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8 septembre 2011 4 08 /09 /septembre /2011 23:31
chambre-du-fils.jpgArte (enregistrement du 7 mai 2007)
 
Titre original « La Stanza del figlio », 2001.
 

Le cinéaste a voulu montrer ce qu’il advient d’une famille équilibrée autant que possible, lors de la perte d’un membre essentiel (le fils) comment ils survivent, et a choisi la profession de psychanalyste pour le père.


Il illustre sa conviction que « la douleur ne réunit pas, elle sépare » dans la deuxième partie de ce film réaliste quasi-documentaire, d’une grande sobriété, mais il ne s’agit pas d’une œuvre esthétique.


Le sujet, au-delà de le mort d’un enfant, est donc la séparation.

 

Stanza veut dire « pièce, chambre », mais aussi « cabinet » .Comme celui de l’analyste ?

 

Giovanni est donc psychanalyste,( nous ne savons de quelle école, mais il paraît sérieux et sincère) et son fils Andrea, pratique la plongée sous-marine, ce qui, inconsciemment, semble être un équivalent symbolique de l’activité professionnelle de son père.

Giovanni et Paola ont deux enfants adolescents très différents. Si Andrea a du goût pour l’exploration des profondeurs, le repli, et aussi les traces du passé (il a subtilisé un fossile d’ammonite dans la salle de biologie), Irena, sa sœur, on la filme souvent en position verticale, phallique, dressée, sur un terrain de basket où elle se montre très performante.

 

Le père juge, sans le dire ni oser l’interdire, que la plongée est dangereuse pour Andréa ; il essaie de l’en empêcher tant qu’il le peut, de remplacer par des discussions des promenades d’autres sports, les dimanches matins où Andréa a coutume de rejoindre des amis pour se lancer à l’aventure des profondeurs sous-marines, du monde du silence…

 

Mais un dimanche matin, justement,injustement, la mort (que Jacques Lacan désigna parfois du terme"l’Autre absolu") fait irruption dans la famille.

Giovanni se rend chez un patient qui vient d’apprendre qu’il est atteint d’une maladie mortelle. Pendant ce temps, Andréa part en plongée et trouve la mort s’étant perdu dans « une grotte sous-marine ».

 

Le drame que l’on attend survient au milieu du film. Il y aura donc un avant et un après. En réalité, la vie « avant » ne paraît pas aussi différente que le voudrait le cinéaste. Le spectateur sait ce qui va se passer, il perçoit une famille menacée, plutôt qu’une famille heureuse. Les images d’ « avant » sont un peu trop connotées « famille idéale » pour emporter l’adhésion.

 

En outre, l’ « après » est constellé de flash-back de la part de Giovanni (narrateur de l’histoire) qui revient sur le passé, persuadé qu’il a dû faire une faute à un moment particulier, que son fils n’est pas mort par hasard, même s’il est mort par accident.

En tant que psychanalyste, il ne peut admettre totalement le hasard. Il se reproche d’être parti ce dimanche matin. Implicite, l’idée que la mort d’Andréa soit un acte manqué (ou plutôt réussi), qu’Andréa ait succombé à quelque chose comme « retourner dans le sein maternel », plane aussi sur l’enquête personnelle de Giovanni à propos des raisons du drame…cependant cette piste-là sera maintenue en suspend.

 

C’est la famille qui doit apprendre à survivre, les parents se querellent, songent à divorcer, Giovanni donne congé à ses patients, se fâche contre Dieu, casse des objets.

Irena erre dans la maison, toujours active et seule levée.

Paola veut retrouver l’ex-amie de son fils, Ariana, comme persuadée qu’elle détient la clef. Ou plutôt le fil.

En effet, la jeune fille se montre, en compagnie d’un autre garçon. N’ayant plus de nouvelles d’Andrea elle s’est trouvé un autre ami. Giovanni et Paola s’intéressent à ce jeune couple, les emmènent à la frontière française. Ariana leur montre que l’on peut continuer à vivre, même séparé d’Andréa. La famille entière va réussir à vivre dans un monde cruel où règne la séparation.

 
 

Ce que j'ai aimé dans ce film, c'est  une représentation du psychanalyste non caricaturale,chose rare dans les œuvres de fiction. En effet, il n’est pas psychopathe, ni victime d’un serial-killer, il ne couche pas avec ses patientes, (et même,il se contente de son épouse !!) ne trempe dans aucune affaire louche, écoute tout banalement des gens raconter leurs symptômes (récits répétitifs et monotones…). Enfin, une approche réaliste de la psychanalyse comme métier, approche un peu sommaire peut-être, mais honnête.

 
 
 
 
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commentaires

F
<br /> <br /> Oui, Nanni Moretti est certainement un des meilleurs cinéastes italiens actuellement.<br /> <br /> <br /> <br />
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<br /> <br /> Il me semble qu'il n'a pas tellement de concurrents dans son pays, pour le moment.<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> <br /> Film magnifique,d'un cinéaste que j'ai toujours trouvé passionnant depuis ses débuts.J'ai l'an dernier eu l'occasion de présenter un peu son oeuvre à l'Université du Temps Libre et j'ai vu ou<br /> revu tous ses films avec beaucoup d'attention et de plaisir.C'est un cinéma très riche et j'irai voir Habemus papam.<br /> <br /> <br /> <br />
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<br /> <br /> Quel beau nom l'Université du Temps Libre!<br /> <br /> <br /> J'aime Moretti aussi. Habemus Papam est vraiment très curieux! Pour l'instant je ne sais pas ce que j'en dirais...<br /> <br /> <br /> En tout cas il mérite d'être vu.<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> <br /> je ne suis pas tentée par le dernier film de Moretti mais celui là est magnifique d'émotion, de pudeur, de retenue et de justesse<br /> <br /> <br /> <br />
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<br /> <br /> Le dernier, je viens de le voir, est intéressant aussi.<br /> <br /> <br /> <br />
K
<br /> <br /> Tiens, je réalise qu'il y a un psychanalyste, comme dans le dernier, Habemus Papam...<br /> <br /> <br /> <br />
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<br /> <br /> Et c'est Nanni Morettiqui l'interprète comme dans ce film.Toutefois Habemus Papam  est très différent : une comédie dans le genre burlesque.<br /> <br /> <br /> <br />

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