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16 août 2014 6 16 /08 /août /2014 12:32
Georges-Henri Clouzot La Vérité ****

1954 Arte

Avec Sami Frey, Brigitte Bardot, Marie-José Nat, Paul Meurisse, Charles Vanel

Dominique ( BB) a assassiné son ex-amant et se retrouve aux Assises. Le procès est entrecoupé de nombreux flash-back ( récit soit d’elle, soit d’un témoin, soit du président de séance)

Il apparait que cette jeune fille, larguée par sa famille qui lui préfère sa sœur violoniste, part à Paris, avec elle. Sa sœur la renvoie de la chambrette qu’elles occupent tous deux. Dominique erre dans Paris, se fixe à l’hôtel Boileau où elle partage la chambre tantôt d’un homme tantôt d’une femme. Si c’est avec un homme elle couche avec. Pas trop le choix, car elle vit d’expédients, et instable n’arrive pas à travailler. Elle sort avec l’ami de sa sœur. Apr7s lui avoir fait du charme, il la recherche et elle le fait languir. Au terme d’une relation de six mois, la rupture a lieu. Ils n’ont rien pour s’entendre : lui est chef d’orchestre et travaille beaucoup, elle, se fait engager dans restaurant pour tenir le vestiaire, mais la jalousie du garçon l’en chasse.

Il réussit à l’oublier et se fiance avec la sœur. Mais Dominique, errante, jalouse, et toujours amoureuse, tente de le reconquérir.

Son parcours est ponctué de tentatives de suicide ( gaz médicaments tentatives de se jeter sous une voiture, un peu de tout). l’avocat de l’accusation ( Paul Meurisse) qui moque ses tentatives,est excellent de misogynie et cruauté..

Une jeune fille abandonnée par sa famille, en pleine détresse, achevée par la cruauté masculine. Le personnage est bien campé. Les interprétations sonnent juste. Malgré le label péjoratif « qualité française », c’est un bon film.

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30 mars 2014 7 30 /03 /mars /2014 11:49
Fritz  Lang les Contrebandiers de Moonfleet

Film de 1955 (d’après John Meade Falk Moonfleet)

Jeremy Fox est le contrebandier, enrichi, vivant de son commerce et passant ses soirées en beuveries et galanteries. Survient un gamin de dix ans environ John Mohune. Orphelin, envoyé par sa mère, que jadis Fox fréquenta. Jeremy Fox dépêche le garçon dans un pensionnat mais celui-ci s’évade. Il ne veut pas lâcher cet homme Fox, qu’il admire, comme s’il devait être son père. Il est peut-^tre le fils naturel de cet homme. Fox vit dans le château de Mohune qu’il a arraché à la famille de John.

John trouve la tombe de « Barberousse » un ancêtre Mohune, et dedans se trouve un parchemin codé devant mener à un diamant de prix...

Fox tente de fausser compagnie au gamin (il ne cesse de chercher à s’en débarrasser depuis le début mais se ravise tout le temps et prend des risques pour lui).Finalement Il prend un coup mortel et retourne vers l’enfant lui remettre le diamant ; il l’envoie chez le pasteur qui l’élèvera avec sa fille. Fox lui dit qu’il s’en va et reviendra peut-être un jour. En fait il est mourant. John reste à l’ignorer et continuera à l’attendre.

C’est un film noir et au-delà du récit de découverte du trésor, on aime le climat crépusculaire, le gamin qui atterrit dans une tombe et bouscule le squelette de son ancêtre, les cris des hiboux, les gredins, toutes ces scènes de nuit. Les répliques ironiques « l’exercice a été profitable, monsieur »que se renvoient les protagonistes scelle leur affection mutuelle distanciée.

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28 mars 2014 5 28 /03 /mars /2014 14:23
Yella film de Christian Pudzold

2007 allemand.

Nina Hoss pour la jeune fille.

D’une vingtaine d’année, vivant à Wittenberg, Yella part de chez son père un matin pour Hanovre où elle a trouvé une place de comptable en entreprise. Hâte de partir, car son ex-mari la harcèle pour qu’ils se remettent ensemble. Il l’attend devant chez elle, et prétend seulement vouloir la conduire à la gare. Hélas, il l’entraîne ailleurs, sur les rives de l’Elbe, lui réclame de l’argent et de l’amour, qu’elle ne peut plus donner. La querelle tourne mal, le conducteur fait une fausse manœuvre ( peut-être volontaire) et la voiture tombe dans la rivière.

La jeune femme se hisse sur la rive, et reprend son chemin vers la gare. Dans la train, elle s’apprête à revêtir des vêtements secs( car elle a récupéré son sac) mais croit voir quelqu’un la regarder par le rideau. S’endort à demi-vêtue. Remet le même chemisier rouge… s’installe dans l’hôtel où elle a prévu de vivre jusqu’à son 1er salaire.

Suivent des épisodes à la fois étranges… et réalistes. Elle n’a pas le job, mais rencontre un homme d’affaire ( plus ou moins escroc) qui se livre à des négociations avec des entrepreneurs ,e telle devient son associée. Et même un soir son amant, lorsqu’elle cherche à échapper à Ben ( son ex-mari) qui la poursuit toujours. Car on ne sait pas très bien si Ben a péri dans l’accident ou non. Soit il est vivant et la poursuit, soit elle voit un fantôme (elle s’est jetée de frayeur, dans les bras de Philippe et le poursuivant a disparu comme par enchantement ! ).

On pense que l’accident lui a fait subir un traumatisme : elle entend de l’eau couler tout autour d’elle, de temps, à autre, et n’entend plus rien d’autre s’isole comme dans une bulle; puis le phénomène s’arrête ; elle entame elle aussi une négociation avec un homme d’affaire, et ensuite on retrouve cet homme noyé dans un plan d’eau au fond de son jardin. Fréquemment aussi, elle aperçoit une haute branche d’arbre agitée par le vent qu’elle a aussi vue lorsqu’elle s’est hissée sur la rive à près l’accident.

Un jour, elle prend le volant de la voiture de Philippe, et le conduit sur les rives de l’Elbe, sans raison apparente.

La fin surprend (mais pas complètement)

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28 mars 2014 5 28 /03 /mars /2014 12:43
Stephen Frears Chéri

Film de 2009, d’après Colette.

Avec Michelle Pfeiffer ( Léa) et Rupert Friend ( Fred alias Chéri)

Début du 20 eme siècle. Léa est une cocotte comme elle le dit si bien, et cette situation lui convient. Elle a entre 35 et 40 ans à peu près. Une ex-amie plus âgée lui présente son fils de 19 ans Fred. En dépit de son jeune âge ; il a une belle carrière de gigolo derrière lui. Léa et Fred débutent une liaison ; ils ont l’habitude, elle des hommes plus jeunes, lui des femmes qui pourraient être sa mère. Ils n’ont pas l’habitude de tomber amoureux ; cependant la liaison dure six ans. Puis Fred-Chéri accepte de se laisser marier à une très jeune femme. Sa mère veut des petits enfants. Elle veut aussi le ravir à Léa avec qui il s’entend trop bien à son goût. Cette séparation est un désastre pour les deux protagonistes, et pourtant, ils ne parviendront pas à reprendre la vie commune. Quelque chose s’est brisé.

Le traitement est à la fois ironique et sentimental, tient aussi du film à d’époque à costume. L’ensemble m’a plu davantage que prévu ( le ciné-club de Caen ne trouve aucune qualité et Télérama dit que le comédien la joue Dorian Gray ; je n’ai pas eu du tout ce sentiment.) j’ai aimé ! Cela donne envie de lire le roman.

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27 mars 2014 4 27 /03 /mars /2014 17:41
Blancanieves Pablo Berger

2012

Film en noir et blanc muet. Après « The Artist » on ne s’étonne plus de ce choix esthétique.

Donc la future Blanche-Neige, Carmen, naît sous de mauvais auspices : sa mère meurt en lui donnant le jour, et son père, torero, vient d’avoir un accident dans l’arène, qui le laisse impotent.

Carmen est élevée par sa grand-mère, mais la marâtre rôde dès le départ, et à la mort de la vieille dame, s’empare de la situation. Elle installe le papa au premier étage d’une demeure cossue, l’épouse, prend un amant pour des pratiques saxo-maso, coupe les cheveux de Carmen et la prend comme bonne à tout faire. La fillette s’acquitte bravement des tâches et se prend d’amitié pour un coq : lorsque l’animal s’aventure au 1er étage, elle le suit (bien qu’on lui ait interdit l’étage) et fait la connaissance de son père, qui n’avait jamais voulu la voir ( à cause de son état, ou parce qu’elle avait causé la mort de sa mère ?) ils prennent l’habitude de se voir pendant que la marâtre est à la chasse. Il lui apprend la tauromachie, elle danse pour lui au son d’un phono…toutefois la marâtre veille...

Le conte se termine tragiquement, c’est une surprise !

On a dit que les nains faisaient penser à « Freaks » ce n’est pas tout à fait exact, l’ambiance onirique et impitoyable de Freaks n’est pas au rendez-vous.

En voyant Blanche-Neige en roulotte avec eux j’ai pensé à la Strada, le traitement est ici plus réaliste. Cependant lorsque Carmen est dans la rivière, on voudrait penser à l’Ophélie des peintres même si c’est noir et blanc, et on n’y parvient pas, l’image est banale. Les apparitions du coq sont une excellente idée. De même lorsque la fillette imagine dans la cuisse de volaille déposée dans l’assiette son oiseau bien aimé, ce n’est pas mal… on voudrait plus de scènes comme celle-là…

Les comédiens ne sont pas très expressifs, et la belle-mère semble croire que faire des grimaces tout le temps, c’est interpréter un rôle dans un film muet !

De temps à autre on a des surprise agréables, mais dans l’ensemble cela manque d’ »inquiétante étrangeté », ou simplement d’originalité.

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26 mars 2014 3 26 /03 /mars /2014 15:21
Le vent se lève Hayao Miyazaki 2014

Au début du vingtième siècle, Jiro, un jeune garçon pacifique et myope, rêve qu’il a construit un avion et vole dedans. Mais très vite, de petites bombes noires font exploser la belle machine.

Jiro rencontre ( en rêve et en réalité) l’ingénieur italien Caproni, qui lui donne envie de construire des avions (car trop myope il ne peut devenir pilote).

Jiro part à l’université en train. Une tornade s’abat su la campagne. Il secourt une fillette et sa mère et les ramène chez elles. Plus tard au cours d’un séjour à la campagne, il reverra la fillette devenue grande et s’en éprendra. C’est réciproque, mais la fille se meurt de la tuberculose…

En dépit de son pacifisme, Jiro finit par construire des « avions Zéro » qui serviront à décimer l’ennemi pendant la seconde guerre mondiale. Et pourtant comme le dit le premier vers du poème de Valéry repris en leitmotiv « Le vent se lève, il faut tenter de vivre »

Dans ce film sur le vol et les avions il y a aussi beaucoup de trains, des locomotives quelques peu effrayantes. Le métier de Jiro rend le film un peu longuet car je ne comprends évidemment rien à la construction des avions.

On apprécie de les voir voler (ascension, espoir, beauté des circonvolutions) et cela est toujours suivie d’un processus de destruction violente , d’explosions, de destruction. Lorsque l’avion n’explose pas, Jiro voit en rêve ( anticipe ) un immense cimetière d’avions, un impressionnant charnier.

Les références à la culture occidentale sont nombreuses ( Mann la Montagne magique ; Jiro va se sentir comme Castorp… protégé puis lancé dans la tourmente) ; on joue des morceaux classiques au piano…

Le film est lucide, poétique, triste et gai, irréprochable dans sa construction, mais on s’ennuie lors des discussions « technologiques » et des exposés de Jiro ainsi que des calculs interminables auxquels il se livre, si l’on ne connaît rien au sujet (c’est mon cas).

Le vrai problème, c’est que ce film de Miyazaki est sans magie. Et ce n’est pas ce que j’en attends. D’ordinaire, les créatures de toute sorte dans ses films volent toute seule, se déplacent magiquement dans l’air ou dans la mer, et ici il faut construire des machines pour pouvoir voler !! Scandale…. Puis les créatures, ici sont humaines, rien qu’humaines, trop humaines.

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24 mars 2014 1 24 /03 /mars /2014 12:48
Olivier Assayas L’Heure d’été

Dans une belle propriété, Une femme de 75 ans (Edith Scob) fête son anniversaire avec ses trois enfants leurs conjoints, et ses petits enfants. Cette femme est préoccupée de l’héritage qu’elle va laisser : et cet héritage est fait en grande partie des objets et créations laissés à elle par le peintre Paul Berthier, l’homme de sa vie. Il ne fut pas le père des enfants ; de celui-là on dit peu de chose.

L’aîné des enfants, domicilié à Paris prof d’économie à Science Po, est attaché à sa mère et veut garder la propriété ; il fait même une fixette sur deux tableaux de Corot. Mais d’autres objets d’art nous sont montrés, et font l’objet de discussions diverses.

Le fils cadet est domicilié en Chine avec sa famille et y développe une entreprise ; la benjamine Adrienne (Juliette Binoche pas facile à reconnaître dans ce rôle avec sweat -shirt à capuche et long cheveux blonds…) vit aux USA, et s’occupe de design.

La femme âgée meurt comme on pouvait s’y attendre, et on décide de vendre la maison et son contenu, ce qui était attendu aussi. Le fils aîné en est tout chagrin. Mais il s’en remettra.

Avant que la propriété ne soit vendue, la petite fille aînée de la défunte est autorisée à organiser une « boum » en ces lieux. Les jeunes arrivent s’installent avec leurs boissons, drogues et disques de rock. C’est fou ce qu’elle a comme copains ! La jeune fille s’éloigne avec son ami pour plus d’intimité.

Il ne se passe rien à proprement parler dans ce film. Il y aurait bien des conflits mais ils restent larvés. Les gens sont polis cherchent des arrangements, les trouvent et voilà. On aurait aimé que les enfants souffrent que leur mère ait dédié sa vie à ce Paul Berthier, et que leur père ne compte pas. On aurait aimé que la femme souffre aussi d’avoir vécu pour Berthier davantage que pour elle. D’ailleurs, c’est le cas, mais ce n’est que suggéré. Et pourquoi pas ? Mais ces conflits juste suggérés ne le sont pas de façon convaincante.

Les personnages ne m’ont pas touchée, sauf la vieille dame, un peu. Comme toujours chez Assayas, je me sens loin de ce qui est mis en scène (pareil pour Clean et pourtant le sujet était fort !).

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22 octobre 2013 2 22 /10 /octobre /2013 23:30

Avec Niels Arestrup ( le monstre André) ; Emilie Dequenne ( Murielle) ; Tahar Rahim (Mounir)

Murielle est une très jeune fille, naïve, sans contact avec sa famille, sauf sa sœur, plutôt provocante. Elle est institutrice. Rencontre Mounir, et ils se plaisent. La caméra montre quelques baisers passionnés et des phrases inintelligibles. Bientôt Murielle est confrontée à André : c’est l’homme qui a épousé la mère de Mounir (lequel a des frères et sœurs) pour lui fournir une carte de séjour. Murielle et Mounir se marient : séance grinçante, qui donne à Murielle l’occasion de rencontrer la famille ; quelque chose s’écroule pour elle. Elle crie qu’on ne l’a pas épousée pour ça non ? André lui fait une réponse ronde et condescendante « mais non, vous, vous êtes amoureux ».

Le jeune couple vit chez André, médecin, qui procure du travail à Mounir comme secrétaire dans son cabinet. Ils vivent chez André, au lieu de s’installer seuls ; on ne sait pas s’ils en auraient les moyens…les enfants naissent, très rapprochés. Lorsque Murielle suggère qu’ils aillent vivre ailleurs, André se fâche, et dit à son fils adoptif qu’il le vire. Mounir ne peut trouver de travail, ils restent donc avec André. Celui-ci prend de plus en plus d’importance, au point que Mounir déserte la maison et part au Maroc rejoindre sa mère malade. Murielle a maintenant quatre enfants, a sombré dans la dépression, ne travaille plus, et André s’occupe de tout. Il l’envoie chez une psychologue, mais celle-ci apprend que Murielle vit avec André et qu’il est son médecin traitant. Elle est choquée de la situation (on la comprend) ; et déclare ne plus vouloir collaborer avec André. Murielle cesse de voir la psy...

André est une espèce de monstre. Probablement impuissant, (lorsque la sœur de Murielle lui propose une aventure, il perd la face ; seule fois dans le film…)

il s’arrange pour avoir une famille, se plaît à être l’indispensable protecteur omniscient, en écartant les gêneurs (soit ici les parents des gosses). Murielle est prise au piège, si elle s’adressait à une assistante sociale, celle-ci n’auraient sans doute rien fait, vu que c’est André qui a les moyens d’héberger et de nourrir les enfants. Elle aurait pu s’enfuir en laissant les enfants, s’installer seule et reprendre son emploi. Où tenir tête à André, et reprendre son emploi. Où encore vivoter comme cela.

Il est compréhensible qu’elle se sente très mal, et même qu’elle se suicide, mais tuer ses quatre enfants en bonne santé, et avec qui elle a tout de même des contacts… ??? Elle n’a rien d’une Médée, cependant il est possible que dans son délire elle n’ait trouvé que cela pour soustraire ses enfants à André, pour le punir…

On peut supposer que depuis la naissance du quatrième, elle souffre de psychose puerpérale.

Le cinéaste a voulu montrer qu’un tyran domestique peut sévir en étant aimable, serviable, sans violences physiques, de sorte qu’on ne se rende compte de la situation que trop tard. Et, même lorsque l’on s’en rend compte, la société n’intervient pas, parce que le monstre est respectable et qu’il a l’argent et le pouvoir. On comprend ses intentions.

La caméra est centrée sur les personnages et laisse peu de place au décor alentour, ce qui accentue la tension. La séquence où Murielle en voiture, pleure à l’écoute d’une chanson, est une vraie explosion de détresse brute. Le long gros plan sur son visage de trois-quarts est impressionnant. Emilie Dequenne est la détresse personnifiée ; Niels Arestrup excellent, comme toujours…

A perdre la raison Joachim Lafosse 2012
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30 septembre 2013 1 30 /09 /septembre /2013 22:08

Bertrand Bonnello 2010

Le film commence « au crépuscule du 20eme siècle » en 1899. L’Apollonide est une maison parisienne tenue par une tenancière qui y loge ainsi que ses deux petites filles, et une douzaine de prostituées. La maison comprends plusieurs étages : au premier, les filles reçoivent les clients, boivent avec eux, font leur travail de séduction. Le premier est un lieu cossu et accueillant. S’y trouve un canapé où se prélasse une panthère noire, appartenant à un client.

Au second Marie-France loge sa famille. Au troisième, les filles subissent le commerce charnel dans des chambres séparées. Au quatrième, il y a un grenier, une salle de bain, des chambres. Les filles se lavent avec application, se revêtent de chemises de nuit blanches et occupent les lits ( à deux ou trois).

Le prologue montre Madeleine ‘la Juive » avec un client. Elle ouvre une boîte contenant une émeraude et s’étonne qu’on lui fasse ce cadeau. Le client la pénètre avec un masque blanc.

Ensuite, on assiste au début de soirée, au premier étage. Chaque fille boit avec son client. Elles sont joliment habillées, bien maquillées, pas vulgaires. Un peu plus jolies que l’ensemble des femmes. Ont l’air accueillantes, mais la façon dont elle tourne leur doigts le long du verre de champagne, et d’autres détails disent combien elles sont lasses.

Madeleine monte avec son client ; elle lui raconte le rêve qu’elle a fait. Il demande s’il peut l’attacher. Elle répond oui (elle est obligée suppose-t-on). Et il lui lacère le visage des deux côtés de la bouche. Madeleine est devenue « la femme qui rit ». Elle ne va plus coucher, et s’occupera de l’entretien de la maison. Le client pervers continue à venir. D’autres sont intéressée par la mutilation. Madeleine sera un jour forcée d’aller dans une partie fine où elle sera humiliée.

Autres péripéties : Julie attrape la syphilis et meurt rapidement. Pauline est une nouvelle venue : elle a seize ans, voudrait se prostituer « pour être libre et indépendante » ce qui fait rire Marie-France. Après quelques semaines (ou mois ?) de pratique, Pauline quittera la maison, surtout lorsque la maladie de Julie sera déclarée.

Les filles enferment Le client avec la panthère à la fin du film…

L’une des jeunes femmes Clothilde, espérait se faire épouser mais son client la délaisse. Elle se met à fumer l’opium…

Le film est somptueux et la photographie magnifique. La journée que les filles passent au bord de la Seine à se baigner donne l’occasion d’émouvants tableaux impressionnistes. Ce ne sont pas les seuls.

L’ultime soirée de l’Apollonide, le bal masqué du 14 juillet, est également d’une esthétique très travaillée qui diffuse une atmosphère inquiétante. Ainsi que la terrible partie fine…

Bien sûr, c’est un film d’homme, donc il y a de beaux plans sur les corps des filles, pourtant les désagréments du plus vieux métier du monde ne sont pas masqués. De longs plans sur les visages des filles en train de subir l’accouplement, visages impassibles, ennuyés, las, parfois à la limite de l’exaspération, témoignent de leur souffrance. Les longues séances répétitives dans la salle de bain, les montrent se frottant énergiquement avec des produits corrosifs pour contrer la maladie (ou la grossesse) ; ces fréquentes ablutions sont fort loin de ce qu’on appelle « les joies du bain », et ces séquences sont tout le contraire des tableaux genre « femme à sa toilette ».

Les simagrées auxquelles doivent se livrer les jeunes femmes sont fort contraignantes : l’un doit jouer à être un mannequin, l’autre se plonger dans un bain de champagne, une troisième se grimer en geisha… le supplice de Madeleine, son agression, est répétée tout au long du film, avec chaque fois des détails différents ( car elle ne cesse de revivre ce traumatisme et nous avec elle).

Lorsque Samira explique le travail qui l’attend à Pauline, rien là-dedans n’est édulcoré : « tu fais semblant » lui dit-elle, pour expliquer le processus de séduction, et l’obligation de feindre le plaisir, avant de s’étendre longuement sur le déroulement des ablutions.

Les longues matinées au lit lorsque les jeunes femmes récupèrent … et s’ennuient…

Bref ces souvenirs sont loin d’être nostalgiques ! Le film est à la fois esthétiquement beau, émouvant, théâtral, inquiétant, et d’un réalisme implacable. Beaucoup de qualités, et l’on n’est pas loin du chef d’œuvre…

L’Apollonide, souvenirs de la maison close *****
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2 septembre 2013 1 02 /09 /septembre /2013 13:03

Série-noire 2012, 208 pages ;

Singapour, Elsa et Alexandre s’y sont installés pour le job d’Alexandre. Il fait trop chaud là-bas…

Elsa tente d’écrire un roman. Il faut se titiller l’imagination : contempler un jeune chinois dépecé qui a inspiré Georges Bataille. Se repaître des photos de la célèbre expo « cadavres et écorché en tous genre ». Visiter une femme ayant un cancer au cerveau en phase terminale et en faire profiter sa copine ennemie Ludivine. Ecraser un chat sur la route et rouler à nouveau sur lui afin de faire exploser le cadavre, puis l’observer de près. Miam ! Bien sûr elle pratique le SDM avec son Alexandre et plus encore avec son amant Nessim « l’Arabe blond ».

Elle a aussi une toue petite fille, qui pleure dès qu’on la met en contact avec sa mère (les enfants sont intuitifs) mais sa petite bonne philippine, Fely, est une vraie maman.

l’arabe blond se fait assassiner. Fely a trouvé une pièce à conviction pouvant nuire à Elsa. Elle la fait chanter. Elsa : Mais je suis innocente ! En attendant mieux, elle inverse les rôles maître –serviteurs (un peu à la Losey). Fely a un charme extraordinaire « je me mire dans ses yeux noirs et m’y perd comme dans un puits sans fond », raconte Elsa à son autre amie Selma.

Ecrit d’une façon assez raffinée avec un bon suspense. Ensemble astucieux divertissant, méchamment gore, pas trop long heureusement

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