Editions Folio, 218 pages. Acheté au salon du livre dont l'invité était la Russie. Il y a plusieurs années de cela...
On raconte les deux dernières semaines de vie d'un peintre juif russe, Alik, émigré dans un loft de Manhattan depuis vingt ans .
Il est atteint d'une dégénérescence musculaire. Nous sommes dans le passé ( les années 90) : il n'y a ni téléphone portable, ni ordinateur...!
Ce sujet, souvent traité, du héros qui meurt et de la famille qui évolue autour de lui. Qui lui fabrique bruyamment son cercueil sous ses fenêtres ? Propos fielleux, fatalisme, sollicitude hypocrite ? Non ! Pas du tout. Pas le genre ! Lui, Alik, il aime tous le monde et tout le monde l'aime. La famille, c'est une communauté d'émigrés : trois maîtresses principales dont deux au moins le tripotent amoureusement, parmi elles une épouse. Une fillette jamais reconnue ni élevée mais qui l'aime aussi. Des amis médecins qui lui font la conversation, une italienne qui lui fait la lecture, une polonaise qui lui fait la toilette, des musiciens sud-américains qui lui font une aubade, un prêtre pour le baptiser, un rabbin pour s'y opposer.
Le prêtre lui dit « qu'il y a un troisième entre nous ».
Alik fut soudain accablé d'une tristesse mortelle. Lui, il ne sentait aucun troisième. D'ailleurs le troisième c'est un personnage d'histoire drôle. Et voilà que soudain c'était pour lui une souffrance atroce que sa gourde de Nina le sente, que ce pope naïf le sente, et que lui, Alik, ne sente rien. Et l'absence de cette présence, il la ressentait avec autant d'acuité que l'on ressent sans doute la présence elle-même, qui sait...
C'est triste, gai, drôle, humoristique, intelligent, plein de vie !
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