Sans faire référence explicite à ce procès, Michaël se pose les mêmes questions, comment appréhender l'holocauste ? Doit-on chercher à comprendre ? N'est-ce pas se rendre complice que de chercher à expliquer de telles atrocités ?

Il se sent coupable aussi, appartenant à cette espèce humaine qui sait si bien faire preuve d'inhumanité.

Michaël souffre et cherche à comprendre comment Hannah a pu en arriver là. Il devine le secret  qui lui fait toujours choisir la pire solution, sans pour autant l'excuser...

 

Il va vouer son existence à réunir témoignages et réflexions sur la période nazie, et entrainer Hannah, détenue, dans son sillage, gardant un contact à la fois distant et familier avec elle...

 

A la fois roman d'apprentissage, récit d'un amour partagé et contrarié, réflexion sur les crimes de l'holocauste, et portrait d'une femme , c'est une œuvre délicate, intelligente, écrite d'une façon classique, simple et captivante.

 

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