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29 avril 2021 4 29 /04 /avril /2021 14:30

Folio-Policier, 519 pages.

Le cadavre d’une jeune fille est découvert sur les bords de la rivière Baztán dans une étrange mise en scène. Très vite, les croyances basques surgissent : et si toute cette horreur était l’oeuvre du basajaun, un être mythologique ? L’inspectrice Amaia Salazar, femme de tête en charge de l’enquête, se voit contrainte de revenir sur les lieux de son enfance qu’elle a tenté de fuir toute sa vie durant.
Jonglant entre les techniques d’investigation scientifique modernes et les croyances populaires, Amaia Salazar devra mettre la main sur ce gardien invisible qui perturbe la vie paisible des habitants d’Elizondo.

L’intérêt du roman est de nous faire découvrir le Pays basque espagnol, la Navarre, la vallée de la Baztan ( Bidassoa )  ses grandes forêts de légende : Un être mythologique bienveillant, mi-homme mi animal velu et mesurant deux mètres le basajaun, fait des apparitions et l’on est prié de croire au surnaturel car des caméras de surveillance l’ont filmé. Amaia verra aussi une femme près d’une grotte qui lui enjoint d’y laisser une pierre pour booster sa fertilité.

En effet Amaia voudrait un bébé de son compagnon James ( et lui encore davantage) mais elle ne veut pas de ces traitements barbares ( la fécondation in vitro…) .

On recherche un serial killer comme le dit la couverture, et on sait qu’il est du village d’Elizondo où Amaia est revenue pour enquêter. Elle y a laissé de mauvais souvenirs : sa mère , perturbée psychiquement l’avait prise comme souffre-douleur. Sa sœur aînée Flora qui a repris l’usine familale de fabrication de pâtisseries locales ( des txatxingorri , on apprend que ça  le goût des madeleines )

C’est un policier thriller plutôt classique. Certains personnages sont sympathiques ( Amaia, ses sœurs, sa tante) les hommes sont en dessous de tout, ou alors assez fades, et le compagnon d’Amaia trop parfait pour retenir l’attention.

Malgré des qualités des narration et de description, ça manque d’originalité…

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30 mars 2019 6 30 /03 /mars /2019 11:44

 

Métailié, 2019, 428 pages

Mario Conde va avoir 60 ans dans un mois ! Quelle catastrophe ! En attendant ce jour, il se saoule deux fois plus en compagnie de Carlos le Flaco, et le Conejo, ses vieux amis. Et soigne son vieux chien encore plus vieux que lui…  Les femmes cuisinent et retrouvent les hommes  au lit et n’ont pas grand-chose à dire comme d’hab’… Pas méchant mais d’un machisme assez primitif, c’est Mario Conde…il aime Hemingway,  et aussi Chandler  dont il n’a pas le don pour le cynisme et la formule assassine et laconique…non , lui c’est plutôt l’épanchement , et les digressions sans fin…

Un ancien ami de lycée Bobby vient le consulter : il possédait une vierge noire léguée par le mari de sa grand-mère, un Catalan qui l’avait rapportée de chez lui. Ancienne, probablement sculptée au Moyen âge, elle a de la valeur, et elle fait des miracles… pour ceux qui y croient. Son ami à qui il avait confié la maison l’a volée, en même temps que certaines babioles, et s’est tiré…

Mario accepte de rechercher la vierge : il s’aide de comparses policiers, et visite des quartiers sinistrés de La Havane, où pourrait se trouver la sculpture, chez des  jeunes gens qui vivotent plutôt mal  de commerces illégaux ; il va aussi chez des marchands d’art tout aussi en disgrâce avec la loi, mais qui roulent sur l’or… ce qui nous vaut des contrastes frappants. Et voilà que la vierge bien faisante   se met à semer des cadavres !  

En parallèle nous suivons l’histoire d’un chevrier Catalan chargé de protéger ladite vierge, récit qui nous conduit jusque chez les Templiers, et de retour des Croisades,  c’est le côté « roman d’aventure », bien documenté d’un point de vue historique.

 

Ce récit a bien des qualités, mais il est trop long, encombré de répétitions. On se lasse un peu, on finit par ne plus savoir pourquoi Bobby  est « un sale type » selon Mario, on a dû rater quelque chose… d’autre petites choses restent également obscures.

 

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29 décembre 2018 6 29 /12 /décembre /2018 18:59

Point-Poche, 2018, 591 pages.

 

Années 1780 peu avant le début de la Révolution française ; deux membres de l’Académie royale espagnole sont envoyés à Paris pour acheter et ramener les 28 volumes de l’Encyclopédie des Arts sciences et lettres  la première édition la seule vraiment complète. Il s’agit de Don Hermogenes et don Pedro ; l’un est le bibliothécaire de  l’Académie, l’autre un ancien amiral de l’Armée, ayant participé à la bataille de Toulon, et depuis composé un dictionnaire de la marine. Tous deux sont sexagénaires, érudits, convaincus du bien fondé de la philosophie des Lumières . Ils ont, sans le savoir, des ennemis : deux autres académiciens  embauchent un mercenaire pour leur mettre des bâtons dans les roues…

Le récit commence par un duel qui intrigue le lecteur. Qu’à- t’il pu arriver pour qu’un de ces messieurs ( des intellectuels, tout de même !) soit amené à se battre en duel ?

Le récit est fort bien documenté, et l’auteur nous fait participer à ses recherches et à la mise en scène de son roman, sans que pour autant nous cessions de croire à la fiction qu’il créé à partir de faits réels. Les personnages secondaires sont très bien, notamment l’abbé Bringas, fort singulier personnage qui va guider les deux voyageurs dans un Paris prérévolutionnaire.

Ce roman fait penser à Club Dumas ( lu il y a longtemps…) mais dans ce récit des années 90, c’est un traité de démonologie que l’on cherchait…

un de mes préférés de l'année.

 

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13 décembre 2017 3 13 /12 /décembre /2017 09:58

 

Points, Grands romans, 804 pages.

1 ère publication 2009, actuelle en poche 2014

Trois récits en alternance : 1 ) Ivan, écrivain cubain exilé et devenu vétérinaire, raconte sa vie, et notamment sa rencontre, pas si fortuite,  de l’homme qui aimait les chiens...  Tous les protagonistes aiment les chiens dans ce récit, c'est ce qui les rapproche...et tous les personnages élèvent des " Barzoï " y compris Ramon Lopez Mercader: ce chien, un lévrier russe à poils longs, n'est pas n’importe quel chien. C'est une race qu’élevait traditionnellement la noblesse russe. Nos protagonistes, tous prolétaires, ou/ et révolutionnaires, vénèrent ces chiens... !

Yvan apprend de ce curieux homme malade accompagné de ses chiens, une incroyable histoire qu'il finira par écrire et dont nous avons le contenu dans les deux autres récits. augmenté de ses recherches sur le personnage de Trotski;  et de son vécu personnel très pénible à Cuba, dont le socialisme vieillit mal très mal.

2)  l’exil et le fuite de Trotski (Lev Davidovvitch) depuis son séjour forcé en Sibérie à Ama-Alta jusqu’à son assassinat près de Mexico le 20 août 1940 ; entre les deux les séjours en Turquie, puis en France (rapide et anxiogène) où résidait son fils, en Norvège, et au Mexique près de Frida Kalho et son compagnon Rivera entre autres.

Son travail acharné, ses écrits, son étonnement, ses remords de certaines décisions malencontreuses pour ne pas dire tragique. Les purges staliniennes sans fin, et la mort de tous ses enfants ; son effort pour regrouper ce qui lui reste de famille.

3) la vie et les œuvres de Ramon Mercader, assassin de Trotski : catalan, membre du PCE ainsi que sa mère et son frère, il devient résolument stalinien après une enfance et jeunesse chaotique. Le lent travail d’entraînement (physique et psychologique) auquel il se soumet, pour devenir agent infiltré et approcher sa victime, sous les ordres d’un certain Kotov ( qui change de nom tout le temps aussi) et de sa mère. Mercader a passé 20 ans en prison avant de rejoindre Moscou où il fut plutôt bien traité ( mieux que son mentor). Lorsque Ivan  le rencontre à Cuba, il semble avoir compris qu’on l’a manipulé et n’est plus si fier de son geste…

Un roman très bien documenté, où l’on plonge en pleine guerre civile d’Espagne, et où l’on comprend que toutes ces factions de gauche (socialiste, communistes, anarchistes, républicains, trotskistes) se faisaient la guerre entre eux , d’où comment s’étonner que Franco ait fini par gagner ?! On ressent que Mercader en se soumettant à sa mère et à son amant, n’a jamais réussi, ni cherché à être indépendant, se croyant un héros.

Le personnage de Trotski est plutôt bien vu, pas idéalisé, mais pas non plus antipathique, l’auteur a su être assez subtil. Staline apparaît comme un stratège rusé et efficace, puis comme un monstre, et aussi comme un rustre, sans culture ni éducation. Trotski aurait échoué parce qu'il  était trop intellectuel. C'est déjà l'idée qu'on s'en faisait.

Il ya tout de même beaucoup de répétitions (interminables les rencontres à Moscou entre Mercader et son mentor, qui n’avancent pas beaucoup dans le réflexion.

Un ensemble intéressant, plein d'informations sur Trotski, sur la vie à Cuba dans les très difficiles années 80, sur le lent et implacable travail pour devenir un agent infiltré, et un assassin...

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30 mars 2015 1 30 /03 /mars /2015 13:27

Respirar por la herida, 2013

Actes sud Noir, 476 pages.

Eduardo a fait de la prison pour avoir vengé sa femme et sa fille, tuées par un chauffard qui avait embouti leur voiture sur une petite route 14 ans plus tôt. Quelques mois après les faits, une certaine Olga lui a révélé avoir vu la voiture et le chauffeur et noté la plaque d’immatriculation. Résultat : un mort Teo, sa femme Maribel devenue infirme, et le garçon, fils adoptif d’origine chinoise, Who, qui, à son tour, doit venger sa mère et son père victimes d'Eduardo… pour l’instant Who est devenu prostitué et travaille pour Chang ; ce dernier utilise aussi des chinoises arrivées clandestinement pour les faire travailler comme des brutes. En attendant des les prostituer. Who veut sauver Mei l’une d’entre elles…

Qu’est devenu Eduardo ? Il en a gardé une infirmité au genou et un alcoolisme durable. Il vit chez Graciela une femme dépressive, amputée du sein gauche . Graciela voudrait bien qu’Eduardo se mette en ménage avec elle, mais il la repousse gentiment mais fermement. Elle a une fille Sara, probablement schizophrène,qui dialogue avec un chat chinois en matière plastique trouvé dans le métro.

Eduardo qui fut peintre de métier reçoit une commande d’une femme nommée Gloria, par l’intermédiaire de la fameuse Olga qui est galeriste.

Pour Gloria A Tagger, violoniste un peu bizarre, Eduardo doit faire le portrait d Arthur Fernandez un ex-poète devenu homme d’affaire, et qui va sortir de prison.

Lui aussi a tué avec sa voiture : deux enfants Ian Mc Kenzie fils de Gloria, et Rebeca petite fille d’un individu qu’on appelle l’Arménien. Il les a écrasés, ivre, et sa voiture a atterri dans une vitrine.

Gloria voudrait sans doute se venger d’Arthur, mais pourquoi demander son portrait ?

Arthur tient à la vie : en prison il s’est assuré la protection d’Ibrahim, ancien du FNL,(Arthur était pied-noir et connait aussi l’Algérie). Sorti de prison, Ibrahim l’aide toujours… mais c’est Andrea sa femme qui l’intéresse ; il est amoureux d’elle depuis longtemps et pense pouvoir renouer ;t Andrea et Arthur ont eu une fille Ahora qui a fugué après des épisodes sévères de drogues et probablement de prostitution. Ibrahim la recherche pour Andrea ; Arthur la recherche aussi et pour cela a embauché Guzman un type de la CIA (ou de la mafia ?) expert en filature, torture et tout ce que vous voudrez de tel. Car il a servi sous Pinochet…

Guzman fait des découvertes chez un vieux vendeur d’antiquités, Damaso , chez un homme d’affaire assassiné à présent, Magnus Olsen, et voilà qu'on reparle du fameux fils de Gloria, Ian celui que Arthur a percuté en voiture.

Vous suivez??

Quelques uns de ces personnages vont se faire trucider, mais pas tous, ne vous inquiétez pas ou sont déjà morts ( vous n'allez pas les regretter, allez!)

J’ai passé quelques pages ; il y a trop de personnages chacun a son histoire, on ne peut s’intéresser à tous. Beaucoup de choses paraissent invraisemblables :on a une concentration maximum de crimes et de perversions et aussi de grandes passions, et de désir de vengeance… cela fait un peu romantisme noir… c’est la deuxième fois que je lis cet auteur. Je n’avais pas trop aimé le précédent, je n'aime pas davantage celui-là ; l'auteur a de l'ambition, c'est sûr! Il impressionne malgré tout...

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30 mai 2014 5 30 /05 /mai /2014 17:17

Actes sud 2009, 317 pages

(Las Viudas de los Jueves, 2005 )

Les environs de Buenos Aires : un lotissement nommé « le Country » banlieue verte réservées à des familles de la bourgeoisie aisée. Ce ne sont pas des « bobos » car ils ne sont porteur d’aucun potentiel culturel. Les hommes sont ingénieurs, gérants de grosse société, les femmes au foyer, à l’exception de Virginia.

Ce quartier est fermé de l’extérieur, de sorte que les familles vivent en circuit clos dans une enclave bien gardée (caméras de surveillance, systèmes d’alarme, chiens, vigiles). Les attractions principales sont le tennis et le golf, surtout pratiqués par les hommes. Les femmes fréquentent l’atelier dessin peinture, la piscine, organisent des ventes de charité, s’occupent de leurs jardins…

Dès le début, on sait qu’un drame a eu lieu, pendant que plusieurs hommes jouaient aux cartes et se saoulaient au bord de la piscine des Scaglia, le jeudi, un jeudi pas come les autres… qui ne sera élucidé qu’à la fin.

Deux narratrices relatent la vie dans « le Country » et les mœurs des habitants , ainsi que la lente dégradation du niveau de vie dû à la crise économique qui met les maris au chômage les uns après les autres… l’une de ces narratrice c’est Virginia. De1989 à 2001 Virginia y a vécu avec Ronie son époux et Juani leur fils. Après quelques années fastes, Ronie s’est retrouvé au chômage ; Virginia a lancé son propre cabinet d’agence immobilière. Ils ont vivoté plutôt au dessus de leurs moyens. Et ils se sont retrouvés plus ou moins marginalisés dans ce quartier : Virginia est la seule femme de ce quartier à gagner sa vie ; elle observe ses voisins et note bien des choses dans son petit carnet rouge célèbre chez ses voisins. Son fils aussi est observateur, et d’esprit trop indépendant pour le coin. L’autre narratrice anonyme, est une de ces femmes au foyer qui a vécu très exactement comme le requiert la mentalité du « Country » et y habite encore. Les deux témoignages nous instruisent avec ironie et force détails des mœurs de ces gens qui on l’aura deviné ne sont guère sympathiques, mais pas non plus des caricatures. Une bonne étude de mœurs, très détaillée. Une belle réussite !

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25 mai 2014 7 25 /05 /mai /2014 18:20

Il y a bien des façons d’être en échec et bien des choses à perdre dans ce recueil : ses illusions par exemple, l’amour de l’autre, mais aussi bien souvent la vie.

Voici donc 11 nouvelles éditées en 1977, sous le titre « Alguien que anda por ahi » éditées par Gallimard en français " Façons de perdre".

Le titre espagnol est celui de l’avant-dernière nouvelle du recueil ; Jiménez un exilé de la révolution cubaine, y retourne clandestinement pour perpétrer un acte terroriste. En attendant de s’y livrer il écoute avec nostalgie une pianiste dans un motel en compagnie d’un étranger…

Cette nouvelle appartient à une thématique politique, et fantastique en même temps.

Une autre nouvelle politique, célèbre, « la Deuxième fois » met en scène des citoyens de Buenos Aires convoqués dans un bureau administratif sans savoir pourquoi ; ils remplissent des quantités de formulaires et doivent revenir trois jours plus tard… court, sec, et d’une ironie terrible ( car le point de vue des employés du bureau recoupe celui des convoqués notamment une jeune femme intriguée et vaguement effrayée) le récit se réfère aux victimes des « disparitions forcées » de la dictature militaire en Argentine.

« L’Apocalypse de Solentiname « reprend le thème de « les fils de la vierge » : un photographe développe ses clichés et y voit autre chose que ce qu’il a cru avoir fixé dans l’objectif : dans ce cas, des exactions commises par la Junte militaire. « Le soir de Napoles » raconte un match de boxe vu par un spectateur, en fait un terroriste qui doit pendant le spectacle, remettre des documents compromettants à un autre membre de son groupe. A travers son ressenti du match et les commentaires sibyllins de l’autre, on entrevoit une sinistre réalité…

La seconde thématique du recueil est consacrée aux échecs de la vie de couple : « Nouvelle visite à Venise » : A Rome, Valentina a sympathisé avec une autre touriste, et s’est trouvé un amour de vacances : mais ces deux individus épris d’elle, la femme et l’homme, la poursuivent à Venise, et ne veulent plus la lâcher. « Eclairage » met en scène un homme et une femme qui s’éprennent l’un de l’autre sans s’être vus, et s’étant rencontrés dans la vraie vie, ne peuvent renoncer à l’image virtuelle qu’ils avaient l’un de l’autre. « Vents Alizés » parle d’un couple fatigué de la routine qu’implique leur vie à deux. Ils tentent de se rencontrer à nouveau comme s’ils ne se connaissaient pas…

Deux autre nouvelles sont intéressantes : « Vous êtes allongée à ses côtés « met en scène une femme encore jeune et son fils de quinze ans qui entretiennent des relations ambigües quasi-incestueuses : l’auteur utilise le procédé de mélanger les points de vue de l’adolescent et de la mère à tel point que ceux-ci changent plusieurs fois dans la même phrase comme ci les deux protagonistes étaient entortillés dans un fil. « Au nom de Boby » c’est un petit garçon qui a deux mamans : la sienne et sa tante qui vit avec eux. Le petit garçon souffre de cauchemars; sa tante s’en inquiète, tout en profitant de la situation…

Deux autres nouvelles ne m’ont laissé aucun souvenir.

L’ensemble est globalement bon. Ce qui est remarquable dans ces nouvelles, c’est la sobriété elliptique des récits et l’ambiguïté des chutes qui peuvent être comprises de façons diverses. Ce recueil est à lire pour découvrir Cortázar nouvelliste, au même titre que « Tous les feux le feu « et « Fin d’un jeu ».

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18 février 2014 2 18 /02 /février /2014 12:28

Gallimard, 121 pages.

La narratrice a onze ans. Elle apprend le français à La Plata. Nous sommes sous la dictature, en 1978. Ses parents, opposants actifs au régime, anciens compagnons du Che, ont été poursuivis. Son père est en prison, sa mère déjà réfugiée en France.

La fillette rejoint sa mère ; elles vivent dans une cité HLM au Blanc Mesnil et survivent vaillamment ; d’autres réfugiés les aident, on a procuré un emploi à la maman, pas facile et peu rémunérateur.

La fillette raconte un an de son existence ; ses lettres à son père, dans lesquelles on apprend la signification du titre Le Bleu des abeilles ( un ouvrage de Maeterlink que je ne connaissais pas) l’école où elle se fait des camarades, une semaine de vacances dans les Alpes, la langue française à laquelle elle s’accoutume plutôt bien, et qu’elle décrit de façon amusante et judicieuse.

L’auteur réussit bien à se remettre dans la peau de la fillette qu’elle fut. Elle trouve le ton juste pour parler d’un quotidien difficile à vivre mais qu’elle affronte avec calme et intelligence, dans un esprit de découverte, attentive aux épisodes de sa nouvelle vie, avide de communiquer avec les gens qui l’entourent. Car ses camarades de la cité HLM ont aussi leurs problèmes qu’elle partage pleinement.

Je lirai bien « les Passagers de l’Anna C. », dans lequel elle raconte l’expérience de ses parents au service d’une action politique combative.

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6 février 2014 4 06 /02 /février /2014 17:47

Actes-sud, 772 pages.

Au soir de sa vie, vers 2003, à Barcelone, sa ville natale où il réside, Adria confie un manuscrit à son ami Bernat. Ce manuscrit, c’est le récit que nous lisons.

Adria Ardevol y raconte sa vie, celle de son père, et le destin d’un violon de grande valeur, depuis l’homme qui a récolté au 17 ème siècle le bois dont il fut fait, jusqu’à son ultime changement de propriétaire, en passant par les diverses transactions, souvent scélérates voire sanglantes, qui le firent passer de main en main.

Le destin du violon permet de traverser plusieurs périodes de l’histoire, un atelier de luthier, des monastères pendant l’Inquisition, les camps d’Auschwitz et leurs chefs nazis… et, bien sûr la maison familiale des Ardevol …

Adria vécut une enfance plutôt malheureuse, en dépit de son don pour les langues, et des ambitions de ses parents à son égard. Sa mère veut faire de lui un musicien violoniste, son père un érudit. Le couple ne s’entend pas, et n’aime pas l’enfant qui leur rappelle l’échec de leur mariage. Après le décès prématuré de son père, Adria va découvrir que ce tyran domestique, était aussi un délinquant notoire.

Le narrateur s’adresse à Sara, la femme qu’il a toujours aimée, ou à son ami Bernat, et puis glisse de la première à la troisième personne du singulier pour se désigner. De même, il passe sans transition apparente d’un récit à l’autre, son enfance, à la fuite de Jaschiam, bûcheron en Italie du Nord après qu’il eut vengé un acte scélérat, la vie estudiantine de son père à Rome, l’Inquisition, la barbarie nazie, d’autres époques de sa propre vie… parfois, il s’interrompt au cours d’une phrase ou d’un mot, pour revenir à un autre récit, ou , lors d’un dialogue au style direct, les interlocuteurs changent subitement d’identité et de propos, nous entrons dans un autre récit. Cependant, passant d’un récit à l’autre, le narrateur ne change ni de ton, ni de rythme, seul le langage peut changer, mais assez peu. Adria est atteint d’un Alzheimer ce qui doit expliquer qu’il manifeste un certain éparpillement dans son exposé. On doit penser qu’ayant brusquement oublié la suite de ce qu’il veut dire, il se lance dans un autre récit. Bien sûr, les alternances d’un récit à l’autre sont parfaitement orchestrées, et autorisent une lecture variée .

Les récits sont en nombre réduits, il y a pas mal de répétitions comme des leitmotivs, et l’on a tôt fait de se repérer. Si l’on hésite, l’auteur a prévu une nomenclature des personnages principaux et des personnages particuliers de chaque histoire, à la fin du roman.

On sait gré au narrateur de ne pas s’être contenté de raconter sa vie, et d’avoir évoqué plusieurs périodes sombres de l’histoire, grâce au violon qui sert de fil conducteur. Cela donne de l’ampleur au roman ; ou plutôt cela devrait en donner, mais la réussite n’est pas flagrante. Je me suis lassée assez vite, et ai passé un bon nombre de pages, à partir du milieu. Cela est dû au fait que les propos les plus intéressants sont déjà formulés au terme d’à peu près 300 pages, et qu’au-delà, Adria se répète avec monotonie, quelque soit le récit. D’autre part les dialogues au style direct sont interminables, et ne font avancer que très lentement le processus de pensée ou d’action.

Ainsi j'ai bien aimé le climat de l'enfance d'Adria, les personnages fictifs qu'il s'invente pour tenir le coup, ses discussions avec son père à propos de l'intérêt des objets , comment les apprécier sans fétichiser. Le travail du bois, la confection de l'instrument. l'Inquisiti, le Franquisme, le nazisme sont des passages obligés.

Les histoires d'amour des récits ont en revanche toutes très ennuyeuses, et toutes les hésitations d'Adria et Bernat sur dois-je ou non continuer telle discipline, suis-je ou non romancier, bon ou mauvais musicien, leurs interminables atermoiements, vraiment pénibles.

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19 octobre 2013 6 19 /10 /octobre /2013 13:08

Christian Bourgois, 2013.

Ce roman met en scène Ringo, un jeune garçon qui vit à Barcelone, dans le quartier de Gracia, sous le régime franquiste, dans sa première partie, qui est sans doute la pire. L’action se déroule de 1943 à 1948 (de ses douze à ses quinze ans). L’existence est particulièrement difficile : la guerre se termine mais on doit se débrouiller avec des tickets de ravitaillement. Le père de Ringo est dératiseur, et il se vante de traquer des « rats bleus ». Ringo, troublé, se demande de quoi il peut s’agir : on pense que l’homme, antifranquiste, s’en prend à des Phalangistes, lors de virées secrètes, pendant lesquelles il disparaît pendant plusieurs jours. Mais on n’en est pas sûr … Le Raticide n’est pas le rebelle rêvé, tant il est vantard et imprudent, provoquant n’importe quel prêtre rencontré…

Adopté en 1933, peu de temps après sa naissance, Ringo l’apprend à l’âge de dix ans de sa grand-mère. De cette époque, il garde aussi le souvenir d’un moineau qu’il a tué à la carabine. On apprécie que les petits faits soient aussi importants pour lui, que les vicissitudes de l'Histoire.Sa mère Berta travaille dans un hôpital comme infirmière ; elle n’a pas le diplôme, et craint de se faire virer. Elle craint aussi que son mari n’ait des ennuis avec la police.

Ringo se réfugie dans la lecture, et les histoires qu’il raconte avec ses camarades de classe. Il rêve aussi d’être pianiste et a commencé à prendre des leçons, mais bientôt l’argent manque il doit abandonner. Devenu apprenti chez un orfèvre, il continue à rêver en travaillant et se fait happer la main droite par un laminoir. Résultat, plus d’index (« le doigt du destin »). Alors il passe du temps dans le bar Rosales de Paquita. Tout en lisant des romans des 19 eme et 20 eme siècles, il écoute les malheurs de Mme Victoria Mir, sa voisine, éperdument amoureuse d’un certain Alonso, qu’on soupçonne d’être un scélérat. Elle veut se suicider pour lui (enfin elle se donne en spectacle en se couchant sur les rails d’un tramway, qui ne passe plus par là…) Fasciné et dégoûté par Vicky, Ringo s’intéresse sexuellement à sa fille, Violeta.

Tous ces gens sont très malheureux, souvent pauvres, et vivent tant bien que mal. Ringo cultive des rêves plus élaborés que ses voisins ou parents. Il tente de devenir écrivain et nous assistons à ses premières tentatives.

Un beau roman de formation.

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  • : Comptes rendus de mes lectures avec des aspects critiques + quelques films de fiction Récits de journées et d'expériences particulières Récits de fiction : nouvelles ; roman à épisodes ; parodies. mail de l'auteur : dominique-jeanne@neuf.fr
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