Livre de poche, 2008, 500 pages. Traduit du hongrois.
Ce roman met en scène trois personnages deux femmes, et un homme qui les a épousées l’une après l’autre, en tout trois dialogues que ces trois protagonistes énoncent tour à tour,
chacun s’adressant à un ou une amie, longtemps après les faits, pour raconter ce mariage, mais aussi sa vie tout entière.
Ce sont en fait des monologues car l’interlocuteur ne parle pas , mais on évoque ses réponses, destinées à relancer le récit…
C’est Ilonka, première épouse de Peter, qui ouvre le feu.
Elle est issue de la bourgeoisie moyenne et a épousé en Peter un bourgeois aisé. Sa vie a changé dut tout au tout. Sa vie conjugale a été ratée, son mari étant toujours occupé ailleurs,
elle a passé le temps à chercher l’nnemie la rivale ( quitte dans un premier temps à l’imaginer en la personne d’un ami de Peter)…à conquérir son mari inaccessible…
Ensuite Peter s’exprime, pour évoquer ses deux mariages l’n très convenable avec Ilonka l’autre qui lui paru très aventureux et excitant avec Judit, jeune femme qui servait dans sa famille de
bonne à tout faire…il parle aussi longuement de son enfance, de sa jeunesse, de ses voyages, de son ennui profond, de son regret de n’être pas artiste ou écrivain.
Puis c’est Judit , la servante devenue maîtresse de maison, après avoir vécu une enfance misérable à la campagne et une vie de bonniche bien meilleure chez ses bourgeois aisés, qu’elle mérpisait
tout en les enviant…
S'approprier les biens matériels et culturels de la classe dominante, tel est son but ; elle les apprécie tout en les méprisant, ce qui n'est pas sans provoquer des contradictions chez ce
personnage.
Ces trois témoignages ( en fait il y en a quatre...) ne manquent pas d’intérêt. On y vérifie ou l’on y découvre, c’est selon que chacun désire ce qui lui paraît inaccessible,qui se refuse à
lui, et ce qui lui fait figure d’interdit. Ilonka aime son mari qu’elle a senti loin d’elle dès le départ . Chaque personnage est conditionné par sa classe sociale, et son sexe ( les
préjugés véhiculés à propos de son sexe, et auquel il se conforme). Tout cela est fort bien observé. Ilonka est prisonnière de ce qu’on lui a dit sur les femmes, les femmes n’ont pour but
qu’aimer un homme et avoir un ou des enfants, les femmes ont besoin du bonheur, pas les hommes.
Les femmes ne sont pas intéressées par la politique, ainsi il sera peu question des bouleversements qu’elle a vécu : deux guerres mondiales, l’installation d’une démocratie communiste,
sa chute , rien de tout cela nel’a marquée sérieusement ! Pauvre Ilonka, toujours à la poursuite de sa rivale, elle est vraiment cruche, mais comment lui en vouloir ?
Peter décrit longuement les travers de la bourgeoisie, et les idées préconçues sur les hommes, dont il ne s’est pas affranchi car il les a trouvées à son avantage. Le contexte
politique est un peu plus présent dans sa vie. Toute fois ses préoccupations sont avant tout intellectuelles, etlorsqu'il tente d’annalyser ses échecs conjugaux , il a une façon
particulière de faire semblant de se mettre en question, en se réservant tout de même le beau rôle.
Toutefois, c’est Judit, la servante qu’il a épousée, qui a vraiment vécu les conflits sociaux-politiques, guerres, dictatures, et la déportation des juifs ne lui a pas
échappé contrairement aux deux autres…
Il y a aussi Lazar, cet écrivain original, qui joue un rôle pour chacun des protagonistes, et dont la mélancolie décadente est présente dans chacun des récits...
L’écriture est assez originale surtout les métaphores employées.
Un défaut tout de même, ces monologues sont un peu longs, et répétitifs concernant les enfances des protagonistes, et redondants parfois.On passe quelque pages de temps à autre. L’ensemble est
néanmoins riche d’analyse socio-psychologiques de trois êtres très différents, (cinq en réalité), et de méditations sur divers sujets fondamentaux.