Dans un petit village de Pologne, un paysan propriétaire ,Borslaw vit avec sa fillette dans le culte agressif de sa femme morte.
Sa cérémonie de deuil c’est de battre la fillette en essayant de lui faire avouer que sa mère trompait son père et donner le nom de l’amant. Michel, le présumé coupable, est un bûcheron de belle taille, calme et ironique. Il incarne une puissance physique évidente. Lorsque Borslaw le voit abattre d’énormes arbres, en contre-plongée et plans obliques, nous avons peur de ce géant souriant et sarcastique.
Borslaw n’ose rien dire et file à toute allure sur son cheval avec la fillette devant, ces chevauchées rageuses sont un leitmotiv du film.
La servanteMalina passe dans le bois, une jeune fille aimable, voire radieuse,n’ayant jamais l’air de besogner, blonde au soleil des clairières. Elle posède un carré de tissu imprimé, de couleurs vives, qui lui sert tantôt de coiffe, tantôt de châle, tantôt de jupe, tout cela avec un égal bonheur.
Borslaw la rudoie, tout en l’obervant avec une aviditée rentrée.
Voici qu’arrive Stanislaw , le frère du veuf. Gai et sympathique, il s’ennuie vite chez son frère, malgré Malina avec qui il débute une liaison. Il réclame son piano, resté à la vielle en ces termes : « Tant pis, le piano sera plus lourd à porter que mon cercueil ». Stan n’est-il pas venu se reposer quelques mois ?
Oui, mais Stan, étant phtisique au dernier degré, vient finir ses jours ici. Borslaw ne veut pas le croire mais c’est vrai « la fin prochaine donne une certaine vitalité, c’est pourquoi je n’ai pas l’air malade ».
L’attitude de Stan vis-à vis de sa fin prochaine ne se démentira pas. Souriant, humoristique, il joue du piano, ou avec Malina, devant Borslaw qui l’épie, plus mort que ce moribond enjoué et plein de vie.
Vers la fin, il court vers le bois, avec des signes évidents de souffrance, se nourrit de glaçons, rosées, d’étreintes tant que c’est possible.
La caméra se pose sur des détails en gros plan, les corps sans privilégier les visages ni les éviter. La toilette du mort, lente et soignée, effectuée par Malina, ses cris brefs. Après avoir vu Stan si vivant, on verra longuement son corps mort, et la pénombre de la pièce contrastant avec la lumière vive et abondante qui, souvent règne dans le bois. La tombée du jour, le bleu du crépuscule. Des mouvements toujours assez lents qui laissent le temps d’une forte imprégnation. Peu de paroles, sauf Stan qui commente tout ce qu’il voit, et voit clair. Beaucoup de regards des sourires ambigus.
Le bois est toujours associé aux faits et gestes de cette communauté paysanne à laquelle le jeune citadin finissant ses jours se joint avec élégance.
Donc un film d’atmosphère ou d’ambiance ? Ce type de films du maître polonais est tout aussi réussi que ses films politiques, l’Homme de fer ou Danton. Ils méritent d’être connus davantage.