2013
Bérénice Béjo : Marie ; Tahar Rahim : Samir ; Ali Mossafa Ahmad ; Elyes Aguis : Fouad ; Sabrina Ouazani : Naima.
Un pavillon de banlieue( le film a été tourné à Sevran Seine-Saint-Denis). Marie, employée de pharmacie, a fait venir de Téhéran Ahmad, son ex-compagnon qu’elle n’a pas vu depuis quatre ans.
C’est pour signer les derniers papiers relatifs à leur divorce. Mais en fait, Marie est sur le point de refaire sa vie (pour la troisième fois) avec Samir, qui tient un pressing. Marie demande à Ahmad de discuter avec Lucie sa fille aînée, lycéenne, avec qui elle est en conflit.
Ahmad n’a pas vu les deux filles depuis 4 ans, mais le contact avec elle est tout de suite bon. Ces deux gamines ne voient presque pas leur père qui vit en Belgique.
On ne sait pas pourquoi Marie s’est séparée d’Ahmad, on croit savoir que c’est elle qui a commencé à fréquenter un autre homme ( ce qui a rendu Ahmad dépressif pendant une période) mais rien n’est sûr.
Marie, Samir, Léa et Lucie, les deux filles, et Fouad le fils de Samir, sont bouleversés. En effet, la femme de Samir, Céline, a tenté de se suicider, plusieurs mois auparavant, sur son lieu de travail en avalant du détergent. Elle est dans le coma, et ne donne aucun signe de conscience.
En faisant parler Lucie, et en provoquant des confidences chez les autres, Ahmad fait mettre au grand jour des éléments qui font que la plupart des personnages se sentent responsables de ce suicide. Le petit Fouad, parce que sa mère a commencé à être dépressive après sa naissance. Samir parce qu’il a noué une relation extraconjugale, avec Marie, ce que l’état dépressif de Céline a dû favoriser. Marie, parce qu’elle craint que le suicide ne soit dû au fait que Céline s’est sentie abandonnée. Lucie parce qu’elle a communiqué à Céline les mails que Marie et Samir s’échangeaient (mais comment cette adolescente a-t-elle pu avoir connaissance des mails intimes que sa mère et Samir s’échangeaient ?? voilà une question qu’on ne pose pas…)
Et ce n’est pas tout ! L’employée du pressing ( Naïma) a joué un rôle elle aussi.
Pendant le film, les différents protagonistes se rejettent la culpabilité les uns sur les autres. Le spectateur lui, ne peut trancher. Il n’y a pas de retour en arrière, et l’on ne voit Céline que dans le coma, sans espoir de réveil. On la connait à travers les paroles des autres. Ne connaissant pas son histoire avec Samir, ni son histoire tout court, on ne sait que penser. La fin ne permet pas de régler le problème.
Au terme du film, Marie renvoie Ahmad à qui elle avait demandé un service, et qui est allé au-delà de ce qu’on lui demandait. Il s’est impliqué dans les problèmes des protagonistes. On a l’impression que c’est lui l’homme de la famille. Et pourtant, il s’en va, sans faire d’histoire, lorsque Marie le renvoie.
Le film pose de multiples questions et n’en résout aucune. On s’intéresse aux personnages, des gens simples de la classe moyenne, tout le monde joue bien, mention spéciale à Fouad, un petit garçon très lucide, et on est sûr au moins qu’il sera content d’avoir en Marie une nouvelle mère, même si celle-ci est légèrement hystérique.
La maison familiale de Marie ressemble à beaucoup de pavillons de banlieue, avec ses meubles ordinaires, son petit jardin mal entretenu, ses draps de lit en boule, ses murs à moitié peints, ses problèmes d’écoulement du lavabo, ses objets qui traînent un peu partout. Tout cela est sympathique, on sent qu’on y vit. Les meilleures séquences se déroulent dans cette maison (excepté la séquence du métro avec Fouad excellente aussi) et celles qui concernent la vie quotidienne et ses incidents sont les meilleures. Beaucoup de bonnes choses dans ce film, et aussi une faiblesse d’intrigue. J'ai préféré la " Séparation" le film précédent. Cependant tous les films de Fahradi me plaisent depuis " les Enfants de Belleville" jusqu'à celui-ci. On est immédiatement pris par l'histoire et les personnages.