Tristram, 2020, 400 pages
Jeanne, ses études dans le domaine « métiers du livre » sont achevées ; elle monte à Paris, où elle a trouvé un job d »accueillante «, un CDD reconductible, à la Tannerie un institut culturel qui vient de s’ouvrir dans une usine désaffectée de Pantin. Jeanne participe à l’inauguration, une grande fête sur une péniche au début de l’été . Elle est attirée autant que déconcertée par l’effervescence, la nouveauté, et un homme un peu plus âgé qu’elle Julien, responsable du service Accueil.
Elle revient en septembre prendre son poste. Très intimidée ( elle n’a connu que sa Bretagne natale) et la difficulté de se faire au job ; tantôt elle fait un peu de tout, pas seulement accueillir les visiteurs et les inscrits à un spectacle, mais d’autre petites tâches souvent ingrates , tantôt elle n’a rien à faire que signaler les toilettes aux arrivants. Elle se fait une amie Marianne, mais ne réussit pas à intéresser Julien comme elle voudrait. Les spectacles auxquels elle assiste pour se mettre dans l’ambiance et se cultiver la laissent dubitative ( ce sont des installations et des performances ) et pour dominer un peu la chose, elle note religieusement les tirades, remarques et suggestions de lecture de Julien.
Elle retient par cœur ses phrases pour les resservir dans d’autres conversations et paraître dans le coup. Elle reste un mois à tenter de lire Sebald parce que Julien l’a vivement conseillé… non Jeanne n’est pas stupide, au contraire, elle tente de se faire à ce nouveau milieu d’en apprendre les codes, d’exister là où le destin l’a posée.
Pendant deux ans nous suivons les essais de Jeanne pour s’intégrer et les hauts et bas de la Tannerie dans son fonctionnement. Jeanne est vivement frappée par les migrants qui campent jusqu’aux portes de la Tannerie. Que faire ? Elle s’intéresse aux actions de « Nuits Debout » en suivant des manifestations contre la loi El Khomri sur le travail ; elle se sent concernée, c'est le moins! on s’étonne qu’il ne soit pas question des attentats de 2015, car on comprend qu’elle est arrivée à la Tannerie en 2014…
A part ce détail, les deux ans d'apprentissage de Jeanne sont relatés de façon passionnante. Son histoire, le titre l'indique , c'est aussi celle de l'évolution du centre culturel qui reflète les préoccupations sociales et artistiques les engouements de notre époque. Une auteure peu connue qui en est encore à ses débuts. Un prix Goncourt permettrait de mieux la faire connaître.
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