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13 février 2007 2 13 /02 /février /2007 23:08
petit poème pour la St Valentin :


  "Il avait cent ans évidemment, le capitaine, et avec une longue barbe blanche. J’en avais dix-huit et j’étais orpheline. Le capitaine trop fougueux brisa le bateau sur des récifs. Nous touchâmes une île exquise. Sa barbe tombée, le capitaine retrouva ses vingt ans ; nous eûmes beaucoup d’enfants. Et voilà les histoires que j’aime."

Géo Norge
   ( "Les Oignons" in "Poésies 1923-1988" )
 Gallimard-Poésies


 Contemporain des surréalistes, Norge, grand sceptique lucide,  s'est rapidement éloigné de tous les mouvements et communautés poétiques pour faire entendre sa différence. Les "Oignons...pour ne pas pleurer" publés en 1953, sont des contrefables sobres et exprimant l'essentiel dans des formes resserrées.



géo Norge
(voir Poezibao)




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27 octobre 2006 5 27 /10 /octobre /2006 10:47

Chant de mort.

 

La Fortune aux larges ailes, la fortune par erreur m’ayant emporté avec les autres vers son pays joyeux, tout à coup, mais tout à coup, comme je respirais enfin heureux, d’infinis petis pétards dans l’atmosphère me dynamitèrent et puis des couteaux jaillissant de partout me lardèrent de coups, si bien que je retombai sur le sol dur de ma patrie, à tout jamais la mienne maintenant.

La Fortune aux ailes de paille, la fortune m’ayant élevé pour un instant au-dessus des angoisses et des gémissements, un groupe formé de mille, caché à la faveur de ma distraction dans la poussière d’une haute montagne, un groupe fait à la lutte à mort depuis toujours, tout à coup nous étant tombé dessus comme un bolide , je retombai sur le sol dur de mon passé, à tout jamais présent maintenant.

La Fortune encore une fois, la fortune aux draps frais m’ayant recueilli avec douceur, comme je souriais à tous autour de moi, distribuant tout ce que je possédais, tout à coup, pris par on ne sait quoi venu par en dessous et par derrière, tout à-coup, comme une poulie qui se décroche, je basculai, ce fut un saut immense, et je retombai sur le sol dur de mon destin, destin à tout jamais le mien maintenant.

La Fortune , encore une fois, la fortune à la langue d’huile, ayant lavé mes blessures, la fortune comme un cheveu qu’on prend et qu’on tresserait avec les siens, m’ayant pris et m’ayant uni indissolublement à elle, tout à coup, comme déjà je trempais dans la joie, tout à coup la Mort vint et dit : « il est temps. Viens. » La Mort, à tout jamais la Mort maintenant

 

 

Henri Michaux «  Lointain intérieur : difficultés ». (1930).

 

 

C’est en 1938 que Henri Michaux fait paraître pour la première fois «  Lointains intérieurs » que termine « Un certain Plume » l’histoire chaplinesque en treize récits d’un personnage clé dont les aventures étranges tragiques et dérisoires sont symboliques des parcours de l’écriture et du désarroi de l’être au monde.

Ces récits d’humour noir sont ce qu’on connaît le mieux de son œuvre.

 

Le recueil comprend en outre, « Entre centre et absence »  «  La Ralentie » «  Animaux fantastiques «  « l’Insoumis » et « Je vous écris d’un pays lointain »  séries de séquences en prose poétique où le poète  s’introspecte  à l’aide de récits imaginaires. 

La seconde partie « Poèmes »  comprend treize compositions qui sont plus proche du vers libre que de la prose poétique. le poète en découd avec l’angoisse en phrases précises et rythmes dodelinés.

 

« Difficultés » est la troisième partie constituée d’autoportraits (Le Portrait d’A.)

 

«  Le défaut d’être qu’il éprouve conduit Henri Michaux à n’apparaître que multiple et éparpillé, quoique souvent campé avec violence par sa révolte intime. Nulle certitude centrale, hormis celle de sa faiblesse ou de l’insoumission, nul appui, mais le vertige et la chute en de « successifs abîmes » intérieurs… Michaux s’effondre sans cesse en lui-même ». (Jean-Michel Maulpoix : « Michaux, passager clandestin » Champ Vallon)

 

 Voir Poezibao  le site de Florence Trocmé et rechercher Michaux pour en savoir plus. 

 

Unique en son genre, Henri Michaux (1899-1984) se situe tout de même dans une sorte de tradition, celle de Rimbaud et surtout Lautréamont «  Vous mes copains Ruysbroek et toi Lautréamont qui ne te prenait pas pour trois fois zéro… » .

 C’est la lecture des « Chants de Maldoror«  qui le décide à écrire en 1922. Il est pris par l’énergie qui se dégage de ce texte, l’affirmation,  non de soi mais d’une « conscience », qui résiste par le langage et dont la violence est plus satisfaisante que les langueurs mélancoliques des poètes qui ont exprimé le mal du siècle.

Ruysbroek traduit son attirance pour le mysticisme.

 

Henri Michaux est aussi héritier du surréalisme ; il en a le penchant pour la rupture, la libre association, mais aucune inclinaison pour l’esprit de groupe.  D’après ses textes, le  monde est une somme de conspirations, de machinations pleines d’hostilités  et l’humour poétique naît  d’une prise de conscience qu’il faut lutter contre cette animosité, et  d’une somme de petits combats remportés   sur l'inimitié  grâce à  l’arme du langage.

Poésie agressive dans la mesure où le monde est attaqué comme par un acide, par le langage qui le nomme pour l’exorciser. Cette poésie est aussi faite d’humour noir et lyrique ; le célèbre «  Contre » ( In « la Nuit remue ») qui est  un manifeste  poétique de «  Contre création » veut être une affirmation de la rupture de l’esprit à ce qui le menace, et de même une approbation  à tout ce qui le « sauve » (mais pour HM il n’y a pas de salut) amis d’éphémères moment de grâce.

«  Je mes suis uni à la nuit à la nuit sans limite ». (In Poèmes)

 

« Difficultés » rassemble  7 récits de  prose poétique (1930) « Le Portrait de A. » qui l’ouvre, est une sorte d’autobiographie à la troisième personne d’un être qui se conçoit comme une espèce de boule imparfaite. Ce n’est pas exactement la vie d’un être mais celle de l’humanité puisque « il » devient « nous » : «  La chute de l’homme est notre histoire …notre histoire est notre explication ». Et aussi «  A. : l’homme après la chute ».  

Les deux textes suivants « La Nuit des embarras » et « La Nuit des disparitions » font l’amalgame de toutes sortes d’objets et de situations à priori saugrenues qui empêchent l’homme de se trouver une unité et une cohérence dans le chaos de l’existence. D’autres textes de la même section reprennent le texte de l’existence chaotique et entravée (« Naissance » , une  mise au monde  sans cesse recommencée et avortée) «  Destinée » aussi : bien des textes ressemblent à des corps morcelés où les constantes poétiques ( répétitions, allitérations) se trouvent sans cesse bousculées et mises à mal par d’étranges interventions.

 

« Chant de mort » nous y voilà ! se distingue de ces sept textes : à priori il est  le plus satisfaisant: il ressemble davantage à un poème en prose ; sa forme est simple et plus enlevée avec ses quatre longues phrases souples , progressant à l’aide de nombreuses virgules, et   qui reprennent chacune le même départ «  La Fortune + complément attribut et se termine par une chute ( le sol dur, ) et des locutions adverbiales qui reviennent «  à tout jamais » ; «  maintenant » .  Les quatre phrases se développent de façon identiques : un moment de bonheur prévu dès le départ ironiquement éphémère (« par erreur » ; « pour un instant ») se trouve contré par un obstacle d’une forte hostilité ( pétard, couteaux, groupe armé) ou par un accident ( décrochement,), provoque la chute.   Chaque phrase s’élève avec une grâce ( dont peut-être l’auteur n’est pas coutumier) parce que la fortune a des ailes au moins dans les premières phrases ce qui est conforme à une tradition mythologique,(encore que « la fortune aux ailes de paille »n’élève pas si on la considère dans le détail)et que  ces ailes nous préparent à des attributs plus curieux : « aux draps frais » incite au sommeil aux songes et aux illusions le décochement qui se produit incite à penser que l’infortuné narrateur est tombé du lit. 

La fortune  « comme un cheveu qu’on prend et qu’on  tresserait avec les siens 

 m’ayant pris et indissolublement uni à elle » cette comparaison entraîne l’évocation d’une Parque ou d’une Moire : ces divinités filent le destin ; l’une d’elle représente la Mort.

La fortune n’est  pas toujours bonne, à la quatrième reprise, c’est elle-même qui mène  

à la Mort répétée trois fois et majuscule. De  la première phrase à la dernière nous voyons la fortune de devenir progressivement suspecte ; dès le début de l’ultime phase «  la langue d’huile » ne cesse d’inquiéter même si elle  mène tout en douceur vers la fin.

C’est un poème fortement ironique, dont la forme classique, élégante et le trait peu forcé  se rassemblent pour un équilibre que Michaux approuve peu, même s’il y cède : dans sa postface au lecteur il s’insurge contre l’équilibre la synthèse, parle de la » foule qui est en lui » du « monde » dont il est constitué, insiste sur l’éparpillement.

 

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20 octobre 2006 5 20 /10 /octobre /2006 09:18
C’est une chanson qui annonce la fin du monde.
Un genre en soi très prisé à certaines époques troublées.
Sans vouloir remonter jusqu’à l’apocalypse j’ai trouvé plusieurs poème qui y ressemblent dans l’anthologie de la poésie baroque établie par Jean Rousset. ( voir l’article qui suivra)
 
voir aussi mon article Die Unheimliche Stimme

L’interprétation que j’ai faite admet un sens implicite, sûrement pas voulu par l’auteur et qui ne plaira pas à tout le monde. I don’t give a damn !


Litanies des explosions atomiques et anatomiques

1) D’où viens-tu donc mon fils au regard bleu
D’où viens-tu si tard mon enfant trop curieux ?

J‘ai trébuché sur les flancs de douze monts brumeux
Traversé à toutes jambes six chemins tortueux
Exploré jusqu’au cœur les sept tristes forêts
Vu des océans morts aux vagues pétrifiées
Erré dans un cimetière de mille mètre carrés
(dans la gueule d’un cimetière…)
Et je sens je respire l’odeur de la pluie
Qui va tout emporter.



2) Mon fils qu’a t’il vu ton regard si bleu
Qu’as-tu donc vu mon petit trop curieux ?

J’ai vu des louves sauvages tout près d’un nouveau-né
Un chemin pavé d’or que personne n’empruntait
La sève d’une branche coupée en sang dégouliner
Une salle remplie d’hommes aux pioches ensanglantées
J’ai vu une échelle blanche que l’eau dissimulait
J’ai vu mes amis muets leurs langues on l’a coupée
J’ai vu d’autres enfants armés de fusils et d’épées
Et ces gouttes si lourdes si dures et le temps suspendu.



3) Qu’as-tu entendu mon fils à l’ouïe fine?
Qu’as-tu entendu mon petit sous la bruine?

J’entends le tonnerre annoncer la venue des bombes
J’entends rugir les vagues qui vont noyer le monde
Et les milliers d’appels que nul n’a écoutés
Ceux des cent un tambours leurs mains sont calcinées
L’un d’eux meurt de douleur les autres préfèrent en rire
J’entends le roi agoniser dans son délire
Et moi qui suis son fou devrai-je l’ensevelir
Ces nuages de rage prêts à fondre
Cet orage en moi es-ce un message?


4) Pourquoi ne puis-je croiser mon fils ton regard bleu?
Qui as-tu rencontré mon enfant trop curieux?

J’ai croisé un enfant tout près d’un poney mort
J’ai croisé un blanc qui fouette ses esclaves noirs
J’ai approché une femme les flammes dévorent son corps
J’ai reçu d’une jeune fille un arc-en ciel  d'espoir
J’ai rencontré un homme que l’amour a blessé
J’ai vu aussi son frère que la haine a tué
Et cette pluie qu’il faut cracher
J’en ferais des mots empoisonnés


5) Où vas-tu encore mon fils au regard bleu
Que faire à présent mon petit trop curieux?

Je me cache au plus profond de la forêt la plus dense
Je retourne dans mon rêve avant que l’orage ne commence
Là où sont mes amis et ils ont les mains nues
Où dans le lit du fleuve le poison va couler
Où la maison dans la prairie n’est qu’un cachot immonde
Où je vois mon pays comme un amas de décombres
Où les traits du bourreau sont cachés à la vue
Où règne la colère où les âmes sont toutes vendues
Où noir c’est la couleur où zéro est le nombre
Et les mots me traversent et me font haleter
Debout sur la vague, avant que de sombrer
Saurais-je ce qu’est mon chant, je ne peut que balbutier
Mais toujours
j’aimerais
ce moment
où ma pluie va déferler.

_____________________________________________________________________________________________

Texte original

A Hard Rain's A-Gonna Fall

Oh, where have you been, my blue-eyed son?
Oh, where have you been, my darling young one?
I've stumbled on the side of twelve misty mountains,
I've walked and I've crawled on six crooked highways,
I've stepped in the middle of seven sad forests,
I've been out in front of a dozen dead oceans,
I've been ten thousand miles in the mouth of a graveyard,
And it's a hard, and it's a hard, it's a hard, and it's a hard,
And it's a hard rain's a-gonna fall.

Oh, what did you see, my blue-eyed son?
Oh, what did you see, my darling young one?
I saw a newborn baby with wild wolves all around it
I saw a highway of diamonds with nobody on it,
I saw a black branch with blood that kept drippin',
I saw a room full of men with their hammers a-bleedin',
I saw a white ladder all covered with water,
I saw ten thousand talkers whose tongues were all broken,
I saw guns and sharp swords in the hands of young children,
And it's a hard, and it's a hard, it's a hard, it's a hard,
And it's a hard rain's a-gonna fall.

And what did you hear, my blue-eyed son?
And what did you hear, my darling young one?
I heard the sound of a thunder, it roared out a warnin',
Heard the roar of a wave that could drown the whole world,
Heard one hundred drummers whose hands were a-blazin',
Heard ten thousand whisperin' and nobody listenin',
Heard one person starve, I heard many people laughin',
Heard the song of a poet who died in the gutter,
Heard the sound of a clown who cried in the alley,
And it's a hard, and it's a hard, it's a hard, it's a hard,
And it's a hard rain's a-gonna fall.

Oh, who did you meet, my blue-eyed son?
Who did you meet, my darling young one?
I met a young child beside a dead pony,
I met a white man who walked a black dog,
I met a young woman whose body was burning,
I met a young girl, she gave me a rainbow,
I met one man who was wounded in love,
I met another man who was wounded with hatred,
And it's a hard, it's a hard, it's a hard, it's a hard,
It's a hard rain's a-gonna fall.

Oh, what'll you do now, my blue-eyed son?
Oh, what'll you do now, my darling young one?
I'm a-goin' back out 'fore the rain starts a-fallin',
I'll walk to the depths of the deepest black forest,
Where the people are many and their hands are all empty,
Where the pellets of poison are flooding their waters,
Where the home in the valley meets the damp dirty prison,
Where the executioner's face is always well hidden,
Where hunger is ugly, where souls are forgotten,
Where black is the color, where none is the number,
And I'll tell it and think it and speak it and breathe it,
And reflect it from the mountain so all souls can see it,
Then I'll stand on the ocean until I start sinkin',
But I'll know my song well before I start singin',
And it's a hard, it's a hard, it's a hard, it's a hard,
It's a hard rain's a-gonna fall.


Copyright ©1963; renewed 1991 Special Rider Music





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8 octobre 2006 7 08 /10 /octobre /2006 09:41

Chanson de 1963, dernière pièce du disque " The Times They Are A-Changin' "

C'est une élégie.

Toujours ( sans repos) adieu

Tout l’argent que dans ma vie j’ai dépensé
Qu’il ait été bien ou mal acquis
Je l’ai laissé filer entre des mains amies
Pour jouir de l’instant plus violemment
Mais les luttes sont achevées
Nous nous sommes entretués
Et les règles du jeu sont périmées
(Ici le lecteur ardent et enthousiaste ce qui ne lui enlève ni sa concentration ni sa vigilance s’écrie » mais tout cela est faux ! « et grand est son courroux car « We Killed Each one” n’a jamais voulu dire nous nous sommes entretués il faudrait each other. Et que dire de « and the tables ‘full and over flowed rendues par « les règles du jeu sont périmées » ?
Rien, et si ça ne lui plait pas au lecteur je le préviens de ne pas aller plus loin. Car plus loin ce sera encore pire !)
Lorsqu’une voix au loin
Dit l’épisode prend fin
Je fais mes adieux prend la route et suis loin.


Chaque compagne qu’intimement j’ai connue
Nous nous sommes plu sur un malentendu
Chaque compagne que j’ai donc blessée
Me voulait séducteur ou marié
Mais pour rester amis
Il faut prendre le temps
De s’amender
Et d’affabuler
Et comme je suis pressé
Je me détourne du passé
Je dis adieu et reprend mon chemin.


Chaque adversaire que j’ai dû affronter
Ce fut le chaos à organiser
Et chaque cause pour laquelle j’ai lutté
J’y pense sans honte ni regret
Mais la nuit s’enfuit
Les grands voiles sont déchirés
Et mes yeux embrumés
Se sont dessillés
Et si je compte les heures
C’est que trop longtemps je demeure
Alors je dis adieu et la nuit prochaine je m’en vais.


Chaque pensée qui dans mon esprit se noue
Je deviendrais fou si je ne pouvais l’expulser
Mais faut-il s’exposer à une écoute étrangère
Je ne chante que pour m’accompagner
Mais le temps s’écoule
Et de ce flux je dépends
Et personne ne détient
Le mot de la fin.
Et si la ligne est coupée
Je n’ai pas terminé
Je ne fais mes adieux que jusqu’à la prochaine fois.


Une fausse horloge tente de régler ma vie
Elle m’égare me fait honte et me contraint
Des bavardages idiots me font perdre le fil
Et la poussière de la rumeur m’ensevelit
Mais ces propos sont futiles
Et ma flèche est tendue
Elle percera le cœur
Peu importe l’épaisseur.
Et je résisterai
Et tel je resterai
Et quand je dis adieu je n’en ai rien à foutre.

___________________________________________________________________________

Texte anglais:
Oh all the money that in my whole life I did spend,
Be it mine right or wrongfully,
I let it slip gladly past the hands of my friends
To tie up the time most forcefully.
But the bottles are done,
We've killed each one
And the table's full and overflowed.
And the corner sign
Says it's closing time,
So I'll bid farewell and be down the road.

Oh ev'ry girl that ever I've touched,
I did not do it harmfully.
And ev'ry girl that ever I've hurt,
I did not do it knowin'ly.
But to remain as friends and make amends
You need the time and stay behind.
And since my feet are now fast
And point away from the past,
I'll bid farewell and be down the line.

Oh ev'ry foe that ever I faced,
The cause was there before we came.
And ev'ry cause that ever I fought,
I fought it full without regret or shame.
But the dark does die
As the curtain is drawn and somebody's eyes
Must meet the dawn.
And if I see the day
I'd only have to stay,
So I'll bid farewell in the night and be gone.

Oh, ev'ry thought that's strung a knot in my mind,
I might go insane if it couldn't be sprung.
But it's not to stand naked under unknowin' eyes,
It's for myself and my friends my stories are sung.
But the time ain't tall,
Yet on time you depend and no word is possessed
By no special friend.
And though the line is cut,
It ain't quite the end,
I'll just bid farewell till we meet again
Oh a false clock tries to tick out my time
To disgrace, distract, and bother me.
And the dirt of gossip blows into my face,
And the dust of rumors covers me.
But if the arrow is straight
And the point is slick,
It can pierce through dust no matter how thick.
So I'll make my stand
And remain as I am
And bid farewell and not give a damn.

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29 septembre 2006 5 29 /09 /septembre /2006 22:11
tardieuoeuvresite.gif

Jean Tardieu ( 1903-95)

 

Les Chansons de Tardieu, je les ai  extraites du recueil de poèmes «  Jours pétrifiés »( 1043-47) dont on trouve les textes dans le recueil «  Le Fleuve caché » ( Poésie/Gallimard) qui regroupe la plupart des textes poétiques importants de Tardieu pour la période 1938-1961. On y trouve notamment les remarquable séries «  Monsieur Monsieur » et « une voix sans personne ».

Jours pétrifiés est un recueil qui évoque la stupéfaction, le saisissement, le mauvais sort , la frayeur, tout ce qui est susceptible de vous changer en pierre. Ces poèmes ont été écrits pendant la guerre, ou juste après ; ils en parlent, pas toujours directement ( parfois oui, tel le terrible Oradour, que je n’ai pas vu dans cette édition, pourtant…)

 

Cette section de « jours pétrifiés » s’intitule «  Trois chansons »

la première «  Chanson de la nuit » énumère treize personnes qui passent, sans pouvoir se rencontrer, bien que certains s‘appellent, elle ressemble cette chanson à la  comptine « passe passera, la dernière restera… «  sauf qu’il y en a treize et que le dernier dit « on ne m’a pas attendu « 

Le treize s’apparente au malheur, (le treizième arcane la Mort) le treize est aussi en trop, puisque la plupart des cycles sont de douze.

 

Un de ceux qui passent passent

un de ceux qui passeront

l’un premier l’autre second

le troisième vient ensuite

le quatrième après lui

le cinquième où es-tu donc ?

le sixième déjà tombe

le septième contre un mur

le huitième dans la nuit

le neuvième attendez-moi !

le dixième vient trop tard

le onzième est déjà loin

par le douzième suivi,

mais le treizième s’arrête

(rien ne va rien ne va plus)

près d’une borne inutile :

« on ne m’a pas attendu

« on ne m’a pas reconnu ».


La seconde chanson « la Chanson du crime » parodie un genre de roman noir… sauf que ce sont des ombres, et qui se rassemblent : peut-être sont-ils morts ou arrivent-ils à la porte des enfers.


A la porte verrouillée

au fond d’un mauvais silence

un homme frappe et s’en va

sans attendre la réponse. »

 

Un autre monte du sol,

sa main cogne avec colère

celui-là ne s’en va pas,

des couteaux brillent et bougent

dans les angles de la nuit

la porte a des soubresauts

on la pousse dedans.

Nul ne sort et nul ne rentre,

je ne sais pourquoi ces ombres

se rassemblent ici.

 

Et la chanson  du "faux marin » récit d’un navire qui ne peut quitter le port, réduit à l’impuissance, reste lyrique par rapport aux précédentes, (oiseau, forme cruelle) semble planer, pour mieux retomber à plat : elle s’achève par le mot «  mort ». Il s’agit d’impuissance à agir, plutôt que de mort réelle.

L’humour de Tardieu, se fait très noir, ici.

Même si la section porte le titre « Chansons « aucune ne présente de refrain.

 

Chanson du faux marin.
 
Pour délivrer ma vie
 de l’immobilité
j’ai fait de grands efforts,--
couvert de mes cordages
de mes voiles tombées
je gagnerai le port
que je n’ai pas quitté.
 
Image de moi-même
oiseau forme cruelle
qui pars et qui reviens
dans l’odeur de la mer,
chaque tour de ton aile
m’accable de liens. 
Couvert de mes cordages
de mes voiles tombées
je gagnerai la mort
qui ne m’a pas quitté.
 
                                        Jean Tardieu « Le Fleuve caché : trois chansons »
 
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29 septembre 2006 5 29 /09 /septembre /2006 22:10
supervielle-bis.jpgAlter ego
 
Une souris s’échappe
(Ce n’en était pas une)
Une femme s’éveille
(Comment le savez-vous ?)
Et la porte qui grince
(On l’huila ce matin)
Près du mur de la clôture
(Le mur n’existe plus)
Ah ! je ne puis rien dire
(Eh bien vous vous tairez)
Je ne puis pas bouger
(Vous marchez sur la route)
Où allons-nous ainsi ?
(C’est moi qui le demande)
Je suis seul sur la terre
(Je suis là près de vous)
Peut-on être si seul
(Je le suis plus que vous,
Je vois votre visage
Nul ne m’a jamais vue).

                                      Jules Supervielle (« Les Amis inconnus »)

 


Le poème est tiré du recueil Les Amis inconnus que l’on peut trouver dans la petite collection Poésie / Gallimard, sous le titre «  Le Forçat innocent suivi de Les Amis inconnus ».


Le recueil « Les Amis inconnus »  est publié en 1934 ; Jules Supervielle a cinquante ans. Ses œuvres les plus célèbres, le recueil « Gravitations »  son roman «  le voleur d’enfant » et ses contes lui ont déjà apporté plus qu’un succès d’estime.   Dans le dictionnaire des œuvres de Laffont et Bompiani, il est ,dit à propos  des «  Amis  inconnus »:

« ici… le côté franciscain de Jules Supervielle l’emporte ici sur le côté Guanamiru ».


Guanamiru est le héros de l’Homme de la pampa, premier roman de Supervielle : un aventurier, avide d’alcool et de sensations fortes.  Aimant la nature comme toujours chez Supervielle, il une préférence pour les volcans. Le mot de Guanamiru est aussi associé au célèbre poème «  A Lautréamont ».  Quoique très différent de Lautréamont, dont il est loin de partager le goût pour les outrances et le lyrisme provocateur et flamboyant, Supervielle voit en lui un frère : tous deux sont poètes, nés et ont vécu à Montevideo, originaires du midi pyrénéen. Je tiens à parler de ce poème un autre jour.


Quant au côté franciscain, je n’en ai pas la moindre idée !


Le recueil débute par un poème dont on peut citer deux vers«  il vous naît un ami, et voilà qu’il vous cherche

Il ne connaîtra pas votre nom ni vos yeux. »


Tous les textes parlent d’êtres, souvent des animaux, voire des végétaux, parfois des entités inidentifiable, des voix , une âme, un organe d’un corps magnifié, un souffle de vent qu’habite quelque esprit, quelque chose qui veut s’approcher de vous, qui insiste, et qui reste étranger à vous, tout en manifestant un genre de familiarité. C’est là tout le charme de Supervielle. Il est sensible à l’altérité, à l’autre, pas celui que l’on connaît trop bien, et attend, mais celui qui surgit, insiste, en provoquant malaise et dérangement, que l’on veut chasser, et retenir aussi bien…

Cela se traduit dans nombre de poèmes par un dialogue.


D’un point de vue métrique, les poèmes sont en vers libres ; ils riment de façon assez lâche mais réelle. Le vers comporte souvent six ou sept syllabes, rarement plus de huit. Jamais d’alexandrins qui ne conviendraient pas à un ton aussi intimiste. La longueur est très variable ( d’un simple quatrain à une trentaine de vers).

 

Autre exemple l’Oiseau :

« Oiseau, que cherchez-vous, voletant sur mes livres,

Tout vous est étranger dans mon étroite chambre »


-          J’ignore votre chambre et je suis loin de vous

-          Je n’ai jamais quitté mes bois, je suis sur l’arbre

-          Où j’ai caché mon nid, comprenez autrement

-          Tout ce qui vous arrive, oubliez un oiseau.

 

L’oiseau est une façon de désigner un messager…mais il faudra dépasser l’animisme ( oubliez un oiseau)


Alter ego fonctionne de la même façon en un dialogue pas très aimable et surtout humoristique, entre l’être entre parenthèse et le moi du poète, troublé par une insaisissable et moqueuse présence étrangère, qui s’entend à le contredire ; cela conduit à une note assez proche de la détresse. L’alter ego est un autre soi mais il dérange l’ego… puisqu’il l’altère justement.. sans le désaltérer.

 

 


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28 septembre 2006 4 28 /09 /septembre /2006 16:47
Cette chanson que j'ai découverte en 1991 date de 1963 au plus. Elle figure dans le premier CD des Bootlegs série 1.

Mort d’un vagabond

Au tournant de la rue tout en bas du mur
Un homme est étendu dans une embrasure
Le visage retourné sur le sol froid et dur
Plusieurs nuits l’ont raidi dans la même posture
Rien qu’un vagabond, mort sur un seuil
Personne n’est là pour porter le deuil
Et nul ne peut le ramener chez lui
Et nul ne peut conter ce que fut sa vie.


Deux trois vieux journaux pour couvrir sa tête
Une marche fut son oreiller la rue sa couchette
Le visage sillonné de la route qu’il a faite
Son salaire dans sa main encore pleine de piécettes
C’était un vagabond, encore un de mort
On parle de paresse de malchance et du sort
Personne pour conter ce que fut sa vie
Soit on le plaint soit on le calomnie.


C’est quoi pour un homme de voir sa vie sombrer
D’en bas dans un trou, voir le monde entier
D’attendre l’avenir comme une bête qui va crever
De choir dans le caniveau de mourir ignoré?

C’était un vagabond encore un de mort
On accuse le vin la lâcheté le destin
Personne pour le connaître comme l’un des siens
On éprouve je ne sais quel vague remords.

(From the Bootlegs série 1)
____________________________________________________________________________

Texte anglais

As I was out walking on a corner one day,
I spied an old hobo, in a doorway he lay.
His face was all grounded in the cold sidewalk floor
And I guess he'd been there for the whole night or more.

Only a hobo, but one more is gone
Leavin' nobody to sing his sad song
Leavin' nobody to carry him home
Only a hobo, but one more is gone

A blanket of newspaper covered his head,
As the curb was his pillow, the street was his bed.
One look at his face showed the hard road he'd come
And a fistful of coins showed the money he bummed.

Only a hobo, but one more is gone
Leavin' nobody to sing his sad song
Leavin' nobody to carry him home
Only a hobo, but one more is gone

Does it take much of a man to see his whole life go down,
To look up on the world from a hole in the ground,
To wait for your future like a horse that's gone lame,
To lie in the gutter and die with no name?

Only a hobo, but one more is gone
Leavin' nobody to sing his sad song
Leavin' nobody to carry him home
Only a hobo, but one more is gone.

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15 septembre 2006 5 15 /09 /septembre /2006 14:16

rat---l--phant.jpgLe Rat et l’éléphant

(La Fontaine,  livre VIII DES  Fables complètes , pièce no XVI )
à propos de la situation politique en France aujourd'hui...

 

 

 

Se croire un personnage est fort commun en France :

 

On y fait l’homme d’importance,

 

Et l’on n’est souvent qu’un bourgeois

 

C’est proprement le mal françois :

 

La sotte vanité nous est particulière…

 

 

 

Un rat de plus petits voyait un éléphant

 

Des plus gros, et raillait le marcher un peu lent

 

De la bête de haut parage,

 

Qui marchait à gros équipage.

 

Sur l’animal à triple étage

 

Une sultane de renom,

 

Son chien, son chat, et sa guenon,

 

Son perroquet, sa vieille, et toute sa maison,

 

S’en allait en pèlerinage.

 

Le rat s’étonnait que les gens

 

Fussent touchés par cette pesante masse

 

« Comme si d’occuper ou plus ou moins de place

 

Nous rendait, disait-il plus ou moins importants…

 

Nous ne nous prisons pas tout petits que nous sommes,

 

D’un grain moindre que les éléphants »

 

Il en aurait dit davantage ;

 

Mais le chat sortant de sa cage,

 

Lui fit voir en moins d’un instant

 

Qu’un rat n’est pas un éléphant ».

 

 

 

Qui  sera le chat ?

 

 

 

 
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24 août 2006 4 24 /08 /août /2006 21:07



  Lilie Rosemarie et le valet de coeur ( in Blood On The Tracks 1975).


Ce soir c’est relâche au Pallas et les mecs préparent un casse.
Le cabaret est calme encore mais dans le mur le perceuse fore
On a levé le couvre-feu, baissé la roulette de jeu
Et seuls les insensés n’ont pas encore quitté les lieux
Il ya là un drôle de joueur qu’on appelle le valet d’cœur.

Il traverse la salle du cabaret où chaque mur renvoie son reflet
Dit aux gens j’ai tout réglé et chacun se montre satisfait
Il s’avance vers un étranger, lui dit en souriant
A quelle heure ça commence ? J’espère qu’il y a des danses
Puis gagne l’angle avec lenteur, retourné comme le valet d ’cœur.

Dans les coulisses les filles jouent au poker dans l’escalier.
Lilie a deux reines, attend la troisième pour gagner.
Au dehors les rues s’emplissent la fenêtre est grande ouverte
Une brise légère vient à souffler on peut tla sentir naître.
Lilie change de couleur lorsqu’elle tire le valet d’cœur.

Big Jim c’est un tout petit roi, c’est l’homme le plus riche du secteur
Il fait son entrée habituelle si élégant et si charmeur
Avec ses reveolvers sa canne d’argent et pas une mèches rebelle
Il s’empare de tout ce qu’il veut pour vite le fiche à la poubelle
Mais seul un homme d’honneur serait l’rival du valet d’cœur.

Rosemarie c’est la reine on peut dire qu’elle est détrônée
Elle se glisse par la petite porte et se froisse comme une feuille morte.
Ses faux cils clignent elle se repeigne « Pardon chéri j’suis en retard »
Il la frôle sans la r’marquer il a l’air un peu hagard
Reste tout songeur à détailler le valet d’cœur.

Je l’ai déjà vu quelque part , Big Jim cherche à se rappeler
Ce pouvait être à Mexico sur une affiche dans un bistrot
Et la foule qui se pousse au guichet commence à pîétiner
Les lumières du bar à présent sont tamisées.
Un papillon plein d’ardeur se pose sur le valet d’cœur.

Lilie c’est la princesse, elle sort d’un drôle de conte de fesse
Sa peau est tendre comme un enfant ses sourires ont un éclat troublant
Elle a fui un foyer brisé, assume un étrange passé
Des truands à chaque coin d’vie l’ont prise selon leur envie
Mais le seul qui lui donne du bonheur n’est autre que l’valet d’cœur.

Le juge arrive incognito il s’invite à manger boit trop
La perceuse fore toujours le mur mais ici personne n’en a cure
On se passionne pour l’alliance de Jim qui brille au doigt d’Lilie
C’est lui encore la veut qui oserait changer le jeu ?
Personne sauf cet imposteur qu’on appelle le valet d’cœur.

Rosemarie est plus que saoule elle se mire dans la lame d’un couteau
Elle n’en paut plus des commérages, n’en peut plus de son mariage
Elle a fait plusieurs dépressions et tenté de se suicider
Elle voudrait faire une bonne action avant de récidiver
Soudain la voilà pleine de ferveur sa dernière carte c’est l’valet d’cœur.

Lilie se démaquille, enlève sa robe la jette au loin
Ta chance a tourné dit-elle fébrile mais je suis sûre que tu l’savais bien
Surtout ne touche pas le mur il est fraîchement repeint
J’aime que tu sois encore vivant tu as vraiment l’air d’un saint

Dehors on court avec fureur à la recherche du valet d’cœur.

En coulisse le manager qui squrveille tout de son fauteuil
Se dit qu’on joue une drôle de pièce rien n’échappe à son oeil de verre
Il appelle le juge en renfort mais le juge est ivre-mort
Tout comme l’acteur vedette déguisé en moine d’opérette
Ce soir il n’ya pas d’bon acteur exception faite du valet d’cœur.

Lilie enlace l’homme dont elle chérit toutes les caresses
Elle a enfin oublié l’autre celui qui la pourchasse sans cesse
« Tu m’as tellement manqué » ils éprouvent quelque volupté
Mais si près de ce bonheur règnent la jalousie la peur
Encore une nuit toujours la même dans la vie du valet d’cœur.

Nul ne sut rien dire des cicrconstances, ça arriva si vite
La  loge s’ouvre avec violence un révolver fait un déclic
Big Jim est sur le seuil je dirais pas du tout surpris
Rosemarie à ses côtés le regard fixe déterminé
Elle escorte Big Jim mais se penche sur le valet d’cœur.

Deux portes un peu plus loin les mecs traversent la cloison
Ils vident le coffre-fort on dit qu’ils se firent un beau butin
Dans la pénombre près d’la rivière, ils attendent assis à terre
Celui d’entre eux encore en ville qui règle ses affaires
Jamais ils ne commettent l’erreur de partir sans le valet d’cœur.

On dresse la potence le jour suivant, le ciel est noir et menaçant
Tué d’un coup d’couteau dans l’dos Big Jim gît sous une couverture, en sang.
Et Rosemarie qui est dans les fers elle ne cille même pas
Le juge est presque sobre il a un peu la gueule de bois
Sur la scène manque un seul acteur et c’est bien sûr le valet d’cœur.

Le cabaret est fermé pour travaux Une enseigne se balance au vent
Lilie a déjà retiré toute la teinture de sa chevelure
Souvent elle pense à son père qu’elle voit vraiment très peu
Elle pense à Rosemarie, à la loi, à ses rigueurs
Mais c’est le valet d’cœur, qu’elle appelle de tous ses voeux.

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  Texte original

Lily, Rosemary And The Jack Of Hearts

The festival was over, the boys were all plannin' for a fall,
The cabaret was quiet except for the drillin' in the wall.
The curfew had been lifted and the gamblin' wheel shut down,
Anyone with any sense had already left town.
He was standin' in the doorway lookin' like the Jack of Hearts.

He moved across the mirrored room, "Set it up for everyone," he said,
Then everyone commenced to do what they were doin' before he turned their heads.
Then he walked up to a stranger and he asked him with a grin,
"Could you kindly tell me, friend, what time the show begins?"
Then he moved into the corner, face down like the Jack of Hearts.

Backstage the girls were playin' five-card stud by the stairs,
Lily had two queens, she was hopin' for a third to match her pair.
Outside the streets were fillin' up, the window was open wide,
A gentle breeze was blowin', you could feel it from inside.
Lily called another bet and drew up the Jack of Hearts.

Big Jim was no one's fool, he owned the town's only diamond mine,
He made his usual entrance lookin' so dandy and so fine.
With his bodyguards and silver cane and every hair in place,
He took whatever he wanted to and he laid it all to waste.
But his bodyguards and silver cane were no match for the Jack of Hearts.

Rosemary combed her hair and took a carriage into town,
She slipped in through the side door lookin' like a queen without a crown.
She fluttered her false eyelashes and whispered in his ear,
"Sorry, darlin', that I'm late," but he didn't seem to hear.
He was starin' into space over at the Jack of Hearts.

"I know I've seen that face before," Big Jim was thinkin' to himself,
"Maybe down in Mexico or a picture up on somebody's shelf."
But then the crowd began to stamp their feet and the house lights did dim
And in the darkness of the room there was only Jim and him,
Starin' at the butterfly who just drew the Jack of Hearts.

Lily was a princess, she was fair-skinned and precious as a child,
She did whatever she had to do, she had that certain flash every time she smiled.
She'd come away from a broken home, had lots of strange affairs
With men in every walk of life which took her everywhere.
But she'd never met anyone quite like the Jack of Hearts.

The hangin' judge came in unnoticed and was being wined and dined,
The drillin' in the wall kept up but no one seemed to pay it any mind.
It was known all around that Lily had Jim's ring
And nothing would ever come between Lily and the king.
No, nothin' ever would except maybe the Jack of Hearts.

Rosemary started drinkin' hard and seein' her reflection in the knife,
She was tired of the attention, tired of playin' the role of Big Jim's wife.
She had done a lot of bad things, even once tried suicide,
Was lookin' to do just one good deed before she died.
She was gazin' to the future, riding on the Jack of Hearts.

Lily washed her face, took her dress off and buried it away.
"Has your luck run out?" she laughed at him, "Well, I guess you must
have known it would someday.
Be careful not to touch the wall, there's a brand-new coat of paint,
I'm glad to see you're still alive, you're lookin' like a saint."
Down the hallway footsteps were comin' for the Jack of Hearts.

The backstage manager was pacing all around by his chair.
"There's something funny going on," he said, "I can just feel it in the air."
He went to get the hangin' judge, but the hangin' judge was drunk,
As the leading actor hurried by in the costume of a monk.
There was no actor anywhere better than the Jack of Hearts.

Lily's arms were locked around the man that she dearly loved to touch,
She forgot all about the man she couldn't stand who hounded her so much.
"I've missed you so," she said to him, and he felt she was sincere,
But just beyond the door he felt jealousy and fear.
Just another night in the life of the Jack of Hearts.

No one knew the circumstance but they say that it happened pretty quick,
The door to the dressing room burst open and a cold revolver clicked.
And Big Jim was standin' there, ya couldn't say surprised,
Rosemary right beside him, steady in her eyes.
She was with Big Jim but she was leanin' to the Jack of Hearts.

Two doors down the boys finally made it through the wall
And cleaned out the bank safe, it's said that they got off with quite a haul.
In the darkness by the riverbed they waited on the ground
For one more member who had business back in town.
But they couldn't go no further without the Jack of Hearts.

The next day was hangin' day, the sky was overcast and black,
Big Jim lay covered up, killed by a penknife in the back.
And Rosemary on the gallows, she didn't even blink,
The hangin' judge was sober, he hadn't had a drink.
The only person on the scene missin' was the Jack of Hearts.

The cabaret was empty now, a sign said, "Closed for repair,"
Lily had already taken all of the dye out of her hair.
She was thinkin' 'bout her father, who she very rarely saw,
Thinkin' 'bout Rosemary and thinkin' about the law.
But, most of all she was thinkin' 'bout the Jack of Hearts.

Copyright ©1974 Ram's Horn Music

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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15 juillet 2006 6 15 /07 /juillet /2006 17:01
max-paysage-et-vaches-09.jpgMax Jacob aurait eu 130 ans le 12juillet.
 
 N’attendons pas la fin du mois pour lire ou relire « Le Cornet à dés » publié à compte d’auteur il y 90 ans. Et peut-être « Le Cabinet noir » recueil de lettres parodiques, exercices de style burlesques.
 
Eléments biographiques :
 Né Max Jacob Alexandre, à Quimper. Ce troisième prénom qui lui servait de nom patronymique fut abandonné par sa famille dans on jeune âge :il ne lui en resta plus que deux.
Cet écrivain trouve sa place dans l’histoire de la littérature française de Pierre Brunel ( Bordas) tome 2, dans le chapitre «  Le surréalisme » , et plus précisément dans le sous-chapitre «  la poésie hors du surréalisme » en compagnie de Reverdy, Fargue, Cocteau et Supervielle ; contradiction : Max Jacob est surréaliste et ne l’est pas. Il y en a d’autres  ( la religion : israélite et catholique ; croyant et non –croyant, mystique et mystificateur, préférences sexuelles : une  femme d’abord, puis les hommes, et sans jamais cesser de prôner la chasteté…).
 L’ouvrage que j’ai cité dit assez justement «  Non –conformiste dans la vie,l’auteur l’est plus encore dans ses œuvres : devant l’absence de signification du monde réel, le poète refuse même semble-t-il de croire à ce qu’il écrit ; il se réfugie dans la mystification, l’ironie , le burlesque… le rire que provoque la cocasserie de certains textes, … n’abolit pas l’inquiétude que leur apparent non-sens suscite. »
 
La poésie est pour lui « Un instantané même manqué de ce fragment de monde qui passait » (Lettre à Apollinaire, 1909).
 
Il est attirés par la max(ime) ; il y a dans le Cornet à dés une centaine d’aphorismes :,
Ex :" Le renard au corbeau demande son fromage. Pour l'homme toute femme est d'abord un corbeau ".
 
La plupart des biographies de Max Jacob sont ennuyeuses parce qu’elles font la part belle à l’homme religieux, sa recherche du divine, sa rencontre avec Dieu etc… je m’en passe très bien. Certains des écrits de notre étonnant poète, tout entiers emplis de lyrisme, prières et dévotion, sont aussi à éviter. Malgré sa profonde religiosité, Max Jacob est un de mes poètes préférés. Pourquoi ?  
 
Mais voyons le « Cornet à dés ».
 
Ce recueil poétique de 68 récits brefs est assorti de réflexions humoristiques ou désabusées.
Il a trouvé sa matière première dans les sujets les plus divers
-L’actualité politique : exposition coloniale (souvent décrite par les littérateurs de l’époque, ici une merveille eu peu de mots) ; le Japon qui devient une grande puissance.
- Le débat artistique : cubisme, modernisme. Il rejette la culture classique, mais ce n’est qu’une apparence.
- Souvenir de lectures : le petit Poucet, Fantômas, Mémoires de Sarah Bernhardt, l’Ancien Testament…
- Souvenirs d’enfance : Quimper.
- la vie quotidienne : Rue Ravignan, la blanchisserie.
 Les récits adoptent différents genres qui ne sont pas tous littéraires : le compte-rendu critique, le pastiche des modèles romanesques connus (« Genre biographique » ; « roman feuilleton ») le pastiche des auteurs (surtout romantiques et symbolistes : « poème dans un goût qui n’est pas le mien »), l’enquête journalistique et le fait divers.
Le cornet à dés.
Le titre s’inspire probablement du « coup de dés » de Mallarmé un auteur que pourtant Max Jacob dit ne pas aimer dans la préface.
On jette ensemble divers éléments qui sont ensuite fondus dans un poème. Celui-ci a sa logique propre qui « imite les données de l’inconscient. »
Cependant, dans sa préface, Max Jacob revendique une esthétique classique. Il dit s’être inspiré d’Aloysius Bertrand bien davantage que de Baudelaire pour produire ses poèmes en prose.  Tous ces poètes romantiques ou symbolistes  cités dans la préface  que Max Jacob récuse plus ou moins, il en utilise tout de même certains procédés.
Important : le poème en prose doit être « clos sur lui-même », parfait, situé et placé.
L’humour et la fantaisie surgissent des jeux de mots et de sonorités et des effets de surprises créés par les références explicites à des genres sérieux dans un langage quotidien.
Conclusions imprévues qu’on peut assimiler à des pointes.
Dérision de la littérature : rupture avec la cohérence spatio-temporelle du récit réaliste.
Esthétique du dépaysement ; il cherche non à surprendre mais à transplanter.
 
Ce qui est fascinant chez Max Jacob c’est sa manière de  faire des élans lyriques contrariés, de poser chaque texte comme une énigme de réinventer l’utilisation du point d’exclamation. Le commentaire ironique est un procédé qu’il utilise constamment.
 
Voici un des ces poèmes qui a pour sujet l’inspiration :
 
Conte de Noël
 
Il y avait une fois un architecte ou un cheval : c’était un cheval plutôt qu’un architecte, à Philadelphie, à qui l’on avait dit : « Connais-tu la cathédrale de Cologne ? fais construire une cathédrale pareille à la cathédrale de Cologne ! »Et, comme il ne connaissait pas la cathédrale de Cologne, alors, il fut mis en prison. Mais, en prison, un ange lui apparut, qui lui dit : « Wolfrang ! Wolfrang ! pourquoi te désoles-tu ? » - Il me faut rester en prison, parce que je ne connais pas la cathédrale de Cologne !- Il te manque le vin du Rhin pour bâtir la cathédrale de Cologne, mais fais-leur voir le plan, alors tu pourras sortir de prison. «  et l’ange donna le plan, et il montra le plan, alors il put sortir de prison, mais jamais il ne put bâtir la cathédrale parce qu’il ne trouvait pas le vin du Rhin. Il eut l’idée de faire venir du vin du Rhin à Philadelphie, mais on lui envoya n affreux vin français de la Moselle, de sorte qu’il ne pur bâtir la cathédrale de Cologne à Philadelphie ; il ne fit qu’un affreux temple protestant.
 
L’échec de l’œuvre tient à la difficulté de réunir ensemble des éléments disparates. La construction existe (le plan) mais pas ce qui est propre à donner l’enthousiasme, l’ivresse créatrice ( le vin du Rhin)    On relève un hommage amusant et irrespectueux à Mozart ( Wolfrang)
Cheval : pour Max Jacob il ne s’agit pas d’un animal mais d’une drogue trivialement désignée par ce mot ( il utilisa par exemple l’éther et la tisane de jusquiame ; il ne les trouve pas fameux [ « mon Pégase n’est plus qu’une Rossinante… »] et s’en plaint fréquemment non sans humour). Cheval désigne aussi les possibilités créatrices du poète.
 
Philadelphie doit s’entendre étymologiquement : philia et Delphes. Oracle.
L’inspiration apparaît comme un ordre indéterminé « on ».
 
 Christopher Knowsley portrait de Max Jacob 1929, musée de
 
  Portrait de Max Jacob par Christopher Knowsley en 1929 Musée des Beaux Arts de Quimper.

 
Max Jacob mourut en déportation le 5 mars 1944 à Drancy :
 
LA GUERRE
Les boulevards extérieurs, la nuit, sont pleins de neige ; les bandits sont des soldats ; on m'attaque avec des rires et des sabres, on me dépouille : je me sauve pour retomber dans un autre carré. Est-ce une cour de caserne, ou celle d'une auberge ? que de sabres ! que de lanciers ! il neige ! on me pique avec une seringue : c'est un poison pour me tuer ; une tête de squelette voilée de crêpe me mord le doigt. De vagues réverbères jettent sur la neige la lumière de ma mort.
   
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