Année de publication :2002
Edition :Gallimard, 2002
Le narrateur évoque et relate une liaison qu'il a eue huit ans auparavant pendant neuf mois environ. Il était étudiant en lettres, venait de la province, y avait laissé un père alcoolique, un milieu social modeste. Auprès de ses condisciples, il passait pour naïf et un peu démodé.
C'est dans ces conditions qu'il commence à fréquenter Catherine, vendeuse dans un grand magasin, divorcée, isolée elle aussi. âgée de 47 ans (Il en a 22.). Ce couple n'ose pas s'afficher réellement à cause de la différence d'âge.
Il consent à cette liaison plutôt qu'il ne la goûte. Catherine lui paraît l'initiation obligée avec la femme mûre, et elle « fait jeune ».Le rassure parce qu'elle n'a pas de culture (« Ma littérature l'impressionnait »).L'ennuie aussi (« le plus souvent, nous restions assis l'un en face de l'autre sans rien avoir à nous dire »).
Progressivement, il s'aperçoit qu'il sort avec Catherine parce qu'il se sent une dette envers ses parents pauvres et laissés en province, et qu'il ne s'autorise pas de relation avec une femme jeune et plus proche de ses goûts intellectuels.
Pourtant cette dette ne fait que grandir : En effet, Catherine se croit enceinte mais ce sont les premiers effets de la ménopause. Bientôt, elle tombe en dépression, veut rompre et il ne la retient pas.
D'autre part son père meurt avec lequel il n'avait jamais eu beaucoup de contacts...
Il prend un travail en province dans un bureau, abandonnant toute prétention intellectuelle, et sort avec une femme de son âge, et de son milieu universitaire, se met en ménage avec elle....
C'est un récit qui parle essentiellement de la culpabilité et de l'insatisfaction qu'elle engendre. Le narrateur n'est pas très heureux avec Catherine. Lorsque la liaison cesse, il se reproche son attitude envers elle (qui, aux yeux du lecteur n'a rien de répréhensible).
Au lieu de se consacrer à la littérature qu'il aime, il s'en dégoûte, et va travailler dans un bureau se faire humilier des années durant par un petit chef.
Quand à sa nouvelle amie, il la supporte avec beaucoup de réserves. Leur rencontre : « Une attirance physique, l'envie de rompre ma solitude, le besoin de changer de vie. Il n'est pas rare de voir des célibataires, lassés des aventures ou de l'abstinence, prêts à prostituer leurs goûts, leurs convictions, et à troquer leur solitude contre une compagnie médiocre ».Il est mécontent de son bonheur, de son confort matériel, de l'enfant à venir, tout cela l'écoeure.
Timidement pourtant, il renoue avec la littérature, pour écrire sur Catherine, certes et s'accuser, mais pour écrire tout de même.
Moraliste : c'est un roman d'analyse psychologique. L'auteur se réfère à « Adolphe « et Benjamin Constant. Il croit avoir vécu à peu près la même histoire. De nombreuses sentences parsèment le texte :
« Le bonheur montré et cette sorte de suffisance béate qui l ‘accompagne, m'a toujours semblé de loin, plus que n'importe quel aveu, impudique, parce que cette joie, surtout, démesurée à mon sens, exprimait le vide de sa vie, son absence de projets personnels, son incapacité à profiter d'une certaine liberté ».
Cependant, le malheureux narrateur souffre du même vide que ceux qui affichent leur bonheur d'une façon obscène.
Une telle sentence signe surtout le choix d'un style d'écriture, qui peut sembler désuet mais ne manque pas de qualités.
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